✫ I'M ONE OF MY KIND.

BIRMINGHAM (1996) « Ne t'inquiète pas, ma chérie, tout va bien aller. » Elle regarde sa mère avec les yeux embuées. Sa mère est toute floue comparativement à il y a dix secondes alors elle porte une main à ses yeux pour essuyer ceux-ci. Lorsqu'elle voit enfin clair, de nouveau, Olivia voit la main de sa mère tendue vers elle avec les doigts qui s'agitent. La jeune Olivia comprend que sa mère veut qu'elle lui tienne la main alors elle se dépêche à tendre la sienne pour nouer ses doigts à ceux de sa mère. Lorsque c'est fait, elle sourit à cette femme couchée dans son lit, affaiblie. « Maman, est-ce que tu vas mourir ? » La question sort d'un coup sans qu'elle puisse avoir le temps de calculer l'importance de sa question. Question qu'elle regrette amèrement en voyant sa mère dévier ces yeux vers un point devant elle. Après quelques minutes de silence entre elles, sa mère cesse de fixer le mur beige devant elle pour regarder à nouveau sa fille aînée. « Non. Je n'ai pas dit mon dernier mot à Dieu. Je vais survivre ma chérie, crois-moi. » Il y a des larmes aux coins de ces yeux, elle a deux doigts de pleurer, mais elle se retient pour ne pas paraître faible devant sa fille. La bouche tremblante, Olivia hoche la tête tout en fermant les yeux. « D'accord, maman. » Elle prononce ces mots sans regarder sa mère dans les yeux, mais elle n'en a pas besoin puisqu'elle sait que sa mère dit la vérité. Elle est forte Esmeralda Hart. « Regarde-moi, Liv. Rouvre les yeux, ma chérie ! » À contre-cœur, elle rouvre les yeux pour regarder sa mère. Une Esmeralda amaigrie, faible. Cette dernière serre la main de sa fille dans la sienne et avec son regard de mère elle regarde Olivia puis elle inspire profondément. « Mais s'il doit m'arriver quoique ce soit, je veux que tu me promettes une chose, Liv... » Commence-t-elle d'une voix tremblante. Olivia peut sentir la peur dans les prochaines paroles que va prononcer sa mère. « Je veux que tu t'occupes proprement des jumeaux. Ils auront besoin d'une figure maternelle et je veux que ce soit toi. » Sa voix se brise avant qu'elle reprenne son souffle. « Maman, pourquoi est-ce que tu me dis ça ? Rien ne t'arrivera, tu l'as dit toi-même. » Elle reprend à quelques mots près les paroles de sa mère dites il y a quelques minutes maintenant. « Je sais ma chérie, mais je prévois. Tu sais, on ne sait jamais ce que la vie nous réserve. » Elle esquisse un petit sourire destiné à Olivia qui ne répond pas, encore en état de choc de la demande de sa mère. Elle n'a que 10 ans. « Alors, Liv ? Tu me promets ? » Pendant plusieurs secondes, cette dernière regarde le sol sous ses pieds puis elle remonte le visage et regarde sa mère avant d'esquisser un sourire en coin. « Oui, maman, je promets. » Sa mère porte sa main à ces lèvres pour l'embrasser et déposer, de nouveau, celle-ci sur le drap. De nouveau, un silence s'installe entre elles sans qu'une ne brise ce dernier. Elles apprécient le silence qui règne entre elles jusqu'au moment où son père entre dans la pièce en déboutonnant un bouton de son veston. « Bonsoir mes chéries. Où sont les jumeaux ? » En prononçant ces mots, son regard se tourne vers Olivia. Elle devait s'en occuper, mais elle a préférée venir voir sa mère. « Ils sont dans la salle de jeux, papa. » Il hoche la tête, silencieux. Après quoi, il retire son veston pour le déposer sur une chaise et s'approcher de sa femme pour lui donner un baiser, un léger baiser. « Tu pourrais aller voir comment ils vont, Olivia, s'il-te-plaît ? » Demande-t-il en tournant son visage vers Liv qui acquiesce silencieusement. Avec beaucoup de difficulté, elle détache sa main de celle de sa mère pour se lever du fauteuil, qui retrouve rapidement une propriétaire, et elle se dirige vers la porte pour sortir de la chambre. Les jumeaux. Salle de jeux. Elle semble tellement loin lorsqu'on a le vertige et les cheveux qui peuvent flancher à tout moment.

BIRMINGHAM (2000) Bras croisés sous sa poitrine, elle regarde les jumeaux. Lorsque le regard de Bradley se pose sur elle, Olivia hausse les sourcils. « Il peut pas nous faire ça. Ça fait juste quatre ans que maman n'est plus là !! » Carmel est certainement celle qui est le plus déroutée par cette annonce de fiançailles qu'ils ont appris, il y a de cela six mois. Aujourd'hui, est le jour J. Le jour où son père unit sa destinée à une nouvelle femme, autre que la mère des enfants. De toute manière, il ne pourrait pas unir sa destinée à la mère de ces enfants puisqu'elle se trouve désormais six pieds sous Terre. Laissant tomber ces bras le long de son corps, elle s'approche de sa petite sœur pour prendre celle-ci dans ces bras, mais lorsque Carmel voit Olivia s'approcher d'elle, elle recule de plusieurs pas. « Non, arrête, Liv ! » Liv se stoppe, confuse que sa sœur refuse un peu d'amour de sa part. Mais elle n'essaie de pas de remettre la décision de sa sœur en question alors elle retourne à sa place initiale. « J'veux dire, ils ne se connaissent depuis à peine deux ans. Il est fou ? Il a perdu la tête, merde c'est quoi son problème. » Elle est colère. Tout comme Bradley. Liv est certainement celle qui accepte la situation le plus des trois enfants, mais elle a encore des doutes. Et ceux-ci concernent principalement la position que prendra sa nouvelle belle-mère. Il est certain qu'elles ne seront jamais vraiment proches l'une et l'autre. Aucunes femmes remplacent une mère décédée. « Je le déteste. » Carmel prononce ces mots avec beaucoup d'haine dans la voix. À cette phrase, le côté maternel d'Olivia décide de pointer son nez et elle s'approche de nouveau de Carmel. Elle prend celle-ci dans ces bras rapidement et sa petite sœur se débat quelques secondes avant de se laisser aller. « Chuuut ! Calme-toi. » Carmel éclate en sanglots dans les bras de sa mère de substitution. Olivia. Sa sœur aînée. Liv regarde son frère, Bradley, qui reste à l'écart et elle grossit les yeux pour lui faire comprendre que Carmel a besoin d'aide. Alors, ce dernier s'approche pour entourer ces bras autour de ces sœurs. Ils restent ainsi jusqu'à ce que la musique commence à résonner partout dans le jardin et dans la maison. Ils se séparent, mais leurs doigts se nouent. « Il faut rester soudés. Quoiqu'il arrive. » Déclare son petit frère alors qu'il était resté silencieux tout le long. « Nous n'avons pas à aimer la nouvelle femme de papa, mais nous devons faire des efforts pour lui. Il a certes perdu la femme de sa vie, mais il ne peut éternellement fermer son cœur. » Carmel renifle avant de relever le visage pour regarder Liv dans les yeux sentant le regard de cette dernière sur elle. « Je ne promets rien. » Liv hoche la tête. « C'est mieux que rien. » Elle sourit à Carmel qui esquisse un sourire. « Bon, maintenant que tout est à jour, il me semble que nous soyons attendus pour ce mariage. Allons-y. » Les jumeaux hochent la tête. Quelques secondes après ce moment, les trois enfants dénouent leurs mains pour se diriger vers le jardin où à lieu la cérémonie du deuxième mariage de leur père. Avec un bouquin dans les mains, les sœurs défilent dans l'allée suivies par leur frère. À leurs positions, ils voient la nouvelle femme de leur père s'avancer dans cette robe blanche. Liv regarde cette femme attentivement et au fond, elle sait qu'elles ne s'entendront pas bien.

ATLANTA (2004) Elle déteste les soupers de ce genre que sa belle-mère organise. Ils sont chiants, ennuyants et Liv ne connaît personne mise à part les jumeaux, son père et sa belle-mère alors que les autres sont des inconnus. Des inconnus que sa belle-mère invite une fois par mois, mais habituellement Liv trouve toujours une excuse d'être absente. Pas cette fois. Cette fois, elle fait figure de présence pour la troisième fois en près de trois ans et c'est uniquement parce que son père lui a personnellement demandé. Sans lui, elle serait probablement à un cinéma ou encore quelque part à traîner avec sa bande d'amis. Elle ne serait pas assise ici, à manger du saumon et à boire de l'eau dans un verre qui coûte beaucoup trop d'argent. Olivia est à deux doigts de s'endormir dans son assiette et ce n'est jamais bon signe. De plus, Olivia joue avec une asperge qui traîne dans son assiette avec la fourchette qu'elle a depuis le début du souper. La jeune femme peut sentir le regard de son père sur elle, mais elle s'en moque. « Alors, Olivia, savez-vous ce que vous allez étudier à l'université ... ? Au fait, vous entrez dans quelle université ? » Lorsqu'elle entend son prénom prononcé par un des convives, Liv se relève pour chercher du regard qui lui parle. D'un signe de tête, son père lui désigne celui assis en diagonale d'elle alors elle concentre son attention sur celui-ci. « Pour répondre à votre question, monsieur Callaway... » Rapidement, elle se fait couper la parole par son père. « Il est prévu qu'elle étudie le droit à Harvard. De plus, elle travaillera probablement dans mon cabinet-associé de New York. » En fronçant les sourcils, elle se tourne vers son père et regarde celui-ci, mais il évite son regard et continue de manger son assiette. « Intéressant. Rowan, pour sa part, étudiera la médecine à Yale. » Olivia hoche la tête tout en déposant sa fourchette sur la table. Elle est en colère contre son père. Il a planifié sa vie. « Pardonnez-moi, je dois me rendre au petit coin. » Sans attendre une réponse de qui que ce soit, Olivia se relève de la chaise, laisse tomber sa serviette dans l'assiette et quitte la table. Sauf qu'elle ne va pas au petit coin. Non, elle décide de quitter la maison pour quelques minutes où elle prend de l'air frais. Ce dont elle a terriblement besoin en ce moment. Après 30 minutes à l'air frais, Olivia retourne à l'intérieur. Le repas est terminé, tous les gens sont partis. Son père est dans son bureau, elle le sait alors Olivia décide de se rendre directement à celui-ci. Elle cogne en ouvrant la porte et il se trouve dos à elle, face à la fenêtre. « Comment oses-tu décider de ma vie de cette sorte ? Étudier à Harvard et le droit ne font partis de mes décisions futures. » Son père laisse tomber son bras dans le vide lentement puisqu'il tient un verre de whisky. Sans qu'il lui fasse face, elle sait qu'il est furieux qu'elle ose venir se plaindre. « Maintenant, si. » Elle pince les lèvres, croise les bras sous sa poitrine. « Tu n'as pas à décidé de ce que je veux faire plus tard de ma vie. Cette décision me reviens, à moi et moi seule. » Son père se retourne pour lui faire face et il a ce regard dure. Non, cette expression dure. « Malheureusement pour toi, ce sont les plans que j'ai décidé pour toi. Alors, soit tu les suis ou tu quittes cette maison et tu essaies de vivre par toi-même. » Il hausse les épaules en prononçant cette phrase. « Tu oserais jeter ta propre fille à la rue parce qu'elle refuse de suivre tes plans ? » À son regard, Liv comprend que oui. « C'est injuste ! Je devrais être en mesure de prendre mes propres décisions concernant mon futur. Maman n'aurait jamais acce.. » Il l'a coupe. « Ta mère n'est plus de ce monde depuis plusieurs années Olivia. Et la vie est injuste alors grandis. » Elle a cette expression de dégoût au visage. « Je te déteste. » Prononce-t-elle en tournant les talons pour claquer la porte de son bureau le plus fort possible. Elle court jusqu'à sa chambre où elle s'enferme.

NEW YORK (2013) « Tout va bien, mademoiselle Rivers ? » Reniflant, elle relève la tête pour regarder la personne qui lui adresse la parole. Lorsqu'elle reconnaît son client, elle se redresse et s'essuie les yeux avec attention pour ne pas ressembler à un raton-laveur. Olivia a l'air pathétique, assise dans un coin de son bureau à broyer du noir. Et elle ne s'attendait pas à ce qu'une personne fasse irruption dans son bureau spécialement à cette heure où tout le monde étaient déjà partis. Défroissant son chemisier bleuté et passant ces mains sur sa jupe crayon noir, Liv hausse les épaules. « J'ai connu des jours meilleurs, je dirais. » Elle esquisse un petit sourire destiné à Alejandro, son nouveau client. Client qui divorce après cinq ans de mariage. Un silence s'est installé entre les deux adultes et Liv profite de ce silence pour retourner derrière son bureau. « Qu'est-ce que je peux faire pour vous, monsieur Rosenbach ? » Ce dernier s'approche du bureau, les mains dans les poches. « J'aurais aimer discuter d'un point du dossier avec vous, si vous êtes libre, bien sûr. » Il ne cesse de regarder Liv dans les yeux et pendant quelques secondes, elle est déstabiliser. À plusieurs reprises, elle cligne des yeux avant de s’asseoir dans sa chaise et d'un signe de main elle invite Alejandro à prendre place dans le fauteuil en face du sien. « Bien sûr. De quel point, désirez-vous discuter ? » D'une main, elle cherche un stylo et de l'autre Olivia empoigne le bloc-note qui traîne pratiquement tous les jours sur son bureau. « Sawyer. Ma fille. Je ne désire plus accordé la garde complète à mon ex-femme. » Liv hoche la tête en écrivant sur la feuille jaune. Son écriture n'a rien de fluide puisqu'elle se dépêche à écrire. « D'accord. Et vous désirez une garde partagée, si je comprends bien ? » Alejandro fait un sourire en pouffant d'un petit rire. Liv fronce les sourcils. « Complète ! » À nouveau, Olivia fronce les sourcils. Elle ne comprend plus comment fonctionne son client. « Monsieur Rosenbach, vous réalisez le genre de demande que vous venez de faire ? Cela signifie que vous devrez choisir les moments où votre fille sera en contact avec votre ex-femme, sa mère. Vous devrez vous occupez d'elle à plein temps, veillez à son bien-être etc. » Alejandro va se pincer l'arête du nez. « J'ai pleinement conscience de cela, mademoiselle Rivers. Alors ? » Olivia plisse les yeux quelques secondes, hausse les sourcils en écrivant « garde complète » sur son bloc-note. « Je vais faire mon possible monsieur Rosenbach. » Il hoche la tête tout en se relevant du fauteuil pour quitter le bureau d'Olivia. Cinq minutes plus tard, elle ramène une pile de dossier contre sa poitrine, empoigne son sac à main de sa main libre, ferme son ordinateur ainsi que la lumière et quitte son bureau en prenant bien soin de refermer derrière elle. Elle fait claquer ces talons contre le sol de l'immeuble où se situe le cabinet d'avocat-associé de son père. De sa main libre, elle hale un taxi qui arrive dans sa direction, mais celui-ci continue sa route pour s'arrêter à deux mètres devant une femme qui vient de sortir du restaurant situé pas très loin. Connard ! Quelques secondes après, une voiture s'arrête devant elle et alors qu'elle pense à s'enfuir, la fenêtre du côté passager descend pour laisser apparaître le visage d'Alejandro. « Je vous ramène ? » Pendant quelques secondes, Olivia hésite, mais au Diable le côté professionnel. Il est tard et elle est impatiente d'arriver chez elle. Liv s'approche de la voiture pour embarquer dans celle-ci et dix secondes plus tard, ils sont en route. Il y a un silence plaisant qui règne entre eux. Un silence qu'Olivia apprécie grandement. « Si je peux me permettre, pourquoi pleuriez-vous tout à l'heure ? » Olivia serre contre elle les dossiers tout en regardant droit devant elle. « Des raisons personnels. » Du coin de l’œil, elle voit les sourcils d'Alejandro s'hausser. « J'ai moi-même vécue un divorce et cela n'a pas été un des moments les plus heureux de ma vie. Mais que voulez-vous, on ne sait jamais ce que la vie nous réserve. » Du doigt, elle fait signe à Alejandro de se stationner devant cet immeuble. « Je vous remercie monsieur Rosenbach. » Elle ouvre la porte et sort de la voiture de son client. Il répond par un signe de tête. Elle referme la porte, mais la vitre redescend quelques secondes plus tard alors qu'elle se dirige vers la porte de son appartement. « Mademoiselle Rivers, accepteriez-vous de prendre un verre avec moi un de ces jours ? » Olivia se retourne pour faire face à Alejandro. « Euh.. Je ne crois pas que ce soit très professionnel, monsieur Rosenbach. » Il fait une expression entendue. « Un autre jour, peut-être. » Liv hausse les épaules avec un sourire en coin avant de tourner les talons et continuer son chemin.