To alcohol ! The cause of, and solution to, all of life's problems. (Peter)

Maybe some folks are alcoholics and others are just voluntary drunks. Maybe some folks drink due to body chemistry and others due to their lazy characters. Maybe some have drinking problems, while others have problems enough to drink. ✻✻✻ Cela fait bien des années que je n’ai pas vécu une aussi mauvaise journée. Et encore si ça n’avait été qu’aujourd’hui cela pourrait passer, mais malheureusement ce n’est pas le cas. Ces derniers temps, j’ai l’impression que tout est fait pour que rien ne se passe correctement. Pour commencer, avoir eu besoin de me rendre à une réunion des alcooliques anonymes, avait été un mauvais signe. Et puis il y avait eu le retour de Michael, faisant remonter tout un tas de souvenirs, dont seuls les plus mauvais ne reviennent sans cesse. J’ai déjà eu une mauvaise période avec l’anniversaire d’Ava, mais maintenant je ne peux cesser de repenser à ma fausse-couche. Et puis il y a aussi Milo toujours à proximité, qui ne cesse de me rappeler combien ma vie sentimentale est un véritable échec. Et bien évidemment je suis dans l’incapacité totale de pouvoir parler de tout cela à Amanda. Ou même à n’importe qui. Je ne suis pas vraiment douée pour parler de toutes ses choses, je fais un blocage comme si j’allais forcément déranger la personne. Et puis maintenant, je devrais pouvoir arriver à m’en sortir toute seule. Je devrais ne plus avoir besoin d’aide et tout surmonter sans problème. Ce n’est pourtant absolument pas le cas. Mais je préfère m’obstiner et croire que je pourrais tout résoudre toute seule. Seulement, comme tout le monde le sait je ne suis pas vraiment douée pour cela. La dernière fois que j’ai voulu me débrouiller toute seule, j’ai fini par me plonger dans l’alcool et cela m’a demandé un effort considérable pour admettre que j’avais besoin d’aide. Je voudrais pouvoir dire que j’ai retenu la leçon et que je ne ferais pas deux fois la même erreur, mais ce n’est pas le cas. Ce soir en est la preuve. Après une énième mauvaise journée, associé au temps maussade, et à tout le reste, j’ai songé un instant à acheter une bouteille. Une chose qui ne m’était pas arrivé depuis des années. Il m’arrive parfois de me dire qu’un verre me ferait du bien, ou encore une cigarette, mais jamais je n’ai été aussi près que ce soir, de franchir le pas. Je dois bien admettre, honteusement que je suis restée plus de cinq minutes devant le rayon, avant de finalement sortir sans rien acheter. Et maintenant quoi ? Je n’ai pas envie de rentrer chez moi. Je n’ai pas envie de me retrouver seule, mais je ne veux pas non plus appeler ma sœur. Je pourrais bien appeler mon parrain, mais je n’ai pas envie d’un nouveau sermon et encore moins de savoir que je l’ai déçue. Je n’ai besoin de personne pour cela.
Et puis soudainement, je sais qui contacter. Nous commençons tout juste à nous connaître, je ne suis pas sûre que je puisse le qualifier d’ami et pourtant, je sais qu’il pourra comprendre. Sans hésiter, je lui envoie un message, préférant cela à un appel. Je crains de ne pas pouvoir être clair et téléphone, je pense que je craquerais avant et je n’ai pas envie de cela. Un simple message pour lui dire que j’ai besoin de parler à quelqu’un, et pour lui demander s’il serait possible de se voir tout de suite. Je ne sais pas s’il comprendra le pourquoi du quoi derrière le message, mais je pourrais toujours m’expliquer s’il me répond positivement. En attendant une réponse, qui j’espère sera rapide et positive, je m’éloigne du magasin, pour plus de précautions. Je n’arrive pas à croire qu’après bientôt dix ans, j’en sois de nouveau encore là. Je pensais vraiment, que je ne serais plus capable d’un tel craquage, mais il faut croire que je suis beaucoup plus faible que je ne le pensais. La vibration de mon téléphone me fait sursauter et il me faut quelques secondes pour me remettre avant de lui le message. Je suis soulagée quand Peter me propose de passer chez lui. J’aurais accepté de le voir n’importe où en réalité, j’ai simplement besoin de ne pas rester seule là tout de suite. Sans attendre, je m’avance vers la première station de métro pour me rendre à l’adresse qu’il m’a donné. Je passe le voyage assise à remuer sans cesse, n’étant absolument pas calme. J’ai l’impression d’être en manque, ce qui, je le constate tristement, n’est pas qu’une impression. Finalement et non sans être tendue j’arrive enfin à destination. Il me faut peu de temps pour frapper à la porte de chez lui, qui s’ouvre assez rapidement. Ou bien je ne fais plus attention au temps, je ne sais plus vraiment. J’ai l’impression d’être totalement perdue. « Désolée du dérangement. J’étais à deux doigts de craquer ce soir et je ne pouvais pas rester seule. » Je ne précise pas, je pense que cela se comprend tout seul. Après tout, je suppose que lui aussi à bien dû déjà connaître cela, ce qui explique pourquoi je me suis tourné vers lui ce soir. « J’ai l’impression d’avoir totalement tout raté. » Je me sens comme la plus nulle des personnes. Comment est-ce que j’ai pu retomber si bas, après tout ce temps ? Comment est-ce que je peux encore me dire que boire est une bonne idée ? J’ai encore totalement tout raté.

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She was broken but never hopeless; alone but never lonely. Her eyes reflected pain but projected courage. She was a beautiful paradox. ✻✻✻ C’est avec un sourire gigantesque aux lèvres et en lui souhaitant dans les bras que Beth accueille l’arrivée de son père, venu la chercher à l’école. Si penser qu’elle est déjà à l’école paraît toujours étrange à Peter, il sait qu’elle s’y plaît, et apprend de nouvelles choses chaque jour. Bientôt, elle fêtera son troisième anniversaire, et Peter a encore l’impression qu’elle vient à peine d’arriver. Elle grandit beaucoup trop vite, mais il est fier de la petite personne qu’elle est en train de devenir. Autant que possible, il essaye de pouvoir venir la chercher, mais il ne peut pas avoir des horaires qui lui permettraient d’être là chaque après-midi. Il a beau être l’un des patrons, il y a quand même certaines limites. Heureusement, il peut compter sur l’aide de ses sœurs, et n’a jamais eu besoin de demander à quelqu’un d’autre pour le moment. Mais bien sûr, il préfère toujours être celui qui vient la chercher.
Rapidement, il l’aide à mettre son manteau et ils sortent dans la rue. Comme il fait beau, Peter est venu à pied jusqu’ici mais, fatiguée par sa journée, Beth en a vite assez de marcher. Ça ne dérange aucunement son père de la porter, et il marche en souriant alors qu’elle lui raconte l’histoire que lui a lue sa maîtresse. Peter pose quelques questions, l’écoute parler, et ils arrivent devant l’immeuble où ils habitent. Il referme la porte alors que Beth se presse pour aller regarder son dessin animé préféré. Peter en profite pour s’installer dans le canapé avec un livre qu’il veut lire depuis longtemps. Hayley n’est pas encore rentrée mais elle finira sûrement tard ce soir, comme souvent. Il lui laissera un plat à réchauffer dans le frigo.
Peter lit quelques chapitres, mais est souvent distrait par la télévision et les rires de Beth, et abandonne finalement pour regarder pleinement avec sa fille, qui est ravie. Il observe les personnages traverser les épreuves ensemble, pour arriver à un goûter d’anniversaire de princesse, et ça ne le dérange absolument pas. Regarder quelque chose d’aussi simple, ça peut détendre finalement. Et c’est le tour d’un second épisode. Alors que Peter se dit qu’il devrait bientôt aller faire à manger et se demande ce qu’il va faire ce soir, il entend son téléphone signaler un message. Il se lève pour sortir celui-ci de son manteau, et fronce les sourcils en découvrant le message et son expéditrice. C’est le premier message qu’elle lui envoie, et celui-ci inquiète Peter. Si elle demande à le voir, c’est que ça doit être important. Ainsi, il lui répond qu’elle peut venir chez lui, et lui indique son adresse.
En attendant qu’elle arrive, Peter se met aux fourneaux, et met tout juste sa quiche au four quand la sonnette retentit dans l’appartement. Il s’essuie les mains avant de se diriger vers la porte d’entrée, vérifiant au passage que sa fille est toujours devant la télévision. « Désolée du dérangement. J’étais à deux doigts de craquer ce soir et je ne pouvais pas rester seule. » La détresse se voit sur son visage, ou bien est-ce parce qu’il sait ? Il sait ce qu’elle traverse, parce qu’il a souvent été dans sa situation. Trop souvent. « J’ai l’impression d’avoir totalement tout raté. » Cette impression aussi, il la connaît. Et l’entendre venant de Charlotte, il trouve ça effrayant. Elle est sobre depuis presque dix ans, et pourtant, ses démons la chassent toujours, menaçant parfois dangereusement de gagner. « Tu n’as rien raté, au contraire. Tu n’as pas craqué, c’est ça le principal. » Il dit ça, sans savoir si Charlotte va y croire. Il comprend son ressenti, parce qu’avoir simplement envie de boire, ça apparaît comme un échec. Pourtant, ce n’est pas faute. Et avoir réussi à résister à cette envie qui, parfois, vous bouffe littéralement, c’est ça la victoire.
« Entre, entre. Tu as bien fait de venir ici. En plus, il n’y a pas d’alcool. » Au départ, c’était du fait d’Hayley, pour retirer toute tentation, et finalement, aucun d’eux n’en achète plus. Si Peter a toujours peur que sa sœur ne lui fasse pas assez confiance, il lui en est un peu reconnaissant, parce qu’il n’est pas certain de se faire entièrement confiance. Ça vaut mieux ainsi. Il remarque que Charlotte regarde derrière lui, et se retrouve pour voir ce qu’elle observe. Accrochée au dossier du canapé, Beth observe l’invitée avec de grands yeux. Peter sourit. « Ma fille, Beth. » Dit-il en se tournant vers Charlotte. Il s’approche pour prendre sa fille dans les bras. Elle est souvent timide au début, mais ça lui passe vite. « Beth, je te présente Charlotte. Une amie. » Et, en prononçant ces mots, il n’hésite pas. Oui, ils sont amis. Le fait qu’elle soit là ce soir, qu’elle ait fait appel à lui, le prouve. « C’est une princesse ? Les princesses, ça a de beaux ch’veux. » Demande-t-elle en dévisageant Charlotte, ce qui tire un sourire à Peter. Beth est le meilleur moyen d’oublier des pensées trop négatives, enfin selon lui.

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Maybe some folks are alcoholics and others are just voluntary drunks. Maybe some folks drink due to body chemistry and others due to their lazy characters. Maybe some have drinking problems, while others have problems enough to drink. ✻✻✻ J’ai beau essayer de comprendre, je n’arrive pas à saisir à quel moment cela a dérapé. À partir de quel moment, je suis revenue au point de départ. C’est assez incroyable qu’après bientôt dix ans, sans boire une seule goutte d’alcool, j’ai été à deux doigts d’en acheter ce soir. J’ai l’impression d’avoir totalement échouée à cause de cela. Je réalise, que malgré tout, j’ai toujours la même envie et c’est assez effrayant de constater que dix ans d’efforts n’ont rien changé. Je m’en veux un peu d’embêter Peter, mais honnêtement je ne vois pas à qui d’autre je pourrais parler de cela. Hors de question que j’en parle à quelqu’un de ma famille et encore moins à Amanda, qui s’inquiéterait beaucoup trop. Elle a de toute façon bien trop de choses à gérer dans sa propre vie, pour lui rajouter cela. Et hormis mon parrain des alcooliques anonymes il n’y a personne à qui je pourrais parler. Seulement, admettre devant lui ce qui vient de se passer et au-dessus de mes forces. Je n’ai pas besoin d’un autre sermon, ce qui ne manquera pas d’arriver si je lui dis. Je n’hésite donc pas une minute à me rendre chez Peter, pour éviter de changer d’avis, de faire demi-tour et de finalement finir par acheter cette foutue bouteille. Vu tout le mal que j’ai eu à arrêter la première fois, je ne suis vraiment pas sûre de pouvoir le faire une deuxième fois. J’ai toujours pensé que si par malheur je venais à recommencer à boire, je ne pourrais plus m’arrêter du tout. Devenir sobre est tellement difficile, que je ne vois pas pourquoi m’infliger cela une deuxième fois. Il me faut peu de temps, pour me retrouver à la bonne adresse et c’est presque rapidement que la porte s’ouvre. J’oublie momentanément mes bonnes manières et tout le reste, lui avouant avant tout la venue de ma visite. Je me sens vraiment mal et au fond je ne sais pas si c’est parce que j’ai presque craqué ou bien parce que je n’ai pas bu. J’ai l’impression d’être revenue en arrière, aux débuts, quand j’essayais de ne pas craquer, et qui me demandait un effort considérable. Ce soir, c’est la même chose. « Tu n’as rien raté, au contraire. Tu n’as pas craqué, c’est ça le principal. » Je lui adresse un faible sourire. Je sais qu’il a raison quelque part, mais je suis bien trop préoccupée pour admettre qu’il a raison. Non, que j’ai envie de m’apitoyer sur mon sort, mais après toutes ses années, je devrais être capable de faire mieux que cela.
« Entre, entre. Tu as bien fait de venir ici. En plus, il n’y a pas d’alcool. » J’entre donc chez lui, me rendant compte que pour une fois que je ne le croise pas par hasard, même si j’aurais préféré vu les circonstances. Il n’y a pas d’alcool comme chez moi, je ne me fais absolument pas confiance pour cela. Je remarque rapidement, la petite fille derrière lui, qui je suppose doit être sa fille. Je me sens encore plus mal de débarquer de la sorte, alors qu’il a sans aucun doute mieux à faire. Le problème, c’est que si je me retrouve seule maintenant, je ne suis pas sûre d’avoir assez de courage pour m’éloigner des rayons une seconde fois dans la soirée. « Ma fille, Beth. » Elle lui ressemble, ce qui me fait de demander où se trouve sa mère. Je n’oserais pas poser la question, cela ne me regarde pas, même si je dois avouer être curieuse. En un rien de temps, la voilà dans les bras de son père, pour nous présenter. « Beth, je te présente Charlotte. Une amie. » C’est étrange de rencontrer sa fille, mais je suis contente de pouvoir enfin mettre un visage sur le prénom, surtout après en avoir entendu parler de nombreuses fois. « Bonsoir. » Je ne suis pas forcément très douée avec les enfants, hormis ma nièce et les enfants de Milo, enfin surtout sa fille, mais j’essaie de faire de mon mieux. « C’est une princesse ? Les princesses, ça a de beaux ch’veux. » Je sens un grand sourire venir sur mon visage. On ne m’a jamais posé cette question, et je crois que c’est la plus adorable des questions. « Oh merci. Mais non, désolée. J’aurais vraiment adoré en être une cela dit. » Je suis sûre que les princesses on bien moins de problèmes. Je ne peux m’enlever mon sourire, quand je vais parler de cela à ma sœur, je suis presque sûre qu’elle ne me croira pas. D’autant plus qu’elle a les cheveux aussi longs que les miens et que personne ne lui a jamais posé la question. « Je ne vous dérange pas ? » Je m’adresse cette fois à Peter, histoire d’être sûre. Je n’aime pas déranger les gens, tout simplement parce que je n’aime pas que l’inverse soit vrai aussi. Je réalise, que j’ai réussi à oublier l’espace d’un instant la raison de ma venue, ce que je n’aurais pas penser possible.

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She was broken but never hopeless; alone but never lonely. Her eyes reflected pain but projected courage. She was a beautiful paradox. ✻✻✻ Ce message de Charlotte avait surpris Peter. S’il avait prévu de la contacter après les fêtes de Noël pour qu’ils se voient, il n’avait pas anticipé qu’elle puisse le faire avant lui. Et encore moins avec une urgence. Mais, aussitôt qu’elle arrive et s’explique, Peter comprend. Ce n’est pas facile de savoir à qui faire appel lorsqu’une envie de boire vous prend. On ne veut pas effrayer ses proches, qui ne comprendront sûrement pas de toute façon. On ne veut pas en faire tout une histoire non plus. Mais le besoin d’en parler est réel. Alors Peter est content que ça soit son oreille qu’elle ait choisie. Ils savent tous les deux qu’ils souffrent de la même maladie, mais ça s’arrête là. Peter ne connaît pas les détails, combien de temps elle a bu, si quelque chose l’avait déclenché ou non. Il ne sait rien, à part la durée depuis laquelle Charlotte est sobre.
Dix ans. Ça paraît fou. Il serait facile de supposer qu’au bout de dix ans, on est complètement guéri. Sans doute Peter l’espérait-il. Qu’il ne penserait plus du tout à l’alcool d’ici là. Mais Charlotte lui prouve que ça ne fonctionne pas ainsi. La maladie reste réelle, peu importe le temps qui passe. Et, malgré ses deux ans de sobriété, Peter doit rester alerte, pour ne pas sombrer avec ses vieux démons. Mais ce soir, malgré l’envie, Charlotte n’a pas craqué. A la place, elle a préféré faire appel à un ami qui pouvait la comprendre. Peter se demande si, comme lui, Charlotte n’a jamais trop créé de lien avec des personnes aux réunions. En fait, si Peter souffrait d’une envie comme ça, il ne sait pas qui il a appellerait. Sans doute Charlotte, maintenant qu’elle a fait la même chose. Mais aurait-il osé si elle n’avait pas été la première ? Pas sûr. Il aurait sûrement appelé son parrain, sans trop croire qu’il pourrait faire la différence. Heureusement, la question ne se pose pas, parce que ça fait plusieurs mois qu’il n’a pas été tenté par un verre d’alcool, et il espère que ça va continuer ainsi.
Rapidement après l’entrée de Charlotte, Beth est curieuse et les rejoint. Et, bien sûr, passionnée qu’elle est par les contes de fées en ce moment, elle demande à Charlotte si elle est une princesse. La question fait sourire Peter, et il remarque aussitôt un grand sourire sur le visage de Charlotte. Forcément, un tel compliment, ça ne peut que redonner le moral. « Oh merci. Mais non, désolée. J’aurais vraiment adoré en être une cela dit. » Beth affiche une moue déçue. Sans doute était-elle heureuse de rencontrer une vraie princesse. Peut-être que, pour son anniversaire, Peter devrait lui offrir un voyage à Disneyland. Mais il se demande toujours si ça ne serait pas mieux d’attendre qu’elle puisse en avoir de vrais souvenirs dans le futur. « Oh… Renconte un prince ‘armant alors. » La solution à tous les problèmes, bien sûr. Peter est toujours heureux de constater que sa fille vit encore dans un monde où tout est parfait, et où tout le monde peut être une princesse. Il espère que ce monde durera aussi longtemps que possible, voire même pour toute sa vie. « Je ne vous dérange pas ? » Peter secoue la tête, alors que Beth descend de ses bras. « Pas du tout, ne t’inquiète pas pour ça. » Il ne voudrait pas qu’elle s’en veuille d’avoir fait appel à lui. Ni qu’elle reparte, alors que ça ne va visiblement pas. Peter observe Beth repartir dans le canapé, alors que la télé continue de diffuser les dessins animés. « Tu veux en parler ? Ou bien tu préfères te changer les idées devant un dessin animé de princesse ? » Dans ce genre de situation, il ne sait pas vraiment ce qu’il doit faire. Après tout, il n’y est pas vraiment habitué. « Je peux t’offrir quelque chose à boire ? Café, thé ? » Demande-t-il, réalisant qu’il aurait dû commencer par ça, comme tout hôte qui se respecte.

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Maybe some folks are alcoholics and others are just voluntary drunks. Maybe some folks drink due to body chemistry and others due to their lazy characters. Maybe some have drinking problems, while others have problems enough to drink. ✻✻✻ C’est étrange de réaliser, que malgré les années et les changements, je puisse encore parfois avoir envie d’oublier les mauvaises journées dans l’alcool. Cela faisait bien longtemps que ça ne m’était pas arrivé et je ne pensais vraiment pas pouvoir revenir en arrière de la sorte. Mais avec tout ce qui s’est passé ces derniers temps, c’est en réalité un exploit que l’envie ne soit pas venue plutôt. J’aurais cru pouvoir endurer plus de choses que cela, et je déteste savoir que j’ai pu être à deux doigts de craquer ce soir. Bien évidemment le fait d’avoir vu Michael n’a vraiment pas été étranger à tout cela. Je n’aurais jamais pensé devoir être de nouveau confronter à lui, pas après toutes ses années. Et malheureusement c’est lui qui fait remonter tous mes mauvais souvenirs, y compris la cause qui a fait débuter mon alcoolisme. Ce n’est pas donc si surprenant dans le fond, mais j’aurais pensé être débarrassée de tout cela. Après dix ans de sobriété, j’aurais aimé pouvoir dire que l’envie de boire un verre est définitivement derrière moi. Comme le besoin de me rendre à des réunions, ou même encore de parler à quelqu’un. Et c’est dernier temps, j’ai absolument tout cumulé, jusqu’à ce soir revenir au début. C’est du moins ainsi que je le vois, ce soir est un véritable échec. Je ne devrais plus être dans une telle détresse, avec une telle envie de boire. Débarquer chez quelqu’un pour être sûre de ne pas craquer de nouveau. Si je suis un peu gênée d’être arrivée chez Peter de la sorte, je suis aussi contente d’avoir osé lui demander de passer. Je ne me fais pas confiance, et je sais très bien que je ne peux pas rester seule dans ce genre de situation. Je m’en veux quand même un peu quand je vois sa fille, je n’ai pas envie de déranger. Ils ne me donnent pas l’impression que c’est le cas, ce qui me soulage légèrement, je parviens même à retrouver un peu de bonne humeur grâce à sa fille qui me demande si je suis une princesse. Malheureusement non. Une princesse, ça n’a pas de problème avec l’alcool. Elle semble légèrement déçue, ce qui l’a rend encore plus adorable. « Oh… Renconte un prince ‘armant alors. » Je m’abstiens de rigoler pour ne pas la blesser, mais ce n’est pas l’envie qui manque. Je ne suis pas sûre que cela puisse régler mes problèmes. Non, en réalité, j’en suis sûre, cela ne changerait rien. « J’essaierais d’y penser. Merci du conseil. » Si seulement, les choses étaient aussi faciles à régler.
Pour être sûre, je préfère demander à Peter que je ne dérange pas. Je ne voudrais pas gêner ou déranger, je m’en voudrais et ceux même si je n’ai pas envie de rester seule pour le moment. « Pas du tout, ne t’inquiète pas pour ça. » Je suis soulagée par sa réponse et finalement heureuse de ne pas devoir repartir. « Tu veux en parler ? Ou bien tu préfères te changer les idées devant un dessin animé de princesse ? » L’idée de regarder un dessin animé et d’oublier mes problèmes pendant quelques temps et vraiment tentante. Cela serait beaucoup plus facile, regarder et oublier. Finir par ne plus avoir besoin d’aider grâce à cela. Oui, ça serait une solution miracle. Malheureusement, je ne suis pas du genre à éviter mes problèmes et dans mon état, je ne pense pas que ce soit la meilleure solution. Je n’ai pas forcément envie de parler non plus, parce que je ne sais pas si j’y arriverais. Je sais juste, que je ne peux pas me retrouver toute seule pour le moment, ni à proximité d’alcool, ce qui ne facilite pas les choses. « Je suis presque sûre que peut-importe le dessin animé, je l’aurais déjà vu. » Je lui souris, avant de m’expliquer. « Ma nièce, aime énormément les princesses aussi. » Et en gentille tante que je suis, je regarde avec elle. Je ne comptes plus le nombre de fois que j’ai pu voir La Reine des neiges.  « Je peux t’offrir quelque chose à boire ? Café, thé ? » En règle général, un thé réussi toujours à me détendre, mais aujourd’hui, je ne suis pas sûre que cela puisse marcher. « Je ne serais pas contre un thé, s’il te plaît. » Je peux néanmoins essayer, je n’ai rien à perdre de toute façon. Je suis curieuse, et ne peux m’empêcher de regarder autour de moi, cela me fait oublier l’espace de quelques instants pourquoi je suis ici. « Est-ce que tu crois, qu’il est possible un jour de ne plus ressentir du tout, l’envie de boire ? Plus jamais ? » Je sais que je ne suis pas la seule à ressentir cette envie. J’ai assisté à bien trop de réunions et discuter avec d’autres personnes pour savoir que tout le monde est tenté à un moment où un autre. Mais est-ce qu’il est réellement possible d’aller réellement de l’avant et de ne plus jamais ressentir cette envie ? J’aimerais penser que oui, mais en réalité, je devrais toujours faire attention et ceux jusqu’à la fin de ma vie, j’en suis certaine.

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She was broken but never hopeless; alone but never lonely. Her eyes reflected pain but projected courage. She was a beautiful paradox. ✻✻✻ Beth est la raison pour laquelle Peter vit, la raison pour laquelle il avait trouvé la force de se sortir de cet enfer qu’il s’était créé. Non. Pas créé. C’était une maladie, qui avait toujours été en lui, sans qu’il ne le soupçonne. Il avait eu l’impression d’avoir eu le choix. Simplement, il avait fait le mauvais, parce qu’il avait refusé d’accepter la réalité. Mais la réalité, c’était ce besoin de boire. Un besoin qui était en lui, et qui avait été réveillé par le décès de sa femme. Il ne l’avait pas choisi, mais il avait pu faire le choix de s’en sortir. Et il sait que ce choix, il l’a fait pour Beth. Il l’a fait grâce à Hayley, mais pour sa fille. Sans elle, il n’a aucune idée de ce qu’il serait devenu. Sans rien à quoi se rattacher, il aurait sans doute sombré toujours plus profondément.
Pour avoir entendu des centaines d’histoires différentes aux Alcooliques Anonymes, Peter sait que tout le monde n’a pas pu trouver de point d’ancrage, mais ont réussi à s’en sortir tout de même. Il se demande quelle avait été la motivation de Charlotte. A ce sujet, tout un tas de questions restent sans réponse, parce qu’il n’ose pas les poser. Parce qu’il n’apprécie pas qu’on les lui pose. Parce que parler de Kirsten le rend toujours nostalgique. Et cette nostalgie s’accompagne généralement  d’une envie d’alcool. Une qu’il parvient encore à contrôler, fort heureusement. Mais en attendant, il ne connaît par les démons qui agitent l’esprit de Charlotte, mais compte bien faire de son mieux pour l’aider à combattre cette envie maladive qu’il a trop souvent connu, lui aussi. Il propose alors à la jeune femme de se changer les idées avec un dessin animé, si elle préfère ne pas en parler. Il pourrait très bien le comprendre, chacun a sa propre façon de gérer les difficultés. Même si les éviter ne dure qu’un temps, ça fonctionne pour certaines personnes, qui évitent sans cesse. Peter fait parfois partie de cette catégorie, puisqu’il ne parle de ses problèmes qu’à de rares occasions, quand l’envie se fait trop forte. Mais il en parle aux Alcooliques Anonymes, là où il a l’impression qu’il est écouté par tout le monde et personne à la fois. « Je suis presque sûre que peut-importe le dessin animé, je l’aurais déjà vu. » Fan de dessins animés ? Il hausse un sourcil, étonné et amusé à la fois par cette révélation. Chacun peut avoir ses passions cachées après tout. « Ma nièce, aime énormément les princesses aussi. » Tout s’explique. Peter aussi connaît tout un tas de dessins animés, sans pour autant les regarder pour son propre plaisir, un peu forcé de les voir, même en simple fond sonore.
« Je ne serais pas contre un thé, s’il te plaît. » Pendant quelques secondes, Peter se tourne vers la cuisine, se demandant où sont rangés les sachets de thé. Il n’en boit que très peu et c’est plutôt Hayley qui s’en occupe. Une des seules choses qu’il ne gère pas dans la cuisine. « Bien sûr. » Il se recule un peu, avant de faire signe à Charlotte de le suivre. Il met de l’eau dans la bouilloire, et ouvre un placard, puis un deuxième avant de trouver ce qu’il cherche. « Est-ce que tu crois, qu’il est possible un jour de ne plus ressentir du tout, l’envie de boire ? Plus jamais ? » Demande-t-elle alors qu’il pose la boîte sur la table. C’est la question à laquelle il voudrait bien avoir la réponse. La question à laquelle elle serait plus apte à répondre que lui. Mais la réponse qu’elle lui donne aujourd’hui lui fait craindre pour l’avenir. « Je n’en sais rien. » Dit-il en haussant les épaules, un peu démuni face à cette question. « Je l’espère en tout cas. » Il espère ne pas avoir à se battre toute sa vie, mais il sait bien que, s’il le faut, il le fera. Il ne compte pas abandonner. « En attendant de le découvrir, il faut continuer de lutter. Je ne vois pas d’autre solution. » Ses paroles sonnent comme le genre de cliché qu’on raconte aux réunions, mais si on les répète sans cesse, c’est bien qu’elles signifient quelque chose. « Est-ce qu’il s’est passé quelque chose… de particulier ? » Demande-t-il, sans trop oser le faire. Si elle souhaite en parler, c’est son rôle de l’y encourager. Alors qu’il pose la question, la bouilloire annonce qu’elle a terminé de chauffer, et Peter sort deux tasses d’un placard. « Il y a tout un assortiment dans la boîte, je te laisse choisir. » Et il verse l’eau dans les tasses, pas non plus certain du parfum qu’il va prendre.

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Maybe some folks are alcoholics and others are just voluntary drunks. Maybe some folks drink due to body chemistry and others due to their lazy characters. Maybe some have drinking problems, while others have problems enough to drink. ✻✻✻ Si je n’avais pas eu autant de soucis ce soir, je m’en serais presque voulu de m’imposer de la sorte chez Peter. Seulement, je sais qu’il est préférable que je ne reste pas seule pour le moment. Je pourrais rester seule, et tenter de ne plus y penser, mais je n’avais pas été aussi proche de craquer depuis très longtemps, alors je ne sais pas si j’arriverais à pouvoir faire face seule. C’est aussi pour cela que je suis venue chez lui, je sais que Peter me comprend. Il doit avoir vécu ça aussi, et il ne doit que trop bien savoir ce que cela fait. J’aurais pu me rendre chez Amanda, et même si elle aurait essayé de comprendre, elle n’aurait pas pu. Tout comme je sais que cela l’aurait inquiété pour moi, et je n’en ai pas envie. Ce que j’aimerais, c’est ne plus avoir envie de boire, quand je passe une mauvaise journée. Ne plus être tenté, quand je repense à certaines choses, ou bien ne plus voir le visage méfiant des gens quand il y a de l’alcool dans une pièce où je me trouve. Cela rien de cela ne cessera jamais réellement, je le sais. Au moins Peter ne me juge pas, ni me regarde avec pitié, en se disant que c’est triste d’avoir encore envie de boire, et c’est ce qui fait toute la différence. Je suis même tentée à un moment donné d’accepter sa proposition de regarder un dessin-animé, mais cela ne m’aiderait pas. J’ai trop souvent par le passé, fuit mes problèmes, et cela n’a jamais été une bonne chose. Le mieux serait de pouvoir oublier, de rentrer chez moi sans problème et reprendre le cours de ma vie normalement. Mais je ne sais que trop bien, que ce n’est pas aussi simple. Alors à la place, j’opte plutôt pour un thé. C’est une boisson sans risque, qui parvient presque toujours à me calmer. « Bien sûr. » Je le suis, jusque dans sa cuisine, observant le lieu au passage, ce qui me change les idées quelques secondes. Je suis perdue, comme cela ne m’était pas arrivé depuis longtemps. Revoir Michael a fait remonter tout un tas de souvenirs que j’aurais préféré garder dans le passé. Je m’installe sur une chaise tout en me demandant s’il est possible de plus ressentir cette envie de boire. Je pose la question à voix haute, sans doute en espérant que la réponse de Peter parviendra à me rassurer. Je n’en sais rien. Je l’espère en tout cas. » Je crois que personne n’a la réponse malheureusement. Je pensais que cela était derrière moi, mais de toute évidence ce n’est pas le cas.
« En attendant de le découvrir, il faut continuer de lutter. Je ne vois pas d’autre solution. » Sa réponse me fait sourire, parce que j’ai déjà entendu cela des milliers de fois. C’est pourtant la vérité, je le sais. Nous n’avons pas le choix, je n’ai pas le choix. Toujours faire attention, toujours être sur ses gardes, à force c’est aussi épuisant. Parfois je me dis qu’il serait plus facile de recommencer à boire, que cette lutte constante pour ne pas le faire. Mais je ne veux pas redevenir comme cela. Même si c’est dur, et même si parfois la tentation est très grande. « Est-ce qu’il s’est passé quelque chose… de particulier ? » Oui. Mais est-ce que j’ai envie d’en parler à Peter, je ne sais pas trop. Quoique la question la mieux adapter serait, est-ce que j’ai le courage de lui en parler ? Parce qu’en parler rend les choses réelles. Parce qu’en parler est douloureux. Et parce que je ne sais pas si j’ai envie de repenser à cela encore une fois. Je le fais déjà bien trop souvent, et à chaque fois c’est toujours aussi douloureux. Je me contente de hocher la tête positivement, pour le moment. Malgré les années, j’ai l’impression que cela vient tout juste de se passe, où bien c’est ma peine qui reste la même. Je ne sais pas. Sa bouilloire se met à siffler, et je me sens soulagée de me concentrer sur quelque-chose d’aussi banale que cela. « Il y a tout un assortiment dans la boîte, je te laisse choisir. » Je jette un coup d’œil, et fini par prendre le premier sachet qui me tombe sous la main. Je ne suis pas difficile quand il s’agit de thé, et je n’ai pas la tête à mieux regarder. « Merci. » Machinalement j’ouvre le sachet, avant de mettre le thé dans l’eau. J’ai conscience de ne pas être de très bonne compagnie, mais je suis encore à débattre s’il vaut mieux parler ou me taire. Finalement, je décide de parler, après tout peut-être que Peter pourrait m’aider. Ou bien tout simplement en parler, pourrait m’aider. « Il y a un peu plus de onze ans, je suis tombée enceinte. Ce n’était pas prévu, mais on avait décidé de le garder. En même temps ma sœur s’est mariée, et tout semblait aller bien pour nous deux. » Je m’arrête un instant, ne voulant pas sombrer dans le dramatique. « Seulement, après quatre moi, j’ai fait une fausse-couche. Ça a été horrible, et malgré tout le soutient que j’ai pu avoir, ça n’a fait qu’empirer. J’ai fini par me renfermer sur moi-même, et à trouver du réconfort dans l’alcool. » Je souris faiblement à Peter, maintenant que j’en suis à la raison du pourquoi. « Ça a duré presque deux ans. » Quand j’y repense, j’ai honte d’avoir pu perdre deux ans de la sorte. « Finalement ma sœur m’a appris être enceinte. C’est là que j’ai réalisé, que si je continuais comme cela, je ne verrais jamais mon neveu ou ma nièce. J’ai finalement décidé d’arrêter, et après la naissance d’Ava, ma nièce, je suis partie pour vivre à Londres. » L’histoire pourrait s’arrêter là, mais malheureusement il y a plus. Je m’arrête pourtant un moment, enlevant le sachet de thé de l’eau, et pour essayer de chasser les larmes qui menacent de couler. « Les choses allaient plutôt bien jusqu’à ce que je tombe sur Michael, celui qui… » Aurait dû être le père… Je n’ai pas le courage de terminer ma phrase, espérant que Peter comprendra. Repenser à tout cela est douloureux. Beaucoup trop douloureux.

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She was broken but never hopeless; alone but never lonely. Her eyes reflected pain but projected courage. She was a beautiful paradox. ✻✻✻ Depuis la cuisine, Peter entend encore la télévision scander les chansons de dessins animés. Chansons auxquelles il a fini par s’habituer, à force de les entendre. Il sait que Beth en a encore pour un moment avant de venir réclamer autre chose, tant elle se passionne pour les dessins animés de princesse. La petite devient de plus en plus autonome, et ça effraie autant que ça rassure Peter. Il la voit grandir, et il est heureux d’être là pour assister à ça, mais il a toujours peur que le temps passe trop vite pour lui. Alors il en profite autant que possible, mais ne l’empêche pas de grandir. Et aujourd’hui, ça l’arrange qu’elle puisse s’occuper seule. Ainsi, il peut être présent pour Charlotte dans ce moment difficile.
Peter se doute que ça ne doit pas être facile pour elle d’être là ce soir, d’être à deux doigts de craquer et de devoir venir chercher de l’aide. Ce n’est jamais facile. Accepter qu’on puisse avoir besoin d’aide pour quelque chose qui peut paraître si simple ne se fait pas rapidement. Même pour eux, qui se rendent pourtant à des réunions d’alcooliques anonymes régulièrement, et donc acceptent avoir besoin d’aide, ça demande un petit moment de réflexion. Une envie d’y arriver tout seul, avant de réaliser que, non, ils n’y arriveront pas non plus cette fois. Ravaler son égo pour venir chercher de l’aide. Venir la chercher auprès de quelqu’un qui partage les mêmes démons est sans doute plus facile. Parce que Peter sait qu’il pourrait être à sa place, et voudrait aussi être épaulé sans aucun jugement si c’était le cas.
Peter observe Charlotte pendant que l’eau chauffe dans la bouilloire. Il ne veut pas la forcer à en parler, parce qu’il pense qu’elle finira par le faire, forcément. Il l’encourage à en parler, sans trop la pousser, alors qu’il s’inquiète, lui-même, de la possibilité de sombrer à nouveau avec ses démons, même après dix ans de sobriété. La perspective de devoir se battre éternellement l’effraie, mais le pousse aussi encore plus à continuer. Surtout qu’il ne veut pas faire ça à Beth, il ne veut pas faire ça à Hayley ni à aucun de ses proches. Et il ne veut pas décevoir la mémoire de sa femme. Alors il ne peut pas craquer et, heureusement, il y a quelques temps que l’envie ne s’est pas faite ressentir. Mais à voir Charlotte aujourd’hui, il ne se souvient que trop bien qu’il n’est pas pleinement à l’abri. Il ne le sera jamais.
« Il y a un peu plus de onze ans, je suis tombée enceinte. Ce n’était pas prévu, mais on avait décidé de le garder. En même temps ma sœur s’est mariée, et tout semblait aller bien pour nous deux. » Au vu du ton qu’elle emploie, et des circonstances dans lesquelles elle commence cette histoire, Peter sait d’avance que celle-ci n’aura pas de fin heureuse. « Seulement, après quatre mois, j’ai fait une fausse-couche. Ça a été horrible, et malgré tout le soutient que j’ai pu avoir, ça n’a fait qu’empirer. J’ai fini par me renfermer sur moi-même, et à trouver du réconfort dans l’alcool. » Il faut souvent un événement qui brise une personne pour que son alcoolisme se révèle. Rares sont les personnes alcooliques qui n’ont pas connu de drames. Ça arrive, mais ces personnes ont plus de mal à le réaliser, parce qu’ils boivent sans raison particulière. Charlotte, comme Peter, s’étaient plongée dans l’alcool pour oublier la tristesse. « Ça a duré presque deux ans. » Deux ans… comme ça paraît long. Déjà, Peter avait eu l’impression que sa descente aux enfers avait duré plus longtemps que la réalité, mais il n’imagine même pas y être resté si longtemps. Aurait-il pu s’en relever après tant de temps ? Est-ce que ça devient encore plus compliqué, parce que boire est devenu plus qu’une habitude, ou est-ce que c’est plus simple d’arrêter, parce que le deuil a eu plus de temps pour se faire ? Peter n’en sait rien. Aucune situation n’est comparable de toute façon. « Finalement ma sœur m’a appris être enceinte. C’est là que j’ai réalisé, que si je continuais comme cela, je ne verrais jamais mon neveu ou ma nièce. J’ai finalement décidé d’arrêter, et après la naissance d’Ava, ma nièce, je suis partie pour vivre à Londres. » Tout comme lui, Charlotte s’était raccrochée à quelque chose pour vouloir s’en sortir. Elle avait eu besoin d’une raison pour arrêter, et elle l’avait trouvée. Et tant que cette raison est présente et reste motivante, tout peut aller bien. Parce qu’il y a un réel objectif, une raison pour résister. « Les choses allaient plutôt bien jusqu’à ce que je tombe sur Michael, celui qui… » Il ne faut pas longtemps pour que Peter comprenne ce qui aurait dû être la fin de sa phrase. Le père, sans doute. Le revoir n’a pas dû être facile, en effet. « Ce n’est jamais facile de revoir un fantôme du passé ainsi. Surtout quand il y a autant de passif. » Tout ça doit faire remonter tout un tas de souvenirs, et pas très plaisants. Pas évident comme situation en effet, même si Peter n’en connaît par les détails. « Vous avez rompu après ta fausse couche ? » Il parle doucement, pour éviter de la brusquer, avant de boire une gorgée de thé. Déjà qu’il n’adore pas ça, mais, en plus il est encore bien trop chaud ; si bien qu’il repose immédiatement la tasse. « Mais tu n’as qu’une tasse de thé entre les mains, pas une bouteille d’alcool, ça prouve bien que tu es plus forte qu’avant. » Ça ne fait même aucun doute. Elle ne s’en rend pas compte, et pourtant elle a gagné ce soir. Elle a vaincu la maladie et a résisté à la tentation si facile que représente un verre d’alcool. « Je suis désolé… pour ton bébé. Je n’ose pas imaginer ce que tu as vécu. » En effet, lui, il l’a eu son enfant, même s’il était rentré seul de l’hôpital. Leurs situations n’ont rien à voir et Peter ne saurait les comparer. Mais tous deux ont vécu quelque chose d’horrible, et ont réussi à s’en relever, après avoir sombré encore plus bas. Sans doute qu’un jour, Peter saura lui raconter son histoire, à son tour. Mais ce soir, il ne s’agit pas de lui. Il s’agit d’aider Charlotte.

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Maybe some folks are alcoholics and others are just voluntary drunks. Maybe some folks drink due to body chemistry and others due to their lazy characters. Maybe some have drinking problems, while others have problems enough to drink. ✻✻✻ J’ai souvent raconté cette histoire, mon histoire, mais je peine toujours autant à en parler. La douleur est aussi toujours présente, aussi intense qu’au début, malgré les années, malgré le nombre de fois où j’en ai parlé. Il n’est jamais évident d’en parler, parce que c’est personnel, douloureux, et que cela rend vulnérable. Au final très peu de personnes sont au courant de toute l’histoire. Certes mes amis savent généralement que j’ai eu un souci avec l’alcool, mais tout le monde ne sait pas pourquoi. Je n’aime pas en parler, et je n’ai aucunement envie d’être jugée au final, ce que certaines personnes ne peuvent s’empêcher de faire. Si j’ai en parlé à Peter, c’est parce que j’en avais besoin, et que j’ai suffisamment confiance pour lui dévoiler cela. Je ne suis pourtant pas rentré dans les détails, il y aurait encore bien des choses à raconter. Mais au moins maintenant il est au courant, ce qui quelque part me soulage. Evoquer tout cela est douloureux, mais c’est aussi difficile de pouvoir demander de l’aide, sans expliquer pourquoi. Et ce soir, c’est dont ce j’ai besoin, de l’aide. Quelqu’un pour m’aider à ne pas boire, malgré l’envie. Tout ceci est de la faute du retour de Michael, il évoque bien trop de souvenirs, et malheureusement je ne parviens pas à ne penser au bons. Non, je ne pense qu’à la fin, ma fausse-couche et tout ce qui en a suivi. Je crois qu’il ne cessera de me faire repenser à cela. Et le fait de ne pas l’avoir revu depuis, n’aide pas. Peter, n’a pas dit un mot, me laissant parler, ce que j’apprécie. Il est plus facile de tout sortir d’un coup. « Ce n’est jamais facile de revoir un fantôme du passé ainsi. Surtout quand il y a autant de passif. » C’est peu dire. Surtout que je ne m’attendais absolument pas à le revoir maintenant, ni jamais en vérité. A croire qu’avoir quitté l’Australie n’était pas suffisant. Je ne réponds pas, parce qu’il n’y a rien à répondre. Il a très bien comprit. Je préfère donc boire une gorgée du thé, me brûlant la langue au passage. « Vous avez rompu après ta fausse couche ? » Encore sous le coup de ma langue brûlée, il me faut quelques secondes pour pouvoir parler. « Peu de temps après oui… On a essayé, de rester ensemble, mais je me suis tellement renfermer qu’au final ça n’a pas marché. » Dire que j’ai mal vécu tout cela, serait encore bien loin du compte. Ce n’est pas la faute de Michael, ce n’est la faute de personne finalement, mais à l’époque je ne supportais pas de le voir. Je suis restée en colère contre lui, contre moi, et contre la Terre entière pendant longtemps.
« Mais tu n’as qu’une tasse de thé entre les mains, pas une bouteille d’alcool, ça prouve bien que tu es plus forte qu’avant. » Peut-être. Sûrement. Malheureusement, avoir eu envie de boire, avoir été à deux doigts de craquer, ne me donne pas l’impression d’être plus forte. Si je l’étais vraiment, je n’aurais plus ce problème. Je n’aurais plus envie de boire, et ma première idée ne serait pas d’acheter de l’alcool pour oublier mes problèmes. « Mais le fait d’avoir eu envie, me tue. » Après tout ce temps, j’ai l’impression d’être revenue en arrière. « Je ne sais pas pourquoi, j’ai encore ce réflexe de vouloir tout résoudre avec un verre. » Cela ne m’était pas arrivé depuis longtemps cependant, mais il a suffi de revoir une personne pour que tout cela revienne. Est-ce que je serais assez forte un jour pour ne plus y penser, pour ne plus avoir envie, pour avoir une vie normale. J’en doute vraiment. « Je suis désolé… pour ton bébé. Je n’ose pas imaginer ce que tu as vécu. » Personne ne peut. Parce que chaque personne est différente, et que personne ne réagit de la même manière. Il suffit de voir comment Amanda a géré sa propre fausse-couche, pour voir qu’elle a été plus forte que moi. Elle a n’a pas trouvé refuge dans l’alcool, elle. Non, ça c’était pour moi. Je souffle dans la tasse, avant de boire de nouveau. J’ai l’impression d’avoir épuisée toutes mes forces en lui racontant tout cela, mais je me sens mieux. « Merci. » De m’avoir écouté, de ne pas me juger, de m’avoir aidé. C’est toujours difficile d’évoquer le sujet avec quelqu’un, alors c’est toujours plaisant quand la personne comprends sans pour autant se permettre des remarques. La télévision se fait toujours entendre, et je tourne la tête en direction d’où se trouve sa fille. « Elle à quel âge ? » J’essaie de changer de conversation, histoire de ne pas finir par complètement craquer, mais aussi pour éviter de totalement plomber l’ambiance. Je me connais, si je reste trop longtemps à penser à tout cela, ça va recommencer à me ronger.

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She was broken but never hopeless; alone but never lonely. Her eyes reflected pain but projected courage. She was a beautiful paradox. ✻✻✻ Tout le monde a ses fantômes, ses démons, qui viennent le hanter. Personne n’y échappe jamais complètement, mais pour certains, ces démons sont plus bruyants, plus forts. Le genre de souffrance qu’on ne peut comprendre à moins de l’avoir vécu. Peter n’a jamais perdu d’enfant, heureusement, et, de fait, il ne saurait imaginer la peine qu’a pu avoir Charlotte. Ce qu’il peut comprendre, c’est qu’elle se soit tournée vers l’alcool en espérant que ça l’aiderait. En espérant tout effacer, ou au moins oublier ce qui la hantait. Après tout, il avait fait la même chose. Et finalement, ça n’avait rien arrangé. Ça n’avait fait qu’empirer les choses, puisque ça avait révélé son addiction. Charlotte doit sûrement penser la même chose, puisqu’elle s’en est sortie, elle aussi. « Peu de temps après oui… On a essayé, de rester ensemble, mais je me suis tellement renfermer qu’au final ça n’a pas marché. » Rien d’étonnant à cela. Une telle épreuve est difficile à surmonter, peu importe la solidité du couple. Charlotte s’en tient pour responsable mais c’est le lot commun de beaucoup d’anciens alcooliques. Alors qu’elle n’aurait sans doute rien pu faire pour arranger les choses, même si elle n’avait pas cédé à cette faiblesse qui était en elle depuis le début. Mais accepter ça n’est pas une chose facile.
« Mais le fait d’avoir eu envie, me tue. » En cela, il peut parfaitement la comprendre. Le simple fait de parfois penser à un verre d’alcool le déstabilise totalement. Comme si tout le chemin qu’il avait fait jusque-là n’avait servi à rien. Comme s’il n’était pas plus fort qu’avant. Mais ce qu’il retient de ces moments de faiblesse, c’est qu’il ne s’est pas laissé aller. Et ils arrivent de moins en moins souvent. C’est sans doute un point positif. Même s’il ne sera sûrement jamais à l’abri. « Je ne sais pas pourquoi, j’ai encore ce réflexe de vouloir tout résoudre avec un verre. » Est-ce que c’est quelque chose qui était inscrit dans leurs gênes dès le début, et qu’ils n’auraient pu éviter ? Peter n’en sait rien, et la science n’a pas de réponse à ça, du moins pas à sa connaissance. Tout ce qu’il sait, c’est qu’il n’existe pas de solution miracle. Il le sait bien, il l’a longtemps cherchée sans la trouver. « Malheureusement, la maladie ne s’en va jamais. Mais au moins, le réflexe qui a suivi a été de refuser cette envie et de venir ici. » Peter ne sait pas si ses mots suffisent à apaiser le sentiment de culpabilité qui semble envahir Charlotte. S’il se trouvait à sa place, sans doute que ça ne suffirait pas. Après tout, ce ne sont que des mots. Des choses qu’ils entendent à chaque réunion d’alcooliques anonymes, mais Peter n’a pas d’autres réponses. Au contraire, ça devrait être Charlotte qui pourrait lui expliquer des choses qu’il ne sait pas, parce qu’elle a plus d’expérience que lui dans tout ça. Mais personne ne devient ‘expert’ en alcoolique anonyme.
« Merci. » Peter hoche la tête en faisant tourner sa cuillère dans la tasse. Nul besoin de le remercier, c’est normal d’être là. Même s’ils ne se connaissent pas depuis longtemps, comment Peter aurait-il pu refuser de l’aider ? Impossible. « Elle à quel âge ? » C’est ridicule mais Peter ne peut s’empêcher de se sentir un peu coupable de parler de sa fille après la révélation de Charlotte. Pourtant, ça n’est en rien sa faute, et le fait que lui ait un enfant ne change rien. « Elle va avoir trois ans dans deux semaines. Ça passe trop vite. » Soupire-t-il. « Elle a commencé l’école cette année d’ailleurs. » Même si ça fait déjà quelques mois, Peter a toujours du mal à s’y faire. La voir grandir si vite ne le rassure pas, mais au moins maintenant, il sait qu’il sera là pour elle chaque jour, pour chaque étape, importante ou non. « C’est pour elle que je suis sobre. Pour qu’elle soit heureuse. » Et il pense ne pas trop mal s’en sortir. Même s’il porte toujours la culpabilité de n’avoir pas été là pendant ses premiers mois. Peu importe qu’elle ne s’en souvienne pas, et ne puisse donc pas le lui reprocher. Il le fait bien assez lui-même.

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