Alexander F. Bridgestone # Everything is about sex, except sex. Sex is about power.

La notion de contrôle lui a été inculquée durant ses jeunes années. Fils ainé d’un mariage arrangé entre un politicien en devenir, venant d’une famille de la haute société britannique et de la fille d’un illustre homme d’affaires, son destin était tout tracé. Il n’a pas connu une enfance comme les autres. Il s’agit d’une référence, qui lui est cruellement inaccessible. Il n’a été que spectateur de cette partie de sa vie où il aurait dû expérimenter les choses pour se construire. Cette réalité, il la doit en partie à son statut de privilégié, mais également à un mal qui l’a rongé durant une grande partie de son enfance : une maladie rénale chronique entrainant une anémie, qui le clouait souvent au lit. Malgré ce handicap, qui l’isolait, Alexander n’en oubliait pas qui il était, ce qu’il était supposé devenir. Très sérieux et appliqué, il était un élève brillant comme le voulait son éducation. Il a très tôt appris l’art complexe du piano. C’est d’ailleurs à ce jour, l’instrument qu’il maitrise à la perfection. C’est son moyen d’évasion, de quitter son rôle, son statut, ce monde qui lui apporte peu de satisfaction profonde. Cela lui permet essentiellement de mettre de l’ordre dans ses pensées, ses sentiments lorsqu’ils se font trop puissants et risquent de le faire flancher. De ce fait, durant toute son enfance, comme aujourd’hui, la musique représente une grande partie de son quotidien. Il consomme chaque soir un verre de vin de grand cru, seul dans le salon de musique, qui est son lieu secret, inaccessible, rien qu’à lui. Il y passe une grande partie de ses soirées lorsque l’occasion ou le besoin se fait oppressant. Cette compétence en a fait sa renommée dans le cercle très fermé des privilégiés. Il s’est toujours appliqué avec plaisir à satisfaire l’oreille de ses convives ou de ses hôtes à leur demande. Il aurait pu se prédestiner à une carrière artistique, s’il n’avait pas cerné très tôt que, c’était le pouvoir, la maitrise de cet art, qui faisait la renommée, des hommes. Cette réalité s’est d’autant plus imposée lors du décès prématuré de son père dans un accident de jet privé. Si les sources officielles parlent d’un suicide, les sources officieuses, recueillies par des services privés ont rapidement mis la lumière sur une réalité plus macabre. Un assassinat en bonne et due forme, réalisé par une personne supérieure à leur rang, qui avait toutes les cartes en main et avait piégé son père en le menaçant de tout dévoiler aux autorités et dans l’espace public. Un scandale qui aurait détruit à jamais la respectueuse lignée des Bridgestone. Impossible à tolérer pour tout Britannique qui se respecte.

La perte de son géniteur avec qui il avait développé très peu de liens a néanmoins conditionné la suite de sa vie. Cet esprit de vengeance, cette envie de détruire toutes les allégations qui pourraient s’ébruiter sur le nom sacré de sa famille, l’ont poussé à suivre ses pas, à tracer et s’entourer des bonnes personnes pour arriver à ses fins. Il s’est intéressé notamment aux secrets qui se cachent derrière ces figures impeccables. Il a découvert un dénominateur important : la luxure. Une facette de la vie qui rend tout être cupide au point d’en oublier ses propres intérêts. Si l’envie de se laisser tenter fut de très nombreuses fois tentantes, il a su faire preuve de self-control pour ne pas y succomber. Du moins, en dehors des normes conventionnelles. De ce fait, on ne lui a jamais connu d’aventures extraconjugales lorsqu’il était en couple ou dans le cadre de ce mariage qu’il a mis en place pour s’assurer une alliance des plus prometteuses. Sa vie est calculée aux centimètres près. Il ne laisse pas le hasard désarmer cette carapace et cette image qu’il a créées de son personnage. Si son épouse échappe à son contrôle, il a su s’acquérir le contrôle sur ceux qui pourraient lui porter tort. Si elle suppose avoir une liberté, elle lui est simplement consentie, car il demeure celui qui contrôle la danse. Il est tombé amoureux d’elle pour sa beauté, pour ses manières de femmes élégantes et ses formes généreuses, mais également sa compétence essentielle d’être une mère présente et aimante. Il est fier de la famille qu’ils ont construite grâce à cette union et il lui en est réellement reconnaissant. Cet univers familial qui est une véritable bouffée d’air pur dans son quotidien de représentant public qui œuvre tous les jours pour construire une société meilleure. S’il semble par sa naissance très éloigné des sujets qui impactent les couches de la classe populaire, il fait un travail de terrain considérable. Diplomate de terrain, il prend à bras le corps tous les problèmes qui lui sont transmis et s’il semble être frileux sur la manière de les aborder, il accomplit un travail de fourmi, essayant de favoriser au mieux les intérêts communs et parvient la plupart du temps à mettre en place grâce à ses projets de loi, des solutions durables et avantageuses pour la plupart des parties mises en cause. Seulement, derrière cette vie parfaite et ce travail qui lui fournit cette reconnaissance indispensable à son existence, il possède un secret bien caché : la mort d’un jeune enfant. Un banal accident de la route qui a basculé son existence parfaite dans un chaos puissant. Si cette affaire n’est toujours pas connue du grand public, c’est qu’il tient à la gorge, grâce à une amitié construite depuis des années toutes les bonnes personnes qui peuvent le faire tomber : police, justice, presse. Il demeure un loup solitaire, soucieux de ses intérêts et il compte bien faire en sorte de garder cette vérité secrète, même si elle ronge son âme de la plus cruelle des manières. La culpabilité le rend plus accro à ses substances psychotropes qui font désormais partie de son quotidien et dans lesquelles ils se noient dès que les yeux du monde se détournent de sa personne. Qui sait où tout cela va le conduire. Seul l’avenir lui dira.