Sam était la retenue incarnée. Toujours de marbre, ne laissant transparaitre aucune émotion, aucun sentiment. Elle se l'était interdit des années auparavant. Car lorsque les gens voyaient votre faiblesse, vous deveniez insignifiant à leurs yeux. Et Sam ne voulait pas être insignifiante. Elle encaissait, encore et encore, jusqu'à l'explosion. Elle se pensait à l'abris pour quelques temps encore, mais la jeune femme avait trouver en Julian son élément perturbateur. Lui qui, pendant si longtemps, l'avait fait traverser toutes les émotions données aux humains. Il lui avait donné de la joie, de la peine, de la rancoeur, de l'émotion, un rire. La passion les avait enveloppé pendant un moment, jusqu'à ce que leur nature ne ressorte, plus forte que leurs sentiments. Ils n'avaient fait que se déchirer, se détruire, jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien. Ils avaient tout détruit, et piétiné le reste, comme ils savaient si bien le faire. Sam avait mis un temps à recoller les morceaux de son coeur brisé à nouveau. Elle s'était attachée à ne plus revivre ça, plus jamais. Elle s'était promis de ne plus jamais souffrir comme il avait pu la faire souffrir. Mais maintenant qu'il était devant elle, la brune retournait à la case départ. Encore une fois, il ne voulait pas l'écouter, il ne voulait pas l'épargner. Il décidait de rester, il décidait de s'approcher, de lui voler un baiser. Un simple baiser qui réveilla en elle tous les souvenirs qu'elle avait mis si longtemps à enfouir. Elle avait ranger Julian au fin fond de son âme, et il s'appliquait à faire remonter en elle tous les sentiments qui avaient traversé leur histoire. Dos au mur, seule la fraicheur de la pierre la réconfortait. Elle avait perdu ses moyens, et se détestait pour ça. Ce n'était pas elle, ce n'était définitivement elle… Julian faisait d'elle une fille faible. Une fille qu'elle avait préféré oublier. Elle le maudissait pour ça. Pour la rendre comme celle qu'elle était vraiment. La petite fille abandonnée, l'orpheline. Sa vue se troublait alors que les bras de Julian venait enrober son corps frêle. Chaque parcelle de son corps qui touchait le sien avait le don de lui procurer une chaleur oubliée, alors que la force lui manquait pour se détacher de son emprise. L'espace d'un instant, elle se laissait aller sur son torse, posant son front contre son corps chaud. Les souvenirs envahissaient son esprit alors qu'il prenait sa main pour la poser sur sa poitrine. Elle pouvait sentir les battements de son coeur, comme elle aimait tant le faire dans le passé, alors qu'il dormait à ses côtés. Ses mots la pénétraient telle une lame.
« Qui y'a-t-il de mal à se laisser aller ? » Elle rencontrait de nouveau son regard, et l’espace d’un instant, elle le crut. Elle le regardait, et soudain elle retrouvait les yeux qu’il avait posé sur elle autrefois. Leurs lèvres n’étaient qu’à quelques centimètres l’une de l’autre, et elle ne faisait rien pour arrêter ça. Le temps semblait comme figé, comme si à cet instant, c’était à elle de choisir. Choisir de lui pardonner, choisir de lui faire confiance. Son coeur se serrait à cette pensée. Et elle comprit qu’il n’était plus question de ça. Il n’avait jamais été question de confiance, car jamais elle ne lui avait accordé la sienne. Elle tourne alors la tête, brisant ce moment. Sa main toujours posée sur le coeur de Julian retombait mollement sur son flanc, et ses lèvres s’approchait doucement de l’oreille du jeune homme. Elle hésita un instant, ses mots restant coincés dans sa gorge.
« Toi et moi c’est terminé. On est terminés. » Une larme roulait sur sa joue et elle attrapait son sac, se dégageant par la même occasion des bras de Julian. Elle chassait l’humidité sur ses joues et se remettait sur ses deux jambes encore tremblantes. Elle le contournait, le laissant là, sans un regard. Elle s’évanouissait rapidement dans la nuit, alors que les battements de son coeur se faisaient assourdissants à ses oreilles. D’un revers de manche, elle chassait les larmes qui avaient déjà si souvent coulées, et qui encore une fois, coulait pour lui.