I follow rivers

Sariah n'était en Europe que depuis quelques semaines et comme toujours elle s'était installé un peu à l'arrache dans le premier appartement qu'elle avait visité. C'était son grand défaut, ne jamais rien prévoir, foncer tête baisser et attendre que les conséquences ne pleuvent sur son minois. Cette façon de faire n'avait pas toujours été une réussite, bien au contraire, mais elle n'avait pas encore trouvé comment vivre sa vie d'une autre manière, sa liste d'échec était assez longue, voir même trop longue, et sur le podium on pourrait lire tout ce qu'elle avait fait ou même envisagé avec Charlie. Mais tout ça faisait partie de son passé, qu'elle tentait de fuir aussi vite qu'elle le pouvait. Sariah n'était pas du style à fuir, mais parfois c'était plus simple que d'assumer sa bêtise, et la blondinette avait bien trop de fierté pour assumer quoi que ce soit. Et voilà comment ses très nombreuses erreurs l'avaient amenées à Londres, ville qu'elle connaissait comme sa poche pour y passer plusieurs semaines depuis sa plus tendre enfance, et quand elle s'était enfin décidé à se poser quelques temps, quelques semaines ou quelques mois, elle ne savait pas vraiment pour l'instant, elle avait tout de suite penser à Londres, elle n'y avait jamais vraiment vécu et pour débuter son épopée à travers l'Europe, c'était idéale. Et en quelques semaine son appartement était tout ce qu'il y avait de plus vide, un lit et des valises à peine ouvertes trônaient dans sa chambre, il n'y avait que le stricte nécessaire dans sa cuisine pour survivre et son salon ne rassemblait qu'un canapé, une table basse et sa télé, tout le reste de ses affaires restaient en vrac dans les cartons le long du mur principale, pas très accueillant, mais Sariah a toujours eu du mal à se sentir chez elle, le gros problème d'une globetrotteuse.

Et pour la première fois depuis des jours, Sariah avait décidé de passer une soirée plutôt calme, elle avait commandé des sushis qui ne devrait pas tarder à être livré chez elle, elle avait téléchargé un film sur son ordinateur, en fouillant dans un carton elle trouva les câbles pour les brancher à sa télé et retransmettre son film sur grand écran. Elle ne savait même plus ce que c'était que de passer un moment normal, sans appareil photo, sans moment extraordinaire à immortaliser. Son travail et ses photos avaient été son exutoire quelques parts, le seul moyen de canaliser ses problèmes et de penser à autre chose, à tel point qu'elle s'oubliait elle même. Hayley avait beau lui taper sur les doigts, ce n'était pas à vingt sept ans que Sariah commencerait à changer, c'était peine perdu. Assise sur le sol, l'Australienne cherchait à démêler le sac de nœud qu'avait formé les câbles, avec bien du mal, elle finit par trouver le bout et brancha les différentes parties, la télécommande en main, la manœuvre n'eut pas l’effet escompté, l'écran était noir, il grésillait de tâches noires et blanches. Elle eut beau branché et débranché, de mélanger les couleurs des câbles, le bleu sur le noir, le jaune sur le rouge, ou le blanc sur le vert, rien n'y faisait, même appuyer sur toutes les touches en même temps. Sariah et la technologie, ça faisait trente six, elle soupira, et se demanda ce qu'elle pourrait bien faire en plan B. Bon sang ... Et puis elle jeta son regard sur le pan de mur qu'elle partageait avec son -adorable et trop séduisant voisin- et Sariah se sentait bien stupide, elle n'était pas timide pour deux sous, mais demandé de l'aide à cet homme la bloquait totalement, peut être parce qu'il lui plaisait un peu trop, et qu'il y avait longtemps qu'elle n'avait pas eu le béguin pour quelqu'un. Elle se pinça les lèvre et finit par se redresser, prendre son courage à deux mains n'était pas une mince affaire, mais si elle voulait sa soirée tranquille, elle n'avait pas d'autre choix, et ses autres voisins étaient une mère célibataire et un couple de retraité, pas une aide précieuse. Sariah soupira à nouveau et sortit chez elle, pour exécuter les deux pas qui la séparer de ce voisin, dont elle ne connaissait même pas le prénom, tout ce qu'elle savait c'est qu'il avait un regard à tomber. Elle frappa deux coups à la porte et recula de plusieurs pas jusqu'à se coller au mur. Quand il lui ouvrit la porte, le cœur de Sariah eut un raté, et elle lui sourit bien malgré elle. Bonsoir ...

Sariah se détestait à ce moment précis, l'australienne était si indépendante, qu'elle avait une sainte horreur de demander quoi que soit à qui que se soit, surtout pour installer une simple télé, un prétexte tellement stupide. Si Hayley, sa meilleure amie avait été là, elle l'entendait déjà lui dire que c'était surement le meilleur prétexte qu'elle ait trouvé pour parler à cet homme, okay il lui avait clairement tapé dans l’œil depuis qu'elle avait emménagé dans ce bâtiment, et mise à part rêvasser sur son compte, Sariah n'avait jamais osé, ne serait-ce que l'aborder, elle ne savait rien de lui, et si ça se trouvait il avait une petite amie. En fin de compte, elle le trouvait vraiment attirant, mais elle n'était pas une phase où elle cherchait quelqu'un, elle n'était pas prête à porter son attention sur quelqu'un d'autre que sur elle même, Sariah n'était déjà pas capable de forcer son mari à divorcer, elle ne savait pas non plus si elle voulait vraiment le forcer à quoi que soit. Ce n'était pas bien compliqué de comprendre qu'elle était clairement dans une phase de doute, il n'y avait que ça de sure dans ses récentes décisions. Et c'était en partie pour ça qu'elle se détestait, être incapable de se décider et de faire des choix concrets, Sariah ne comprenait pas vraiment de où cela partait, elle qui avait toujours été très, voir même trop sure d'elle, elle a quand même quitté son pays natale alors qu'elle était à peine majeure pour parcourir la moitié du monde en à peine dix ans, elle s'est également avec un homme qu'elle ne connaissait que depuis quelques mois, des coups de folies elle en avait eu énormément, mais depuis sa fausse couche, tout était devenue beaucoup plus compliqué.

"Bonjour. Je peux vous aider ?"Sariah continuait de lui sourire, elle hésitait à laisser tomber et à se débrouiller toute seule, mais maintenant qu'il avait ouvert la porte, autant lui demander non ? Bonsoir ! Je suis Sariah votre voisine, je ... j'ai des petits soucis avec ma télé, vous vous y connaissez ? lui dit-elle sur un ton qui se voulait naturel, mais elle n'était pas sure que le rendu soit le même. Elle montrait du doigt sa porte d'entrée qui était resté ouverte, et l'invita à entrer dans son appartement, elle continuait de se sentir terriblement ridicule et inutile, mais ça valait le coup pour croiser son regard. Bien malgré elle, Sariah se comportait comme une gamine, elle se souvenait de la première fois qu'elle avait croisé son voisin, sa prestance et son physique lui avait tout de suite tapé dans l’œil, ils avaient juste échangés un simple bonjour et cet homme ne devait surement pas s'en souvenir, mais Sariah n'avait jamais vraiment osé l'abordé. D'abord parce qu'elle n'avait jamais été très doué pour ça, et depuis la fin de son mariage il y a maintenant cinq ans, divorce toujours pas officiellement signé, elle remerciera son futur ex mari à sa manière quand elle sera enfin libre, Sariah n'avait pas vraiment confiance en elle, sa vie sentimental était absolument chaotique, même après une brève relation avec Raphaël, qui s'était également mal terminé. Non vraiment Sariah n'était juste pas vraiment doué en ce qui concernait les relations humaines.  

Sariah continuait de lui sourire, juste pour cacher à quel point elle se sentait ridicule et totalement désorientée. Elle n'attendait pas vraiment sa réponse et entra en première dans l'appartement, très simpliste, elle en avait parfaitement conscience, mais puisqu'elle passait le plus claire de son temps dehors, la jeune femme ne voyait pas vraiment l’intérêt de se consacrer à la déco de son appartement dans lequel elle vivait à peine. Elle se retourna vers son voisin et prit conscience d'une chose qui lui avait semblait évident mais qui ne l'était peut être pas. Je ne vous ai pas dérangé au moins ? Vous étiez peut être avec quelqu'un ? Je suis désolée ... Sentiment de stupidité qui s'accentuait davantage.