Trick or treat ? (Rania)

Trick or treat ?

Diana & Rachel.

Life gives you lots of chances to screw up which means you have just as many chances to get it right. ✻✻✻ Trente et un octobre, Halloween, la journée la plus terrifiante de l’année en générale. Je ne crois pas à cela, je n’ai jamais été le genre de fille à fêter Halloween et encore maintenant ce n’est pas vraiment ma tasse de thé. Pourtant, oui, aujourd’hui est une journée terrifiante pour moi. Ce n’est pas n’importe quel jour et ce n’est pas seulement Halloween pour moi. Non, aujourd’hui j’ai rendez-vous pour mon insémination artificielle et je suis totalement paniquée. J’ai terriblement envie que cela marche du premier coup, n’ayant pas envie de passer des sommes astronomique là-dedans entre autre. Mais surtout, j’ai peur que si cela ne marche pas, je sois trop déçue pour recommencer. J’ai donc besoin que cela marche, vraiment. J’ai suivis toutes les recommandations à la lettre, cela fait maintenant plus d’une semaine que je n’ai pas fumée et même si c’est difficile, le jeu en vaut la chandelle. Hormis des difficultés à dormir tellement je suis nerveuse et stressée, tout va bien. Maintenant que je suis là, à attendre dans le cabinet j’ai vraiment une peur panique. Je ne sais pas ce qui me fait le plus peur, la procédure, que cela ne marche pas, le fait d’être seule. Les trois sont assez terrifiants et même en essayant de penser à autre chose, je n’y arrive pas. Les choses étaient bien plus simples quand je n’avais que l’idée en tête et que cela restait au stade de simple idée. Mais maintenant que je suis à l’étape la plus importante de tout, c’est terrifiant. Je ne devrais pas être seule, c’est vraiment difficile, mais c’est ce qui m’attend, alors autant m’habitué tout de suite. De toute façon, je ne vois pas vraiment qui aurait pu m’accompagner. Mes frères et sœur, n’étaient absolument pas envisageables, Walt non plus, je lui ai déjà assez demandé de m’aider comme cela. Et parmi mes amis, je ne vois personne qui aurait pu me soutenir correctement. Je n’ai pas envie de penser à Diana, inutile de me faire du mal en ce moment. Pourtant, fut une époque où elle aurait pu être la personne à mes côtés, c’est d’ailleurs comme cela que j’avais envisagé les choses. Je n’ai jamais caché mon désir d’avoir un enfant un jour. Je regarde l’heure pour constater qu’il ne s’est même  pas passé cinq minutes depuis la dernière fois. Le temps ne passe pas vite et pourtant j’ai l’impression de ne pas avoir vu passer ces derniers temps.
Depuis que j’ai décidé de vraiment me lancer, j’ai l’impression que tout s’est enchainé. Les rendez-vous, les informations, les choses à faire ou ne pas faire, les renseignements… J’ai la tête pleine de renseignements, d’idées, de pensées, de peur et tout un tas d’autres choses qui ont fini par prendre le dessus sur le reste. Ces derniers temps, je suis totalement incapable de penser à autre chose qu’à aujourd’hui. Qu’à ce rendez-vous et à tout ce qui pourrait arriver ensuite. Le médecin fini enfin par arriver et même si elle m’a déjà expliqué plusieurs fois comment les choses vont se passer, j’ai besoin qu’elle me l’explique une nouvelle fois. Après quoi, c’est le moment de se lancer, plus question de reculer désormais.

Plus d’une demi-heure plus tard, je peux désormais me rhabiller et rentrer chez moi. Je pensé me sentir différente après, mais finalement non, tout est pareil, si ce n’est que peut-être d’ici peu je serais enceinte. Je sais que je dois attendre au moins quinze jours, avant de pouvoir faire un test de grossesse et je sais d’avance que cela va être long. J’ai envie de fumer une cigarette, mais comme je ne peux plus, je prends un chewing-gum à la place. Une fois rhabillé, j’envoie un message à Walt pour lui dire que c’est fait. Sans avoir besoin de lui désormais, je trouve cela normal de le tenir informé. C’est d’ailleurs étrange de me dire que peut-être je pourrais me retrouver enceinte grâce à lui. Jusqu’ici je n’ai pas trop pensé à cela, ne voulant pas me faire de fausses joies, mais maintenant que c’est fait, il y a une chance sur deux pour que cela se produise. Il me faut encore quelques minutes pour prendre mes affaires, dire au revoir et me voilà en train de refermer la porte derrière moi, pour me retrouver dans la salle d’attente. Je crois que je ne réalise encore pas ce qui vient de se passer. Je m’apprête à partir, quand je remarque Diana. Mon cœur accélère automatiquement et je dois me faire violence, pour rester calme. Je suis toujours en colère après elle, après la dernière fois que nous nous sommes vues. Malheureusement, il est assez difficile de faire comme si je ne l’avais pas vu, même si cette idée m’a effleuré. Je décide donc d’aller la saluer et de repartir immédiatement, du moins c’est le plan. Je fais attention de ne pas m’approcher trop près, je n’ai pas envie de souffrir encore. « Bonjour. » C’est quand même étrange de ne pas s’être vue pendant plus d’un an et de se rencontrer deux fois en si peu de temps. Surtout ici.

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But pain’s like water. It finds a way to push through any seal. There’s no way to stop it. Sometimes you have to let yourself sink inside of it before you can learn how to swim to the surface. ✻✻✻ La porte est à peine ouverte que, déjà, Diana détaille les lieux. Elle a beau aimer la fête d’Halloween – ayant grandi aux Etats-Unis, elle n’a pas vraiment eu le choix – les décorations de fantômes et autres citrouilles n’ont pas tellement leur place dans un cabinet médical. Si certaines études montrent que la décoration de la salle d’attente a un impact dans le choix de son médecin, Diana n’y croit pas du tout. Elle préfère avoir un bon médecin, plutôt qu’une salle d’attente parfaitement décorée. Mais si elle découvre ces locaux aujourd’hui, c’est parce que sa gynécologue s’est associée à d’autres docteurs. Et tant pis si elle trouve que tout ça est de mauvais goût, elle n’est pas là pour longtemps.
Enfin elle l’espère en tout cas. Elle sait qu’un retard n’est jamais impossible mais elle espère y échapper aujourd’hui. Elle doit retourner au travail rapidement après puisque son équipe a un dossier de campagne publicitaire à terminer cette semaine. D’ailleurs, elle aurait préféré se passer de ce rendez-vous pour ne pas perdre un temps précieux. Mais c’est déjà ce qu’elle avait fait les deux précédentes fois, si bien qu’elle n’a plus le choix si elle veut toujours avoir son moyen de contraception, et vérifier que tout va bien au passage. Ce n’est qu’un rendez-vous de routine, et c’est justement ce qui ennuie Diana. Elle espère simplement que tout se passera rapidement.
Après avoir annoncé son arrivée à la secrétaire – pas vraiment aimable d’ailleurs – elle s’installe sur un siège, et sort rapidement son téléphone pour pouvoir travailler autant qu’elle le peut. Ou au moins se faire une liste de choses à faire. Sauf qu’elle est vite arrêtée par la secrétaire qui lui montre le panneau interdisant l’usage des téléphones portables. Elle soupire et range celui-ci dans son sac, avant de prendre un magazine pour s’occuper. Ça ne l’intéresse pas vraiment mais elle lit quelques articles. Elle relève la tête de temps en temps quand elle voit une porte s’ouvrir, espérant que ça sera son tour ensuite, mais elle ne voit toujours pas son docteur. Une fois, deux fois, trois fois. Et la quatrième fois, elle reporte son attention sur le magazine une seconde, presque par habitude, avant de relever la tête. Rachel. Son cœur accélère, et elle réalise rapidement qu’elle l’a vue, elle aussi. Pas moyen d’y échapper, de faire comme si de rien n’était. Elle referme le magazine sur ses genoux et la regarde s’approcher. « Bonjour. » Ça paraît toujours aussi étrange, si ce n’est plus. Vu la façon dont les choses s’étaient terminées la dernière fois, Diana appréhendait forcément une nouvelle rencontre. Mais, pour se rassurer, elle se disait que ça prendrait quelques mois, voire un an comme la dernière fois. Elle préférait penser ça, plutôt que réfléchir à ce qui s’était passé, et à ce que ça impliquait. « Bonjour. » Répond-t-elle avec un sourire mal à l’aise. Qu’est-ce qu’elle peut lui dire ? Elle a beau chercher, rien ne vient, parce qu’elle ne pense qu’aux baisers qu’elles ont échangés l’autre soir. Et parler de ça, ça serait vraiment une mauvaise idée. « Tu avais un rendez-vous ? » Question idiote mais elle fait tout pour éviter ce silence gênant.

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Trick or treat ?

Diana & Rachel.

Life gives you lots of chances to screw up which means you have just as many chances to get it right. ✻✻✻ J’ai redouté ce jour, autant que je l’ai attendu et voilà que tout est déjà terminé. Je ne sais pas pourquoi, mais je m’attendais à autre chose. Pourtant, je savais très bien à quoi m’en tenir, nous en avions discuté de nombreuses fois. La procédure et tout le reste, mais quand même. Une petite demi-heure et l’affaire a été réglée, rien de plus. La méthode est très impersonnelle, très médicalisée, mais c’est une des façons les plus efficace pour être enceinte. Du moins, vu mon orientation sexuelle. Une fois rhabillée, je ne me sens pas différente, si ce n’est un peu fatiguée, mais rien de plus. Impossible de savoir si cela a marché ou non, il va me falloir attendre encore quinze jours pour cela. Encore une autre attente, je suis devenue un peu experte ces derniers temps, même si cette fois-ci risque d’être plus longue et plus angoissante. Paradoxalement, il ne faudrait pas que je m’angoisse justement, ce qui rend la tâche encore plus complexe. Surtout sans cigarette et sans alcool. Il me reste encore le travail, ce qui devrait arriver à m’occuper un peu. Je m’attendais quand même à me sentir différente ou a approuvé une grande joie, mais non. Tout est exactement comme avant si ce n’est que j’ai eu froid à attendre avec une simple blouse pendant tout ce temps. Je n’ai vraiment qu’une hâte, rentrer chez moi et m’écrouler dans mon canapé. Une fois à la maison, je serais au moins tranquille. Je redoute pourtant un peu de rentrer, parce que je vais me retrouver seule et qu’il me sera plus difficile de ne pas penser à tout cela. J’ai besoin de m’occuper l’esprit, je le sais sinon je vais recommencer à tout analyser, tout détailler et ce n’est pas une bonne idée. J’ai déjà fait cela, de trop nombreuses fois d’ailleurs. Avoir un enfant et quelque-chose que je veux vraiment et ceux depuis maintenant quelques années, mais ce n’est pas pour autant que je me sens totalement prête. Les conditions ne sont pas des plus idéales, puisque je suis seule, mais à mon âge, il est préférable de ne pas trop attendre non plus. Et puis, cet enfant je le veux pour moi et je pense qu’au final c’est le plus important. Je recommence à divaguer, alors que ce n’est ni le lieu, ni le moment idéal pour cela. Finalement je prends mes affaires avant de quitter la pièce.
Seulement, quand j’aperçois Diana, je me dis que j’aurais dû rester à l’intérieur. Il n’y avait plus que moi dans cette salle et c’était beaucoup mieux comme cela. Ce n’est pas vraiment le jour, ni le moment idéal pour se retrouver. Je doute qu’il y en ait un cependant. Impossible de faire comme si je ne l’avais pas vu, même si cela serait le plus facile pour moi. Je lui en veux toujours de m’avoir laissé la dernière fois, autant que je m’en veux de sentir mon cœur battre plus vite en la voyant. Je ne sais pas comment elle fait, même après tout ce qui s’est passé, je suis totalement incapable d’arrêter de l’aimer. J’essaie pourtant de ne rien laisser paraître, de faire comme si tout était normal. Une simple rencontre dans une salle d’attente, rien de plus. « Bonjour. » Je la sens pas très à l’aise et cela me rassure. Je ne suis pas le seul dans ce cas-là, ce qui est une bonne chose, du moins je crois. Je ne sais pas quoi lui dire, ni même si j’ai véritablement envie de lui parler. Je ne parviens pas à oublier notre dernière rencontre, nos baisers et sa fuite. Je n’ai cessé d’y repenser depuis, souvent, trop souvent sans aucun doute. Et forcément la revoir, ne fait que me rappeler l’anniversaire de Gemma. « Tu avais un rendez-vous ? » Sa question me ramène au présent. Je suis soudain prise de panique, est-ce que je dois lui avouer la vrai raison de ma venue ici ou non ? Cela ne la regarde pas, du moins plus et je pourrais très bien répondre par un oui à sa question et couper court à la conversation. Mais est-ce qu’il ne serait pas préférable de lui dire la vérité ? Elle risquera de l’apprendre un moment ou un autre s’il se trouve que je suis enceinte, et je ne suis pas sûre que l’apprendre par quelqu’un d’autre soit une excellente idée. Je suis donc partagée entre les deux, d’autant plus que je ne suis pas sûre que de parler de cela ici, avec tous ces gens autour de nous soit une bonne idée. « Oui. » Simple et rapide. Je dois sans doute paraître sèche, mais ce n’est pas mon intention, même si j’aurais tous les droits de l’être après la dernière fois. Non, je ne sais simplement pas si je dois approfondir ma réponse ou non. « Je suppose que toi aussi. Ou bien tu attends quelqu’un peut-être ? » Je ne sais pas pourquoi je lui ai posé la question, surtout si c’est vraiment le cas. La vérité, c’est que je ne suis pas à l’aise pour tout un tas de raisons, ce qui doit se voir. Je suis beaucoup plus bavarde d’ordinaire, même avec elle.

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But pain’s like water. It finds a way to push through any seal. There’s no way to stop it. Sometimes you have to let yourself sink inside of it before you can learn how to swim to the surface. ✻✻✻ Dans la salle d’attente, Diana s’impatiente. Elle n’a jamais aimé attendre, pour quoi que ce soit, et encore moins quand elle devrait être autre part. Bien sûr, son absence a été acceptée et elle n’est pas attendue immédiatement aux bureaux de la WWF, mais elle voudrait quand même y retourner le plus vite possible. Mais, malheureusement, elle ne peut rien faire pour accélérer le processus, il n’est pas rare que les médecins prennent du retard et c’est visiblement le cas aujourd’hui. Elle feuillette son magazine, résiste à l’envie de sortir son téléphone malgré l’interdiction, et guette les portes qui s’ouvrent dans le cabinet.
Mais elle ne s’était pas préparée à la personne qu’elle voit sortir. Elle observe Rachel, ignorant comment elle doit réagir. Elles ne se sont pas vues depuis l’anniversaire de Gemma. Diana n’a pas revu Gemma depuis d’ailleurs, pour éviter de devoir en parler. De devoir y penser. Elle avait préféré mettre tout ça de côté, effrayée par ce qu’elle pourrait ressentir si elle laisse ce baiser lui revenir en mémoire. Elle s’était concentrée sur d’autres choses, comme elle le fait à chaque fois que quelque chose la dérange. Elle avait fait de son mieux pour mettre ce baiser de côté, pour ne plus y penser avant que les sentiments qui y sont associés ne disparaissent. Elle avait fait de son mieux, et ça n’avait pas toujours suffi. Il y avait eu quelques moments d’égarement, où elle avait pensé aux douces lèvres de la rousse. Où le plaisir d’y repenser s’était retrouvé mêlé à la culpabilité. Culpabilité d’être partie, d’être incapable de retenir ce souvenir, d’avoir envie de recommencer. Et finir triste, parce qu’elle est consciente que ça ne peut pas fonctionner. Qu’est-ce qui a changé depuis la dernière fois ? Elles sont toujours les mêmes, et ça finirait de la même façon, ce qu’elle veut éviter à tout prix. Elle ne veut pas revivre une fin si douloureuse. C’est mieux ainsi, pour elles deux.
Face à Rachel, Diana se trouve mal à l’aise. Elle ne sait pas quoi lui dire. Elles savent toutes les deux qu’elles ne peuvent pas être amies. Diana sait qu’elles ne peuvent pas redevenir comme avant. Alors qu’est-ce qui leur reste ? A part les silences gênées de deux personnes ayant compté l’une pour l’autre, elle ne sait pas. « Oui. » Pourquoi détaillerait-elle plus ? Sa présence ici ne concerne pas Diana, elle ne lui doit pas d’explications. Et peut-être n’ajoute-t-elle rien parce qu’il n’y a rien à en dire. Un rendez-vous chez le médecin peut être extrêmement simple et ennuyeux. « Je suppose que toi aussi. Ou bien tu attends quelqu’un peut-être ? » Diana jette un regard dans la salle d’attente, les quelques personnes présentes lisent ou patientent en silence. Leur monde continue de tourner, alors que celui de Diana a le tournis. « Non, je suis toute seule. » Dit-elle, avec la désagréable impression de se justifier. « J’attends mon médecin, elle a du retard apparemment. »  C’est comme si les mots qui sortent de sa bouche ne veulent rien dire. Elle voudrait en dire tellement plus, mais elle ne veut pas parler de l’autre soir, ni de leur histoire. Trop peur que ça tourne mal. « Comment tu vas alors ? » Et elle continue dans les banalités, sans savoir quoi dire d’autre. Tout en espérant que Rachel y parviendra mieux qu’elle, ou bien qu’elle quittera le cabinet avant que l’atmosphère ne devienne trop gênante.

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Trick or treat ?

Diana & Rachel.

Life gives you lots of chances to screw up which means you have just as many chances to get it right. ✻✻✻ De tous les jours où nous aurions pu nous rencontrer, il a fallu que ce soit aujourd’hui. Aujourd’hui, juste après mon rendez-vous, juste après mon insémination qui plus est. J’ai à peine eu le temps de sortir de la salle qu’il a fallu qu’elle soit là. Exactement comme dans mes souvenirs, ce qui rajoute à ma gêne. Je n’ai pas envie de penser à la dernière fois que nous nous sommes vues, c’est trop douloureux et triste en même temps. Sans parler du fait, que je me sens stupide d’avoir pu croire que nous revoir aller signifier quelque-chose. Clairement, j’ai encore trop pensé et imaginer des choses qui ne semblent pas vouloir se produire. Malheureusement, face à Diana c’est souvent le cas, ce qui rend les choses encore plus difficiles qu’elles ne le sont. Impossible de faire comme si je ne l’avais pas vu et inversement, ce qui m’oblige à aller lui parler. De toute façon, je crois que j’aurais été la saluer même si elle ne m’avait pas, ne serait-ce que pour le plaisir d’entendre sa voix. Je me rends compte combien je suis pathétique, surtout maintenant, après plus d’un an et pourtant, je ne peux espérer que notre histoire n’est pas terminée. Je suis pourtant mal à l’aise aujourd’hui en sa présence, à cause du rendez-vous que je viens d’avoir. La seule personne au courant est Walt, ce qui est logique puisqu’il est le donneur, et je n’ai pas forcément envie d’en parler. D’un autre côté si tout marche bien, il va être difficile de le cacher dans les mois à venir. Pourtant, je décide de ne rien dire, du moins pas pour le moment. Ce n’est pas vraiment le genre de nouvelle que l’on annonce dans une salle d’attente, entouré d’autres personnes. Non, cela mériterait un autre lieu, un autre moment, quelque-chose que nous n’aurons probablement pas de toute façon. Cependant, je ne voudrais pas non plus qu’elle apprenne cela de la bouche de quelqu’un d’autre, j’ai l’impression que je lui dois de lui annoncer la chose moi-même, si besoin est. Mais pour le moment je me contente du strict minimum. Je n’ai pas non plus envie de trop m’attarder, j’ai vraiment envie de rentrer chez moi et de me poser. C’est une chose assez rare et j’aimerais en profiter. Je reste rarement à la maison sans rien faire, de peur de perdre mon temps, mais pas aujourd’hui.
Pourtant, je ne pars pas. Non, à la place je continue de discuter, n’ayant pas totalement envie de la quitter non plus. « Non, je suis toute seule. J’attends mon médecin, elle a du retard apparemment. » Je lui souris par compassion. Il est assez rare d’avoir son rendez-vous à l’aise dans ce genre de situation. Moi-même j’ai dû patienter plus que nécessaire, me donnant l’envie de partir une bonne dizaine de fois. « Comment tu vas alors ? » La question piège. Lui dire que tout va bien, est sans aucun doute le plus facile, le moins risqué. Peut-être même la réponse qu’elle attend en fin de compte. Mais cela me parait injuste de répondre que tout va bien, alors que ce n’est pas le cas. Sa seule présence suffit à ce que rien n’aille correctement dans ma vie. Mais cela non plus je ne peux pas lui dire. Ça ne serait pas juste pour elle et je n’ai aucune envie que les choses dérapent. J’ai l’impression que ma tête va exploser, à force de faire attention à tout, d’analyser les choses et d’être sur mes gardes. J’aimerais vraiment rentrer, mais je veux aussi pouvoir profiter des quelques instant en la compagnie de Diana, surtout qu’ils sont très rares et qu’ils ne dureront pas. Finalement, je décide d’opter pour la réponse de sécurité, celle que tout le monde veut entendre et qui n’exige rien de plus. « Ça va, merci. » Alors que je songe à lui retourner la politesse, je sens bien que j’ai la tête qui tourne pour de vrai. Je ne sais pas si c’est le contre coup de ce que je viens de faire où le fait d’être avec Diana, sûrement un peu des deux au final. « Finalement, ça ne va pas si bien que ça. » Je suis obligée de m’asseoir à côté d’elle un moment, espérant que tout rentre dans l’ordre rapidement. Je n’ai aucune envie de rester ici, dans cet état. « C’est sans aucun doute un manque de sucre, ça va passer rapidement. » Inutile de détailler ce qui ne va pas, elle a sans doute mieux à faire de toute façon, que de s’occuper de cela. Pour le reste, j’espère vraiment que ça va passer rapidement et que je vais pouvoir rentrer chez moi sans aucun problème. Je n’ai absolument aucune envie que tout le monde s’occupe de moi, pas ici et encore moins maintenant.

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But pain’s like water. It finds a way to push through any seal. There’s no way to stop it. Sometimes you have to let yourself sink inside of it before you can learn how to swim to the surface. ✻✻✻ Un désastre. Après plus d’un an sans se voir, leurs retrouvailles avaient été désastreuses. Diana s’en doutait, mais n’y était pas préparée. Pas à ce point. Elle pensait sincèrement être passée à autre chose, mais ce n’était qu’une impression. Impression aidée par l’absence de Rachel dans sa vie. Facile de ne pas penser à une personne quand on ne la voit jamais. Pas immédiatement peut-être, mais au bout d’un moment. Et la revoir, ça avait fait remonter tout un tas de choses qu’elle avait volontairement enterrées. Et elle n’avait rien pu contrôler, si ce n’est son départ précipité. Et elle avait détesté perdre ainsi le contrôle de ses sentiments.
C’est fini entre Rachel et elle, elle le sait bien. Elle pensait que son cœur était d’accord mais, face à la belle rousse, il s’accélère à nouveau. La croiser deux fois en moins d’un mois, c’est une sacrée malchance. Cette fois, c’est l’appréhension qui passe devant le plaisir de voir son visage. La dernière fois qu’elles se sont vues, elle l’a laissée seule dans un couloir après l’avoir embrassée. Et il ne s’est pas passé assez de temps pour qu’elle ait pu oublier. Ou au moins pardonner, un tout petit peu. Et sans doute a-t-elle peur de subir sa colère, qui serait pourtant légitime. Peut-être a-t-elle peur de l’avoir blessée, tout comme elle l’est, elle aussi. Mais quel autre choix avait-elle ?
Sans doute devrait-elle fuir aujourd’hui encore. Prétexter avoir besoin d’aller aux toilettes et n’en revenir qu’une fois que Rachel sera partie. Mais pour une raison qu’elle ne comprend pas – ou ne veut pas comprendre – elle reste là. Tout en espérant que leur rencontre ne dure pas trop longtemps, pour que son cœur puisse y survivre. « Ça va, merci. » Et Diana, elle ne sait pas ce qu’elle pourrait ajouter. Elle ne veut pas parler de l’autre soir. Elle ne veut pas parler d’elles. Ce elles qui n’existe plus. Qu’est-ce qu’il leur reste alors ? Diana est incapable de penser à un sujet qui ne serait pas dangereux. Alors qu’elle se demande comment écourter la conversation, elle remarque que Rachel est plus pâle. Plus que d’habitude. « Finalement, ça ne va pas si bien que ça. » Elle s’assied, elle a l’air prête à tourner de l’œil, et Diana se penche vers elle, inquiète. « C’est sans aucun doute un manque de sucre, ça va passer rapidement. » Elle ne se souvient pas avoir déjà vu Rachel dans cet état, à part après un surplus d’alcool. Mais elle ne semble pas ivre, simplement affaiblie. Et Diana est sincèrement inquiète pour elle.
« D’accord, je reviens. » Et elle se lève, sans plus attendre, pour aller voir la secrétaire mal aimable. Elle ne lui laisse pas le choix et lui demande des morceaux de sucre et un verre d’eau, promettant un scandale si ça n’arrive pas rapidement. Et elle en serait capable. Elle revient vers Rachel, toujours assise, et espère qu’elle ne l’a pas entendue s’énerver contre la secrétaire. « Tiens, reprends un peu de forces. » Dit-elle en se rasseyant à côté d’elle et en lui tendant les morceaux de sucre. Elle ne sait pas si ça suffira, mais elle l’espère. Elle ne s’inquiète plus du reste, du désastre qu’est leur relation, elle est juste inquiète pour Rachel. Elle lui donne le verre d’eau ensuite, tout en l’observant furtivement. « Qu’est-ce qui se passe ? C’est pour ça que tu es chez le docteur ? » Elle ne sait pas à quoi peut être dû une telle faiblesse, ni quels sont les types de docteurs qui travaillent dans ce cabinet. Et être dans le flou ainsi, elle déteste ça. Et si Rachel allait vraiment mal ?

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Trick or treat ?

Diana & Rachel.

Life gives you lots of chances to screw up which means you have just as many chances to get it right. ✻✻✻ Je n’aime pas être malade, c’est une perte de temps considérable, sans parler du fait de se sentir mal. Je fais toujours attention, pour que cela arrive le moins possible. C’est donc extrêmement frustrant de sentir ma tête tourner, alors que je me trouve face à Diana. Cela m’arrive rarement, je suis plutôt résistante, mais pas aujourd’hui. Non, pour le moment, j’ai l’impression que mes jambes vont me lâcher d’une seconde à l’autre, m’obligeant ainsi à m’asseoir à côté de Diana. Je n’ai pas envie de rester là, je voudrais rentrer chez moi, mais je suppose que cela ne va pas arriver tout de suite. J’essaie d’être rassurante, en lui disant que ce n’est probablement rien, ce qui doit être le cas. Mais en vérité, j’aurais envie de m’allonger et de ne plus bouger. Est-ce dû à l’émotion de la revoir, de la trouver ici ou bien à cause de mon rendez-vous, je ne saurais pas dire, mais je suppose que les deux doivent y avoir contribué. Ça ne doit pas être grand-chose, un léger malaise rien de bien grave et vu la journée que je passe, je pense que cela pourrait être pire. « D’accord, je reviens. » J’ai envie de lui dire de rester là, que ce n’est rien, mais je n’en ai pas la force. Les yeux fermés, les mains sur les tempes, j’attends que cela passe. Je déteste être dans cet état, d’autant plus ici entourée d’inconnus et devant Diana. Je n’ai absolument pas envie qu’elle s’inquiète, surtout après tout ce qui s’est passé la dernière fois. « Tiens, reprends un peu de forces. » Je rouvre les yeux en attendant sa voix à côté de moi, je ne sais pas combien de temps elle s’est absentée, sûrement peu de temps. J’ai l’impression d’être totalement en dehors de la réalité. Je relève la tête, constatant qu’elle tourne un peu moins, ce qui est une bonne chose. J’ai sûrement besoin d’un peu de calme et je pourrais ensuite rentrer chez moi et oublier tout ça. « Merci. » Je prends les morceaux de sucre, tout en évitant de la regarder, je n’ai pas envie de savoir si elle s’inquiète réellement, ou si elle se sent obligée de m’aider à cause de notre histoire. J’ai toute les peines du monde à mâcher le morceau, mais je persiste histoire de voir si cela peut marcher. En revanche, un seul suffira totalement. Je prends ensuite le verre d’eau, que j’avale d’une traite. Je ne m’étais pas rendu compte que j’avais aussi soif. J’ai l’impression d’aller un peu mieux, mais peut-être pas encore assez pour me lever et rentrer chez moi. Je dois me rendre à l’évidence, je suis encore coincée ici pour quelques minutes.
« Qu’est-ce qui se passe ? C’est pour ça que tu es chez le docteur ? » Je me rends compte au ton de sa voix, qu’elle s’inquiète réellement, ce qui me fait mal au cœur. Je n’arrive plus à la comprendre et ce constat me fait mal. Ce n’est pourtant pas le moment, de me laisser entraîner là-dedans. J’aimerais pouvoir lui dire la vérité, mais ce n’est pas vraiment le bon moment, ni le lieu idéal pour cela. « Non, ne t’inquiète pas. Ce n’est rien, je me sens déjà mieux. » Je relève la tête, constatant que oui je vais mieux, même si je n’irais pas faire grand-chose au cas où. « Vraiment, ça va. » Je lui souris, évitant quand même son regard. Je n’ai pas la force de devoir en plus la regarder. J’aimerais pouvoir rentrer chez moi, me coucher et ne plus bouger jusqu’ici demain, mais j’ai la vague impression que cela va être compliqué. En effet, je vois mon médecin sortir, ce qui bien évidemment ne m’arrange pas. J’espère seulement, qu’elle ne s’intéressera pas à moi, mais voyant la secrétaire lui parler, je suis presque sûre que c’est raté. Je ne suis pas malade, c’était un simple étourdissement rien de plus. « Mademoiselle Montgomery, vous allez bien ? » Je voudrais disparaître, je n’aime pas que l’on s’occupe de moi de la sorte. « Oui, très bien. Un simple étourdissement. » Je secoue ma main, comme pour signifier que ce n’est rien, mais je ne suis pas sûre de convaincre qui que ce soit. Finalement, après m’avoir observé pendant un temps qui me semble interminable, elle finit par repartir, non sans parler à la secrétaire tout en me regardant. Je ne suis pas sur le point de mourir, j’ai simplement eu un moment de faiblesse, rien de grave. Je me retourne vers Diana, voulant la rassurer pour de bon. « Je pense que je vais pouvoir rentrer. Merci. » De t’être occupée de moi je voudrais rajouter, mais je n’en fais rien. Je n’ai pas envie de passer de nouveau pour une imbécile, la dernière fois m’a largement suffit. Avec tout cela, j’en ai presque oublié pourquoi je suis ici dans un premier lieu. J’espère seulement, que ce n’est pas un mauvais signe pour la suite.

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But pain’s like water. It finds a way to push through any seal. There’s no way to stop it. Sometimes you have to let yourself sink inside of it before you can learn how to swim to the surface. ✻✻✻ Pourquoi diable s’inquiète-t-elle autant ? Ça ne devrait pas la toucher tant que ça. Après tout, c’est fini entre Rachel et elle. Mais, si elle a tendance à penser qu’elle peut cesser de se préoccuper d’une personne juste en l’effaçant de sa vie, c’est n’est, apparemment, pas toujours vrai. Dommage, ça serait tellement plus facile. La théorie a beau lui donner envie, elle est dans la réalité, et observe Rachel boire un verre d’eau, réellement inquiète pour elle. Sans doute n’est-ce rien mais il n’empêche qu’elle a presque tourné de l’œil, et Diana ne l’avait jamais vue ainsi. Peut-être est-elle simplement un peu malade, et c’est la raison pour laquelle elle était dans le cabinet. Ou peut-être est-ce grave, et Diana a raison de s’inquiéter. En fait, ne pas savoir rend toute la situation bien pire, pendant que plusieurs scénarios passent par la tête de la brune.
« Non, ne t’inquiète pas. Ce n’est rien, je me sens déjà mieux. » S’il est vrai qu’elle est moins pâle qu’il y a deux minutes, ça n’efface pas l’inquiétude de Diana. Elle voudrait bien pourtant. « Vraiment, ça va. » Sauf qu’elle n’est pas certaine de pouvoir lui faire confiance. Après tout, elle pourrait dire ça pour que Diana la laisse tranquille, ce qu’elle comprendrait parfaitement. Qui a envie que son ex s’occupe de soi quand on va mal ? Surtout quand leur dernière rencontre a été si houleuse. Mais elle semble vraiment aller mieux. Peut-être est-il temps qu’elle arrête de s’inquiéter pour Rachel. Ou qu’elle arrête de penser à elle tout court. Ce qui serait nettement plus simple si elle arrêtait de la croiser à tout bout de champ. « Tu es sûre ? » Demande-t-elle. C’est le moment que choisit une femme en blouse blanche, d’un âge avancé, pour venir vers elles. Ça doit être le médecin de Rachel, puisqu’elle s’adresse à elle par son nom. Au moins, si elle ne va pas bien, le médecin devrait pouvoir s’en occuper, et Diana pourrait être pleinement rassurée. Enfin peut-être. Elle examine la jeune avocate, et Diana observe la scène, essayant d’interpréter les regards et silences du médecin. Pas si facile que ça. Surtout qu’elle finit par repartir, sans rien avoir ajouté. Si elle était inquiète, elle aurait sûrement dit quelque chose, ça doit être bon signe. Oui, c’est un bon signe.
« Je pense que je vais pouvoir rentrer. Merci. » Sans doute a-t-elle raison. Diana ne sait pas si elle doit la retenir ou non. Ou même si elle veut la retenir. Entre elles, il ne reste plus que des silences gênants, et c’est pire que rien du tout. Elle préférerait ne pas la croiser, alors pourquoi lui demander de rester ? Surtout qu’elle n’a rien de plus à lui dire. Tout ce qui lui vient à l’esprit, c’est la soirée d’anniversaire de Gemma, et le baiser qu’elles ont échangé. Mais elle ne peut pas parler de ça, ça serait idiot. Trop risqué. « Tu es sûre que ça va mieux ? » Demande-t-elle quand même, inquiète que Rachel puisse repartir alors qu’elle n’est pas prête, tout simplement pour l’éviter. Même si cette pensée lui fait mal, elle pourrait comprendre. Elle aussi, avait choisi la fuite la dernière fois qu’elles se sont vues. Et elle le ferait sans doute encore aujourd’hui, si elle n’attendait pas un rendez-vous. « Je suis désolée… » Dit-elle tout bas, espérant sans doute que Rachel ne l’entendra pas. Elle ne sait même plus pourquoi elle s’excuse, ni si ça signifie quelque chose. Mais elle est réellement désolée. Désolée qu’elles en soient là aujourd’hui.

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Trick or treat ?

Diana & Rachel.

Life gives you lots of chances to screw up which means you have just as many chances to get it right. ✻✻✻ « Tu es sûre ? » Je suis touchée qu’elle s’inquiète réellement, mais je n’ai pas envie qu’elle s’inquiète plus que nécessaire. Je hoche donc la tête pour confirmer, que oui, je suis sûre. Ce n’est pas totalement le cas, mais elle n’a pas besoin de le savoir. Tout comme je n’ai pas envie de lui parler de ma réelle présence ici, il est beaucoup trop tôt et puis je ne suis pas sûre d’en avoir envie après la dernière fois. Même si je pense comprendre pourquoi elle a agi de la sorte, cela ne change rien au fait qu’elle m’a laissé toute seule, comme si tout n’était qu’une terrible erreur. Peut-être que c’est le cas, sûrement même, mais je ne pourrais jamais réellement le savoir puisqu’elle refuse que l’on se parle réellement. C’est après tout, elle qui a voulu couper les ponts après notre rupture, et même si je n’ai jamais été d’accord avec ça, j’ai respecté son choix. Peut-être que je n’aurais pas dû. Il est de toute façon bien trop tard pour changer les choses, alors à quoi bon repenser à tout cela ? La seule chose dont j’ai envie, c’est de rentrer à la maison et de ne plus rien faire de ma soirée. Seulement, si je me sens un peu mieux, je ne suis pas sûre d’arriver à rentrer tout de suite. Et comme pour ajouter une couche, voilà que mon médecin sort et qu’elle me pose la question à son tour. Je vais bien. Aussi bien que possible étant donné les circonstances, cependant. J’aurais envie de disparaître, je n’ai pas envie que tout le monde s’occupe de moi. Finalement, mon médecin fini par repartir, me laissant seule avec Diana. Enfin, si je fais abstraction du monde autour. Mais c’est peut-être mieux qu’il y ait du monde autour de nous. Impossible de parler de ce que je voudrais discuter, tout comme nous ne risquons pas de nous embrasser de nous cette fois-ci. C’est sans aucun doute pour le mieux. Finalement, comme pour me donner le courage, je finis par lui annoncer que je devrais pouvoir rentrer. Je ne sais pas si c’est le cas, mais je n’ai pas vraiment envie de m’éterniser ici. Il y a trop de monde, et la situation est trop bizarre. « Tu es sûre que ça va mieux ? » Je m’autorise à la regarder réellement, constatant qu’elle semble vraiment inquiète pour moi. À sa place je le serais aussi, alors je comprends. Malgré tout, cela me fait plaisir. Au moins quelque part, peut-être que je compte encore un peu pour elle. « Oui, oui, ça va aller. » Cependant, j’attends encore quelques secondes avant d’essayer de me lever.
« Je suis désolée… » Est-ce que j’ai bien entendue ? Diana a parlé à voix basse, mais étant juste à côté d’elle, il est difficile de ne pas avoir entendue. Je la regarde sans réellement comprendre. Pourquoi s’excuse-t-elle ? Et surtout pourquoi ici, et maintenant ? Je suis sur le point de me lever, les mains appuyées sur le bord de la chaise, pour m’aider, mais je n’ose plus bouger. La tête semble me tourner de nouveau, mais cette fois-ci, je sais très bien que c’est à cause de la situation. Pourquoi faut-il que les choses soient aussi compliquées entre nous désormais ? Je n’arriverais jamais à comprendre comment nous en sommes arrivées là… « Pourquoi ? » Je ne peux pas faire comme si je ne l’avais pas entendue. Cela ne serait pas juste envers elle, ni moi, ni pour nous deux. Même s’il n’y a plus de nous désormais. Cependant, je ne suis pas sûre que ce soit le bon endroit pour discuter, mais qu’importe. Ici ou ailleurs, est-ce que ça pourrait réellement changer les choses ? Je ne sais pas ce que je dois lui dire de plus. Est-ce qu’il ne vaudrait pas mieux que je parte comme je le voulais. Qu’elle reste pour son rendez-vous, que je rentre chez moi, et que chacune reprennent le cours de sa vie. Pourtant, je suis totalement incapable de bouger, pas maintenant. Quand il s’agit de Diana, j’ai l’impression de ne plus pouvoir faire quelque-chose de logique. C’est frustrant et terriblement pénible, mais je suis totalement incapable d’être rationnelle. Est-ce que j’ai pourtant envie de savoir pourquoi est-elle désolée ? La réponse est oui bien évidemment, mais je ne sais pas si sa réponse va me plaire. Je ne sais pas de quoi elle parle. D’aujourd’hui ? De la dernière fois ? De tout ? Peut-importe, de toute façon, la situation est bien trop compliqué pour que tout s’arrange comme cela. Il est peut-être trop tard pour tout, de toute façon. Après plus d’un an sans nouvelles, les choses ne peuvent pas redevenir comme avant. Et puis, il n’a jamais été question que cela redevienne comme avant, nous n’arrivons même plus à discuter. Et c’est bien ce qui me rend le plus triste.

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