California Boys [Austin]

Le jeune homme avait l’air résigné à ne pas changer, seulement ce n’est pas quelque chose qui se contrôle, moi-même je m’étais promis de continuer à être un connard invétéré une fois sur le territoire anglais et pourtant mon job m’avait fait grandir d’une façon qui restait encore un mystère pour moi. Un sourire plus tard je pris un air innocent lorsqu’il m’interrogea sur la raison du défilé de toutes ces boissons. Je souhaitais simplement secrètement voir Micah complètement déchiré, lui qui était si drôle quand il avait un coup dans le nez, cela m’avait manqué. Mais bien évidemment il fallait trouver une excuse qu’il me servit sur un plateau d’argent en parlant de mon job. Ouai tu sais, j’avais pas encore eu l’occasion de le fêter dignement, surtout que mon boss commence peu à peu à me voir autrement que comme le fils pourri gâté d’un de ses pote, j’avoue que ça fait du bien d’être apprécié par quelqu’un pour ses compétences et pas pour son argent. Et tu sais que même si ta famille ne te supporte pas moi je suis là, tu as toujours fait partie de ma famille et tu en feras toujours parti, c’est comme ça. Ce que tu as fait… il fallait vraiment avoir des couilles pour le faire et tu as été brillant pour le coup, tu es sur que c’était bien toi tout seul ? Dis-je pour le taquiner. En vérité j’étais vraiment impressionné qu’il ait pu monter sa propre boite, Micah avait de la ressource et était loin d’être bête, même si lorsque nous étions ensemble notre QI passait de la normale a celui de deux gamins de 10 ans. Lorsqu’il voulait néanmoins il pouvait être plus franc que franc, comme lorsqu’il parlait de mon bonheur potentiel avec Snow. Quelle idée… moi heureux avec une fille, une seule fille ? J’avais du mal à me voir rester fidèle même si je l’aimais vraiment j’étais plutôt du genre à draguer toutes les filles qui passaient même si c’était uniquement du flirt et que ça n’irait jamais plus loin, c’était pratiquement mon outil de travail. Je fus tout de même bouche-bée devant mon meilleur ami qui me faisait un plaidoyer digne d’un grand avocat pour me prouver par a+b que la jeune femme et moi avions une chance de nous remettre ensemble. Tu parles qu’elle m’aime encore, j’ai couché avec elle l’autre soir quand elle est venue chez moi, pourtant je ne me sens pas prêt à me vouer à une seule fille… je veux dire j’ai fait trop de conneries que je ne pourrai jamais rattraper et parfois avoir des sentiments n’est pas suffisant. Mais tu as raison ça ne me coûte rien d’essayer après tout et si jamais je fais le con je compte sur toi pour venir me voir à l’hôpital après qu’elle m’ait démonté. Je trinquais avec lui en riant, même si mes idées étaient loin d’être claires à propos de Snow, je savais qu’il fallait au moins que je tente ma chance, tenter d’être heureux était toujours une belle promesse que je pouvais me faire à moi-même, même si il n’y avait pas grande chance qu’elle puisse s’accomplir. C’était facile pour lui de me dire ça, il n’était pas en pleine transition dans sa vie, il voulait rester le même mec, un peu volage qui n’avait pas d’attache et c’était certainement la manière la plus simple de vivre, sans souffrance et sans tracas. Notre jeu devenait de plus en plus prenant et tout en discutant autour d’un verre je me rendis compte que peut-être pendant tout ce temps si Micah n’avait pas été absent, j’aurais pu sortir du trou, j’aurais pu m’éviter cette descente aux enfers… l’alcool me montait à la tête et maintenant que j’avais gagné, j’étais comme sur un nuage, c’était comme si une vengeance venait de s’accomplir. Je ne me sentais plus moi-même et comme à l’extérieur de mon corps je regardais la scène qui se déroulait devant mes yeux sans pouvoir agir. Et voila j’ai gagné !!! Qu’est-ce que tu dis de ça ? Je pris une autre gorgée de mon verre avant de lui répondre. Ouai c’est ce que tu dis maintenant, jusqu’à la prochaine fois où tu me laisseras tomber, comme tu l’a déjà fait quand j’avais le plus besoin de toi… un rire presque ironique se fit entendre, il était évident que c’était l’alcool qui faisait ressortir cette rancœur que j’avais décidé d’abandonner à la minute ou j’avais vu l’homme auquel je tenais le plus au monde pour être toujours prêt à m’épauler. J’avais du mal à articuler et c’était bien normal, l’alcool ne me faisait souvent jamais de bien lorsque j’en abusais, et après avoir dû subir une désintoxication, je savais qu’il pouvait me faire changer du tout au tout pour devenir cet enfoiré sans cœur que j’étais en train de montrer. Je crois qu’il est temps que je rentre chez moi de toute façon, c’était bien sympa de jouer les hypocrites j’espère, sale lâcheur. Je titubais presque en avançant vers le bar pour y déposer un billet de 100 dollars, leur disant de garder la monnaie, après tout je me fichais complètement de l’argent, j’en avais à profusion, mais des amis, des vrais je n’en avais aucun, du moins c’était ce que je ressentais à ce moment-là, de la solitude uniquement. Une fois dehors je pris une bonne bouffée d’air avant de chercher mes clés de voiture dans ma poche, je ne la prenais que rarement mais il avait fallu que je choisisse ce soir pour devoir conduire évidemment… Lorsque j’entendis Micah arriver derrière moi, je soupirais et d’autant plus lorsqu’il essaya de m’empêcher de partir, je me retourner presque instantanément pour lui mettre mon poing dans la figure avant de tomber moi-même assis sur le sol. Je n’ai pas besoin de toi, je peux m’en sortir tout seul, je ne suis pas débile. Tu étais où quand j’étais en train de crever à moitié sur un lit d’hôpital après mon overdose, hein ? Et quand j’ai dû me sevrer de l’alcool tu es venu me voir ? Si tu avais su tout ça, tu ne m’aurais pas laissé boire autant ce soir, je ne peux pas me contrôler tout seul… et je ne serais pas en train de patauger dans je ne sais quoi sans pouvoir me relever tout seul. Et tu crois mériter le titre de meilleur ami de l’année, tu parles. La situation était grotesque je ressemblais à un gros bébé qui essayait de s’extirper de ses couvertures. Au fond je pensais tout ce que je disais parce que j’en avais voulu à Micah pendant tellement longtemps… mais le pardonner était chose faite, il était bien trop important pour moi, pour gâcher ce lien que nous avions, j’espérais qu’il n’abandonnerait pas, qu’il ne m’abandonnerait pas.

Cette fois un long silence s’installa entre nous. Il venait de me déballer son sac tout comme je l’avais brièvement fait. Il venait de complètement me démolir en 5 minutes. Tout ce qu’il avait dit était tellement horrible pour moi que je ne trouvais même pas les mots pour répondre, il m’accusait des pires choses comme si c’était ma faute si nous nous étions éloigné, comme si je ne m’en voulais pas assez d’avoir percuté ce pauvre mec et de m’en être sorti simplement parce que mes parents sont des gens influents, je n’en retirais aucune gloire loin de là au contraire. Tu t’entends parler ? Tu vas venir me reprocher le fait qu’on se soit éloignés alors qu’en fait c’était juste ta petite fierté qui en avait pris un coup parce qu’une fille avait préféré se faire baiser par moi plutôt que toi ? Non mais tu es ridicule mon pauvre. Je me mis à rire légèrement tandis que je m’accrochais tant bien que mal au banc qui se trouvait derrière moi. Je me disais que le barman n’allait pas tarder à appeler les flics si ce n’était pas déjà fait vu l’état d’ébriété avancé dans lequel ils étaient tous les deux maintenant. Malheureusement pour moi, ayant voulu m’empêcher de me mettre des cuites depuis longtemps j’étais désormais bien soumis aux mêmes règles que les débutants qui ne supportaient plus rien après 3 verres. Malgré tout la violence de ses mots résonnait encore dans ma tête, j’avais pratiquement les larmes qui me montaient aux yeux, moi Austin Jenkins qui ne pleurait jamais pour rien n’y personne, voilà que je me mettais à être touché par de simples mots, il ne méritait sans doute pas mes larmes et encore moins mon amitié, moi qui pensait que tout pouvait être oublié après tout il ne m’avait jamais vraiment fait de crasse, mais après ce soir, il était clair que mon jugement était bien altéré. Non mais oser me dire des trucs pareils, comme si je n’étais qu’un inconnu pour lui qu’il pouvait juger sans vergogne, c’était aller bien au-dela des limites. Je ne pouvais même plus le regarder dans les yeux tellement il me dégoutait. C’est fini Micah, plus de deuxième chance, plus d’amitié il n y a plus rien entre nous. Même les pires ordures qui pourraient me détester comme personne n’auraient jamais pu me sortir ce que tu viens de me dire, tu crois que je suis comme ça alors ? Un alcoolique meurtrier qui n’a aucun remords ? Va te faire foutre. Je pris une profonde inspiration, me laissant comme transporter par ce doux son qui m’appelait, je ne savais pas d’où ça venait mais il me semblait entendre quelque chose et il fallait absolument que j’aille voir de quoi il en retournait pour en avoir le cœur net. Quelques pas difficiles plus loin je me posais sur un petit mur qui faisait office d’arrêt de bus, à vrai dire je doutais qu’un bus passerait à cette heure-là mais j’étais tellement en train de délirer que j’avais perdu toute notion de bon sens que ce soit en ce qui concerne ma vie passé ou ce que j’allais en faire. Tandis que mes yeux étaient fermés pour éviter de voir tout tourner autour de moi, je sentis tout à coup un mal de tête énorme me prendre, je ne comprenais pas ce qui m’arrivait, j’avais l’impression que l’on cherchait à me bruler le cerveau. Ce fut si soudain que je m’écroulais bien vite sur le sol, sans plus pouvoir bouger. Je convulsais doucement, tout en sentant peu à peu mes fonctions s’amenuiser jusqu’à ne plus pouvoir bouger du tout, j’étais certainement en train de faire un bad trip, une mauvaise réaction à l’alcool, j’étais tombé comme dans un espèce de coma dont je ne voulais absolument pas me réveiller. Après tout, si même la personne que je pensais être comme mon frère ne croyait plus en moi, qui le ferait.