AZALÉE ° flash and crash

sa main sur ta bouche et l'autre qui te déshabille, c'est ainsi que se déroulaient tes soirées après que tu sois rentrée de l'école. ce n'était pas normal, tu le savais bien, mais tu ne pouvais pas crier, ni gesticuler ; sa hauteur te dominait et ses yeux perçants te faisaient taire. tu fermais les yeux pour cacher tes yeux brodés de larmes lorsque ses gestes étaient de plus en plus monstrueux. à chaque coups de bassin, il t'enlevait une part de toi, de ton enfance, de ton innocence. lorsqu'il ôtait sa main qui était sur ta bouche pour la balader sur ton corps frêle, tu ne criais pas. tu avais honte, tu étais salie, et tu avais une terrible douleur qui te parcourait le corps. les minutes semblaient interminables, surtout les dernières, qui étaient les pires et les plus brutales. il osait te murmurer des brides de rugissements à l'oreille alors que tu espérais que ce ne soit qu'un vilain cauchemar. ses lèvres déposaient quelques baisers coupables sur ton visage et dans ton cou. lorsque tout s'arrêtait, tu ne pouvais t'empêcher de pleurer des larmes de souffrance. c'est là qu'il te chuchotait de ne rien dire et de sécher tes larmes, ses doigts sur ta bouche et tes joues, souillées de rage. il partait, et allait boire quelques verres avant de revenir dans ta chambre et cette fois, de te frapper et t'étrangler, pour que tu ne sois qu'à lui, et cela pour toujours.

c'est ton anniversaire, tu le fêtes avec tes amis au bord de la plage. il fait beau et chaud, tu as le sourire aux lèvres. vous vous amusez tous dans l'eau, en jouant avec les matelas gonflables et en faisant des courses. tu es dans l'eau lorsque tu le vois arriver. il marche au loin, un gâteau dans les mains et quelques sacs remplis de cadeaux. tu perds ton sourire en le voyant arriver. tes amis se précipitent vers lui, sachant qui il était. tu as cette envie de pleurer et de disparaître, alors tu te laisses sombrer dans l'eau. tu oublies le monde autour, tu laisses ton corps couler dans cette étendue d'eau ténébreuse. ta respiration est coupée, tu sens ton coeur battre, et tu attends, attends que ton corps touche le fond, et que tu ne reviennes plus à la surface. alors que ton corps réclame désespérément une bouffée d'air, des bras t'enlacent soudainement pour te tirer hors de l'eau, où après quelques secondes tu ouvres les yeux pour découvrir que tu es dans ses bras, et qu'il t'as sauvé.

nous sommes à un dîner de famille, papa vient de signer un gros contrat dans un opéra en tant que violoniste, maman a obtenu une promotion en tant que chef responsable dans l'entreprise pharmaceutique où elle travaille et tu as obtenu une bonne mention à tes examens de fin d'année. toutes les tantes et les oncles sont là, ainsi que grand-père et grand-mère. il y a quelques uns de nos cousins et cousines également. il est l'heure de passer à table, tu t'assieds au hasard à une place autour de la table, tu discutes un peu avec ta voisine de table, et sens alors une légère caresse au niveau du bas de tes cuisses, tu te retournes et le vit assis, à côté de toi. tout le monde s'assied, tu fais de même. ton sourire se perd lorsque sa main caresse la tienne, et que tu aperçois son sourire au coin de ses lèvres. durant le repas, ses doigts se baladèrent sur ta jupe sans que tu ne puisses réagir. plus tard dans la soirée, tu entends des remarques comme "tu as de la chance d'avoir un tel grand frère!". ta mâchoire se crispe à l'écoute de ces propos, ton souffle est saccadé ; tu redoutes le moment où tous les invités seront partis. il te prit la main au cours de la soirée pour t'emmener aux toilettes, où il n'hésitera pas à te serrer contre son torse et à te toucher la poitrine en te faisant des compliments sur ta tenue et ton maquillage. ses doigts frôlent tes bleus récents, qui, douloureux sont-ils, te remémorent ces nuits seule contre lui. dès que son regard se pose sur tes bleus, tu peux voir dans ses yeux un brin de culpabilité. il te promet que cela ne se reproduira plus. naïve, tu le crois.

rentrant une fois de ton entraînement de boxe alors que tu pensais être seule à la maison, tu entendis alors une voix féminine dans la maison. tu te dirigeas prudemment au salon et aperçu une fille de son âge qu'il embrassa et caressa avec insistance. tu restas sur le pas de la porte, le visage décomposé, horrifié à l'idée qu'il touche quelqu'un d'autre que toi. tu murmuras son prénom en signe d'incompréhension et lorsqu'il l'entendit, tu vis à son visage qu'il était consterné. il accourut vers toi pour t'expliquer mais tu t'enfuis dans les escaliers pour t'enfermer dans ta chambre. il cria ton prénom, mais tu n'ouvris pas. tu te sentis trahie et jalouse, tu eus honte de ressentir cela. il toqua plusieurs fois à ta porte pendant la soirée, mais tu t'endormis, les joues inondées de larmes.

plusieurs jours s'écoulèrent sans qu'il ne vienne dans ta chambre. tu trouvais ça étrange et décidas d'aller voir si quelque chose cloche. tu toquas à sa porte et entendis une faible voix te dire d'entrer. lorsque tu ouvris la porte, tu entras dès lors dans une nuage de fumée où un faible morceau de rock se fit discrètement entendre. il était assis par terre, la tête appuyée sur son lit, joint entre les doigts porté à la bouche. il regarda droit devant soi, sans te regarder une seule fois. il te dit alors qu'il était désolé et qu'il ne trouvait pas ça normal qu'il te fasse endurer cela. des larmes coulèrent sur son visage et tu vis alors pour la première fois un visage que tu ne connaissais pas. tu te dirigeas alors vers lui, tu t'assis à ses côtés et posas ta tête sur son épaule. tu lui pris son joint de ses doigts et le porta timidement à ta bouche. tu inspiras rapidement et découvris alors ce goût puissant dans ta bouche qui s'empara de tes poumons. il te regarda, surpris de ton geste. tu repris une bouffée avant de lui redonner son joint. tu souris avant de déposer tes lèvres sur les siennes durant quelques secondes. tu reculas rapidement après ton geste, puis ris bêtement. il te regarda silencieusement avant d'enlacer ses doigts autour des tiens.

tu pris ces fichus livres et les jetas par terre dans un élan de haine, déchiras ces feuilles et renversas ces pots de crayons. tu as frappé tes coussins jusqu'à les transpercer et les balanças à travers la chambre. tu crias de colère et pleuras à t'en abîmer les yeux. tu t'agenouillas sur ce sol lorsqu'il entra dans ta chambre, à la recherche d'une explication. tu enlevas ton haut pour lui montrer toutes les cicatrices et les bleus qui sont encrés à ta peau. tes larmes tombèrent sur le sol telles des gouttes de pluie. il enleva à son tour son pull pour te montrer ses cicatrices. tu regardas chacune d'elles, celles que tu n'avais jamais vues car j'avais pour habitude de fermer les yeux. tu te levas pour l'enlacer et sentir la chaleur de son corps qui t'avait tant manqué. tes bras entouraient sa nuque et ses mains caressent délicatement le bas de ton dos. tu le regardas longuement avec cette culpabilité d'apprécier tout cela qui te rongeait. tu ne pus t'empêcher de le plaquer subitement contre le mur, et frôler ses lèvres avec les tiennes. sentir son souffle sur ta bouche, jouer le sensualité et de la provocation. il t'avait changé, tu n'étais plus la même, et tu ne redeviendras plus la jeune fille que tu étais. tu étais marquée à présent d'un événement, qui changera ton point de vue sur la vie.



Au terme de dix jours d'audience, la cour d'assises de Londres a infligé une lourde peine au sportif de 29 ans. En effet, entre 2000 et 2004, Mark Schneider a agressé sexuellement et violé sa soeur, de 9 ans sa cadette. De dix à quatorze ans, la petite a été victime de son grand frère. « C'était presque tous les jours », reconnaît-il avec froideur. Il a toujours nié les faits et sa famille a fait bloc en dénonçant « un complot » contre le célèbre boxeur proffessionel. La cour d'assises des mineurs ne l'entendra pas de cette oreille et en avril, elle condamne Mark Schneider à vingt ans de réclusion criminelle. Quelques semaines après la condamnation, sa soeur Azalée accorde une interwiew à notre journal.
- Comment vous sentez-vous, Azalée, après la condamnation de votre grand frère, qui a été votre agresseur durant tant d'années?  « Il est et restera mon frère. Il a été poussé par des pulsions, et j'ai malheureusement été la victime. Mes cicatrices portent son nom.
- Vous dîtes vous-même que vous l'aimiez encore, comment est-ce possible après un tel évenement? « C'est mon frère. J'ai grandi avec lui et il a toujours été là pour moi. Je lui ai pardonné.
Le grand public a été très choqué d'apprendre la nouvelle aujourd'hui. « Aucun être humain ne pourrait faire ça, commente une passante. « Elle a été victime des pulsions de son frère, mais aussi d'un déni familial pour qu'elle ne parle pas, a expliqué l'avocate de la partie civile. Ma cliente ne sera jamais la jeune fille qu'elle aurait dû être.


les années ont passés et tu as tenté de te reconstruire, aidée par tes amis. tu terminas tes études de psychologie rapidement, puis tu décidas de devenir coach sportive. c'était pour gagner un peu d'argent au début, mais tu passais tellement de temps dans la salle de sport que c'est devenu une addiction. ton corps a changé, tu t'es amincie. tu as trouvé goût pour la boxe, ce sport qui te permettait de faire sortir ta rage et de t'occuper l'esprit. sur les murs de la salle de boxe, à chaque fois que tu t'entraînes, tu peux voir les titres de championnats de ton frère ainsi que ses trophées. des bouquets de fleurs à terre, et au milieu, une plaque commémorative. "Mark Schneider, 1981-2011, une légende aux gants à terre". ton frère s'est suicidé en prison après t'avoir écrit une lettre d'excuse. sur celle-ci, quelques mots étaient visibles : « Pour Azalée, cette fleur que j'ai voulu garder pour moi seul, j'espère qu'elle me pardonnera et comprendra mon geste. Je ne suis pas lâche, je n'ai juste plus la force de vivre avec ces horreurs sur la conscience. La vie est belle mais je lui ait gâché la sienne. Merci à elle d'être celle qu'elle est aujourd'hui. Je pars vaincu de ce ring de boxe, adieu, MARK SCHNEIDER.

tu ne pourras jamais revenir en arrière ni changer les choses, tu as appris à vivre avec et à sourire face aux épreuves. tu comptes aller loin dans le monde de la boxe, tu as des objectifs à atteindre. tes amis sont là pour toi comme tu es là pour eux. tu n'en veux à personne, la vie est faîte pour être vécue, et tu profites de chaque seconde. les démons se réveillent bien souvent le soir, mais tu ne te laisses pas sombrer malgré tous les événements. ton père et ta mère nous ont quittés il y a quelques années de ça, tu ne peux compter plus que sur toi-même. tu consultes régulièrement un psychologue et tu fais tout pour oublier. tu enrichis ta vie de chaque expérience, tu aimes, tu vis, tu ris. ce n'est que le début.