California Boys [Austin]

Recevoir un texto de la part de Micah relevait du miracle pour moi, il ne m’avait pas donné le moindre signe de vie depuis un bon bout de temps, et je me demandais même s’il était toujours en vie. Malgré tout ce qui s’était passé entre nous, notre amitié profonde, il avait réussi à m’ignorer pendant tout ce temps. J’avais toujours conservé mon portable américain en cas d’urgence ou lorsque je recevais des appels de mes parents ou de mes amis qui étaient restés là-bas. Lorsque ce portable donnait, je m’attendais toujours à avoir le sourire aux lèvres et pourtant lorsque je vis le nom de Micah s’afficher, j’eu comme une boule au ventre, je n’étais pas sur de ce qu’il me dirait une fois que nous serions l’un en face de l’autre, après tout il devait m’en vouloir pour quelque chose pour avoir joué les fantômes pendant tout ce temps. On ne pouvait pas dire que je n’avais pas essayé de renouer le contact mais au bout d’un moment lorsque quelqu’un vous fait comprendre que vous êtes de trop dans sa vie, vous devez simplement vous faire à cette idée et continuer d’avancer. Fort heureusement, je me trouvais déjà non loin du bar dont il m’avait indiqué l’adresse, je lui répondis rapidement avant de me mettre en route. Salut mec, je suis justement dans le coin, je te rejoins là bas dès que possible. Austin. J’agissais comme si tout était normal entre nous, mon SMS ne laissait rien présager de notre éloignement, tout comme le sien. Malgré tout j’étais ravi de pouvoir renouer avec quelqu’un qui venait de chez moi, la Californie me manquait horriblement et même si mon passé avait été des plus houleux après que Micah et moi ayons arrêté de nous voir, je n’en changerais pour rien au monde.

Une fois à l’intérieur, je balayais la salle de gauche à droite pour le trouver. Je l’aurais reconnu entre mille avec sa tête de petit rebelle, il était typiquement américain et ne pouvait certainement pas être confondu avec les British même s’il l’avait voulu. Mec, je suis tellement content de te voir, tu n’imagines pas à quel point je commençais à m’ennuyer ici, les anglais sont beaucoup moins funs qu’on pourrait le croire. Je le pris dans mes bras immédiatement lui donnant une accolade amicale comme nous avions l’habitude de le faire. Mes parents m’ont obligé à venir ici après avoir vu à quel point j’étais idiot lorsque j’avais quelques grammes au compteur que ce soit d’alcool ou de drogue d’ailleurs. J’avoue que c’était un peu dur au début mais j’essaie de m’y faire. Je ne tardais pas à me commander une pinte de bière histoire de fêter cette soirée comme il se devait. J’avais tellement de questions à lui poser, je ne savais même pas par où commencer. A vrai dire je pouvais voir dans son regard qu’il y avait quelque chose qui n’allait pas, ses sourires étaient comme forcés et même son invitation devait sans doute cacher une volonté de m’avouer enfin la raison de tout ce qui s’était passé. C’était aussi une des raisons pour lesquelles j’étais venu aussi vite, je ne voulais plus perdre un instant, je ne pouvais pas rester aussi loin d’un de mes meilleurs amis alors qu’il vivait lui aussi dans cette fichue ville. Bon alors et toi dis moi, qu’est ce qui s’est passé pour que tu disparaisses du jour au lendemain ? Tu ne vas pas me dire que tu t’es réfugié ici parce que je ne t’avais pas rendu cette fameuse capote que j’avais volé dans ton portefeuille alors que toi aussi tu en avais besoin ? Je riais de la situation car ce genre de blague n’appartenait qu’à nous. Je ne pensais pas pouvoir être aussi libéré avec quelqu’un d’autre que lui, il était un peu comme mon frère, ou un membre de la famille qui s’en rapprochait fortement. Sérieusement tu m’as vraiment manqué, c’est moi qui t’invite ce soir, on va faire la fête à l’ancienne, promis. Je pris une gorgée de la bière que la serveuse venait de m’apporter attendant enfin des réponses à mes questions. Cette attente avait été suffisamment insoutenable pour qu’il me fasse languir encore.

Il avait raison aucun des anglais que j’avais rencontré n’avait pu égaler la relation que j’avais avec lui. Nous étions pratiquement du même acabit, c’était difficile de nous arrêter lorsque nous partions dans nos délires et cela faisait bien longtemps que notre groupe de potes de l’époque avait arrêté d’essayer de nous comprendre lorsque nous nous mettions à rire ou à se chambrer l’un l’autre simplement d’un regard ou d’un geste que seul nous pouvions comprendre. Par contre il semblait qu’il était bien plus intégré dans la communauté anglaise que moi, après tout c’est vrai qu’il était originaire de ce pays, il devait certainement connaître Londres et tous ses bons coins alors que moi je ne vivais ici encore qu’en touriste malgré les quelques mois où j’avais pu explorer les bons restaurants et les boites dans le cadre de mon travail afin de surveiller mes clients. Ecoute je suis vraiment content que tu sois là et que tu abordes le sujet, au moins je vais pouvoir découvrir la ville sous un autre angle que celui du pur touriste de base qui ne voit que les monuments et l’architecture, j’ai déjà fais quelques boites mais je suis la plupart du temps rentré bredouille, les filles d’ici sont encore plus vulgaire que chez nous, c’est difficile de trouver celles qui sont à la fois chaude et de bonne famille histoire de ne pas choper une maladie en route. Je riais tandis que la serveuse ne cessait de nous lancer des regards à tous les deux, j’espérais simplement qu’elle ne pensait pas que nous étions gays, nous n’en avions pas l’air, nous étions comme deux potes qui se retrouvent pour refaire le monde mais bon une personne extérieure pourrait s’y tromper. Histoire d’arrondir les angles par rapport aux filles que nous avions pu nous voler l’un l’autre j’allais bien sur lui laisser l’opportunité de la séduire, de toute façon je n’étais plus ça cela près, il y avait un moment que je n’avais pas couché avec quelqu’un et je ne m’en portais pas plus mal, c’était comme un moyen de me désintoxiquer de mon ancienne vie, j’étais devenu presque aussi mature que mes parents le voudrait. Malheureusement ils n’avaient pas pris en compte le fait que je retrouverais Micah qui était mon partenaire pour tous les mauvais coups.

Lorsqu’il répondit à ma question aussi naturellement qu’avec humour, je compris que ce n’était pas ce qui le dérangeait, il y avait quelque chose d’autre, quelque chose qu’il n’osait pas m’avouer, on voyait qu’il tournait autour du pot sans pourtant cracher le morceau. Je me fichais éperdument de la raison au final car nous étions à nouveau réunis pour le meilleur et surtout pour le pire, mais ma curiosité l’emportait sur l’excitation que je ressentais, et il était enfin temps de crever l’abcès. Lorsqu’il aborda le sujet de la jolie française qui à l’époque avait fait sensation dans notre groupe, je me souvins immédiatement de son visage, il était comme ancré dans ma tête. Bien sur que je m’en souvenais d’ailleurs nous avions passé deux semaines absolument mémorables jusqu’à ce qu’elle rentre chez elle. Je ne m’étais jamais résolu à avouer qu’elle me plaisait bien plus que je ne le laissais paraître, mais ce n’était pas le sujet de toute façon. Elle avait été un amour de vacances comme un autre et d’ailleurs c’était à peu près à la même époque que Micah et moi nous étions perdus de vue, y avait-il un rapport ? Oui évidemment que je me souviens d’Angeline, c’est toi qui nous avait présenté, tu l’idéalisais d’ailleurs un peu trop au final elle s’est avéré être très sympa, on a bien rigolé et on s’est éclaté comme jamais au pieu, mais bon nous savions dès le départ qu’elle devait rentrer chez elle alors à quoi bon. Tu ne vas pas me dire que tu étais accroc à elle ? J’ai toujours su que tu avais un faible pour les accents, après tout on n’est pas frères pour rien. je lui tapais dans l’épaule amicalement avant de reprendre une gorgée de ma boisson, il ne semblait pas vraiment à l’aise, était-il en colère parce que je lui avais « volé » cette fille ? Si c’était le cas il aurait du jouer franc jeu avec moi à l’époque et bien évidemment que je me serais retiré de la compétition. J’étais d’ailleurs tellement un enfoiré, que je n’aurais pas pu comprendre qu’il était amoureux s’il ne me l’avait pas dit clairement. Aujourd’hui avec le recul je voyais que je m’étais trompé. J’attendais avec impatience sa confirmation, et espérais qu’il ne me tiendrait pas rigueur de cette histoire, le perdre juste après l’avoir retrouvé serait trop dur pour moi qui se la jouait solo depuis bien trop longtemps maintenant.

C’est vrai que je n’avais jamais vraiment fait le difficile niveau fille mais ça c’était plutôt l’ancien moi. Je pouvais très bien coucher avec une serveuse sympa, qu’avec une riche héritière et sans faire de différence dans ma manière de l’aborder. Il fallait savoir une chose sur les filles, une simple chose, c’est que si on les rencontre en soirée, qu’elles sont célibataires et frustrée, il suffit d’être marrant et de leur faire miroiter que peut être elles ont une chance de ne pas finir leur vie seule pour les faire se poser à l’horizontal. Tu sais, je ne suis plus vraiment ce genre de type, j’ai décidé de mûrir un peu depuis que je suis arrivé ici, c’est au moins un point bénéfique, à défaut d’avoir abandonné le soleil et la mer j’ai dit bonjour à mon côté mauviette. Mais je ne t’apprends rien, ça fait longtemps que tu sais ce que c’est mon Micah. Je pris le temps de boire une gorgée de mon verre avant de reprendre toujours sur le ton de la conversation. Je me doutais bien qu’il devait s’en vouloir déjà assez d’avoir creuser ce fossé entre nous pour en rajouter. Je suis arrivé il y a seulement quelques mois, mais je t’avouerais que je n’ai jamais pensé que tu voudrais me revoir sinon je t’aurais appelé bien plus tôt. Certes je ne voulais pas être brusque, mais il fallait au moins que je sois honnête avec lui, après tout entre potes, c’est la base. Je n’allais pas faire comme si son silence radio ne m’avait pas dérangé surtout qu’après avoir été exilé dans cette ville où je ne connaissais personne, je n’avais jamais eu autant besoin de lui, besoin d’un ami, de mon frère de toujours.

Lorsqu’il m’expliqua enfin quel était le problème, je me sentis presque soulagé de voir qu’il s’agissait en fait de pas grand-chose. Micah était un mec cool, il avait l’habitude comme moi de draguer les filles à la pelle et bien sûr qu’il m’avait dit qu’il avait flashé sur cette jolie française, mais comme à mon habitude j’avais simplement pensé qu’il s’agissait d’une compétition et que le premier qui la mettrait dans son lit serait le gagnant. Je n’étais pas son ami pour rien, s’il était vraiment amoureux d’elle, il aurait dû jouer franc jeu avec moi plutôt que de tourner autour du pot, il me connaissait assez pour savoir que jamais je n’aurais rien tenté s’il m’avait avoué cette vérité. Je comprends ne t’inquiète pas, toi et moi on est pareil, quand j’ai tout fichu en l’air avec Snow c’est simplement parce que j’ai compris que j’étais en train de tomber amoureux d’elle et pourtant je l’avais dans la peau cette fille. Mais c’était simplement impossible pour moi de l’avouer aux autres car même me l’avouer à moi-même était une épreuve à l’époque. Nous n’étions que des petits enfoirés à la recherche de sexe et d’amusement en tout genre. Une tape sur l’épaule plus tard, je l’invitais à se joindre à moi pour faire un billard, après tout autant rendre la soirée intéressante, les filles semblaient cruellement manquer à l’appel et si l’un d’entre nous devait finir avec la serveuse ce soir, cela devait au moins être après une bonne petite compétition entre hommes. Une fois à la table, je retirais ma veste en cuir pour la poser a côté de moi, attrapant une queue et commençant à placer le triangle au bout de la table. Je suis désolé de te l’avoir volé, sincèrement, mais bon le passé c’est le passé, si as pu me pardonner pour ça, je peux te pardonner pour avoir joué les morts pendant tout ce temps, même si je t’en ai voulu pendant un moment considère qu’on est quitte. Je commençais à placer les boules tandis que Micah abordait le sujet qui fâchait. La drogue était un peu mon péché mignon à l’époque, lorsque je me suis retrouvé seul et un peu livré à moi-même. Mes potes n’étaient plus les même, mes fréquentations avaient changé et la plupart du temps mon argent passait dans l’alcool et la drogue simplement pour oublier à quel point je me sentais seul et inutile. A vrai dire j’étais devenu un vrai déchet, l’alcool m’a un peu attaqué sans parler du reste. Et finalement un soir, je conduisais trop vite, j’avais bu et… il y avait cet homme sur le bord de la route… depuis ce temps-là mes parents ont du mal à me regarder dans les yeux, c’est sans doute pour ça qu’ils m’ont envoyé ici. Leur prétexte était ma carrière mais je sais bien dans le fond que je les dégoute simplement. Je ne regardais pas dans les yeux car je ne voulais pas le voir me juger ou voir la pitié qu’il éprouvait pour moi. Je ne voulais pas qu’il ait une vue différente de notre amitié ou de mon comportement en général, je ne l’avais pas vu depuis si longtemps que j’avais simplement peur qu’il réagisse comme mes parents.

La remarque de Micah à propos de Snow ne m’étonnait que très peu, elle avait toujours eu un tempérament de feu, impossible de la tenir en cage et c’était ce qui me plaisait chez elle, elle pouvait tout surmonter sans jamais craquer bien que l’envie était souvent là. Je lui avais fait vivre un enfer et aujourd’hui je le regrettais un peu, je me rendais compte que même la seule personne que j’avais aimé au final, je n’étais même pas capable de la garder, triste souvenirs qu’étaient ceux-là. Lorsque j’avais simplement couché avec cette fille pour lui prouver que j’étai un salaud j’étais descendu au plus bas. J’aurais pu être heureux  à l’époque mais j’avais dit non au bonheur pour préférer ma solitude et ma liberté comme je disais à l’époque. Elle est peut être complètement dingue et même pire que ça, mais c’est sans doute la seule de mes copines que j’ai aimé. J’aurais aimé être assez malin pour le lui dire à l’époque mais bon, c’est évident que je peux me le répéter autant que je veux, au final elle n’était qu’un trou de plus… c’est triste à dire mais le Austin d’il y a 5 ans était un véritable enfoiré ! Maintenant je suis un petit connard prétentieux avec de l’ambition j’ai quand même gagné quelques points tu ne crois pas ? Il ne comprenait pas mes parents, il devait sans doute se dire que leur rôle était de m’aider à traverser ces épreuves et non de m’enfoncer. Malheureusement ils n’avaient pas cette vision des choses, pour eux seule la perfection prédominait et il ne fallait même pas imaginer parler d’abandon ou d’échec dans la famille. C’était presque un sacrilège que je ne sois pas allé à Harvard comme tous mes ancêtres l’avaient fait avant moi, non j’avais préféré rester sur la côte ouest et j’en étais même fier. La mer, le sable, le surf me manquait tellement, je ne pouvais pas faire un pas ici sans tomber sur du béton, impossible de sortir quelque part ou de faire une virée à la plage à moins de partir en périple de 3h. C’était affligeant qu’une ville aussi belle et dynamique ne soit qu’ennui et tristesse pour moi. Il me fit légèrement sourire lorsqu’il m’avoua regretter de ne pas avoir été là pour moi lorsque j’en avais le plus besoin. Il était vraiment le Micah que j’avais quitté il y a un bout de temps, comme si nous étions toujours les meilleurs amis du monde prêt à vaincre ceux qui nous critiquaient ou ne nous comprenaient pas. Tu sais tout ça c’est du passé, l’important c’est que tu sois là maintenant, j’ai eu du mal à m’en remettre, l’éloignement à sans doute jouer sur ma déprime mais n’a pas entaché mon humour et ma bogossitude je te rassure. Ajoutais-je avec un clin d’œil complice. Mes parents ont bien compris que le meilleur moyen de me faire grandir était de me jeter dans le grand bain, c’était leur manière à eux de montrer leur intérêt pour moi. Bizarre non ? Lorsque Micah me raconta sa vie, j’étais vraiment fier de ce qu’il avait pu accomplir, je savais à quel point ça pouvait être difficile parfois de devoir écouter ses parents qui voulaient mettre leur grain de sel dans la moindre décision à prendre, le moindre faux pas était comme une balle en plein cœur pour eux. Ils ne connaissaient rien du libre arbitre et du besoin de s’accomplir et s’épanouir pleinement. L’important était la réputation, et ce qu’elle pouvait rapporter. Je ne fus pas étonné lorsqu’il m’avoua être parti de son mariage pour rejoindre une fille avant de complètement chambouler les plans de son père pour lui. Il avait toujours été un électron libre un peu comme moi, et la seule raison pour laquelle je supportais cette vie à Londres, c’était certainement parce que je m’étais vite rendu compte qu’elle n’était que bénéfique sur mon caractère et ma personnalité en général. Je sais que tu as de la ressource, tu es un type déterminé et c’est ce qui t’a permis d’arriver à faire ce que tu voulais par toi-même, tu as de la chance d’avoir ça en toi. Si mes parents venaient à me couper les vivres du jour au lendemain je ne sais pas où je me retrouverais, sans pouvoir m’acheter tout ce que je veux, quand j’en ai envie, je sais que c’est parler comme un gosse de riche, mais c’est ce que je suis après tout, et j’en ai marre d’essayer de le nier par faux altruisme. Par contre cela ne m’empêche pas de vouloir travailler comme un dingue pour prouver à mon boss que je mérite ma place et que je ne lâcherai pas l’affaire bien que je sois couvert au niveau financier. C’est ma fierté et mon orgueil personnel sans doute qui réagissent. J’entrepris de commencer la partie, un coup de queue sec et avec suffisamment de force pour faire voler les boules aux quatre coins de la table. Deux boules ne tardèrent pas à entrer dans leurs trous respectifs, ce qui valut à Micah une de mes fameuses danses de la victoire. Tu auras la suite plus tard, n’essaye pas de trouver d’excuse, j’ai toujours été meilleur que toi dans pleins de domaines, il serait temps de l’accepter, d’ailleurs la plupart des filles que nous avons échangé seraient sans doute d’accord avec moi ! Mon deuxième coup fut assez pitoyable mais c’était surtout parce que j’étais trop occupé à fanfaronner pour jouer correctement. Je haussais les épaules en signe d’incompréhension et termina ma bière avant de commander pour tous les deux un double whisky glace, nous n’étions plus des gosses, il était temps de prendre en main notre foie et de le mettre à l’épreuve.

Je savais que Micah me comprendrait, même s’il n’avait pas toujours été d’accord avec mes choix ou mes actes il avait toujours essayé de me raisonner en douceur, en me disant que c’était mon choix mais que je devrais penser à ceci ou cela. Bien souvent je lui riais au nez en faisant mine que cela ne m’atteignait pas du tout, mais il avait toujours été le seul capable de me faire réfléchir plus loin que mes propre idées, ses conseils étaient d’or pour moi et il le savait bien, d’ailleurs si j’avais du choisir quelqu’un avec pour qui j’aurais fait n’importe quoi sans poser de questions ça aurait été sans doute lui, il avait été mon compère de conneries pendant tant d’années que je ne l’imaginais pas autrement malgré ce temps que nous avions passé à faire comme si nous étions deux inconnus. Ne t’inquiète pas je ne compte pas changer du tout au tout, je garde ma personnalité, disons juste que j’ai compris que je ne pouvais pas rester un petit connard prétentieux toute ma vie si je voulais avancer. Et maintenant je travaille comme attaché de presse dans une grosse boite de la City, chez un ami de mon père. C’est assez sympa et j’avoue que régler les problèmes des autres et pouvoir par la même occasion me faire des contacts pour évoluer par moi-même me fait bien plaisir. Lorsqu’il souleva bien subtilement le sujet Snow, je le regardais fixement un instant avec de reprendre mon verre pour en vider une bonne partie, cette histoire était bien compliquée et d’ailleurs j’avais du mal à comprendre moi-même ce qui se passait entre nous, j’avais toujours considéré que c’était totalement fini entre nous, même si une petite voix au fond de moi me rappelait sans cesse que si je n’avais pas fait de conneries peut-être que nous serions toujours ensemble et heureux. Malgré tout, Snow n’était pas vraiment le genre de fille à pardonner alors à quoi bon ? Je n’allais pas faire comme si tout allait bien alors qu’elle était complètement dévastée par ce que je lui avais fait, elle ne le disait pas, elle faisait comme si tout était effacé mais je savais que dans le fond je serais toujours pour elle le mec qui lui a brisé le cœur façon connard de première catégorie. Sujet rondement amené dis-moi ! A vrai dire je l’ai vu il n y a pas si longtemps que ça, elle a commencé par m’engueuler de toutes les façons possible puis est passée chez moi, s’étant radoucie et je crois que j’ai fait une connerie… tu sais c’était tellement naturel entre nous, j’ai pas pu m’empêcher de lui sauter dessus, pour être le plus proche possible de la vérité, mais maintenant je ne sais pas comment ça va se passer, j’ai quand même été un vrai con avec elle. Et puis ce n’est qu’une fille parmi d’autres… J’essayais de me convaincre de cette réalité mais bon, c’était assez dur de mentir à Micah, il comprendrait bien vite qu’il y avait bien plus que je ne le laissais paraître derrière tout cela. Tandis que je me concentrais sur la partie de billard, j’essayais d’éviter de le regarder car j’imaginais déjà le discours moralisateur qu’il me ferait s’il se rendait compte que je jouais à l’autruche et que je refusais une fois de plus de voir que j’étais accroc à elle. Un sourire sur les lèvres j’enchainais mes coups jusqu’à ce qu’il ne reste plus que deux boules sur la table. C’était assez serré et finalement il n’avait pas tout perdu, moi et mon esprit de compétition étions à la fois fiers de lui et avions envie de l’assassiner en lui enfonçant les boules une à une dans la gorge. Un très mauvais joueur moi ? Pas du tout. Ne fais pas comme si tu ne m’avais jamais ramené chez moi complètement ivre, tu serais incapable de me laisser dans la merde même si tu le voulais, c’est dans ta nature tu n’y peux rien. Tout comme te vanter de tes conquêtes imaginaires d’ailleurs ! En tout cas, comme tu dis on devrait prévoir quelque chose pour cet été je ne sais pas trop peut-être passer du temps sur la Côte d’Azur dans la maison de vacances de mes parents ? Je pourrais rire en t’écoutant marmonner le peu de mots français que tu connais. Je lui donnais une tape dans le dos avant de reprendre une autre pinte de bière que je commandais évidemment en double pour mon ami. Il fallait qu’il se remette un peu dans le bain, hors de question qu’on ne célèbre pas dignement nos retrouvailles.