"Fermeture" de London Calling
Après cinq années sur la toile, London Calling ferme ses portes. Toutes les infos par ici (jessia) never leave me alone. 2979874845 (jessia) never leave me alone. 1973890357
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(jessia) never leave me alone.

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() message posté Mar 24 Juin 2014 - 22:19 par Invité
Il est un peu plus de vingt-trois heures lorsque je rentre enfin chez moi après une petite soirée au restaurant avec quelques potes que je ne vois pas trop souvent à cause des tournées et autres déplacements que je fais souvent. Cela me fait toujours du bien d’être avec eux parce qu’on s’amuse énormément, on se marre comme des imbéciles et on évoque des souvenirs embarrassants - et étrangement, ils en ont une tonne sur moi -. Il faut dire que je suis le roi des idioties, il y a des périodes où je ne fais que cela, quitte à ce que des photos soient sur les réseaux sociaux ou même des vidéos, mais j’assume toujours mes actes parce que je me fiche bien de ce que peuvent dire les gens. Avant d’être un mec connu, je suis simplement Jesùs, un gars de vingt-quatre ans qui aime faire la fête, qui aime faire des conneries avec ses potes et qui se moque bien des regards ou autres critiques. D’ailleurs, je ne vois pas pourquoi je devrais m’en faire alors que d’autres en font des biens pires et véhiculent des images négatives pour leurs fans. À côté, je crois que passe aisément pour un saint.

Enfin. Je pose mes affaires dans le salon et avant de faire le légume sur le canapé devant une série ou devant un jeu vidéo, je vais jusqu’à la salle de bain pour prendre une douche de suite et être tranquille ; parce que sinon, je sens que j’aurai la flemme d’ici deux bonnes heures. Heureusement que je n’ai plus rien à faire de la soirée parce que je suis quand même un peu épuisé - il faut dire que je ne reste jamais chez moi à ne rien foutre, j’aime bien être dehors, je fais beaucoup la fête, je picole comme pas possible, je profite de rendre visite à mes parents et je profite aussi largement de la cuisine parfaite de ma mère qui m’a encore fait des petits plats pour la semaine (ouais, j’ai pas honte de dire que ma mère me fait des plats) et je pratique aussi des sports, histoire que ça me défoule un maximum le temps qu’on enregistre pas avec le groupe.

Une fois la douche prise, je me sèche et enfile simplement un boxer ; je ne m’emmerde pas, je suis chez moi, je vais pas remettre des fringues alors que c’est pas franchement utile. Et là, comme prévu, je me sers un petit verre et m’installe sur le canapé en mettant la console en route. En ce moment je m’arrête pas mais ça passe le temps et encore une fois, grâce à cela, je ne pense à rien d’autre. Je me connecte pour me mettre en ligne et je joue en réseau avec d’autres joueurs du monde entier et c’est aussi ce que j’aime là-dedans, c’est que je peux le faire sans que personne ne sache qui je suis ou sans que ce soit une prise de tête. Et quand je tombe sur des espagnols ou même des mexicains, c’est le jackpot ! J’abandonne l’anglais et parle comme je le fais à la maison : en espagnol. C’est la chance de naître dans une famille « étrangère », on apprend directement deux langues.

Avec tout cela, je ne vois même pas le temps qui passe et c’est seulement lorsque mon portable sonne que je sors de mon petit monde fait de jeux vidéos. Je lâche la manette pour prendre mon cellulaire et lorsque je vois qu’il s’agit d’un message de Cassia, je n’hésite pas une seule seconde et l’ouvre. Elle me demande de venir la chercher à son travail parce que des mecs traînent juste devant et elle ne souhaite pas sortir seule. Je ne perds pas plus de temps, je lui réponds que j’arrive dans quelques minutes, que je ne serai pas long. En même temps, lorsqu’il s’agit de Cassia, je ne fais jamais les choses à moitié. Je fonce jusqu’à ma chambre, enfile rapidement des affaires ainsi qu’une veste parce qu’il commence à faire frais quand même. Je fous le téléphone dans ma poche, prends mes clefs et me voilà déjà dehors (et bien évidemment, je n’éteins aucune lumière, l’écologie et moi, ça fait huit).

Une fois en bas de l’immeuble, je prends ma voiture qui est garée plus loin. J’envoie de nouveau un message à Cassia pour lui dire que je serai là dans quelques minutes puisque je me mets en route. Chose que je fais immédiatement après avoir remit le portable dans ma poche. Je fonce jusqu’au bar où elle bosse ; je pourrais même faire la route les yeux fermés tant je la connais sur le bout des doigts. Il ne me faut d’ailleurs pas des heures pour m’y rendre et lorsque je me gare, je repère effectivement les gars qui se trouvent devant le bar. Je vire ma ceinture de sécurité, sort de la caisse et me dirige vers ce dernier. Je passe à côté de ces mecs et entre sans attendre une minute supplémentaire.

« Cassia ? Je suis là. »
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() message posté Mer 25 Juin 2014 - 15:53 par Invité

La musique me vrillait les tympans ce soir. J’avais passé une journée merdique sans même réussir à fermer l’œil après la soirée mouvementée d’hier. J’avais espéré grappiller quelques heures de sommeil avant de travailler à nouveau. Mais, les cauchemars étaient venus me hanter une nouvelle fois. Les hallucinations étaient restées trop longtemps, m’empêchant de sombrer dans le sommeil réparateur auquel j’aspirais. Je n’avais osé appeler personne parce qu’à l’heure où je me reposais, les autres travaillaient ou vaquaient à leurs occupations. J’étais simplement trop têtue au point de ne pas vouloir déranger les gens avec ces histoires ancrées dans ma tête. C’était mon choix et ma nouvelle vie. J’aimais vivre en décalage par rapport aux autres et ne pas fonctionner comme eux. J’adorais avoir cette vie de marginale qui ne semblait pas avoir de passé avant son arrivée à Londres. Les gens imaginaient alors tout et n’importe quoi pour tenter de percer mes secrets. Pour tenter de découvrir ce que je renfermais et ce que je ne cessais jamais de taire. Mes bras couverts de cicatrices aidaient parfois à leurs déductions hasardeuses. Mais, personne ne saurait jamais. Personne ne découvrirait la vérité si je refusais de la livrer. Et, je le refusais. Je n’étais pas comme eux. Je ne l’avais jamais été et je ne le serais sans doute jamais. Alors, il était hors de question que les mots glissent entre mes lèvres. Il était hors de question que leur curiosité soit satisfaite. Pas comme ces putains de psychologues.

La musique me vrillait les tympans ce soir. Ma tête cognait tellement fort que j’avais l’impression que tout allait s’effondrer en un instant. Puis, putain, je crevais de chaud. Je rêvais simplement de finir mon service pour quitter le bar et échapper à cette torture musicale. Scène ouverte, tu parles… C’était plutôt la scène du massacre ce soir. La scène des mauvais talents, ouais. En début de soirée, c’était plutôt amusant voir même drôle de se moquer de ces personnes. Maintenant, ça m’agaçait plus qu’autre chose. Un soupir glissa entre mes lèvres alors que je me tournais vers de nouveaux clients avec un sourire aussi faux et amical que possible. C’était ça mon point fort : la comédie. Sans vouloir me vanter, j’étais sacrément bonne à jouer ces rôles. Sacrément bonne à les berner tous en un rien de temps. Alors que je préparais leurs boissons, une main se posa sur mon épaule et je sursautais automatiquement. Foutus souvenirs. C’était simplement mon collègue qui s’excusait de m’avoir fait peur maintenant avant de me tendre un verre et une pilule. Je devais avoir l’air d’une gamine trop heureuse avec mes yeux brillants et le « merci » de soulagement qui quitta mes lèvres. Sans réfléchir, je prenais le médicament. J’avais confié ma migraine à mon collègue quelques minutes plus tôt et il était parti chercher de quoi soulager ma douleur. Enfin. J’espérais juste que cela ferait effet rapidement pour que ma tête cesse d’être une bombe à retardement et que j’ai moins chaud aussi. Peut-être que j’avais de la fièvre. Je n’en savais rien. Je tenais debout et je me fichais du reste. Verres en main, je reprenais mon service croisant les doigts pour que le médicament sévisse.

Minuit et quart. Ma délivrance. Je me dirigeais vers la porte après avoir vaguement salué les autres personnes avec qui je travaillais. La main sur la poignée du bar, je m’apprêtais à sortir et à rentrer chez moi. Je rêvais de me prélasser dans mes draps avec une bonne tasse de thé, un autre cachet pour ma tête et de la bonne musique. Une fin de soirée au calme était tout ce dont j’avais besoin après ces horreurs que je m’étais coltinée. Malheureusement, le destin s’acharnait contre moi apparemment. Un groupe de mecs se trouvaient devant le bar. Il devait être six, peut-être plus si d’autres étaient partis et ça me stoppa en un rien de temps. Séquelle du passé. Connerie de vie. Je pouvais simplement sortir et les ignorer. Passer devant et rentrer chez moi. Ça m’était souvent arrivé. Pourtant, ce soir, cela semblait être au-dessus de mes forces. Ce soir, la paranoïa prenait le dessus et je me reculais de la porte. Fouillant dans mon sac, j’attrapais mon cellulaire pour composer un message. Un message de SOS où je demandais à Jesùs de venir me chercher ici. C’était la seule solution pour quitter au plus vite le bar tout en demeurant en sécurité. D’ailleurs, la réponse ne se faisait pas attendre. Jesùs allait venir et il ne serait pas long. Me détournant de la porte, je m’installais à une table à l’écart de tout ce bruit et je plongeais ma tête dans mes mains en espérant pouvoir oublier le monde autour de moi. Après tout, ça avait souvent marché à l’hôpital.

Jesùs, c’était un peu mon super héros à moi. Il n’avait pas de cheval blanc ou d’armures éclatantes. D’ailleurs, il n’avait pas l’allure du prince charmant des contes de fée. Mais, je m’en foutais. C’était juste mon Jesùs. C’était simplement mon héros. Cela faisait un peu plus deux ans que je le connaissais et avec tout ce temps, notre relation n’avait cessé d’évoluer. Au départ, nous n’étions que deux inconnus dans ce même bar. Mais, après une discussion et des rapprochements, les choses avaient simplement évoluées. Jesùs était le seul à Londres à connaître mon histoire dans les moindres détails. Il était le seul à qui j’avais accepté de dire ces mots qui restaient trop souvent coincé dans ma gorge. C’était sans doute ça qui faisait que notre relation était si unique, si fusionnelle. Au fil des mois, Jesùs et moi avions simplement acquis un certain équilibre. Toujours là l’un pour l’autre à la seconde même où le SOS s’envolait. Nous avions pris nos habitudes, chez l’un ou chez l’autre. C’était notre petite vie à nous en quelque sorte, loin du monde. Comme si nous étions enfermés dans notre petit livre à nous. Notre petit conte de fée pas si rose que ça d’ailleurs. Depuis quelques temps, les choses étaient plus compliquées entre le musicien et moi. A vrai dire, après avoir couché ensemble, ce ne pouvait qu’être compliqué. Nous ne savions comment réagir, comment gérer tout cela alors on avait fait comme si rien n’avait eu lieu. Idiotie. Notre routine avait continuée et, aux yeux des autres, c’était une routine de couple. Je ne me rappelle plus le nombre de fois où j’entendais les gens me définir par « la copine de Jesùs » quand il ignorait mon prénom. A mes yeux, c’était juste trop compliqué et je n’avais pas envie de m’attarder dans toutes ces questions. Carpe Diem plutôt. Ne pas m’interroger sur mes sentiments et vivre avec lui sans réfléchir étaient beaucoup mieux.

Le bar est plus silencieux. Les gens boivent, mais ne chantent plus. Le travail est moins dur à cette heure-là. La porte du bar s’ouvrit une énième fois, mais je ne relevais toujours pas la tête. J’attendais le signal. J’attendais le moment où je pourrais vraiment me lever et quitter l’ambiance horrible du bar ce soir. J’avais moins chaud maintenant que j’étais posée et ma tête se faisait moins douloureuse au fil des secondes qui s’écoulaient. Soudainement, la voix résonnait m’appelant et annonçant qu’il était là. Mon sauveur. Mon super-héros. Un sourire glissa sur mes lèvres alors que je me redressais lentement. Bah ouais, les gars, on n’est pas dans un conte de fée. Je suis pas une princesse et ce n’est pas un prince alors je ne vais pas me mettre à courir vers lui avec un sourire niais sur le visage. Quoique… Attrapant mon sac, je le mettais rapidement en bandoulière avant de me diriger vers Jesùs avec un sourire. J’allais enfin pouvoir rentrer chez moi. J’allais enfin pouvoir quitter le bar. Arrivée à la hauteur du beau musicien, je me hissais légèrement sur la pointe des pieds (merci petite taille de merde) pour atteindre sa joue et y déposer un baiser. Je me recoiffais rapidement avant de me planter face à lui et de poser mon regard sur le beau mexicain.

Merci d’être venu me chercher bébé … J’suis désolée hein, d’habitude je serais sortie seule malgré eux, mais là….

Je me taisais presque aussitôt. J’étais stupide de m’excuser, mais je m’en sentais toujours trop obligée dès lors que je dérangeais Jesùs, surtout aussi tard le soir. Puis, putain, que pouvais-je dire pour expliquer ce qu’il s’était passé ce soir ? Pour quelle raison je n’avais pas fait comme d’habitude ? Pour quelles raisons n’étais-je tout simplement pas sortie ? La paranoïa dans mon corps ? Ma tête douloureuse ? Les cauchemars ? Les hallucinations ? A vrai dire, c’était sans doute un tout et je ne savais fichtrement pas quoi dire. Alors, je me contentais d’hausser les épaules et je savais que Jesùs comprendrait de lui-même tout ce qui me passait par la tête. Un ivrogne passa à côté de nous et inconsciemment je me rapprochais du musicien comme s’il pouvait être ma barrière de sécurité. Comme s’il pouvait faire en sorte de me couper du monde. Réprimant une envie de bailler, mon regard balaya la salle. Okay, on pouvait toujours prendre un verre si bébé voulait. Alors, je me retournais vers lui, reculais d’un pas (parce que bordel j’étais trop proche) et demandais.

Tu veux prendre un verre avant de rentrer ou on décolle maintenant ? D’ailleurs, on va chez toi hein ?

Après tout, s’il avait tout ce chemin, il pouvait bien avoir droit à un verre non ? Puis, de toute façon, je me contentais de proposer par simple politesse je pense – fichu reste de mon enfance et de toutes ces bonnes manières qu’on m’avait rentrée dans le crâne. Mais, je restais à me comporter comme une enfant qui avait besoin d’être rassurée. Une gamine qui attendait une protection. Je voulais être certaine que Jesùs ne ferait pas que me faire sortir d’ici et me raccompagner, je voulais rester avec lui. Et, il avait un appartement beaucoup plus proche du bar que moi. Alors, la question avait glissé entre mes lèvres sans que je ne puisse la retenir. Au fond, j’étais juste une gamine qui voulait être rassurée. A présent, je n’attendais plus que la réponse de mon héros avant d’agir. Un verre ou en voiture. Et, je restais en plein stress à l’intérieur de moi, attendant qu’il me rassure. Juste attendre une délivrance.
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() message posté Jeu 26 Juin 2014 - 15:47 par Invité
Quand Cassia me demande de la rejoindre quelque part, je n’hésite jamais avant de m’y rendre parce que je sais que c’est important et je sais qu’à l’inverse, elle me rejoindrait également. C’est ainsi depuis toujours, depuis qu’on se connaît vraiment, depuis qu’on connaît l’histoire de l’autre dans les moindres détails ; c’est comme un accord silencieux, une promesse muette que l’on s’est faite. Je peux être à la limite de l’épuisement, déjà au lit, en train de faire autre chose, si elle a besoin de moi, je fonce comme un malade. Je sais qu’elle ne feint pas ses craintes et qu’elle ne le fait pas simplement dans le but que l’on s’occupe d’elle ; je comprends les souffrances et les démons qui rongent son âme, qui paralysent son corps et qui la rendent fébrile. Je connais tout cela. Je suis le même.

Quand tout devient trop violent dans mes pensées, je m’enferme, je reste seul chez moi et je ne bouge plus, je ne donne aucune nouvelle, je fais comme si je n’étais pas là. Ce n’est pas contre les autres, c’est simplement que des présences ne m’aident pas, ne me rassurent pas, au contraire, elles m’oppressent et me donnent encore plus envie de disparaître loin de toute cette agitation. Deux personnes seulement peuvent venir me voir durant ces périodes ; Oliver et Cassia. Ce sont les deux personnes en qui j’ai le plus confiance et qui connaissent parfaitement ma vie ; je sais qu’ils ne me jugeront pas et qu’ils comprendront pourquoi je suis ainsi - et surtout, je sais que jamais la presse ne sera au courant parce qu’ils ne sont pas du genre à vendre des informations (ce serait un comble, d’ailleurs). Enfin, tout cela pour dire que je suis en phase avec Cassia et qu’elle m’apporte autant que je lui apporte. C’est peut-être le secret de notre relation si particulière.

Quoiqu’il en soit, j’arrive rapidement devant le bar où elle travaille. Je me gare sans perdre une seconde et franchit les quelques mètres qui me séparent de la porte d’entrée. Lorsque je suis à l’intérieur, je remarque qu’il y a peu de bruit et c’est tant mieux ; vu la soirée que j’ai passé, je ne voudrais pas qu’on me brise les oreilles avec de la musique trop forte ou des gens qui hurlent pour un rien. Ma priorité est Cassia. Je l’appelle et lorsque je la vois qui relève son visage vers moi, un sourire étire lentement mes lèvres. Je la laisse s’approcher et esquisse un nouveau sourire lorsque ses lèvres glissent sur ma joue. On doit paraître tellement étrange aux yeux des autres ; ils pensent tous que nous sommes un couple alors que nous-mêmes ne savons pas ce que nous sommes réellement. Des amis ? Des meilleurs amis ? Deux paumés qui ne savent pas franchement où ils en sont ? Il me semble que la dernière option soit la meilleure...

« Ne t’en fais pas, tu n’as pas à être désolée... Je comprends parfaitement. »

Les mots ne sont pas utiles et encore moins les excuses. Après tout, Cassia sait très bien que je suis là pour elle ; peu importe l’heure, peu importe le temps, peu importe le reste. Certes, si je suis à l’autre bout du monde, cela risque d’être difficile, mais quand je suis en ville, elle sait que je suis disponible et que je la rejoindrais toujours dans l’heure. Je ne pourrais jamais la laisser seule en sachant qu’elle a besoin de moi, ce serait comme rompre cette fameuse promesse muette, ce serait comme trahir ce que nous sommes, ce serait me trahir moi-même, dans le fond.

Je la sens qui se rapproche de moi et je me demande pourquoi avant de comprendre en voyant ce type qui passe juste à côté de nous. Je ne bronche pas. Ce n’est pas la première fois qu’on se retrouvé collé l’un à l’autre, même si cette sensation m’est toujours si familière et étrange à la fois ; comme si on était ensemble depuis de nombreuses années, comme si il devait en être ainsi alors que ma tête me hurle que tout n’est pas très normal entre nous, que deux âmes brisées ne peuvent survivre ensemble. Si l’un plonge, est-ce que l’autre le suivrait ? Si l’un décide que c’en est fini, est-ce que l’autre se relèverait ? Les risques sont si nombreux... Mais je les oublie complètement en sa présence.

Je regarde de nouveau autour de nous alors que Cassia se recule d’un pas. Si j’ai envie de prendre un verre ? Pas vraiment. Il faut dire que j’ai déjà eu pas mal l’occasion de prendre des verres pendant ma soirée alors autant que je n’en prenne pas un autre parce qu’à force, je ne pourrais plus conduire et ce serait quand même dommage qu’on soit obligé de prendre un taxi.

« On part maintenant et oui, on va directement chez moi. »

Sans attendre une minute de plus et dans un geste qui m’est assez naturel, j’attrape sa main et entremêle mes doigts aux siens alors que je nous conduis jusqu’à la sortie. Je ne m’attarde pas sur les mecs qui sont encore là et me dirige directement jusqu’à ma voiture qui se trouve un peu plus loin. Une fois à côté, je désactive l’alarme et ouvre la portière à la jeune femme afin qu’elle y monte et se sente plus en sécurité. De mon côté, je fais le tour du véhicule, m’allume une clope et la rejoint après quelques secondes. Je fous rapidement ma ceinture, et une fois le moteur en marche, je démarre sans perdre plus de temps. J’ouvre un peu la vitre afin que la voiture empeste pas la cigarette et me tourne vers Cassia une fois arrêté à un feu.

« Tu veux qu’on prenne quelque chose à manger sur la route ? Sinon, j’ai de quoi faire à la maison et je te rassure, je ne te veux pas du mal, c’est pas moi qui ait fait la cuisine, c’est ma mère. »

J’esquisse un sourire parce que tout le monde sait que je suis un boulet en cuisine... Je suis même capable de mal faire cuire un œuf au plat, c’est dire... Heureusement que j’ai ma mère qui vit dans la même ville que moi parce que c’est la reine en ce qui concerne la bouffe et j’en fais souvent profiter mes amis ; ils ont droit, au moins une fois dans leur vie, de goûter la meilleure cuisine du monde.
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() message posté Ven 27 Juin 2014 - 14:20 par Invité
Avec Jesùs, je n’hésitais jamais. Avec lui à mes côtés, je ne reculais pas comme j’avais tant l’habitude de le faire face à certaines personnes. Malgré les années à l’hôpital psychiatrique, malgré les connaissances que j’avais acquises après et malgré le fait que je sois « guérie », les automatismes ne m’avaient pas encore désertés. Parfois, c’était simplement plus violent que d’autre fois. Lorsque je me retrouvais toute seule dans une pièce avec un homme, parfois ça n’allait pas bien et j’étais obligée de simplement prendre la fuite. Parfois lorsque quelqu’un tentait de me toucher, j’avais ce recul immédiat et instantané qui me faisait passer pour une dingue. Souvent, je déposais mes ongles sur les cicatrices hantant mes bras et je me remettais à gratter. Souvent, j’étais différente. Comme si ma part de passé demeurait présente sur moi, comme si mes sombres secrets étaient prêts à se réveiller à tous instants. Cependant, avec quelques personnes, tout se passait bien. Avec un certain nombre de gens que j’avais appris à connaître, je savais gérer. Je ne reculais plus devant mes collègues ou mon patron. Je ne reculais plus devant des personnes avec qui je m’étais liée. Mais, avec Jesùs, ça avait toujours été différent. Cela le serait toujours. Je ne reculais jamais en sa présence. Je n’hésitais que rarement et ce n’était pas à cause du passé. Avec lui, j’étais juste en sécurité. C’était comme rentrer à la maison après une longue et douloureuse absence.

Qu’importait l’heure du jour ou de la nuit. Qu’importait le lieu et le décalage horaire. C’était Jesùs et moi contre le reste du monde. Ouais, parfois, il était à des milliers de kilomètres de moi, mais je ne lui en voulais jamais. C’était son rêve, c’était ce qu’il aimait faire alors je voulais juste être là pour demeurer fière de lui et l’encourager sur cette voie qui semblait tant lui réussir. Et, malgré tous ces kilomètres, malgré les heures de décalage, je savais qu’il pensait à moi autant que je pensais à lui. Je n’hésitais jamais à rester éveillée alors que j’aurais dû dormir lorsque je savais qu’il était loin et qu’il pouvait m’appeler. C’était comme ça entre lui et moi. Depuis qu’on se connaissait. Depuis trop longtemps sans doute. C’était notre petite promesse à nous. Notre serment inviolable. Ouais, carrément comme dans Harry Potter. A nos yeux, il s’agit de quelque chose qui s’était passé entre nous, une sorte de contrat implicite que nous ne pouvions pas rompre sans risquer d’être blessés. Une sorte de lien magique que nous ne voulions d’ailleurs même pas rompre quand bien même cela semblait étrange aux yeux des autres. Trop étrange.

Putain, combien de fois avions-nous entendu que notre relation était bizarre ou malsaine ? Que ce n’était pas clair ? Je ne comptais même plus. C’était sans doute beaucoup trop. Aux yeux des autres, nous apparaissions souvent comme un couple parce qu’on avait les gestes et tout ce qui allait avec. Jesùs bougeait, je bougeais avec. J’allais mal, il était là. Il allait mal, j’étais là. Lorsque quelqu’un se pointait chez moi ou chez lui, il y avait de grandes chances pour nous trouver tous les deux. Puis, nous avions cette façon de nous comporter assez ambigüe. Ces petits gestes, ces petits mots, ces petites attentions… Tous ces petits riens qui, au fond, faisaient de nous un couple pour autrui. Nous, nous étions simplement trop perdus pour réellement savoir ce que nous étions. J’étais réellement perdue et je ne voulais pas m’aventurer dans le labyrinthe des sentiments. Je refusais de m’y perdre ou de m’y retrouver blessée à nouveau. Ok, nous avions couché ensemble. Okay, depuis tout était encore plus étrange. Mais, en apparence, nous agissions comme si rien n’avait changé. J’agissais comme si rien n’avait changé parce que je refusais de prendre le risque de chercher plus loin.

Je refusais de sombrer pour trouver et savoir. C’était l’inconnu qui nous attendait après si je m’aventurais sur ce terrain. Et, putain, j’avais beau adorer cela, ce n’était pas le cas avec le beau mexicain. Alors, je continuais comme avant et Jesùs s’était sans doute callé sur moi pour agir de la même façon. Et, nous nous retrouvions face à face dans ce bar où je travaillais. Ce bar où il avait dû venir me chercher puisque j’avais été incapable de franchir la porte. Foutues hantises du passé. Je m’excusais banalement, bancalement parce que c’était plus un automatisme qu’autre chose. Parce que j’avais toujours cette impression de gêner, de déranger. Depuis que mes parents m’avaient enfermée loin d’eux. Et, Jesùs agissait comme d’habitude avançant que je n’avais pas à être désolée et qu’il comprenait. Alors, je me contentais d’hausser les épaules. J’avais beau savoir que cela ne le dérangeait pas et qu’il était là pour moi. C’était comme une obligation à mes yeux. Toujours. Mon regard se baladait dans le bar alors que j’attendais une réponse de mon sauveur. Réponse qui ne tarda pas à venir d’ailleurs. On partait sur le champ et on allait directement chez lui. Malgré moi, une vague de soulagement glissa dans tout mon être alors qu’un grand sourire s’afficha sur mon visage. Je n’étais qu’une gamine tellement rassurée à présent. Une enfant un peu trop heureuse sans doute.

D’accord… Allons-y

C’était une phrase inutile. C’était des paroles stupides. Jesùs n’avait pas besoin de mon accord pour agir, il n’en avait jamais eu besoin. Ouais, c’était étrange, je sais. Simplement… Non, vous ne pourriez même pas comprendre. C’était beaucoup trop difficile à expliquer et il fallait simplement le ressentir pour réellement se rendre compte de l’impact de notre relation. De tout ce que j’étais prêt à faire pour Jesùs. J’avais une confiance aveugle en lui dans le fond. J’étais prête à lui confier ma vie et cela sans même hésiter. Putain, plus vous allez lire ces mots et ma façon de penser, plus vous allez vous dire que je ferais mieux de retourner à l’hôpital psychiatrique ou alors que ce n’est vraiment pas quelque chose de normal. Ou je n’en sais foutrement rien. Mais, à vrai dire, je n’en ai absolument rien à foutre de ce que les gens pensent… Enfin, en tout cas, c’était l’impression que je donnais. C’était l’impression que j’aimais donner comme un mur de glace que rien ne pouvait atteindre alors que les putains d’éclats de la glace avaient déjà tailladés ma peau et mon être beaucoup trop de fois. Je n’étais qu’une gamine un peu trop perdue, sans doute trop lacérée. Mais, Jesùs était ma lueur d’espoir. Il était celui qui me permettait d’avoir retrouvé un semblant d’équilibre et de redevenir humaine en un sens. Je me sentais plus normale en sa présence que lorsque je traversais la rue seule. Simplement différente.

Jesùs prenait ma main. Je frissonnais. Mon cœur battait plus fort soudainement, plus violement. J’aurais juré l’entendre dans mes oreilles. Il entremêlait nos doigts ensembles et j’avais l’impression de brûler sur place. Mais, ce n’était pas une mauvaise chaleur non ! Cela ressemblait plus au soleil qui tape sur votre peau lorsque vous bronzez…. La perfection. J’adressais un signe de la main à mon collègue – politesse encore une fois – avant de suivre mon sauveur sans broncher. J’avais cette allure de fille forte et fière. Mais, putain, dès que nous avions passé la porte, ma tête s’était baissée automatiquement et j’avais cherché à me fondre dans le décor. J’avais cherché à me rendre invisible comme si le danger n’était pas écarté. Jusqu’à ce que je me retrouve dans la voiture où j’étais enfin en sécurité. Foutue vie. Fichues emmerdes. C’était vraiment compliqué. C’était beaucoup trop agaçant. Attachant ma ceinture, je jetais un regard à ces hommes. Ces hommes qui m’auraient peut-être accosté si j’étais sortie seule, mais qui n’aurait sans doute rien fait. Je n’étais qu’une froussarde. Je n’étais qu’une gamine qui avait encore peur des monstres sous son lit. Sauf que mon lit à moi, c’était le monde.

La portière du côté conducteur s’ouvrit et je sursautais malgré moi comme un fichu réflexe, comme une réaction incontrôlable qui traversait mon corps. Ce n’était que Jesùs qui s’installait et allumait sa clope presque aussitôt. Un sourire se dessina sur mon visage alors que je ne le quittais pas des yeux. Je crois qu’il  aurait pu être un Dieu, j’aurais eu la même expression devant lui. Lorsque la voiture démarra et qu’il ouvrit sa fenêtre, je me détournais légèrement pour fixer la route à travers le pare-brise. Retirant mes chaussures, je ramenais mes genoux contre ma poitrine. Rien à foutre que ce ne soit pas réellement sécuritaire, je ne risquais rien ici avec lui. Posant ma tête sur mes genoux, je gardais les yeux à moitié ouvert, la tête tournée vers Jesùs que j’observais conduire. Ma tête tapait encore, la douleur vrillait mon crâne, mais c’était plus loin. C’était beaucoup plus supportable que ce l’avait été au cours des dernières heures. La voiture ralentit, s’arrêta et ce n’était qu’un putain de feu. Mon Jesùs se tourna vers moi me demandant si je voulais qu’on prenne quelque chose à manger sur la route. Sinon, il avait de quoi faire à la maison et il ne me voulait pas du mal parce que c’était sa mère qui avait fait la cuisine. Il souriait et je ne pouvais m’empêcher de faire de même en lui répondant sans même bouger.

J’ai mangé avant d’aller travailler bébé… Manger était un bien grand mot. J’avais plutôt grignoté un petit quelque chose histoire de ne pas m’effondrer dans le bar. Depuis l’hôpital psychiatrique, depuis des années, c’était juste compliqué. J’avais du mal à avaler grand-chose et encore plus lorsque les cauchemars et les hallucinations venaient me hanter. Alors, aujourd’hui n’était pas un bon jour pour que je me décide à avaler un repas digne de ce nom. D’ailleurs, cela n’échappait pas à mon sauveur. En effet, il haussait les sourcils dans ma direction comme pour me signaler qu’il savait que je mentais. Pas besoin de s’arrêter, tu sais que j’adore la cuisine de ta mère.

Autrement dit : oui, bébé, je te ferais le plaisir de manger quelque chose une fois arrivés chez toi. La voiture démarrait à nouveau et j’étais certaine de pouvoir me laisser bercer et m’endormir si je restais dans la position où je me trouvais et que le silence continuait d’envahir l’habitacle. Alors je me redressais et tendais à nouveau les jambes en baillant. Foutus cauchemars. J’observais silencieusement Londres qui défilait sous mes yeux. J’observais les rues et les lumières. J’observais l’obscurité et je me souvenais. Je me souvenais de ces mois passés sous les yeux des psys en tout genre. Je me souvenais des mots que je ne cessais de répéter. Toujours les mêmes, toujours la même image. Je me souvenais des cris et de l’horreur. Je me souvenais de l’aiguille et du sang. Je frissonnais et me détournais de ces images.

Tu as passé une bonne journée bébé ? Tu as fais quoi ? Oh, merde, d’ailleurs, tu faisais quoi ce soir ? Je t’ai pas dérangé dans quelque chose d’important ?

Les mots glissaient entre mes lèvres. Trop rapides. Trop réels. Au départ, je voulais simplement faire la conversation, puis tout avait glissé. Je gardais bien souvent le silence. Il était rare que je parle longuement, sauf avec Jesùs. Et, là, ça arrivait encore une fois. Je voulais tout savoir et, comme à mon habitude, je me préoccupais du reste comme une enfant. Comme si j’étais une gamine désireuse de savoir que je ne l’avais pas embêté dans quelque chose. Toujours une enfant qui avait besoin de lui. D’ailleurs, je me sentais tellement loin de mon Jesùs dans cette voiture. J’aurais voulu retrouver sa chaleur et me blottir contre lui pendant des heures. Alors, comme si c’était un automatisme, comme si c’était normal, je venais déposer ma main sur sa cuisse. Pour nous, c’était normal bien que toujours étrange. Pour les autres, c’était encore un foutu geste de couple. Pour moi, c’était une nécessité quand bien même j’en mesurais vaguement les dangers. Et, malgré tout cela, je ne retirais pas ma main qui se baladait brièvement de haut en bas sur la cuisse de Jesùs. Je n’étais qu’une petite inconsciente qui ne voulait pas entrer dans le labyrinthe, mais qui jouait beaucoup trop à la limite.
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() message posté Sam 28 Juin 2014 - 15:37 par Invité
On rentre à la maison. C’est étrange, mais c’est ce que j’avais envie de dire avant toute chose. Parfois, j’ai vraiment cette impression que l’on vit ensemble alors que ce n’est pas le cas, mais nous passons tellement de temps ensemble que c’est tout comme. Il n’y a pas une semaine sans que Cassia ne soit chez moi ou sans que je sois chez elle ; nous avons besoin d’être ensemble, d’être réunis, de vivre ces moments privilégiés où il n’y a que nous deux et où le reste du monde n’existe même plus. On s’enferme dans notre petite bulle, on s’enferme dans notre monde et tout nous paraît plus facile, plus évident, comme si les autres ne pouvaient plus nous atteindre. On se rejoint sur tellement de points que c’en est parfois déconcertant ; elle parvient à me comprendre mieux que personne et je parviens à en faire de même. Nous devinons les mensonges, les faux sourires, les rires qui sonnent aussi faux qu’une guitare mal accordée.

Je ne saisis pas toujours ce que nous lient l’un à l’autre. Si c’est complexe aux yeux des autres, ça l’est autant aux nôtres qui sommes en première ligne. Ils veulent comprendre avant nous ce que nous représentons pour l’autre alors que nous n’avons pas encore compris nous-mêmes. Pourtant, je ne précipite en rien les choses, je veux juste que le temps fasse son travail, que les sentiments se dévoilent d’eux mêmes, que les vérités apparaissent comme par magie. C’est peut-être un comportement stupide, certains le diraient, certains penseraient que les conversations, les longues discussions sont un moyen infaillible de tout comprendre, mais je ne fonctionne pas comme ces gens. Je pars souvent du principe que les regards et les sourires en disent bien plus que des mots qui peuvent être menteurs.

Alors oui, on rentre à la maison. C’est ainsi que je vois les choses, et je le pense toujours alors que je rejoins Cassia dans la voiture, clope entre les lèvres. Je mets ma ceinture et démarre sans perdre plus de temps ; j’ai vraiment envie que l’on soit tranquille, qu’on profite un peu de la présence de l’autre, qu’on discute si besoin, qu’on échange juste des regards si on ne souhaite pas dire le moindre mot - les silences ne me dérangent pas, ils m’apaisent la plupart du temps -. Mais une fois sur la route, je propose quand même à la jolie blonde si elle souhaite que l’on s’arrête pour prendre quelque chose à manger. J’attends sa réponse qui ne tarde pas à venir et je sens qu’elle me ment. C’est comme ça. Cela ne s’explique pas. Je le sais lorsqu’elle me raconte des conneries, je le sens, c’est encore et toujours ce lien qui nous rapproche.

Je me tourne vers elle, les sourcils levés, l’air de vraiment lui faire comprendre que je sais qu’elle ment et je souris une nouvelle fois lorsqu’elle accepte finalement de prendre un petit morceau une fois à l’appartement. De toute façon, comme je le sais depuis toujours, personne ne résiste aux plats que préparent ma mère, c’est une déesse.

« C’est exactement ce que je voulais entendre, princesse. »

J’esquisse un sourire plus large avant de me concentrer de nouveau sur la route ; il serait dommage qu’on ait un accident maintenant. Certes, j’aime les sensations fortes, j’aime la vitesse, j’aime cette sensation de perdre le contrôle, mais je ne ferais jamais rien qui puisse mettre la vie des autres en péril juste parce que j’ai besoin d’un peu d’adrénaline. D’autant que je ne sais que trop bien ce que cela fait de vivre avec une perte sur la conscience, je ne voudrais pas en avoir plusieurs...

C’est Cassia qui me tire finalement de mes pensées et c’est tant mieux. Vivre sans cesse cette journée maudite me rend de plus en plus dingue, mais je tiens encore le choc, comme je le fais depuis de nombreuses années. Je crois qu’à l’époque, si mes parents n’avaient plus été là, j’aurai fais une grosse connerie... Mais ils sont toujours là et je ne peux pas être une nouvelle cause de chagrin pour eux. Je sais qu’ils ne me tiennent pas responsable de la disparition de Letizia, mais à mes yeux, je le suis. Je suis le coupable et personne ne pourra me faire changer d’avis à ce propos. Personne.

Je profite d’un nouveau feu pour fermer les yeux un moment. Je chasse ces idées. Je chasse les souvenirs. Je respire un grand coup. Tout va bien. Ce soir, il n’est pas question de cela. Je sens finalement la main de Cassia sur ma cuisse et c’est ce contact qui me fait rouvrir les yeux au moment où le feu change de couleur. Je démarre de nouveau ; Chinatown n’est plus très loin et c’est tant mieux. Je coule un regard vers ma jolie blonde et esquisse un sourire.

« Non, j’étais rentré depuis un moment avant de recevoir ton message. Avant ça, j’étais au restaurant avec quelques potes ; on s’est encore éternisé à table en faisant le plus de bruit possible, tu sais comment on peut être... »

Je ris doucement parce que parfois, lorsque mes potes débarquent à l’appartement, Cassia se trouve là, donc ils se connaissent forcément, même si ce ne sont pas tous des amis toujours. Mais cela ne me dérange jamais d’inclure la jolie blonde à nos projets si elle le souhaite et si elle a envie de se joindre à nous. C’est quelque chose qui me vient naturellement. Et puis, il n’est pas rare que les copines des potes soient là, aussi.

« Et puis tu sais très bien que tu ne me dérange jamais. »

Mes proches ne me dérangent jamais, surtout quand ils ont autant besoin de moi. Même si je suis occupé ou que sais-je encore, je lâche tout pour les rejoindre parce que je sais très bien que c’est important et encore plus avec Cassia.

Je balance le reste de ma clope par la vitre et me gare à seulement quelques pas de l’immeuble dans lequel je vis. Je coupe le moteur et vire ma ceinture avant de refermer correctement la vitre. J’attends que la demoiselle ait remit ses affaires avant de quitter le véhicule et la rejoindre côté passager. J’active l’alarme de la caisse et attrape de nouveau sa main que je garde dans la mienne jusqu’à ce qu’on soit bien à l’abri dans mon appartement. Forcément, les chiens viennent lui faire la fête.

« J’me demande toujours si ils t’aiment pas plus qu’ils ne m’aiment... Ils ont aucune reconnaissance ces animaux. »

Ouais, je tente vainement de me plaindre pour la faire sourire et parce que c’est marrant de faire le pauvre laissé-pour-compte, mais je crois que mon sourire me trahit beaucoup.
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() message posté Sam 28 Juin 2014 - 23:05 par Invité
La maison… Pour la majorité des personnes, c’est l’endroit où se trouvait leur famille, l’endroit où ils avaient grandis et dans lequel ils aimaient revenir à chaque grand événement. La maison… L’endroit de tous les beaux souvenirs, de tous ces petits riens qui ont fait que notre vie est comme elle est. Malheureusement, ce n’était pas mon cas, ce ne pouvait même pas l’être. Oh, certes, les premières années de ma vie avaient été quasiment parfaites. Une vie de petite princesse entre mes parents, les cadeaux, les bonnes manières, mon jumeau, les bêtises et simplement la vie d’une gamine dans la haute. Mais, au fil du temps qui s’écoulait, tout s’était simplement écroulé (la rime c’est cadeau). Le mot « maison » avait perdu son sens pour moi. Ce n’était plus pareil. Ce ne pouvait plus être la même chose qu’avant. J’alternais entre la maison de mes parents et la salle du psychologue avant d’être envoyée de l’autre côté de l’océan dans une clinique aux murs trop blancs. « Maison »… « Chez moi »… Cela n’avait plus existé pendant un long moment pour moi. Ça avait simplement perdu son sens, son intérêt. Quand j’étais arrivée à Londres, j’avais eu du mal à définir mon appartement comme ma maison, comme mon chez moi. Et, à vrai dire, encore aujourd’hui, j’étais incapable de le faire lorsque je me retrouvais seule. Ce n’était plus pareil. Ce n’était plus aussi jouissif ou réjouissant. Il n’y avait plus cette petite étincelle qui faisait que lorsque le mot quittait mes lèvres, les choses semblaient plus belles…

Enfin, ça l’avait été pendant un temps… Avant l’apparition de Jesùs dans ma vie. Depuis qu’il était là, j’avais retrouvé la saveur de ce mot. J’avais retrouvé ce goût unique et indescriptible. Cette beauté et cette magie. Jesùs était mon chez moi, ma maison. Qu’importait où j’étais, tant qu’il était avec moi, j’étais à la maison. Nous pouvions être dans un autre pays, s’il était là, c’était chez moi. Je suis certaine que vous pensez que c’est absolument débile et d’autres choses du même style. Pourtant, il s’agissait simplement de la vérité. Lorsque j’étais avec Jesùs, je me retrouvais enfermée dans une bulle loin du monde extérieur et de toute l’horreur qui me collait à la peau. Lorsque j’étais avec lui, c’était comme si des murs se dressaient partout autour de nous pour nous laisser dans notre bulle, dans notre monde. Juste à lui et à moi. Juste à nous. Avec Jesùs, j’étais en sécurité et je trouvais le réconfort que j’avais trop souvent cherché. Avec mon musicien à moi, je retrouvais la chaleur de l’humanité. Je retrouvais la douceur d’un foyer, d’un chez moi… Et, même, d’un chez nous…

Jesùs et moi vivions presque ensemble pour ainsi dire. Il était rare de ne pas me voir chez lui ou de ne pas le voir chez moi une seule journée lorsque nous nous trouvions dans la même ville. Il était rare de nous tenir éloignés plus de quarante-huit heures d’ailleurs. Chez Jesùs, j’avais beaucoup d’affaires qui m’appartenaient : une brosse à dents, des vêtements, des objets… Et, il devait avoir autant de choses dans mon appartement également. Je me fichais d’avoir acheté ces objets en double parfois, je me fichais complètement de ce que je faisais à partir du moment où je pouvais profiter de la sécurité et de la douceur de notre chez nous. Au fil du temps, au fil des rencontres, les gens n’hésitaient pas à mâcher leurs mots et ils en venaient souvent à demander pourquoi diable Jesùs et moi n’emménagions pas ensemble ? Après tout, cela ne changerais pas grand-chose dans notre organisation actuelle hormis peut-être que cela rendrait tout trop réel. Il y avait tellement de risques et d’incertitudes… Il y avait tellement de danger à oser franchir ce pas qui pourrait changer la donne entre lui et moi. Alors, même si l’idée me traversait souvent la tête, je me contentais de me taire et de ne rien demander. Parce que ça fonctionnait comme ça et que je refusais de tout foutre en l’air.

C’était toujours tellement mieux de ne pas chercher à savoir, de ne pas chercher à comprendre. Nous nous contentions de vivre au jour le jour sans réellement aller plus loin que tout ça. Encore plus depuis que nous avions couché ensemble. Au fond, je cherchais simplement à garder notre relation intacte. A garder cet équilibre que j’avais eu tant de mal à acquérir après des années, enfermée entre quatre murs. Je ne voulais pas prendre de risques, alors je ne me laissais pas embarquer dans les questions et les doutes d’autrui. Les autres voulaient savoir, ils voulaient mettre un nom sur Jesùs et moi alors que je ne le voulais pas encore. Malgré les ambigüités, malgré l’insécurité et les incertitudes, notre relation était parfaite ainsi pour moi. Alors, là, dans cette voiture, les choses continuaient simplement comme elles l’avaient toujours été malgré les questions qui devaient demeurer dans nos esprits, dans nos corps. Malgré tout, nous demeurions à l’identique que ces dernières années. Jesùs était venu me chercher et nous allions dans notre chez nous. Je mentais et il le savait. Il se tournait vers moi pour me signaler qu’il le savait alors que je l’avais déjà deviné. Je ne pouvais pas mentir au conducteur de cette voiture, je n’avais jamais réussi et ce n’était pas prêt d’arriver. Alors, dès que mon regard croisa le sien, je me corrigeais aussitôt entrainant un sourire de mon bébé qui avançait que c’était exactement ce qu’il voulait entendre. Le surnom qu’il me donna, habituel en soi, déclencha pourtant les frissons sur ma peau. J’offrais à mon tour un sourire à mon… – ouais, à vrai dire je ne savais jamais comment compléter la phrase – à Jesùs donc et je lui répondais comme une gamine joueuse.

Tant mieux parce que je n’avais pas d’autres phrases en réserve

C’était juste comme d’habitude. C’était simplement nous. C’était purement parfait. Je me concentrais alors à nouveau sur la route face à nous profitant du calme ambiant de la voiture. Bordel, ça faisait du bien de ne plus avoir la musique qui me transperçait les oreilles. C’était simplement reposant et ma tête appréciait grandement le traitement. Mon cœur semblait également reparti sur un rythme plus calme et ma température avait diminué. J’étais en sécurité, j’étais dans ma boîte, dans mon monde et les choses étaient parfaites ainsi. Du coin de l’œil, je ne pouvais m’empêcher d’observer mon sauveur. Mon sauveur qui fermait les yeux en s’arrêtant au feu. Mon prince charmant qui soufflait un coup. Je me mordais la lèvre comme pour éviter l’inquiétude de glisser entre mes lèvres. J’aurais aimé lui demander ce qui le tracassait, ce que je pouvais faire pour l’aider. Mais, la voiture n’était pas le bon endroit pour partir dans ces discussions qui faisaient mal. Ces discussions pleines de démons et d’horreur. Alors, je me contentais de déposer ma main sur la cuisse de bébé lorsque la voiture démarra à nouveau. Je me contentais de caresses et de détourner les pensées de bébé cherchant  à savoir ce qu’il avait fait. Il était rentré depuis un moment avant de recevoir mon message. Et, avant, il était au restaurant avec quelques potes s’éternisant à table en faisant le plus de bruit possible. Je savais bien comme ils pouvaient être. Oh ça oui. Il riait et je ne pus m’empêcher de suivre le même chemin.

Oh, ça oui bébé, je sais comment vous êtes… Tu t’es bien amusé au moins ? C’était encore et toujours cette foutue inquiétude qui perçait dans ma voix, comme si j’avais encore ce besoin d’être rassurée, ce besoin indispensable de savoir que Jesùs allait bien et s’était bien amusé. Ce n’était peut-être rien pour les autres, c’était peut-être banal. Mais, à mes yeux, c’était presque aussi indispensable que respirer. Pourtant, je ne m’arrêtais pas à un ton mélodramatique. D’ailleurs, je suis déçue hein ! Vous auriez pu passer me voir après le resto quand même !

Je jouais cette fille vexée qui boudait alors que je croisais mes bras sur ma poitrine en tirant une tête de gamine boudeuse ouais. Ce n’était qu’une taquinerie de plus dans le fond. Je n’en voulais pas du tout à bébé et ces amis. Ils faisaient bien ce qu’ils voulaient et ils n’avaient certainement pas obligation de venir me voir à chacune de leur sortie. Quoiqu’il en soit, cela ne m’aurait pas gêné de revoir les amis de Jesùs. Après tout, je me retrouvais souvent dans ces réunions improvisées. C’était souvent que je me retrouvais impliquée dans ces sorties comme si c’était aussi naturel pour moi que pour les autres qui emmenaient leurs copines. Comme si j’étais la copine du beau mexicain. Ouais… La voix de ce dernier me ramena sur terre alors qu’il avançait que je ne le dérangeais jamais. Je n’avais rien à ajouter à ça. Je n’avais rien à répondre à ces mots qui me touchaient beaucoup plus que je ne le voulais. Après tout, en vérité, personne n’avait jamais été autant là pour moi que Jesùs. Personne n’avait été là pour moi comme lui. Sans conditions, sans limites. Et ça me touchait beaucoup trop. Alors, j’offrais simplement un sourire. Un sourire et un regard qui voulaient dire tellement plus que des mots.

La voiture se garait dans la rue et je m’empressais de remettre mes chaussures pour pouvoir enfin me retrouver avec mon Jesùs dans notre cocon, dans notre maison. Notre chez nous pour la soirée. Attrapant mon sac au passage, je sortais de la voiture et mon chauffeur se trouvait déjà à mes côtés à m’attendre. La main de Jesùs glissait à nouveau dans la mienne. Naturellement. Stupidement. C’était juste normal. C’était simplement étrange pour les autres. Nous avions l’air d’un couple et nous ne l’étions pas officiellement. Pourtant, je ne faisais rien pour mettre les choses au clair. Au contraire, les pistes restaient simplement floues. Toujours. A peine entrée dans l’appartement, les chiens venaient déjà me faire la fête. Comme souvent. Comme toujours à vrai dire. Je laissais tomber mon sac et m’accroupissait. C’était ça la maison ouais. C’était ça que j’avais perdu et que j’avais retrouvé ici. La voix de bébé résonnait. Il se demandait s’ils m’aimaient pas plus qu’ils ne l’aimaient lui. Selon lui, ces animaux n’avaient aucune reconnaissance. Bébé jouait le laissé-pour-compte et je ne pus retenir mon éclat de rire.

Que veux-tu trésor, c’est mon charme naturel, ils ne peuvent pas ne pas m’aimer. Mais, ne t’en fais pas, je suis certaine qu’ils t’aiment tout autant voir même plus. Personne ne peut te résister.

Je lui offrais un sourire rayonnant simplement heureuse de me retrouver dans cet appartement avec lui. Purement contente d’être enfin à la maison. Je ne mesurais pas mes mots, je ne réfléchissais pas avant de parler. C’était juste naturel. C’était simplement véridique. La douleur semblait m’avoir complètement désertée à présent que l’angoisse ne me prenait plus aux tripes. Ramassant mon sac, je me redressais enfin avant de retirer ma veste et de déposer le tout dans l’entrée. Gestes mécaniques, habituels parce que c’était chez moi aussi dans le fond. Glissant une main dans mes cheveux, j’avançais dans l’appartement pour me diriger vers le salon. Et, à peine arrivée, je retirais mes chaussures avant d’aller m’étaler de tout mon long dans le canapé en soupirant de bien être. Tournant légèrement la tête pour apercevoir mon trésor, je reprenais alors la parole.

Quel est le programme pour cette nuit bébé ? Cela ne sonnait que comme une question normale, surtout pour lui et pour moi. Mais, je me doute bien que pour vos oreilles cela pourrait sous-entendre plein de choses non catholiques. Non, mais, attention à vos pensées hein ! Lorsque je passais la nuit chez Jesùs, nous passions des heures à faire d’autres choses que dormir (non, non, pas ce que vous pensez). Je me mordais la lèvre hésitante avant d’enfin oser reprendre la parole pour lancer un programme à la va-vite. Je vote pour grignoter le fabuleux repas de ta maman tranquillement devant un film ou un jeu comme tu veux. Et ensuite… mmh j’ai remarqué que tu avais l’air tendu dans la voiture bébé et ça m’inquiète tu sais. Alors, je vais devoir m’occuper de toi pour te faire tout oublier. A toi de me dire ce que tu veux trésor, je suis prête à accomplir le moindre de tes désirs.

Le fixant droit dans les yeux, je lui offrais un sourire rayonnant. Entre une gamine qui aurait eu le meilleur cadeau de sa vie et une fille qui jouait dangereusement. Je savais parfaitement que mon programme et mes mots demeuraient sur un fil dangereux. Sur quelque chose d’instable que nous ne parvenions pas à définir. Je savais parfaitement ce que je faisais. Mais, avec Jesùs, je ne cherchais jamais à me contrôler. Je ne voulais pas jouer un rôle ou taire ce que j’aurais dû taire. Parce que ça n’aurait pas été naturel, ça n’aurait pas été normal. Ça n’aurait pas été lui et moi. Et, putain, je ne voulais pas. Malgré tout les risques. Malgré ce dangereux jeu de tentation que je jouais. Malgré cette situation risquée. L’équilibre était peut-être instable, mais tellement savoureux…
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() message posté Jeu 3 Juil 2014 - 16:44 par Invité
Si je me suis bien amusé ? Oui, comme à chaque fois que je me retrouve avec mes potes ou avec des personnes qui aiment rire et faire les imbéciles durant des heures. Oui, je m’amuse parce que j’oublie tout durant quelques heures, je laisse mes problèmes à l’appartement, je range mes soucis dans un coin de ma tête et je noie le reste dans quelques verres d’alcool qui font rapidement effet. Je sais que cela n’est pas très bon, je sais aussi que je joue pas mal avec ma santé, avec mes capacités pour le lendemain - les migraines et les gueules de bois ne sont jamais appréciées lorsqu’on est musicien -, mais j’oublie aussi ces inconvénients lorsque j’enchaine les verres en riant aux blagues de mes potes.
Mais pourtant, au fond de moi, j’ai l’impression que même durant ces moments je fais semblant. Il arrive parfois que je décroche des conversations, que j’oublie de rire, que mes sourires s’effacent et que mes yeux se perdent dans le vague. Il ne suffit d’un presque rien : une petite fille brune qui passe près de moi, une maman qui réclame après sa fille qui ce serait un peu éloignée d’elle et des souvenirs remontent dans ma mémoire. Des souvenirs de cette maudite journée où une partie de moi s’en est allée. Letizia avait beau être plus jeune que moi de quelques années, elle n’en restait pas moins mon rayon de soleil et vivre sans elle, même à presque vingt cinq ans, m’est toujours aussi douloureux.
Mais oui, je me suis bien amusé.

« Oui, c’était vraiment sympa. »

J’esquisse un sourire comme pour appuyer mes propos et les rendre encore plus vrais et sincères ; non pas parce qu’ils ne le sont pas, mais seulement parce que j’ai souvent l’impression que mes yeux expriment autre chose, comme si ils voulaient à tout prix que j’exprime chacune de mes pensées. Mais je me refuse à le faire. Je ne vais pas dire tout ce qui me hante encore alors que nous sommes en voiture, que je suis au volant et que je ne veux pas prendre le risque que mes démons me rendent plus nerveux que nécessaire. Je ne veux pas qu’on ait un accident. Je ne veux pas perdre Cassia.

Sa petite moue boudeuse me fait encore plus sourire et me détend un petit peu plus. Je lui lance un petit regard en coin alors que je veille quand même sur la route, même si les voitures ne sont pas très nombreuses, ce n’est pas une raison : certains se plantent même lorsqu’ils sont seuls sur les routes, alors...
Mais je profite néanmoins d’une route droite sur quelques mètres pour lâcher le volant d’une main et la glisser jusqu’aux côtes de ma jolie blonde que je pince doucement pour que cela la fasse rire.

« Arrête de bouder, ça te creuse une ride sur le front. »


Un rire glisse de mes lèvres alors que je reprends normalement ma conduite. Bien évidemment, je plaisante. Et je sais parfaitement que Cassia le prendra à la rigolade ; depuis qu’on se connaît, je ne me souviens pas d’une seule dispute... Peut-être n’en n’avons jamais eu ? Peut-être l’ai-je oublié parce qu’elle ne comptait pas et qu’elle était sans importance ? Non... Je n’ai jamais eu de dispute avec Cassia, je m’en souviendrais, cela m’aurait foutu le moral à zéro durant des jours entiers. Nous sommes trop proches, trop liés pour prendre le risque de se séparer définitivement - ne serait-ce que quelques jours ou quelques heures -. Même lorsque je pars dans un autre pays, je passe mon temps à lui envoyer des sms, des mails... Elle est toujours au courant de tout ce que je fais. C’est ainsi.

Je me gare finalement près de mon immeuble. Je suis soulagé qu’on soit arrivé. Même si je sais que je conduis bien et que je suis prudent, je suis quand même assez fatigué et les accidents arrivent bien trop vite. J’attends quelques secondes avant de sortir de la voiture pour rejoindre ma jolie blonde de l’autre côté. Une fois tous les deux dans la rue, j’active l’alarme, attrape sa main que je garde dans la mienne et je l’emmène jusqu’à mon immeuble qui n’est pas très loin. Nous entrons ensuite dans mon appartement et immédiatement, les chiens viennent lui faire la fête comme si ils ne l’avaient pas vu depuis de longues semaines. Forcément, je me la joue pauvre laissé-pour-compte que même ses chiens n’aiment plus.

« Personne ? Vraiment personne ? »


Je la regarde avec un sourire charmeur accroché aux lèvres alors que je retire ma veste que je balance plus loin sur le canapé - oui, le rangement et moi ne sommes pas les meilleurs amis du monde -. Je passe une main dans mes cheveux et secoue un instant la tête pour me remettre les idées en place avant de disparaître dans la cuisine au moment où Cassia rejoint le salon et s’installe tranquillement sur le canapé. Il faut que je choisisse un bon plat - ce qui n’est pas difficile parce que tout ce que fait ma mère est bon -, mais la difficulté demeure justement dans le choix. Bon, des fajitas au poulet feront largement l’affaire.

En même temps que je prépare tranquillement son assiette, je l’écoute et réfléchit quelques instants à ce que nous pourrions faire, même si ses propos réveillent quelques souvenirs dans ma pauvre mémoire. Il ne faut pas que cela recommence. Je les chasse et me concentre sur ce que je fais avant de sourire doucement.

« Je vote pour le même programme que toi. On a qu’à se mettre un bon film et ensuite, on verra bien. »

Et ensuite, on verra bien ? Pourquoi est-ce que j’ai dis un truc pareil, moi ? À croire que les mots à double sens qui sortent de sa bouche déteignent sur moi. Je respire. Je me tais. Tant que je suis dans la cuisine tout va bien, je n’ai pas à réfléchir trop longuement et je me concentre facilement sur la nourriture parce que je serai capable de tout faire cramer alors que je n’ai qu’à suivre les indications de ma mère... Mais je suis tellement pathétique dans une cuisine que c’en est ridicule.

Une fois l’assiette prête, je lui rapporte avec deux bières dans l’autre main. Je pose le tout sur la table basse et allume la télévision en mettant directement le choix sur les vidéos à la demande. J’ai trop vu tous les films que j’ai chez moi. Je reviens vers le canapé et soulève les jambes de Cassia afin de m’installer avant de les reposer sur mes cuisses.

« D’abord, mon premier désir est que tu manges... Et me dis pas au bout de trois bouchées que tu as plus faim ou que sais-je encore parce que les plats de ma mère, même si on la ventre plein, on les termine. »
Je lui lance un regard entendu avant qu’un sourire ne prenne place sur mes lèvres. Non mais c’est vrai, c’est trop bon pour être gaspillé. « Pour l’instant, c’est toi qui compte. »
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() message posté Sam 12 Juil 2014 - 15:30 par Invité
J’étais constamment dans un état d’inquiétude pour Jesùs. J’étais trop souvent à me demander comment il se sentait et s’il s’en tirait. Après tout, même si je n’avais pas vécu la même horreur que lui, je savais ce que c’était. Devoir vivre avec ses démons et ses cauchemars jours après jours. Se sentir parfois plonger alors qu’on est parfaitement entouré. Juste sombrer alors que tout semble aller à la perfection. J’avais connu ça. Je connaissais ça constamment. Quand un homme qui ne m’inspirait pas confiance m’approchait, la peur se réveillait dans mon ventre sans que je ne puisse rien y faire. Quand je ne contrôlais plus rien, j’avais cette foutue tendance à déposer mes mains sur les marques ornant mes bras comme si j’étais prête à recommencer. Détruire mes bras pour faire taire cette douleur psychologique qui ne me quittait presque jamais. Presque… Il y avait des moments où elle semblait disparaître. Des moments où je pouvais revivre, comme si je gardais la tête en dehors de l’eau quelques instants. Quelques heures. Cela arrivait souvent avec Jesùs. Je me concentrais plus sur lui que sur moi. Et je m’inquiétais pour lui en enterrant mes démons en moi. Juste un temps. Juste pour respirer et pouvoir apprécier notre bulle. Notre chez nous.

Alors, la question avait filtré entre mes lèvres. Je n’avais pas pu retenir ce ton inquiet d’autant plus que bébé ne semblait pas vraiment dans son assiette. Je sentais la brèche de l’horreur planer au dessus de nous et je ne pouvais rien y faire. Je ne pouvais rien changer, malgré mon désir d’effacer. Alors, j’avais juste cherché à changer le sujet, à détourner les pensées. Mais, au final, c’était moi qui m’inquiétais encore lorsque je lui demandais s’il s’était bien amusé. Je savais qu’il s’amusait toujours lors de ces soirées avec ses amis. Je savais qu’il appréciait parfaitement ces moments. Mais, je savais également qu’un petit rien pouvait tout faire revenir à la surface. Une simple personne passant, une simple phrase ou rien qu’un mot et la vague de l’horreur pouvait nous submerger trop facilement. Nous pouvions sombrer trop vite. Il répondait que oui, c’était vraiment sympa. Et, je lançais un sourire comme si j’étais rassurée totalement et complètement. Je l’étais… Enfin, en partie du moins. De toute façon, c’était toujours ainsi. J’avais bien sûr une totale confiance en Jesùs et je le croyais lorsqu’il avançait s’être amusé. Mais, au fond de moi, l’inquiétude demeurait. Alors, comme je ne cessais jamais de le faire, comme j’aimais tant le faire, je faisais tout pour prendre soin de bébé. Parce qu’il était le plus important. Parce que c’était mon devoir. Parce que c’était ma vie.

Je jouais cette fille boudeuse. Cette gamine qui croisait les bras sur sa poitrine et fronçait les sourcils. Cette petite enfin qui était déçue de ne pas avoir vu Jesùs et ses amis passer au bar ce soir. Ce n’était qu’un jeu parce que je ne lui en voulais pas le moins du monde. C’était juste une façon de rendre les choses plus douces, plus insouciantes. C’était un moyen de repousser la brèche d’horreur qui planait constamment au dessus de nous. Et, lorsqu’il sourit encore plus, je savais que j’avais réussi et je savais qu’il se détendait. J’aimais surjouer de cette façon. J’aimer chercher les gamineries comme ça. Dans le fond, j’étais simplement restée une enfant à la vie trop brisée. La main de Jesùs atteignit mes côtes et il me pinça. Le rire glissa automatiquement entre mes lèvres alors que je m’éloignais légèrement sur le siège pour qu’il ne puisse plus m’attaquer. Jesùs riait aussi et c’était juste agréable. C’était simplement eux.

Pfft, ce n’est même pas vrai ! Je suis tellement parfaite que je ne peux pas avoir de ride sur le front même quand je boude. Tu dis n’importe quoi !

Âge mentale : quatre ans peut-être et encore… J’étais vraiment une enfant. Pire qu’une gamine sans doute, mais je m’en fichais complètement dans le fond. C’était simplement agréable. C’était juste Jesùs et moi. C’était simplement nous dans notre monde. On se fichait du reste et on profitait de ces instants si savoureux. Ces instants que nous n’avions pas eu l’occasion de vivre avant. Ces instants dont nous avions besoin aujourd’hui parce que cela faisait parti de nous. La voiture s’arrêta finalement et nous avions marché main dans la main jusqu’à l’appartement. Aux yeux des autres, on était un couple. A nos yeux, on était simplement particuliers. Rien d’officiel et aucune étiquette. Je ne savais pas comment gérer les choses de toute façon et je refusais de me prendre la tête avec cela. La porte s’ouvrit sur notre chez nous et les chiens arrivaient. Je m’accroupissais vantant alors mon charme naturel avant de rappeler à bébé que personne ne pouvait lui résister. Et, alors, il posait cette question ridicule pour voir je ne sais quoi. Et putain, il avait ce foutu sourire charmeur sur son fichu visage. Et, bordel, j’avais juste envie de lui sauter dessus et de l’embrasser à en perdre la tête. J’avais envie de lui balancer que non, personne ne lui résistait, mais qu’il était à moi. Alors, je me mordais la lèvre pour taire les mots que je voulais dire. Et, je me concentrais sur mes gestes mécaniques et habituels pour déposer mes affaires tout en répondant à bébé.

Vraiment personne bébé et surtout pas avec ton si sexy sourire charmeur. Je prenais ce ton détaché comme si cela ne me touchait pas autant. Je prenais ce recul alors que tout explosait en moi. Mon cœur battait plus vite et j’avais cette folle envie d’être encore plus proche de lui. Mais, je ne faisais rien. Je me contentais de répondre et de pousser ce vice plus loin. D’ailleurs, j’ai une de mes collègues qui voudrait bien avoir ton numéro et un rencard avec toi bébé, je lui dis quoi ?

Ce n’était même pas un mensonge que j’inventais là. C’était bien arrivé. Il y avait cette fille, dont à vrai dire je ne retenais jamais le prénom, qui était venue me parler un soir après que bébé soit passé me voir. Cette fille qui m’avait demandé s’il était possible que je lui arrange un rendez-vous avec bébé. J’avais simplement haussé les épaules sans répondre. Mais, depuis, elle ne cessait de venir me voir pour me demander ce qu’il en était. Et, à chaque fois, je me contentais de l’ignorer. Alors, autant profiter de cette situation pour avoir une réponse de bébé et savoir quoi dire à cette fille. Oh, j’aurais très bien pu lui dire que Jesùs était pris ou autre chose pour la tenir éloignée. Mais, je n’avais pas osé (un comble pour moi qui me permettait tout). Ravalant mes envies et ma jalousie, je me dirigeais vers le salon avant de me laisser tomber dans le canapé très peu élégamment. Quelle importance ? Je ne faisais plus autant partie du monde de la haute qu’avant. Après tout, je ne me payais qu’un petit appartement grâce à mon job au bar et aux quelques petits boulots que je faisais à côté.

Je proposais ensuite un programme pour notre nuit, parce qu’il fallait que les choses soient définies. Parce qu’on ne pouvait pas laisser tout partir en vrille, pas encore une fois… Grignoter le repas devant un film et je proposais ensuite de m’occuper de lui et d’accomplir le moindre de ses désirs. C’était un programme comme un autre dans le fond, mais sans doute pas le moins dangereux. Il y avait trop d’inconnue dans l’équation, trop de facteurs qui pourraient perturber la situation et nous faire danser du mauvais côté. Bébé avançait qu’il votait pour le même programme. Un bon film et il verrait ensuite. Bordel ! C’était risqué, c’était trop risqué. C’était dangereux. Beaucoup trop dangereux. Je me mordais la lèvre, inquiète. Mais, lorsque le musicien réapparus dans la pièce avec une assiette et deux bières, je cessais automatiquement mon geste. Hors de question de l’affoler. Il allumait la télévision, soulevait mes jambes (provoquant encore une fois des frissons sur ma peau – foutue connerie), s’asseyait et reprenait mes jambes sur ses cuisses. Je jetais un coup d’œil à l’assiette hésitante. Certes, j’avais faim, mais il y avait soudainement ce nœud dans mon ventre et je n’étais pas certaine de pouvoir avaler quoi que ce soit. Déposant mon regard sur Jesùs, je murmurais simplement.

Merci…

C’était un merci pour cette assiette et pour cette bière. Mais, c’était également un merci plus globale pour cette soirée, pour cette atmosphère, pour sa présence. Pour toutes ces petites choses. Bébé reprit la parole avançant que son premier désir était qu’elle mange et surtout qu’elle ne dise pas au bout de trois bouchées qu’elle n’avait plus faim parce que les plats de sa mère on les terminait. Il me connaissait trop bien et savait parfaitement ce que j’étais capable de faire pour ne pas terminer une assiette. Il souriait et j’avais encore envie de lui sauter dessus. Et, putain, était-il obligé de dire que c’était moi qui comptais pour l’instant ? Bordel ! Détournant les yeux, je me redressais et attrapais l’assiette. Les yeux rivés sur l’écran, je me mis à manger sans grand appétit. Il n’y avait pas besoin qu’on parle. Pas maintenant. Nous étions bien comme ça. Enfin, j’étais bien sur le canapé de bébé à grignoter un repas de sa mère en regardant un film (sur lequel j’avoue je n’étais même pas concentrée). Après de longues minutes et seulement une fois que j’eus fini cette assiette (oui, il fallait que je termine pour que bébé ne soit pas en colère et non je n’avais rien donné aux chiens voyons), je reposais mes yeux sur bébé et prenais aussitôt la parole. Ce n’était pas que le silence me dérangeais, c’était simplement que j’avais envie de parler et pas juste me concentrer sur un film.

Il va vraiment falloir que j’aille voir ta mère bébé pour la remercier de tout ces repas succulents. Ça fait longtemps que je n’ai pas été voir tes parents d’ailleurs.

Oh bordel ! J’aurais mieux fait de me la fermer en fait et de tenter de me concentrer sur ce putain de film. Bordel ! Je parlais sans même réfléchir et je sortais d’atroces conneries. Ok, en soit les mots n’étaient pas mauvais du tout. C’était même très bien et très gentil sans doute. Mais, dans notre situation, ça n’allait pas. Cela sonnait exactement comme si nous étions un couple, comme si les parents de bébé étaient mes beaux-parents. Et, putain, ça n’aurait pas dû sonner comme ça. Pas après tout ce qui se passait. Oh putain. J’aurais mieux fait de me taire. M’asseyant dans le canapé, je retirais mes jambes des cuisses de bébé et déposais l’assiette sur la table. Troublée, inquiète. Je soufflais un coup avant d’attraper ma bière et d’en boire quelques gorgées. Secouant mes cheveux, je bougeais à nouveau et je venais me blottir tout contre Jesùs. C’était une habitude, c’était un besoin et putain sur le coup je me fichais du reste. Ma tête sur son épaule, je restais sans bouger pendant de longues minutes. J’avais les bras posé sur mes jambes et inconsciemment ma main traînait sur mes cicatrices. Les yeux fermés, je murmurais.

La soirée était horrible au boulot. Vraiment merdique. Ils ont voulu faire une scène ouverte pour jeunes talents et c’était un massacre total. Heureusement que Mike avait des médicaments sinon je serais déjà six pieds sous terre. Puis, les regards et les dragues à deux balles m’insupportaient ce soir.

Les mots glissaient tous seuls sans que je réfléchisse. Confession nocturne à bébé. Je ne faisais pas attention à ce que je disais. Je n’avais même pas conscience que j’avouais avoir été malade et avoir pris un médicament à Mike – mon collègue – sans même vérifier si oui ou non c’était le bon truc qu’il me donnait. J’avouais qu’on m’avait encore dragué ce soir alors que je savais que ça ne plaisait pas à Jesùs. Surtout quand je bossais. Mais, les mots avaient glissés et je ne cherchais même pas à les retenir. Bougeant mes jambes, je les déposais à nouveau sur les cuisses de bébé gigotant légèrement pour me coller encore plus à lui. Blottie contre mon sauveur, j’étais simplement bien. Je blottie mon visage dans le creux du cou de bébé et je m’amusais à souffler sur sa peau. Je jouais avec le feu. J’étais juste une petite inconsciente…
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() message posté Mar 15 Juil 2014 - 14:12 par Invité
J’esquisse un nouveau sourire lorsque Cassia me répond ; je suis bien heureux et satisfait que personne ne me résiste et encore moins lorsque j’affiche ces sourires si spéciaux. J’ai toujours fais ce genre de petites mimiques, même lorsque j’étais petit, et déjà à l’époque, les gens avaient du mal à faire autrement que me trouver irrésistible et adorable. J’étais le gamin adorable qui adorait rire, qui faisait sourire tout le monde et qui était plus qu’attendrissant. Je me sentais bien dans ce rôle, je n’avais jamais besoin d’en faire trop : avec cela, j’avais déjà tout ce que je voulais et même ce que je ne souhaitais pas outre mesure. Je ne pensais pas que ces mimiques et ces sourires me poursuivraient jusqu’à maintenant, mais il faut dire qu’à présent, ils me servent à toutes autres choses. Ils ne servent plus à rendre ma famille dingue de moi, ce sont les femmes qui ont tendance à être sous le charme et je ne compte pas m’en plaindre. Dans le fond, c’est probablement ce que je recherche, mais je n’en suis vraiment heureux que lorsque c’est la jolie blonde qui me l’affirme.

Faire du charme, rendre les demoiselles folles amoureuses, c’est aussi un peu le travail d’un musicien qui fait parti d’un groupe célèbre. On s’attire toujours les compliments des adolescentes et même des femmes adultes qui aiment ce qu’on fait et qui nous suivent parfois juste parce qu’on a des belles gueules. Je suis ravi qu’on ait cet impact sur elles, et même sur les hommes (parce que nos fans ne sont pas que des demoiselles, évidemment), mais étrangement, je ne me sens vraiment satisfait que lorsque je vois cette fierté dans les yeux de Cassia parce que je sais qu’elle ne triche pas avec moi, qu’elle est sincère et qu’elle n’aurait jamais dans l’idée de me dire « oui » lorsque c’est « non ». Je ne comprends pas toujours ce qui m’unit à la blonde, à part nos histoires chaotiques et ce besoin d’être sans cesse ensemble, mais quelque chose en elle me fascine, m’obsède et me pousse même à une forme de jalousie lorsque d’autres gars s’approchent d’elle de trop près. Lorsqu’on se trouve en soirée et que des mecs viennent là, je les surveille tous et je surveille aussi Cassia parce que je crains qu’elle ne m’échappe, qu’elle disparaisse, qu’elle s’évapore au bras d’un autre. Je crois que ça me ferait beaucoup de mal. Beaucoup trop, même. Ce n’est pas sensé. Ce n’est pas normal. Nous ne sommes pas un couple, mais je me comporte comme un petit ami jaloux et possessif.

Alors lorsqu’elle me parle d’une collègue qui voudrait mon numéro, je reste indifférent. Je ne vois pas de qui elle parle et en plus, lorsque je vais à son travail, je ne vois qu’elle. Mes yeux se détachent toujours difficilement de ma jolie blonde. J’ai besoin d’un contact visuel, c’est une manière d’être toujours avec un pied dans le monde réel et de ne pas me perdre dans mes sombres pensées. Je hausse les épaules alors que je m’en vais jusqu’à la cuisine ; je ne dis pas que j’ai un manque d’intérêt envers les autres demoiselles, mais bordel, elles ne sont pas Cassia.

« Tu lui dis que je ne suis pas intéressé. »

Ma réponse est plutôt claire et précise ; je ne vois pas pourquoi j’irai dire un mensonge alors que je n’ai absolument pas envie d’être à un rencard avec une gonzesse que je ne connais ni d’Eve ni d’Adam. D’autant que la presse risque encore d’en faire des caisses et je vais être dans les journaux de merde avec une légende à la con et ma mère trouvera encore le moyen de me dire de faire plus attention, d’être respectueux envers les femmes et elle ne comprendrait pas parce qu’elle aussi pense que Cassia et moi, c’est plus qu’une simple amitié. Ma mère me pose toujours mille et une questions à ce propos et je vois bien que cela l’agace lorsque je ne réponds pas ou seulement de manière évasive. Mais que veut-elle que je lui dise ? Moi-même je ne sais pas où j’en suis…

On parvient ensuite à se mettre d’accord sur le programme de la soirée. Un bon film et le reste, on ne sait pas encore… On ne sait pas franchement ce qu’il peut se produire avec nous et je tente de ne pas me faire trop d’idées parce que ce serait vraiment une grosse connerie. On ne peut sérieusement pas être toujours ainsi ; j’ai l’impression qu’on marche tous les deux sur une corde raide et qu’on risque de perdre l’équilibre à tout moment. C’est dangereux. Beaucoup trop dangereux. Mais bordel, je ne sais pas faire autrement. Je n’y parviens pas. Alors je souffle un gros coup et la rejoint dans le salon avec son assiette et deux bières que je dépose sur la table basse. Je prends la télécommande, allume la télévision et m’installe en relevant les jambes de la jolie blonde et les reposes ensuite contre mes cuisses. Je lui adresse un petit sourire en réponse à son remerciement et me charge de mettre un film pendant qu’elle mange. Je n’ai vraiment rien en tête, mais je choisi au hasard un film d’action parce que les trucs romantiques c’est pas franchement ma tasse de thé.

Je me concentre à peine sur les images et le son, mais je n’y parviens qu’à moitié. Trop de pensées se bousculent dans ma tête et je perd le fil de l’histoire – peu importe, je le verrais à un autre moment -, mais je le laisse en route puisque cela donne le change. D’autant que je n’aurai pas l’air con si j’arrêtais le film juste pour regarder la jolie blonde dans le blanc des yeux pendant qu’elle mange. D’ailleurs, je surveille du coin de l’œil et je suis ravi qu’elle ait terminée l’assiette. Je ne plaisante jamais avec l’alimentation et surtout avec sa santé. Je sais qu’elle mange mal ou trop peu. Moi je passe derrière et j’arrange la situation grâce aux plats de ma mère. Ce que Cassia dit me fait d’ailleurs sourire et étrangement, cela sonne tellement logique à mes oreilles, comme si c’était vraiment naturel. Il faut dire que mes parents adorent la jeune femme et ils ne le cachent pas.

« Ils seraient vraiment heureux de te voir… Surtout ma mère, tu sais à quel point elle t’adore. »

Et je ne mens pas. Ma mère accueille toujours la jolie blonde comme une reine. Il faut dire que mes parents ne déconnent pas quand ils reçoivent des gens, ils font toujours ça bien et voient les choses en grand. Cela m’amuse toujours parce que je dis sans cesse qu’il n’est pas utile qu’ils en fassent autant mais ils ne changeront jamais et je les aime ainsi. Je vois que Cassia se redresse et je profite de ce moment pour prendre ma bouteille de bière et en boire une longue gorgée avant qu’elle ne se blottisse contre moi. Naturellement, je passe un bras dans son dos, au niveau de sa taille et la garde tout contre moi. Je repose la bouteille et l’écoute alors qu’elle me raconte sa soirée.

Je n’aime jamais lorsque des mecs la draguent. Je ne suis pas là. Je ne peux pas dire à ces gars de prendre la porte parce qu’elle n’est pas faite pour eux. Et cela me rend dingue. J’ai cette pointe de jalousie qui monte en moi mais je la contiens parce que je sais qu’elle n’a pas besoin de cela et ce n’est pas de sa faute en plus du reste. Mais je voudrais qu’ils arrêtent. Tous. Qu’ils disparaissent et lui fichent la paix. Et j’aime encore moins l’idée qu’elle n’était pas bien.

« Je déteste vraiment quand tu passe des mauvaises soirées… Je voudrais t’arracher à ce boulot pour que tu n’aie plus à supporter ces connards. »

Je reste calme, mais dans le fond, je ne le suis pas tant que cela. Je suis tellement en colère lorsque je pense à ces mecs qui la draguent et qui pensent qu’elle n’est qu’un bout de viande. Cassia mérite tellement mieux que ces dragueurs à deux balles. Et je la laisse faire lorsque la jolie blonde repose ses jambes sur mes cuisses et qu’elle se blottit davantage contre moi. Je sens son souffle contre ma peau et cela m’arrache quelques frissons alors que je ferme un instant les yeux.

Machinalement, ma main se pose contre sa cuisse que je caresse du bout des doigts, lentement, tendrement, sans arrière pensée aucune, mais la proximité qu’il y a entre nous commence à me rendre dingue. Elle m’attire. Je ne peux pas prétendre le contraire, c’est une évidence. Mais c’est mal. Tellement mal. Nous sommes des amis. Des amis qui sont déjà allé trop loin. Des amis qui passent pour un couple aux yeux du monde. Je garde les yeux clos alors que je pose ma tête contre la sienne avant que mes lèvres n’effleurent son front que j’embrasse finalement. Ce n’est pas humain de ressentir ce que je ressens en ce moment…
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() message posté Ven 1 Aoû 2014 - 18:17 par Invité
Jesùs, Jesùs, Jesùs… Le prénom tournait en boucle dans ma tête alors que mes pensées vagabondaient à droite, à gauche. Je ne voulais pas réellement réfléchir quand bien même ma tête me hurlait de le faire. Après tout, pendant des années, je n’avais pas réfléchi. Pendant des années, j’avais tout bloqué dans ma tête, tout enfermé dans une boîte. Et, finalement, j’avais moi aussi était enfermée dans une boîte. Dans une putain de prison dorée où j’avais passé trois ans de ma vie… Trois ans de non-vie. Je m’étais retrouvée dans cette prison où il n’y avait que cris et horreurs. Cette putain de prison où le blanc n’était même pas synonyme de pureté ou de quoi que ce soir de positif d’ailleurs. Tout était négatif à ce moment-là, quand j’étais encore là-bas. Alors, à nouveau, ce soir, ma tête m’avertissait parce qu’elle connaissait déjà les possibilités, les chemins que mon être pouvait emprunter. A force de ne pas réfléchir, de garder tout en moi, peut-être que l’horreur finirait par surgir à nouveau. Peut-être que la vie reviendrait prendre ses droits pour me pousser dans ces couloirs blancs à l’infini… Peut-être… Peut-être pas… Ce n’était qu’une incertitude à présent et j’avais horreur de cela. Je détestais me retrouver au bord du vide sans savoir si j’allais glisser, si j’allais survivre, si la chute était agréable. J’avais horreur de ne pas contrôler la situation, de n’être qu’une fille perdue au milieu d’un océan d’interrogations. Je n’aimais pas ça du tout. Oh non. Et pourtant, putain, je n’aurais changé ça pour rien au monde. Pas quand tout cela arrivait avec lui.

Jesùs, Jesùs, Jesùs… Malgré l’incertitude que je haïssais, malgré la situation bancale dans laquelle nous nous trouvions, je refusais de changer cela aussi longtemps que je le pouvais. J’aimais ma relation actuelle avec bébé et cela même s’il y avait beaucoup trop d’incertitude et de questions. Même s’il y avait trop de risques et de dangers. Je ne voulais pas prendre le risque de sombrer ou de le perdre. Pas lui. Pas Jesùs. Il était celui qui me gardait hors de l’eau, celui avec qui je ne plongeais jamais dans la souffrance. J’étais juste bien avec lui et je n’avais pas besoin de plus. Il n’y avait plus besoin de mutilation ou de millions de mots pour me sentir en vie. Je n’avais plus besoin de me foutre dans des états stupides pour me sentir vivre. Sa présence suffisait à me donner l’impression d’exister, à me faire exister. Sa présence me faisait tourner la tête aussi d’ailleurs… Il faisait battre mon cœur plus vite alors que mon souffle se coupait souvent. Il provoquait tout un tas de réaction que je ne voulais pas interpréter. Surtout pas… Malgré ce qui était déjà arrivé, malgré le fait que nous ayons déjà trébuchés. Après tout, même après cette nuit que nous avions passée ensemble, les choses étaient simplement restées comme avant. C’était comme si rien n’avait changé alors que nos corps avaient déjà basculé à travers ces barrières. Nous n’étions que deux gamins peureux, nous nous accrochions à ce que nous avions de peur de se retrouver dans l’enfer si l’un ou l’autre osait se jeter dans le vide.

Mais, je le désirais toujours. Je ressentais toujours la même chose à chaque fois qu’il apparaissait, à chaque fois qu’il parlait. Dès qu’il me frôlait. Dès qu’il était à côté. Je ressentais toujours la même chose dès que nous respirions le même air. Ce soir, rien n’avait changé. Tout était pareil. Il était mon héros. Mon souffle de vie. Mon envie. Il était mon…. A vrai dire, je ne savais pas vraiment comment terminer cette phrase. Certains de nos amis et des inconnus auraient simplement dit que nous étions un couple, que Jesùs était mon petit ami. Mais, putain, Jesùs et moi étions sans doute incapables de finir cette phrase pour définir la réalité et nos amis proches le savaient. C’était juste compliqué. C’était juste nous. Pourtant, malgré la jalousie et le pincement que cela provoquait en moi, je lui faisais passer le message d’une de mes collègues. Après tout, cela faisait des mois qu’elle m’avait demandé de transmettre ce message. Des mois que je n’avais rien dit et que je supportais les demandes incessantes de cette fille pour savoir ce que mon musicien avait dit pour un putain de rencard avec elle. Et, ce soir, comme pour me convaincre que tout était correct et que Jesùs et moi n’étions qu’amis, je balançais ces mots. Et, il me répondait presque automatiquement ne cherchant même pas à en savoir plus sur cette fille dont je lui parlais. Il me demandait directement de lui dire qu’il n’était pas intéressé. Et, sans que je ne comprenne pourquoi – ou sans que je ne veule le comprendre – je me sentais directement soulagée. Alors, je m’amusais à lui offrir un salut de militaire tout en reprenant la parole.

Bien, capitaine, je ferais passer le message capitaine

Le rire glissa entre mes lèvres parce que je n’étais qu’une gamine qui s’amusait d’un rien. Je n’étais qu’une enfant qui se plaisait à ces conneries. Ouais. Alors que bébé se rendait dans la cuisine, je faisais comme chez moi me dirigeant vers le salon et m’échouant dans le canapé. On aurait carrément pu croire que je vivais ici tellement je semblais être habituée à tout cela. En un sens, cela n’aurait pas été tout à fait faux. Je vivais pratiquement ici ou alors c’était Jesùs qui vivait chez moi parfois. C’était nous deux souvent. Toujours. Encore. J’aurais aimé demandé à bébé de ne prendre qu’un appartement pour tous les deux – après tout cela n’aurait guère changé grand-chose aux situations que nous vivions. Mais, je ne pouvais pas. Cela risquait de signifier trop de choses. Cela risquait d’entraîner trop de risques. Puis, quand bébé partait faire des concerts, il fallait bien que j’ai un chez moi-même si je savais pertinemment qu’il me laisserait rester chez lui sans aucun soucis. Allongée sur le canapé, j’annonçais un programme. Bancal. Banal. Inutile peut-être parce que je savais déjà que nous ne nous y tiendrons pas. Jesùs revint rapidement dans la pièce et mon corps réagit avant ma tête encore une fois lorsque ses doigts se posèrent sur moi. Puis, j’avais voulu oublié, j’avais voulu ne pas penser à ces frissons qui s’étaient déclenché. Je mangeais alors portant mon attention sur la télévision. J’aurais pu rester ainsi jusqu’à la fin du film et cela même si je ne le suivais pas réellement. Mais, ma tête continuait de tourner à plein régime et ça ne me plaisait pas. Alors, je reprenais la parole parlant des parents du jeune musiciens qui me répondait que ses parents seraient heureux de me voir, surtout sa mère puisqu’elle m’adorait. Malgré moi, un sourire glissa sur mes lèvres et je répondais.

Et, je l’adore tout autant ta mère… Même si, tu sais, elle n’arrête pas de me questionner sur toi et moi… Les mots avaient glissés entre mes lèvres avant même que je ne pense à les retenir. Je n’avais jamais dit cela à bébé, je ne lui disais jamais parce que je considérais que ce n’était pas le plus important sans doute. Je ne voulais pas me prendre la tête, je ne voulais pas réfléchir. Cependant, là, les mots résonnaient avant même que je ne pense à me la fermer. Et, malgré moi, comme si j’espérais noyer cet aveu, je reprenais. J’aime bien passer du temps avec toi, chez toi avec tes parents tu sais…

Je laissais planer la fin de ma phrase et je savais que Jesùs devait pourtant déjà l’avoir compris. Foutu aveux. Ouais, dans le fond, quand je me retrouvais dans la famille du musicien, c’était un peu comme si j’avais à nouveau une famille. Des gens qui s’inquiétaient réellement pour moi et qui s’intéressaient à ma vie. Des parents que je n’avais plus depuis trop longtemps. Quand j’étais dans la famille de Jesùs, c’était comme si j’étais juste une gamine à nouveau. Et j’aimais ça. C’était une de mes habitudes, comme celle que j’étais en train de reproduire actuellement en me blottissant contre Jesùs. C’était un besoin, une envie, un désir. Et, dans le fond, c’était quelque chose qui arrivait souvent. Trop sans doute. Ma tête sur son épaule, je n’osais plus bouger alors que le bras de bébé se trouvait au niveau de ma taille. Les yeux fermés, je lui parlais de l’horreur de ma soirée sans réellement chercher à me plaindre. C’était un peu comme un couple qui se retrouvait le soir et qui se racontait la journée. Bordel, encore cette foutue idée. Et, au lieu de m’enfuir ou de m’éloigner, je me blottissais un peu plus contre Jesùs, reposant mes jambes sur lui et déposant mon visage dans le creux de son cou pour que mon souffle glisse sur sa peau. Il reprit la parole avançant qu’il détestait que je passe des mauvaises soirées, qu’il voudrait m’arracher à ce boulot pour que je n’aie plus à supporter ces connards. Malgré moi, un sourire glissa sur mes lèvres. Je me redressais légèrement pour pouvoir déposer un baiser dans le cou de bébé, un simple baiser comme cela, comme pour le remercier des mots qu’il venait de prononcer. Puis, je me repositionnais correctement, fermant à nouveaux les yeux et reprenant.

Tu sais très bien que ce boulot c’est mon choix bébé. C’est ce que je veux faire, ce que je peux faire sans avoir besoin de reprendre contact avec eux. Je gagne ma vie comme ça et ça me plait. Je n’osais même pas nommer mes parents, je me contentais de ce « eux » sachant déjà que Jesùs comprendrait ce que je sous-entendait. Mais, je ne voulais pas m’attarder sur eux, je ne voulais pas m’attarder sur ce débat. J’avais souvent parlé avec bébé qui voulait que je fasse autre chose que de travailler dans un bar. Je ne voulais pas rouvrir ce débat alors je m’empressais de reprendre. Puis, toutes mes soirées ne sont pas mauvaises. C’est même amusant parfois. D’ailleurs, là, ma soirée devient déjà meilleure…

Le « en ta présence » était putain de sous-entendu dans ma phrase, mais je m’en fichais totalement que bébé le comprenne ou non. C’était simplement la réalité. C’était simplement ce que je ressentais. La main de Jesùs contre ma cuisse me faisait frissonner. Ces doigts qui me caressaient me faisaient perdre la tête. C’était lent, c’était doux, c’était agréable… C’était nous. Bordel, qu’est-ce que j’étais bien en cet instant. La tête de bébé se retrouva contre la mienne et ses lèvres se déposèrent sur mon front m’arrachant alors un soupir de bien-être. Je ne connaissais pas de meilleure manière de bien finir la soirée. Je ne connaissais pas de meilleur endroit pour finir la soirée. C’était simplement parfait. Lui et moi. Moi et lui. Le temps s’écoulait lentement et je me sentais merveilleusement bien sans avoir besoin d’alcool ou de lame sur ma peau. Dans le silence, je me reposais, je somnolais. Je profitais simplement de la présence de Jesùs à mes côtés. Tout semblait parfait. Tout aurait pu l’être. Mais, ma tête ne cessait de revenir à la charge. Les questions et les raisonnements ne cessaient pas de se glisser dans mon esprit. Qu’étais-je pour Jesùs ? Qu’était-il pour moi ? Qu’étions-nous ? Que ressentais-je réellement pour lui ? Devions-nous en parler ? Y avait-il des risques ce soir que notre équilibre instable bascule dans le vide ? Bordel. Trop de questions auxquels je ne voulais pas réfléchir. Pas après cette soirée que je venais de passer. Trop de questions auxquelles je ne voulais pas offrir de réponses. Alors, soudainement, je rangeais tout dans une boîte à l’intérieur de ma tête et je me redressais bien décidé à profiter de cette soirée. Je ne réfléchissais plus, je me contentais d’agir comme une enfant. Comme une gamine qui voulait s’amuser sans tenir compte des dangers. Et, putain, j’étais trop stupide. Je venais me mettre à califourchon sur Jesùs, plantant mon regard dans le sien, déposant mes mains sur son torse et prenant bien vite la parole.

Il est encore tôt, j’ai pas envie de passer la soirée à me morfondre et j’ai pas envie de dormir. J’étais comme une gamine capricieuse. Une enfant qui boudait parce qu’il était trop tôt et qu’elle ne voulait pas aller au lit. D’un côté c’était cela oui. De l’autre, j’étais juste moi… Cassia qui voulait profiter de sa soirée avec Jesùs. Et, nous ne pouvions pas profiter de cette soirée si nous restions à rien faire ou si nous allions nous coucher. Alors, j’agissais prête à mettre l’ambiance. Qu’est-ce que tu me proposes bébé ?

Je penchais ma tête sur le côté et faisais une adorable moue pour qu’il m’offre des propositions. J’aurais très bien pu en lancer, lui proposer un action ou vérité, lui proposer de jouer aux jeux vidéos. J’aurais pu lui proposer de jouer au Twister ou encore de m’embrasser…. Quoi ??? Non, non, non. En fait, je n’avais aucune véritable proposition à faire. C’était mieux que bébé décide, qu’il me donne un choix ou même qu’il choisisse quelque chose. Après tout, il savait que j’aimais bien quand il me donnait un programme. C’était moins dangereux pour nous. Quoique… Après tout, c’était bien moi qui me trouvait à califourchon sur lui. Moi qui ne le quittais pas des yeux. Moi qui faisais glisser mes mains de son torse à son ventre. Moi qui faisais bouger la corde sur laquelle nous étions en équilibre. Bordel, dans quoi est-ce que je nous embarquais ?
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