I've got your hand, it's us against consensus - Liam

1989 - « Je reviendrai te chercher. Bientôt. » Un baiser déposé sur le front de petit garçon, puis elle était partie, le laissant seul avec ces inconnus qui le dévisageaient. Liam appela sa mère une dernière fois, mais la dame qui les avaient conduits ici, Sophie, lui pris la main pour l’emmener vers ces personnes qui attendaient sur le pas de la porte. Le petit garçon se débâtit, sans succès. Un dernier regard en arrière et elle avait disparu. Il savait qu’elle était entrée dans la voiture de la dame. Pourquoi partait-elle ? Pourquoi ne voulait-elle plus lui parler, ni rester avec lui ? Ses yeux s’embuèrent alors qu’ils approchaient de la porte d’entrée. « Bonjour toi, tu t’appelles Liam c’est bien ça ? » Il plongea son regard dans celui de l’inconnue puis son regard glissa vers celui de l’homme qui se tenait à ses côtés. Liam secoua la tête en silence. Sa maman lui avait toujours dit qu’il ne fallait pas parler aux inconnus. C’était ce qu’étaient ces personnes, des inconnus. Rien de plus, rien de moins. Il tourna vers la tête vers Sophie et tira sur sa main. « Je veux ma maman, elle part où ? » Une larme coula le long de sa joue, il renifla pour ne pas pleurer. « Tu vas rester ici quelques temps Liam. Patricia et Alan vont s’occuper de toi, jusqu’au retour de ta maman. » Il plissa le front avant de reporter son attention sur le couple.

2002 - L’Australie. Ses étendues à pertes de vue, ses paysages sauvages et sa culture si différente de tout ce qu’il avait connu. Un sentiment de fierté s’empara de Liam lorsqu’il posa les pieds pour la première fois sur le territoire australien. Il avait travaillé dur pour pouvoir vivre son rêver et quitter l’Angleterre. Toutes ces heures passées à enchaîner tous les petits boulots qu’il trouvait, au lieu de profiter des soirées et sorties en compagnie de ses amis, avaient finies par être rentables. Rien ne le retenait plus là-bas, rien de l’avait jamais retenu. Quelque part au fond de lui, il se disait que c’était le seul avantage de n’avoir aucune famille sur qui compter. Il pouvait partir, parcourir le monde, vivre ses rêves sans ne penser à ce qu’il laissait derrière lui. Il était libre. Libre d’aller où il voulait, de tout plaquer du jour au lendemain si l’envie lui en prenait. Il replia la carte qu’il tenait entre ses mains et remonta son sac à dos sur son épaule. Un sourire se dessina sur ses lèvres alors qu’il s’apprêtait à vivre enfin pleinement sa vie. Ici il n’était plus le petit garçon ayant grandi en foyer d’accueil, il était simplement Liam, un étranger comme un autre, venant se perdre dans l’immensité du territoire australien.

2010 - Un rire s’échappa d’entre ses lèvres, la jeune femme assise face à lui avait toute son attention. Ses doigts glissaient sur la main du jeune homme alors qu’elle lui racontait ses projets d’avenir. Il ne l’écoutait désormais plus qu’à moitié, son regard s’était arrêté sur les lèvres pulpeuses de la dénommée Lydia. Il regardait ses dernières avec envie. Elle l’avait abordé avec une facilité déconcertante, vingt minutes plus tôt et Liam n’avait pas songé un seul instant à repousser ses avances. Son pied tapait doucement sur le bois d’un des barreaux du tabouret sur lequel il était assis, au rythme de la musique. Il avait du mal à rester immobile, à se concentrer sur ce qu’elle lui racontait, ses pensées étaient ailleurs. Un sourire parcourut ses lèvres lorsqu’il releva les yeux pour venir croiser son regard noisette. Elle était plus jeune que lui, ça se voyait sur les traits de son visage, ça n’estompait cependant en rien l’attirance qu’il éprouvait pour la jeune femme. Les doigts de Lydia remontaient peu à peu, venant terminer leurs caresses sur son avant-bras et un frisson parcourut le corps du jeune homme. Il n’était pas venu ici pour ça, un dernier verre avant de rentrer préparer sa valise pour son retour en Australie, c’était ce qu’il s’était dit. Mais la tentation était trop forte pour ne serait-ce que songer à résister. Il acquiesça d’un hochement de tête lorsqu’elle lui proposa d’aller dans un autre endroit. « Je te suis. » Murmura-t-il au creux de son oreille, en se levant du tabouret.

2014 - Un sourire était dessiné sur ses lèvres, ses yeux s’embuèrent alors que l’infirmière vint placer le nourrisson dans ses bras. Il était si petit, semblait si fragile, qu’il avait peur de lui faire mal en le tenant ainsi dans ses bras. Malgré les tentatives de l’infirmière pour le rassurer, il restait effrayé à l’idée de ne pas savoir comment s’y prendre. Il ne savait pas comment être un bon père, il n’avait jamais eu de modèle à suivre, personne n’avait tenu ce rôle dans sa vie et il se retrouvait désormais responsable de ce petit être. Il releva la tête et son regard vint croiser celui encore fatigué de Laura. Elle lui souriait doucement et les battements de son cœur s’accélérèrent dans sa poitrine. Il l’aimait. Pour être entrée dans sa vie, pour lui avoir offert ce dont il avait toujours rêvé, une famille, un foyer et cette impression de plus être seul. Il l’aimait pour tout ce qu’elle lui apportait depuis trois ans. « Approche. » Souffla-t-elle de sa voix douce. Il opina et s’approcha doucement pour venir s’asseoir sur le fauteuil près du lit. Ses gestes étaient lents et mesurés, il berçait avec délicatesse son fils, le regard brillant. « Il a tes yeux, tu sais. » S’enquit-il, se penchant pour déposer un baiser sur ses lèvres. « Il a les yeux fermés. » Déclara-t-elle en fronçant les sourcils. Liam laissa échapper un rire avant de reporter son attention sur le petit Louis encore endormi. « J’ai eu le temps de les voir. » Son pouce faisait des vas et vient sur la petite main potelée de son fils.

2015 - Un vague sentiment de nostalgie s’empara de Liam, il y avait bien longtemps qu’il n’avait pas remis les pieds en Angleterre. Il était revenu à quelques reprises, mais jamais dans l’optique de rester définitivement. Sa main attrapa celle de Laura, elle grelottait et un rire s’échappa d’entre les lèvres du jeune homme. « Tu vas t’habituer au climat, je me suis bien habituée à celui de l’Australie. » La taquina-t-il en souriant. « C’est différent, ici il fait froid. » Sa mine boudeuse l’amusait. Il l’attira un peu plus vers lui et passa un bras autour de sa taille. En ce moment précis il s’estimait être un homme chanceux. Il aurait pu refuser le poste qu’on lui offrait dans cette grande agence Londonienne, il aurait pu se contenter de ce qu’il avait et ne pas l’obliger à quitter sa famille et le pays qu’elle avait toujours connu, uniquement pour le suivre lui. Mais elle avait acceptée de le suivre, elle l’avait même poussé à accepter cette offre. C’était grâce à elle qu’il était ici aujourd’hui.

2016 - Dehors la pluie tombait en trombe, le ciel s’était assombrit avec l’arrivée des premiers nuages et l’air s’était rafraîchis, faisant baisser la température extérieure. Liam regarda les gouttes d’eau glisser le long de la fenêtre avant de reporter son attention sur le poste de télévision. Son bras s’était enroulé autour du corps de la jeune femme qui était venue caler sa tête contre son torse. Le film qui passait à la télé ne l’intéressait pas, doucement il vint passer une main dans le cou de Lydia et caressa sa peau avec délicatesse avant de se pencher pour venir capturer ses lèvres. Un frisson traversa son corps au contact de ses lèvres sur les siennes. Elle avait cet effet là sur lui, il savait que ce qu’il faisait était mal, mais il ne voulait pas y penser, pas lorsqu’il était avec elle. Lydia avait un drôle de pouvoir sur lui, il n’était même pas sûr qu’elle en soit consciente. Il était attiré vers elle comme un vulgaire morceau de fer serait attiré par un aimant. Il avait passé les premières semaines de leur liaison à se promettre chaque soir en rentrant chez lui qu’il mettrait fin à leur relation, mais il lui suffisait de croiser une nouvelle fois son regard pour changer d’avis. Elle était devenue bien trop précieuse pour qu’il ne se résolve à l’effacer de sa vie. Son regard glissa discrètement vers la montre qu’il portait au poignet et un léger soupir s’échappa d’entre ses lèvres. Lydia plissa le front, elle savait ce que cela signifiait. « Déjà ? » Il hocha la tête et vint déposer un baiser sur ses lèvres. « On se voit mardi ? » Il se dégagea et attrapa sa veste qui était posée sur le dossier du canapé. « Tu ne peux pas rester un peu plus longtemps… juste pour une fois ? » Il se retourne vers elle avec un pincement au cœur. Il ignorait ce qui le faisait le plus culpabiliser. Tromper Laura ou obliger Lydia à vivre ainsi. « Pas ce soir, non. » Il pouvait lire la déception au travers de son regard, il s’en voulait de se montrer aussi égoïste et de ne parvenir à mettre fin à l’une de ces deux relations. Sa main se posa sur la poignée de la porte et il sortit sous la pluie qui continuait de tomber.