(✰) message posté Lun 27 Juin 2016 - 17:29 par Invité
« Monsieur Campbell, vous pourriez m’aider sur un projet ? On organise un festival avec des amis, et on se charge nous-même de la com, des flys,… » « Pas de soucis Joe, mais là je dois aller faire cours, tu m’envoies un mail ? » « Bien, merci m’sieur ! A plus ! » Jude adressa un grand sourire à l’étudiant qui s’éloignait, il regarda rapidement sa montre : c’est bien ce qu’il craignait, il était en retard ! Ce jour-là il devait faire une intervention dans une nouvelle classe, des étudiants en art. Il ne savait pas trop à quoi s’attendre, généralement on l’appelait surtout pour les classes de communication et de spé design, mais quoi qu’il en soit, il n’allait certainement pas refuser. Ces interventions à l’université lui permettaient de gagner sa vie un peu mieux qu’avec son seul statut de freelance.
En retard donc, il passa enfin la salle de l’amphi qu’on lui avait indiqué. Les étudiants étaient déjà là, et le silence se fit assez rapidement. Il posa son ordinateur sur son bureau et, joignant ses mains devant lui en sorte de prière, commença son petit discours. « Bien, je suis extrêmement désolé pour mon petit retard. Promis, si ça arrive à l’un de vous, je ne dirai rien ! » Certains étudiants eurent un léger sourire et Jude se détendit. Il pouvait enfin commencer, il s’installa confortablement, à moitié assis sur son bureau et commença. « Bon, je m’appelle donc Jude Campbell. Je ne suis pas l’un de vos professeurs, simplement un intervenant, j’imagine qu’on vous l’a expliqué. Cela fait maintenant un peu plus de dix ans que je suis freelance en montage vidéo et infographie, et on m’a demandé de vous ouvrir un peu la voie du monde numérique. Je ne prétends pas que ça vous intéressera, mais on peut toujours essayer ! » Pause rire pour de nombreuses personnes. Jude aimait bien cette relation qu’il pouvait entretenir avec les jeunes. Il balaya l’amphi des yeux, cherchant à capter les regards. « Je ne suis pas bien plus vieux que vous, par conséquent, j’accepterai sans problème les tutoiements, les monsieur Campbell comme les Jude, qui sait, on pourrait peut-être même devenir amis et traîner ensemble, aller boire un coup au bar et…. » Ses yeux s’arrêtèrent sur une étudiante. Il la connaissait, et il savait très bien d’où. Kenzo, il n’en savait pas plus, si ce n’est qu’ils avaient couché ensemble, après une soirée dans un bar où elle travaillait en tant que strip-teaseuse. C’était à une époque où le jeune homme tentait par tous les moyens de reprendre confiance en lui, parce qu’après avoir passé huit à n’avoir de relations sexuelles qu’avec une même femme, après sa transformation, Jude avait besoin de se sentir homme, tout simplement. Et il avait tellement peur du rejet, qu’il avait préféré passer ses nuits avec des strip-teaseuses et autres. Jude s’empêcha de la fixer plus longtemps, pour que ça ne paraisse pas bizarre, et continua son petit discours. « Trêve de plaisanteries. Que les choses soient claires, je vais revenir plusieurs fois pour vous faire des TP, et j’aimerais que les choses se passent au mieux. Si vous avez des questions, n’hésitez pas à m’interrompre, je ne suis pas là pour vous faire un cours magistral ! » Jude continua alors ce pseudo-cours en projetant son ordinateur sur le rétro-projecteur, pour leur montrer des travaux qu’il avait réalisé, notamment avec des artistes sculpteurs et autres artistes pour leur montrer que le monde du numérique pouvait tout à fait leur servir à eux aussi, en image animée et en fixe. Et chaque fois qu’il quittait l’écran des yeux pour regarder ses élèves, son regard retombait inlassablement sur Kenzo.
Kenzo A. Armanskij
MEMBRE
» Date d'inscription : 27/05/2014
» Messages : 1875
» Pseudo : .KENZO (Louise)
» Avatar : kaya scodelario
» Âge : vingt-sept ans depuis le sept novembre.
» Schizophrénie : max (t. oman) , solal (m. mcmillan), bodevan (g. hedlund) & nyx (b. hadid)
» Absence : 15.03
(✰) message posté Lun 27 Juin 2016 - 23:45 par Kenzo A. Armanskij
Le monde avait changé. Mon monde avait changé. Désormais, il y avait ces matins. Ces matins où je me réveillais heureuse, heureuse de vivre une journée de plus, de découvrir plus. De ressentir. Ils n'existaient plus ces réveils douloureux, insensés, futiles. Avec la seule envie de rester sous sa couette un peu plus longtemps, de fermer les yeux et d'oublier. La douleur. La réalité. La vérité. Je savais désormais où trouver l'espoir. J'allais vivre ma vie à m'occuper d'un merveilleux petit garçon. J'allais tout faire pour le rendre heureux. Pour que ce resplendissant rire ne devienne jamais un souvenir. Mais une réalité. Ma vie avait du sens, et je comprenais désormais ce qui m'avait tant échappé. J'avais été aveuglée, par cette souffrance qui n'avait jamais cessé de croître. J'allais être heureuse. Je l'étais déjà.Je l'étais déjà... Ces quelques mots semblaient si peu réels, tellement insensés. Ce n'était pas pour moi, le bonheur. Du moins, c'est ce que je pensais. Mon pouls s'accélère, intensément. Et un sourire vient étirer mes lèvres. Une sensation si longtemps disparue. La joie me donnait envie de sauter, danser et chanter. J'avais cette envie insatiable de crier mon bonheur à chacun. J'avais de l'espoir, et je voulais le transmettre. Mes peintures s'étaient éclaircies, colorées. Moins de couleurs sombres et ternes. Du noir et blanc, j'étais passée à l'arc-en-ciel. Le fond restait néanmoins toujours obscure, glauque. Je restais moi, et il m'étais impossible de peindre quoique ce soit sans y mettre un peu de mon étrangeté. Mon cahier de prise de notes et mon stylo plume sous le bras, je déambulais dans les couloirs de l'université. J'étais la meuf un peu étrange, celle qui n'utilise presque jamais son ordinateur et qui écrit ses cours aux stylos plume de couleurs différentes dans un cahier gribouillé et personnalisé. Mais j'étais aussi la fille mystérieuse, aux sourires moqueurs et au regard sombre. Celle qu'on a parfois trop peur d'approcher, car on ressent son aura sombre. On sent, cette odeur de poudre, prête à exploser à la moindre flamme. J'allais m'asseoir dans les premiers rangs. J'aimais être attentive et Sylas n'était pas à cette conférence, et donc n'allait pas me déconcentrer. Avec un sourire pensif sur les lèvres, j'ouvrais mon cahier gribouillé que j'avais gardé pour ce cours. J'attrapais ensuite mon casque, et laissais la voix de Faada Freddy illuminer un peu plus ma journée. Je ne vis pas le temps passer, mais je me rendis rapidement compte que les gens s'impatientaient. Je fermais les yeux. Le temps s'écoula et les voix agitées des étudiants me firent revenir à la réalité. L'intervenant venait d'arriver. Je ne pris pas le temps de lui jeter un regard et éteignis ma musique avec précipitation. Je rangeais mon casque et plongeais mon nez dans mon cahier pour noter ce qu'il disait. Mes sens se concentrèrent sur sa voix et je fronçais les sourcils. Je connaissais cette voix. Elle me rappelait des conversations intimes sous la lune lumineuse et perçante. Jude. Je levais les yeux et mon sang se glaça. J'avais couché avec cette homme. Avant. Quand j'étais l'autre Kenzo. La si pathétique Kenzo. Je l'avais suivit, lui aussi, après une soirée à me trémousser pour de l'argent. Il avait été un client. Je déglutis nerveusement et baissais brusquement le regard lorsque je sentis le sien se poser sur moi. Il m'a reconnu. Je l'ai senti. J'ai senti que tu m'as reconnu car tu as cessé de parler. J'ai ressenti ton malaise. Ressens tu le mien? Et la honte? Je tentais de garder mon calme et essayais de me raisonner de ne pas quitter l'amphithéâtre. Le cours fut horriblement long. Pas parce qu'it fut ennuyant, au contraire, Jude avait le don de raconter les choses, de les rendre passionnantes. C'est ce que j'avais aimé chez lui. J'avais tout de suite ressenti sa sensibilité à fleur de peau. Au premier regard. J'avais en quelque sorte choisi mes clients en fonction de mes besoins. Lorsque j'avais besoin d'avoir mal, je choisissais l'homme rageux. Lorsque j'avais besoin de me défouler, je choisissais l'homme fougueux, presque bestial. Lorsque j'avais besoin de douceur, c'était l'homme sensible. Julian avait été l'homme bestial, presque rageux. Et il m'avait surpris, de par sa sensibilité, et sa fragilité. Jude avait été de la dernière catégorie. Non, le cours fut long car le malaise fut immense, intense. Et la sonnerie retentit. Je me précipitais pour ranger mes affaires. Je voulais fuir. Je sentais son regard hésitant sur mon visage caché par mes cheveux bruns. Je sentis alors une main et me retournais brusquement. C'était lui. Je passais une main dans mes cheveux, gênée et affichais un sourire. « Bonjour, Jude. » Je regardais autour de moi. Je ne voulais pas qu'on sache. Qu'on sache quelle genre de personne j'étais avant. Non je ne voulais pas. Je voulais partir. car le passé nous rattrape toujours.