"Sérieusement ? Tu fous ta vie en l'air ma fille ! Tu m'entends ? Tu fous ta vie en l'air !" Debout, en plein milieu du salon, cette jeune fille ne disait rien, elle laissait son père crier pendant que sa mère, elle, était en larme, sur le canapé. Elle gardait sa main sur son ventre, la tête baissée. Que pouvait-elle répondre à son père...
"Tu as dix-sept ans, seulement dix-sept ans, tu es sous notre responsabilité. Tu es étudiante, tu te rends comptes ? Ce bébé va gâcher ta vie !" Là était la raison de cette engueulade... La jeune fille était tombée enceinte, enceinte de son petit-copain, de l'homme qu'elle aime. Elle sait qu'elle est encore jeune pour avoir un enfant, mais avorter... Non, elle refusait cette idée, elle ne voulait pas faire ça, elle ne voulait pas tuer son enfant... Elle est capable de s'en occuper non ? Ses parents l'aideront sûrement, et puis, y'a son copain aussi, et les parents de ce dernier. Tous ensemble, ils peuvent s'en occuper de ce bébé, lui donner une belle vie, l'élever comme il faut. Son père lui faisait la morale, ramenait encore et encore l'idée de l'avortement, mais au fond d'elle, elle sait que quand ce bébé viendra au monde, ses parents seront les premiers à la soutenir et à l'aider dans cette grande aventure qui est : être mère.
***
Londres, vingt-neuf Avril mille neuf cent quatre-vingt un, onze heures du matin, chambre 142. Des cris de douleur et des encouragements résonnent dans le couloir, et au bout d'un certain moment, les cris et les pleurs d'un nouveau-né se font entendre. Ce petit bébé recouvert de sang cri à pleins poumons. C'est un petit garçon. Le père se dépêche et coupe le cordon ombilical, le bébé est ensuite emmené. Il se fait nettoyer et les médecins vérifient que tout aille bien. Et enfin, la jeune même prends enfin son fils dans ses bras. Elle le regarde et sourit, elle touche son petit nez, ses petites lèvres, ses petites mains. Elle n'avait jamais vu un bébé aussi beau, en même temps, il s'agit de son bébé... Ses parents la rejoignent, ils veulent voir leur petit-fils. Le père lui, reste près de sa bien-aimée et regarde son fils avec des larmes aux yeux. Et ce moment idyllique fut interrompu par le médecin, et pour une bonne raison. Et bien oui, il faut bien lui donner un nom à ce bébé. La jeune adolescente et son petit-copain se regardent et regardent ensuite leur progéniture. Ils se regardent une dernière fois avant que le père ne prennent la petite main de son fils dans la sienne.
"Forrest. On va l’appeler Forrest."***
"Ecoute moi bien bonhomme. La petite fille que tu vas rencontrer, et bien c'est un nouveau membre de la famille, d'accord ? Elle sera comme une petite sœur pour toi et toi, tu vas être son grand-frère." Tu acquiesce à la phrase de ton père. Âgé de douze ans, tu te trouves assis sur le canapé du salon, regardant ton père partir vers la porte d'entrée. Tu vas avoir une petite sœur, et toi, tu vas être grand-frère. Tu pourras jouer avec elle, et même lui apprendre de nouvelles choses, c'est le rôle des grands-frères non ? Vêtu d'un jean et d'un tee-shirt avec spider-man dessus, tu attends tranquillement, sans rien dire. Tu es tout de même excité à cette idée d'avoir une petite sœur.
Au bout de quelques minutes, tu entends la porte d'entrée et reconnais la voir de tes parents. Ils avancèrent tout les deux vers le salon et tes petits yeux bleus se posèrent alors sur cette petite fille brune à qui ta mère tenait la main. Elle était plus petite que toi, avec des yeux marrons et la peau plus foncé que la tienne. Tu la regarde quelques secondes et te lèves du canapé. Tu te diriges alors vers elle et bien qu'elle soit devenu ta petite-sœur, tu es tout de même légèrement timide. Tu la regardes et jettes un œil à tes parents avant d'enlacer doucement la petite fille en face de toi. Tu plonges ensuite tes yeux bleus dans les siens avant de lui dire en souriant légèrement.
"Je m'appelle Forrest, et je vais être ton grand-frère." A cette phrase, tes parents lâchent un léger rire en te regardant, toi et cette petite fille. Et c'est après que tes parents aient dis quelques mots que tu pris la main de ta nouvelle petite-sœur et que tu lui fis une visite de la maison, une visite personnalisée de surcroît.
***
"Maman, te mets pas dans cet état, je pars juste à l'université, par à l'autre bout du monde" Ces mots sortent de ta bouche pendant que tu termines d'emballer tes affaires. Toi, Forrest William Jones-Collins, âgé de dix-neuf ans, a été admis à l'université d'Oxford. Tes parents étaient heureux pour toi, mais ta mère avait du mal à se faire à l'idée que son bébé, son fils aîné quittait la maison pour aller vivre sur le campus.
Tu mis alors ton dernier carton dans la voiture et ferma le coffre avant de te frotter les mains. Il était l'heure de partir. Ton père te rejoignit devant la maison, il t'offrit une poignée de main avant de te prendre dans ses bras.
"Je suis fier de toi fiston." Tu le serras dans tes bras une dernière fois avant d'entendre ton prénom. Tu vis alors ta petite-sœur, Jamie,maintenant âgé de douze ans, courir vers toi. Tu la pris alors dans tes bras et la porta.
"Hey princesse." Tu la serras contre toi avec un grand sourire et déposa un baiser sur son front avant de la poser par terre. Puis, tu te tourna vers ta mère, encore en larme. Un léger sourire aux lèvres, tu la pris dans tes bras et la serra en fermant les yeux.
"Je t'aime mon fils..." A cette phrase, ton sourire s'agrandit et tu lui frottes alors doucement le dos avant de lui répondre.
"Je t'aime aussi maman." Tu te décollas d'elle et lui offrit un dernier sourire avant d'ouvrir la portière de ta voiture.
"J'passerais vous voir les week-ends." Tu entres alors dans ta voiture, enfile ta ceinture et démarre avant d'abaisser la vitre et de t'adresser à ta petite-sœur.
"J'compte sur toi pour prendre soin de maman, ok princesse ?" Tu lui fais un petit clin d’œil avant d'appuyer sur la pédale. Et tu leur fis un dernier geste pour leur dire au revoir avant de partir vers une nouvelle aventure.
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"On a une annonce à vous faire..." Ta mère attire ton attention avec cette phrase. Assis à table, autour d'un bon dîner en famille, tu es assis entre ta femme, ta bien-aimée, et ta petite sœur. Tu regardes tes parents et attends cette annonce. Tu prends ton verre d'eau et bois une gorgée, mais peut-être que tu aurais dû attendre avant de boire.
"On va avoir un bébé." Et c'est en entendant cette phrase que tu faillis d’étouffer avec cette gorgée d'eau. Tu recracha la gorgée de ton verre et toussa légèrement en aillant ta femme en train de frotter ton d'eau en s'assurant que tu ailles bien. Tu tousses une dernière fois avant de te racler la gorge.
"J'ai entendu... Vous... Un bébé ?" Ça se voyait que tu ne t'attendais pas à ça.
"T'es pas content fiston ?" Ton regard perçant se pose sur ton père, tu ouvres légèrement la bouche sans qu'aucuns sons n'en sorte.
"Non. Enfin si... Enfin... Vous avez presque la cinquantaine, c'est pas un peu tard pour avoir un enfant..." Tout les regards sont sur toi et ton père ne semble pas vraiment avoir apprécié cette remarque.
"Enfin, j'veux dire... Quand il aura dix ans, vous en aurez presque soixante... Et...""Fiston, ça, c'est pas tes affaires." Tu regardes alors ton père dans les yeux avant de lui répondre.
"Mon enfant va avoir le même âge que son oncle, alors si, ce sont mes affaires." Un silence s'installa soudainement.
"Ton enfant ?"Tu lâchas alors un soupire et tourna la tête vers ta femme. Tu lui souris légèrement avant de reprendre.
"Karen et moi, on attend aussi un enfant..." Et oui, âgé de trente ans, tu allais avoir ton premier enfant. Cela sembla détendre l'atmosphère, ta mère te félicita, tout comme ta sœur, mais tu aurais aimé annoncé cela dans d'autres circonstances. C'est vrai que tu n'étais pas vraiment heureux pour l'arrivée du futur bébé de tes parents, mais neuf mois plus tard, lorsque tu saisis ton petit-frère dans tes bras et que ton regard croisa le siens, tu te dis alors que tu as juste été stupide avec ta réaction.
***
"Chéri, tu sais où est le biberon d'eau ?" Tu regardes dans le rétroviseur de ta voiture pour voir sur la banquette arrière ta femme assise à côté de ta petite fille, de ta petite Sarah. Elle n'a que trois ans et pourtant, elle te ressembles tellement...
"Regarde dans mon sac, la poche de devant." Tu reportes ton attention sur la route et entend ta femme farfouiller dans ton sac.
"Je le trouve pas" Tu lâche un léger soupire avant de lui répondre.
"Et bah regardes dans les autres poches alors." Et quelques secondes après, tu entendis ta femme dire qu'elle l'avait trouver. Et pendant le voyage, vous discutiez. Vous reveniez d'un dîner, en faite, d'une petite soirée en famille pour fêter l'anniversaire de ta fille. Tu t'arrêtes à un feu rouge et te tourne pour regarder ta petite fille, tes yeux bleus rencontrent les siens, et elle te souris. Et rien que de voir ce sourire... Ça te rends heureux. Tu reposes ensuite ton regard sur la route devant toi et regarde le feu rouge. Dès que le feu passe au vert, tu démarres la voiture et recommence à rouler. Tu lâcha un rire en écoutant la blague de ta femme lorsque soudain, tu vis sur ton côté gauche un camion qui roule à grande vitesse vers vous, en brûlant le feu rouge. Tu as à peine le temps de dire "attention" que le camion percute violemment ta voiture. Ta voiture fait d'ailleurs plusieurs tonneaux avant de s'arrêtée, totalement renversée, le toit de la voiture au sol. Tu restes conscient malgré le choc, tu vois seulement ta main ensanglantée et tu n'arrives plus à bouger ton bras gauche. Une foule s'amasse autour de ta voiture.
"Karen..." Tu tournes la tête comme tu le peux et aperçoit alors ta femme et ta petite fille, inconscientes, avec leurs visages ensanglantés.
"Chérie..." Ta voix trembles légèrement, tu sens alors les larmes montées.
"Chérie répond moi." Tu n'as aucune réponse, tu essais de sortir ton portable, mais en vain. Tu tournes alors la tête vers la vitre et aperçoit des personnes accroupis.
"Appelez les secours ! Appelez les..." Tu retournes ta tête sur le côté pour voir ta femme.
"Chérie, mon amour reste avec moi, si tu m'entends, restes avec moi..." ***
Allongé dans un lit se trouvant dans l'hôpital où tu travailles, tu attends des nouvelles avec un bras et une jambe dans le plâtre ainsi que des égratignures sur le visage et les mains. Tu attends, encore et encore. Tu demandes des nouvelles de ta femme et de ta fille à chaque médecins que tu croises. Jusqu'au moment où l'un de tes collègues passa la porte et te salua. Et bien évidemment, tu lui posas la question que tu n'arrêtais pas de poser, encore et encore.
"Ma femme... Karen... Ma femme et ma fille, comment elles vont..." "On a tout essayé mais... Karen est en état de mort cérébral et Sarah..." Tu le regardes dans les yeux et sens des larmes montées.
" Elle n'a pas supportée le choc de l'accident... Je suis désolé Forrest." Tu fermes les yeux et des larmes commencent à perler sur tes joues. Ta vie s'est effondrée en quelques heures à cause d'un chauffeur de camion bourré, ta vie s'est effondrée au milieu d'une rue londonienne, ta vie s'est effondrée, et ton cœur s'est brisé...