Christopher Ambrose -“Mon âme a son secret, ma vie a son mystère. ”

Christopher est né en 1981 à Londres, à l’hopital St Thomas, sur les bords de la Tamise, en face de Big Ben. Ses parents, Thomas et Clarissa Ambrose, étaient mariés depuis 6 mois et la bonne forme et la grande taille du jeune Christopher – 53 centimètres pour 4 bons kilos – mirent la puce à l’oreille des deux familles qui durent envisager que leur progéniture avait vu le loup avant de s’unir. Scandale !
À vrai dire, ils auraient été encore plus horrifiés d’apprendre que ça faisait bien longtemps qu’ils copulaient et qu’ils auraient mieux fait de les envoyer dans des pensionnats unisexes. Mais, les deux familles (presque) libérales, craignaient qu’à ne vivre qu’avec des jeunes gens de même sexe, ils ne deviennent homosexuels. Oui. C’était contagieux cette maladie à leur époque, vous comprenez bien.

Bref, ils célébrèrent la noce en grande pompe et robe blanche sans savoir que Miss Clarissa était déjà grosse du petit Kit.
En cette belle année 1981, donc, dans des familles si ouvertes d’esprit, le petit Christopher déploya ses poumons pour extirper un hurlement mécontent à l’idée de devoir apprendre à vivre hors de la poche de Maman Gourou et de devoir manger avec une petite cuillère en argent.

Maman Gourou, en fille de bonne famille, se contenta d’élever son fils. Ou de le confier à Nanny Biblow, jeune nanny fort blonde, fort plantureuse, fort accorte et fort peu farouche avec le jeune père de famille. Après s’être fait troussée à peu près partout dans la maison familiale (enfin LES maisonS familialeS), elle fut expédiée ailleurs, pour s’occuper d’un vague cousin le temps que le scandale s’estompe. Pendant ce temps, Clarissa se faisait chouchouter au spa ou par Coach Sullivan (mais pas de la même façon évidemment, les massages du Coach étaient un brin plus ciblées). Papa Gourou, lui, gérait les actifs des Ambrose. Autant dire que, vu la fortune familiale, ça faisait pas mal d’heures supplémentaires.
C’était donc une colocation tout ce qu’il y a de plus classique dans les familles riches.

Dans cette famille unie et heureuse *ironie*, Christopher s’épan… Fut envoyer au pensionnat dès qu’il fut en âge de l’intégrer sans qu’on taxe ses parents de parents indignes. Et ceux-ci divorcèrent dans la foulée pour faire bonne mesure.
Si ses parents se méprisaient cordialement, ils furent d’accord sur UN point. Faire des enfants n’était pas une bonne idée. Aucun n’avait la fibre parentale et les enfants leur faisaient horreur. Au moins, ils avaient accompli leur devoir de reproduction et personne ne les ennuierait plus avec des minihumains, sauf le leur, hélas. Aussi, chacun d’eux cumula mari, maitresse et autres relations courtes voire foireuses et nauséabondes mais s’abstinrent toujours de se reproduire davantage.
Ceci créa quelques contrariétés à notre pauvre héros malheureux qui fut légèrement maltraité par certaines marâtres qui le rendaient responsables de l’absence de progéniture. En même temps, à leur décharge, elles s’étaient légèrement fait arnaquer par le paternel qui, au moment du mariage leur faisait signer un contrat disposant qu’elles ne toucheraient rien à moins d’avoir des enfants. *ha ha ha la loose*

Isolé, même de sa propre famille, Kit jouissait d’une relative paix au pensionnat et déploya des montagnes d’efforts pour se faire aimer des quelques adultes qui se préoccupaient de lui. Il noua de bonnes relations avec ses professeurs, le bibliothécaire du pensionnat et quelques camarades qui semblaient, eux aussi, être des poids pour leur famille.

Son père eut la bonne idée de se marier 3 autres fois, sa mère 4. Et il haït cordialement chacun de ses beaux-parents, avec toute l’ardeur de son âge. Autant vous dire qu’à l’adolescence, il fut invité par ses parents à aller voir ailleurs s’ils y étaient. Et à 16 ans, il obéit gentiment pour retrouver sa moitié de l’époque, en vacances en Ecosse, déversant donc ses flux hormonaux loin de sa famille. Et il réitéra l’expérience les années suivantes, au point de ne voir sa famille qu’aux dates clefs qu’étaient les enterrements. Pour les anniversaires, une carte était suffisante. Et à Noël, les uns et les autres avaient des priorités qui snobaient toutes ce pauvre Christopher.

Alors qu’il avait 21 ans, son père mit fin à cet exil volontaire en exigeant de savoir ce que devenait sa progéniture. Après tout, Christopher était censé être un adulte désormais et donc devenait à peu près intéressant. Thomas Ambrose se fit gentiment envoyer paître de façon systématique et répété durant des mois et n’eut gain de cause qu’une fois avoir menacé son fils de lui couper les vivres. Notre cher Kit était légèrement têtu voire borné. *à bon entendeur !*

Après avoir passé divers diplômes, notamment de management, Christopher se vit offrir par son père la direction de certains actifs de la famille. Il déclina poliment, cherchant un travail qu’il mériterait. Après négociation, son paternel obtint qu’il intègre le conglomérat Ambrose mais ce n’était pas du goût de Chris. Il se sentait trop jeune, trop peu en phase avec les valeurs Ambrose – qui a demandé « quelles valeurs ? » - et finalement, quitta tout pour se consacrer à une carrière créée uniquement par lui-même. Il galéra joyeusement pendant des mois, vivant de boulots certes meilleurs que la moyenne, mais qui ne le satisfaisaient pas.
Papa Ambrose avait fini par lui couper les vivres et Clarissa, sa chère Maman, veuve depuis peu, se souvint à son tour qu’elle avait un fils. Et, ô joie, fâché avec son paternel. Un signe divin s’il en était qu’à 27 ans, sa progéniture était bien utile.
Clarissa Compton Ambrose Lloyd Jefferson Carlisle Exeter, héritière – avec 2 frères et 1 sœur – des Entreprises Compton, ne se précipita pas comme son ex mari. Non. Au contraire. Elle prit son temps. Un afternoon tea ici, un brunch là, et soudain une fête de Noël et un anniversaire avec toute la famille. C’était plus stratégique, plus vicieux.

Christopher se laissa gentiment attrapé aux filets de sa mère, lui qui avait juré que la famille, c’était totalement surfait, nul à chier, craignos et tout un tas d’autres mots plus ou moins sympathiques. Lui qui ne se faisait aucune illusion sur des parents qui l’avaient ignoré l’essentiel de son existence, se retrouvait soudain avec une armée de cousins et cousines, une mère de plus en plus envahissante sans rien trouver à redire. En deux ans, sa vie en fut totalement bouleversée, et ça lui plaisait.

Il fêta ses trente ans avec sa horde de copains – mais pas d’amis, holà, ce genre de bestiole se fait bien rare – et fit la une des journaux à scandale en s’affichant avec un jeune héritier de 10 ans de moins que lui de manière un peu trop proche. Scandale. Honte. Gêne totale.
Maman se fâcha tout rouge pour l’image de sa famille. Papa gronda que les idées libérales des Compton avaient perverties leur fils et revoilà Christopher de nouveau au milieu d’une guerre parentale qu’il ne souhaitait absolument pas.

De guerre lasse, il abandonna sa vie à Londres, prit un sac à dos – enfin une grosse valise – et disparut un an sans plus jamais donner de nouvelles.
Il revint donc à l’âge glorieux de 31 ans, froid, distant, tiré à quatre épingles et ignorant tout appel du pied familial pour se consacrer à ce qui l’avait fait sortir de sa grotte. Une offre d’emploi qui lui plaisait. Un poste certes modeste pour ses compétences mais néanmoins à responsabilité : directeur du JW Grosvenor House, sur Park Lane.