Pizza night [Javadd&Zoella]

Ce n’est pas mon genre, mais il est près d’une heure du matin et je ne dors pas. J’ai classe demain, dès huit heures, mais je ne suis bel et bien réveillée. Pour l’une des rares fois depuis le début de ma vie, ce n’est ni par insomnie, ni parce qu’on m’a semi obligée à faire la fête. Non, si je suis encore debout, c’est complètement par choix. Je suis montée sur le toit de la villa de mon plein-gré, là où ce n’est pas trop abrupte. Et depuis près d’une heure, je m’efforce de créer un espace confortable, digne de l’ampleur du pari que j’ai perdu. Pourtant, alors que je me bats avec ma couverture préférée, les paniers pleins de victuailles et le peu de coussins que j’ai réussi à trainer jusqu’ici, je ne regrette pas d’avoir accepté la gageure. Car si je l’ai perdue et que je dois maintenant me plier à la volonté de Javadd, ça signifie que j’ai obtenu ce que je désirais, finalement. J’ai beau célébrer cette victoire en accomplissant un acte supposé souligner ma défaite, je me sens fière. Pour une fois, mon orgueil ne s’en est pas mêlé. Alors, lorsque je vois mon ami dans la grande allée menant à notre entrée, je l’accueil d’un grand sourire, malgré qu’il ne puisse probablement pas le distinguer d’où il se trouve. « Jav! » Je pousse un cri, puis j’éclate de rire en le voyant tourner la tête dans tous les sens. Le pauvre, il ne doit pas trop comprendre ce qui se passe. Peut-être même qu’il a oublié notre pari à la con, mais pas moi. Lorsque je m’engage à quelque chose, je ne me désiste jamais. « Je suis sur le toit. Attends, je t’envoie un texto. » La villa est immense et avec les voitures qui passent et le vent, je crains qu’il ne saisisse pas complètement mes paroles. Je sors donc mon portable, puis je lui écris un bref message. J’en profite pour lui rappeler qu’il croyait que j’aurais un poste permanant l’an prochain, que j’avais parié contre lui et que le vainqueur devrait offrir une soirée pizza à l’autre. Et à en croire la rencontre que j’avais eu quelques heures plus tôt avec ma supérieure, j’ai perdu. Je lui demande aussi de me rejoindre sur le toit, en passant par l’échelle du grenier, puis je file sur la couverture. Une fois en place parmi les coussins, je sors les plats que j’avais déjà préparés des paniers. Des pizzas sur panini, pleines de légumes et bonnes pour la santé. Parce qu’au moment où nous avions fait le pari, rien n’avait été précisé quant à l’endroit où la soirée se déroulerait et le type de pizzas. C’est ma façon d’envoyer promener Javadd pour sa victoire. Au fond, mon orgueil n’a peut-être pas cédé sa place.

Un pari à la con, que Javadd a probablement déjà oublié. Mais mon orgueil ne m’a pas permis d’en faire autant. Je ne suis pas du genre à me surestimer ou à m’accorder trop d’importance, loin de là. Toutefois, lorsque je m’engage à quelque chose, je ne reviens jamais sur ma parole et, de nature compétitive, il m’était impossible d’oublier ce défi idiot. Et, comme si ce n’est pas assez, je suis très perfectionniste. J’ai mis du temps à préparer cette soirée, même la sauce est entièrement maison. J’ai même aménagé le toit, afin de le rendre confortable. Cette soirée que j’ai organisé sous la pression d’une gageure enfantine est tout simplement parfaite, même si ce n’est que Javadd qui en profitera. D’ailleurs, assise sur l’un des coussins, j’attends impatiemment que cet idiot me rejoigne. La nourriture aux arômes exquises semble me narguer, mais je suis bien trop polie pour commencer à manger sans lui. Alors j’attends, pendant qu’il fait je ne sais quoi dans la villa. « Merde, t’aurais dû me prévenir qu’on faisait une soirée pyjama! » Protesté-je au moment où il vient finalement me rejoindre. Je suis toujours en habit de travail, donc vêtue d’un pantalon chic, mais pas trop, parce que les enfants sont parfois de vrais monstres et d’un haut confortable, mais élégant, parce que les parents font plus confiance aux institutrices habillés impeccablement qu’à celles qui ne portent qu’un jeans et un t-shirt. Pourtant, la seconde option me parait bien plus appropriée aux longues journées passées à jouer et à -essayer- d’enseigner aux jeunes enfants. « Mais oui, t’avais raison. » Je lève les yeux au ciel. Bien que sa victoire joue en ma faveur, j’ai tout de même un peu de mal à la reconnaître. Mais, étant d’excellente humeur, je suis incapable de faire semblant de le bouder davantage. Un sourire réapparait rapidement sur mon visage. « J’ai un poste à temps plein pour l’an prochain. Y parait que les parents et les enfants m’ont adorée! Reste plus qu’à trouver un boulot pour les vacances. » Expliqué-je, rapidement, avant de commencer à déballer les plats.

Spoiler:

Qu'il est con. Cette pensée, je dois l'avoir au moins dix fois par jour si ce n'est pas plus. Javadd ne cessera jamais de m'impressionner dans ses conneries. Pourtant, je ne peux m'empêcher de me tenir avec lui et, pire, de le trouver attachant par moment. Je dois être un peu maso. Ou peut-être aussi folle que lui, car je rigole à son coup de théâtre. Mais je me reprends bien rapidement. Je lève les yeux au ciel avant de croiser son regard de chien battu. J'esquisse à nouveau un sourire, incapable de le retenir. Quel idiot! « Tu sais que le gras de la pizza va directement dans tes cuisses? Ou pire, sur ton ventre! Tu voudrais pas perdre tes abdos, quand même? T'aurais plus aucune chance avec les filles, vu la tronche que t'as. » Répliqué-je, le regard malicieux. Évidemment, je ne pense aucunement ce que je dis. Je ne peux pas le nier, Javadd est beau. Trop beau, même, et le gras d'une pizza de plus n'y changerait rien. « Goûte au moins! J'ai passé la dernière heure à les préparer. » Je lui adresse un grand sourire, puis je commence à me servir sans plus attendre. Ça fait déjà un moment que je poireaute sur ce toit et je suis affamée! « J'ai besoin d'un boulot pour les vacances, parce que sinon je pourrai pas payer le loyer. Vu que j'étais seulement remplaçante, je n'aurai pas droit à une paye de vacance comme les autres institutrices. Mais l'année prochaine, oui! » Je lui explique brièvement la situation avant de m'emparer d'une bouteille d'eau pour accompagner mon repas. Au départ, je comptais sortir une bouteille de champagne, mais finalement je m'étais dit qu'il valait mieux être raisonnable. Je ne tiens tellement pas l'alcool qu'un verre pourrait suffire à ce que je commence à dire autant de conneries que Javadd.