Merci Elliana si elle peut franchir les portes de la salle autant de fois qu’elle veut sans finir le mois avec un appel mécontent de son banquier.
Faire de l’humanitaire, c’est bien. Littéralement. On ne va pas se mentir, comme bien d’autres, en disant que ça a changé la jeune femme de la tête aux pieds. Partir loin et aider était la meilleure solution, de son point de vue, pour tourner la page sur ces derniers mois quelque peu compliqués. Et puis c’était toujours mon drastique que partir définitivement et refaire sa vie loin d’ici sans prévenir personne. Non, il y avait des amitiés bien trop précieuses et jeu, et l’équipe de roller derby (dixit celle qui ne supporte aucun autre sport collectif).
Seul bémol au tableau : pendant ce temps Ivana n’a pas vraiment eu de temps pour faire quelque chose pour elle. Pas de sport, pas de petites attentions, féminité mise entre parenthèses au cours des deux derniers mois. Lors de son retour, c’est comme si elle avait du tout réapprendre. Quant à ses muscles… Certains, pour ne pas dire tous, étaient comparables à des marshmallow, au mieux, ou à de la gelée, au pire. C’est fou ce que cela disparaît vite. Toujours plus vite que le reste en tout cas.
Après avoir fait un rapide tour des lieux à la recherche – non concluante – de son amie, la jeune femme avait pris la direction des tapis. Il faut croire qu’il n’y avait aucune tête connue aujourd’hui. À croire qu’ils ne sont pas encore rentrés de vacances ou profitent de leurs derniers jours de liberté et du temps clément, avant de reprendre les cours. Un jogging en douceur afin de se remettre dans le bain et de se vider la tête, et avant d’attaquer un véritable renforcement musculaire qui promet d’être douloureux.
Allez savoir pourquoi, Ivana avait pris toutes les précautions possibles pour ne pas avoir de voisin : un mur à sa gauche et plusieurs places libres à sa droite. Aucun risque pour qu’un pot de colle ne s’agglutine à elle pour taper la discussion, voire pire encore : la draguer – il y a bien des clichés de films et séries difficilement oubliables, même lorsque l’on passe deux mois coupé du monde. Et c’est bien la dernière chose dont elle a besoin. Précautions supplémentaires : mettre le volume presque au maximum dans ses écouteurs et fixer loin droit devant elle, de façon à être imperturbable à quiconque oserait la coller par la suite.
Les minutes passent et Ivana finit par avoir une sensation étrange, presque désagréable. Être épiée. Insupportable pour la jeune femme. Un peu comme si elle était dans un film d’horreur, elle n’ose pas affronter le « problème » Après tout, elle peut très bien se retrouver en tête à tête avec une personne ou une bestiole, vous savez ces petites araignées qui descendent de leur plafond de temps en temps et qui vous attendent non loin de votre épaule… Secondes de suspens supplémentaire. Tendue comme jamais, la rousse commence à tourner la tête vers la source de cette étrange sensation.
Un humain. Elle le toise. Non, elle ne le connaît pas.
« Un souci ? »