"Fermeture" de London Calling
Après cinq années sur la toile, London Calling ferme ses portes. Toutes les infos par ici Flash-back - Sorry for your loss [Ft Jean Marceau] 2979874845 Flash-back - Sorry for your loss [Ft Jean Marceau] 1973890357
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Flash-back - Sorry for your loss [Ft Jean Marceau]

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Rachel-Mary Parker-Davis
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() message posté Jeu 12 Oct 2017 - 21:21 par Rachel-Mary Parker-Davis
Sorry for your loss (flash-back)
 
Jean &
Rachel

« Tom Marceau, 7 ans, accident de voiture, traumatisme crânien, multiples fractures et contusions. Deux arrêts cardiaques dans l’ambulance. »

Voilà ce qu’on avait annoncé au Dr Davis avant de lui confier le cas du petit garçon victime d’un accident de voiture qui lui avait valu d’être dans un état catastrophique. Voilà seulement une semaine que Rachel-Mary avait pris ses fonctions de chef du service de pédiatrie et chirurgien pédiatrique au Great Ormond Street Hospital et depuis, elle n’avait pas chômé. Maxwell avait fait le nécessaire pour qu’ils quittent San Francisco aussitôt qu’il l’avait décidé, obligeant son épouse à se couper de ceux qu’elle aimait. Ses parents, ceux qui lui permettaient dans le savoir de tenir le coup dans ce mariage qui devenait de plus en plus chaotique, lui manquaient atrocement. Mais heureusement, elle avait toujours son travail qu’elle aimait par-dessus tout. Cette ville en revanche, et l’Angleterre en général, elle détestait. Etait-ce parce qu’on lui avait imposé le lieu ? Probablement, mais Rachel avait passé toute sa vie à San Francisco, et elle adorait sa ville et son pays, alors lui demander d’aller s’enfermer dans la grisaille britannique était vraiment cruel. Enfin, c’était sans doute la goutte d’eau de plus.

Dans ce bloc opératoire, la pédiatre faisait son maximum pour sauver le garçonnet qui était désormais intubé et relié à un respirateur, tandis qu’elle tâchait de parer au plus urgent. Il avait un pneumothorax. Plusieurs côtes cassées dont l’une était venue perforer le poumon gauche, causant des difficultés respiratoires. Les anglais conduisaient à droite, l’enfant avait donc été assis côté gauche et c’était par là qu’il s’était pris de plein fouet la voiture qui avait percuté celle dans laquelle il se trouvait. Rachel avait pu voir une femme en pleurs, une poche de glace sur la tempe, elle aussi un peu amochée mais beaucoup moins que le petit. Elle avait cru comprendre que ce n’était pas sa mère, mais elle n’avait que faire de ces considérations, ce qu’elle voulait, c’était sauver l’enfant. Elle avait entendu un membre du personnel essayer de rassurer la jeune femme en lui disant que la meilleure était en train de s’occuper du petit. Ne jamais faire de promesse, c’était pourtant la base. On pouvait promettre qu’on allait faire de son mieux, mais jamais promettre qu’on sauverait une vie, parce que cela ne dépendait pas de la volonté du médecin.

« Docteur Davis, il est en arrêt… »

-Merci, j’ai vu ! Chargez à 200 ! Dégagez !


La chirurgienne dut choquer deux fois le thorax de l’enfant avant que son cœur ne reparte et qu’elle ne puisse suturer son poumon perforé.

-Repassez une poche de O négatif, il perd trop de sang.

A chaque fois qu’elle parvenait à réparer quelque chose, la situation se désagrégeait ailleurs. Quand ce n’était pas le poumon, c’était le cœur, quand ce n’était pas le cœur, c’était une fracture ailleurs. Il y avait énormément de dégâts sur ce petit, mais Rachel était têtue et refusait de laisser tomber. Il n’avait que sept ans, il avait toute la vie devant lui. L’équipe qui l’assistait semblait de plus en plus sceptique quant à ses chances de le sauver, mais le Dr Davis n’était pas du genre à abandonner, pas avant d’avoir brûlé toutes ses cartouches. Elle procédait par étape, prenant le temps qu’il fallait pour faire un travail de qualité. Cet enfant le méritait, comme tous d’ailleurs.
Cela faisait plus de quatre heures que la pédiatre rafistolait le petit Tom, quasiment toutes les fractures avaient été remises, le traumatisme crânien était contrôlé, les perforations recousues, elle s’appliquait à recoudre une plaie causée par un éclat de verre dans l’avant-bras du garçonnet quand l’infirmière l’interpela.

« Docteur »
-Quoi ?
« Il est trop tard. »
-Qu’est-ce que vous me chantez là ?! On a pratiquement fini.
« Ses pupilles, venez voir… »


Rachel posa rageusement les instruments qu’elle tenait dans le haricot en métal qu’on lui tendait pour venir prendre une lampe-stylo et observer les pupilles du garçonnet.

-Pupilles dilatées… murmura-t-elle, la voix brisée.

La pédiatre leva les yeux vers l’électroencéphalogramme qui affichait un tracé plat. Elle sentit alors tout espoir la quitter, c’était comme si tout s’écroulait autour d’elle.

-Non, non, NON !!!

Rageusement, elle jeta le plateau d’instruments au sol. L’interne qui avait pour mission d’observer et de la fermer, et qu’elle avait complètement oublié, s’avança.

« On doit prononcer l’heure du décès ? »

Rachel lui lança un regard tellement noir qu’il en recula de trois. La gorge serrée, elle regarda la pendule avant de prononcer la phrase fatidique.

-Heure du décès : 23h36…

La déception et la tristesse étaient de bien faibles mots pour décrire ce que Rachel ressentait. Perdre des enfants était quelque chose de rare, mais quand les patients arrivaient dans de tels états, il était souvent difficile de les ramener. Quoi que pour les enfants c’était différent, leur jeunesse leur conférait des ressources parfois insoupçonnées. Mais pour le petit Tom Marceau, ce soir, c’était fini. L’américaine sentit les larmes lui monter aux yeux. Elle n’avait pas réussi à le sauver et elle sentit la culpabilité l’assaillir.

-Il faut que j’aille parler à ses parents. Préparez-le pour qu’ils puissent le voir.

Immédiatement, le personnel s’affaira à ranger la salle, enlever les compresses et tout ce qui jonchait le sol maculé du sang de l’enfant. Pendant ce temps, Rachel sortit, suivit de près par son interne dont elle aurait bien aimé se débarrasser. Mais cet hôpital enseignait, il fallait qu’il apprenne et les cas critiques comme celui-ci étaient rares, et plus rares étaient encore les fois où le Dr Davis perdait un petit patient.

« Qu’est-ce que vous allez leur dire, Docteur ? »

Le regard dans le vague, tâchant de retenir ses larmes, la chef de pédiatrie ne prit pas la peine de répondre à ce misérable insecte. Alors qu’elle marchait, elle avait retiré ses gants ensanglantés ainsi que sa blouse de chirurgie qu’elle avait jetés dans l’une des poubelles à disposition. Elle se dirigea vers la salle d’attente qui était bien peu peuplée à cette heure-ci. Il n’y avait qu’un homme et Rachel savait que c’était le père du petit garçon.

-Mr Marceau ? demanda-t-elle en tâchant de bien prononcer son nom français. Je suis le Dr Davis, c’est moi qui ai opéré Tom. Je dois vous parler.

Autant le faire dans la salle d’attente. Tout en parlant, elle s’était avancée vers lui.

-Mr Marceau, j’ai peur de ne pas avoir de bonnes nouvelles. Votre fils souffrait de multiples fractures extrêmement graves dont un traumatisme crânien et un pneumothorax. J’ai vraiment fait tout ce qu’il était humainement possible de faire, mais le choc qu’il a reçu était trop important. Je suis vraiment désolée de vous annoncer ça, Mr Marceau, mais Tom est en mort cérébrale. C’est irreversible.

La voix de la jeune femme était étreinte par l'émotion bien qu'elle resta professionnelle.


acidbrain


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() message posté Jeu 12 Oct 2017 - 22:55 par Invité
Les bruits de l’hôpital sont étouffés, autour de moi. Comme si j’étais mis sous cloche, comme si j’étais enfermé dans ma bulle. J’ai les mains plaquées devant les yeux, paumes en avant et le haut du buste recroquevillé en direction de mes genoux. Une ou deux personnes peut être sont venues me voir, s’inquiétant de mon état. Je n’ai même pas eu la force de me répondre. J’ai envie d’une clope, depuis plus de quatre heures maintenant. Mais je n’ai même pas eu la force de sortir. Ma femme est dans le coin, mais elle, elle fait les cent pas. Moi j’en suis incapable. Je suis fichu en l’air, au bord du grand plongeon dans les abysses et les profondeurs les plus obscures de mon âme. Je suis arrivé aussitôt qu’on m’a appelé. Mon gamin, mon tout petit Tom, était admis aux urgences de cet hopital londonien. Récupéré en miettes après l’accident de voiture. Accident de voiture, putain de merde. Il avait été percuté alors qu’il était transporté par la mère du petit Ed, son ami de toujours. Mon gosse n’avait même pas eu le temps de se rendre compte de ce qui lui était arrivé. Un crissement de pneus, et la voiture s’était retrouvée enfoncée comme une canette de coca que l’on foule du pied, mais mon petit, mon tout petit, à l’intérieur. J’étais là depuis tout ce temps. Impossible de le voir. Impossible de forcer le passage. J’avais essayé, des larmes de panique et d’angoisse qui me rougissaient un regard d’ordinaire si dur. J’étais bien rasé, bien sapé en rentrant du boulot. Ce soir, je voulais cuisiner pour ma femme et mon petit, et s’endormir tous les trois tranquillement devant un film familial. Et on était là depuis des heures aux urgences. A chaque bip signalant une prise de parole au micro dans les salles d’attente, je sursautais. Comme autrefois dans un Transal, juste avant un saut en parachute.


Au début, la première heure, je crevais d’angoisse, je tremblais, je fulminais comme si n’importe quelle personne que je croisais était une ennemie, un obstacle sur ma route. L’heure suivante, j’angoissais, je culpabilisais. Cela faisait plus d’une heure trente que l’estomac contracté, le cœur au bord des lèvres, j’étais totalement incapable de bouger, de manger alors que je ne m’étais pas sustenté depuis plus d’une douzaine d’heures. Rien que l’idée de manger me rendait malade. De boire aussi. Je savais que ça pouvait durer des heures, on m’avait dit qu’il allait subir des interventions. J’avais brièvement serré Gia entre mes bras, mais elle s’était bien vite détachée, revêche et sur la défensive, acide je le sentais déjà, car c’était normalement à moi de récupérer Tom ce soir. Je m’en voulais assez comme ça. Maintenant, ça faisait environ une heure que j’étais enfoncé dans mes pensées, foutu en l’air par la culpabilité, rendu fou par la perspective que, peut-être, très rationnellement, j’avais provoqué ce qui était arrivé.


Il n’avait pas fallu longtemps pour que je me torture les méninges, et les souvenirs affleuraient… Cette fois où j’étais arrivé trop tard, à Bailleul, pour sauver la petite Zoé de son beau-père tortionnaire. Cette autre fois, du côté de Béthune, ou une fausse piste nous avaient écarté de l’endroit où le tueur opérait, alors qu’on avait enfin obtenu son identité, son adresse, tout, mais qu’il avait réussi malgré tout à couvrir son dernier méfait en nous leurrant d’un dernier pied de nez. Sans parler de l’Afghanistan, avec le 1er RHP. Je me rappelais de cette embuscade, sur les hauts plateaux de l’Est. De ses conséquences. Du bruit des rotors des hélicoptères, des coups de feu qui claquent dans la nuit. De ces masures aux portes enfoncées, des rafales en espaces clos, des explosions. De ce visage juvénile, au bout d’un fusil d’assaut pointé vers moi. De cet air désespéré du gosse. De mes injonctions en français, en anglais. De la certitude, d’un coup, que le corps de la femme contre la fenêtre était la pire chose qui me soit arrivée, jusqu’à ce que le gosse se crispe, et que mon doigt presse par réflexe la détente au moment où le sien fait de même.


Tout ça, c’est ma faute. Je paie un putain de karma. Démoli, je me relève des sièges en ferraille inconfortable et froids qu’on met dans toutes les salles d’attente des urgences en Europe. Gia part prendre l’air. Je titube en direction de la télé. Je l’éteins, et reste à contempler mon propre reflet dans le téléviseur. Jusqu’à ce qu’on m’appelle. Je me retourne, d’un pas vif, et rejoint la toubib, une femme brune qui a l’air grave. A cet instant, je sais qu’elle a l’air que j’arbore moi-même dans certaines circonstances, dans mon boulot. Mes sourcils se froncent, mes yeux se remplissent de larmes, je dois cligner des yeux pour essayer de les chasser alors que mon visage est secoué de tics nerveux, se mon front, mes sourcils, le coin de mes lèvres, mes pommettes. Je pars en vrille, à l’intérieur, comme si on m’avait fourré une grenade dans le bide. Sa voix me débite en anglais ce qu’il y a de pire. Je l’entends comme si on était au téléphone, et qu’il y avait une mauvaise comm’. Fracture. Traumatisme. Pneumotruc. Désolé. Je suis haletant, étouffe un « ah » rauque qui s’échappe à moitié de mes lèvres. Mon visage se crispe plus encore, jusqu’à ce qu’elle lâche que mon petit est mort. Je détourne un regard inondé de larmes. J’étouffe. Putain j’étouffe, je manque d’air, et j’ai un tournis pas possible. Je suis mort ; j’en ai la certitude. Je titube, comme si on m’avait cogné en plein dans la tempe avec un objet contondant. Je gémis et pleure pour de bon, me rattrape au mure à mi-hauteur qui sépare la salle d’attente du couloir.



| Non putain, non. Non non non non non. | Ma voix est étranglée, j’imagine qu’on ne comprend pas un mot sur deux. J’ai un hoquet de douleur pur, mon cœur se comprimant, et se relâchant comme s’il implosait dans ma poitrine. | Tom, non ! | Je gémis, j’implore, les larmes roulant sur mes joues.


Je revois le visage crispé d’un gosse qui souffre, une nuit sur les hauts plateaux. Une bulle de sang éclate à ses lèvres. Rouge comme si j’allais tout entier exploser pour de bon.


| Non putain il est PAS mort ! Non, laissez-moi le voir ! Je vous dis de me laisser le voir ! Conduisez-moi à lui, je veux voir mon GARCON ! |

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() message posté Sam 14 Oct 2017 - 16:37 par Rachel-Mary Parker-Davis
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C'était difficile, c'était toujours le plus difficile pour un chirurgien de devoir annoncer aux proches le décès d'un patient, mais ça l'était encore plus lorsqu'il s'agissait d'un enfant. Rachel se sentait si mal lorsque ça arrivait, elle se mettait à la place des parents, bien qu'elle n'ait pas d'enfant, et heureusement, et elle imaginait l'horrible douleur que cela pouvait être que d'entendre que la chair de leur chair était perdue, que c'était fini, plus jamais ils ne le verraient, plus jamais ils ne pourraient le serrer dans leurs bras, lui raconter d'histoire, lui apprendre les tables de multiplication ou à jouer au base-ball. La pédiatre ne souhaitait cela à personne. Une telle perte, une telle douleur ne devait pas pouvoir exister. Et pourtant, malheureusement, chaque jour des enfants mouraient. Et Tom Marceau, sept ans, s'en était allé pour toujours parce qu'elle n'avait pas pu le sauver. D'aucuns diraient que si le Dr Davis n'avait pas pu, alors personne n'aurait pu, mais l'américaine était loin d'avoir un égo surdimensionné.

Le belle brune venait donc d'aller trouver le papa du petit garçon qu'elle avait mis toutes ses forces à essayer de sauver en vain. Elle en avait oublié la présence de ce débile d'interne qui la suivait partout comme un petit chien. Un gamin qui ne voulait même pas être pédiatre. Mais bon, il leur fallait voir toutes les spécialités de chirurgie avant de se décider, et lui, apparemment, son dada c'était la neuro. Génial, il n'avait pas été foutu de surveiller un électro-encéphalogramme. De toute façon, personne n'aurait rien pu faire. Plusieurs arrêts cardiaques pour un enfant aussi mal en point, le cerveau avait manqué d'oxygène trop longtemps malgré les réanimations. Le père inquiet, quant à lui, fut dévasté par la nouvelle. Quel parent ne l'aurait pas été ? Le pauvre homme faisait peine à voir, Rachel était vraiment triste pour lui, mais elle avait fait tout ce qu’elle pouvait et plus encore. Evidemment, comme tous les parents, il commença par nier. Elle imaginait combien c’était terrible pour lui. Perdre l’être que l’on aimait le plus au monde, quoi de pire dans la vie ?

-Je suis vraiment navrée… ajouta-t-elle d’une petite voix. Vous devriez peut-être vous asseoir un moment ? Hasarda-t-elle avant qu’il ne réclame à voir son enfant.

Oui, c’était bien normal. Il fallait au préalable qu’elle lui explique qu’étant en mort cérébrale, il était reliée à la machine qui faisait respirer son corps, permettant la survie des autres organes. Il fallait lui expliquer tout ça pour ne pas qu’il s’imagine, en voyant son petit garçon respirer, qu’il pourrait se réveiller un jour. Alors qu’elle allait commencer à parler, l’interne se manifesta derrière elle.

« Vous allez lui demand... »

Elle se retourna vivement pour le fusiller du regard, et le jeune interne stoppa nette sa phrase. Heureusement d’ailleurs.

-Fiche le camp ! Lui souffla-t-elle.

« Mais j... »

-Fous-moi le camp avant que je ne te fasse virer du programme ! 
Insista-t-elle à voix basse pour ne pas troubler le père dans son chagrin.

Déçu, l’interne tourna les talons tandis que la pédiatre reporta son attention sur le Français. Le pauvre homme pleurait de chagrin et Rachel sentait son coeur se serrer davantage à chaque seconde qui passait.

-Oui, bien sûr Mr Marceau, je vous emmène le voir. Avant cela, il faut que je vous informe d’une chose. Votre fils est en mort cérébrale, mais il est toujours relié à une machine pour respirer. Vous allez donc voir les mouvements respiratoires de sa cage thoracique, mais comprenez bien que cela n’est en aucun cas un signe de vie réelle. Je ne veux surtout pas que vous vous fassiez de faux espoirs.

Elle lui fit signe et l’engagea du regard à la suivre dans le couloir. Elle se rendit avec lui dans la pièce où le personnel avait emmené l’enfant après avoir pris soin de retirer tout le sang qui avait coulé de part et d’autres des plaies qui maculaient son pauvre petit corps meurtri. Chaque pas qui les rapprochait que cette pièce était un supplice, c’était toujours pareil. La chirurgienne savait que malgré ce qu’elle venait de dire, tous les parents avaient la même réaction, ils espéraient in miracle. Seulement, si parfois la médecine en faisait, les cas comme celui de Tom Marceau était désespérés et il n’y avait pas d’espoir à avoir. Son cerveau était grillé, jamais il ne se réveillerait.

-Nous y sommes, lâcha-t-elle calmement avant d’ouvrir la porte à Jean et de le suivre à l’intérieur.

Elle le laissa s’approcher à son rythme du corps de son petit, froid et livide, un tube dans la gorge qui faisait respirer son corps sans vie. Le Dr Davis laissa un peu de temps au père, quelques minutes, pour se recueillir auprès de son fils décédé, avant de s’avancer vers lui.

-Mr Marceau, je sais que c’est un moment extrêmement difficile et que vous n’avez pas envie de parler de cela, mais je me vois dans l’obligation de vous poser la question, aussi horrible qu’elle puisse vous paraître. Avez-vous pensé au don d’organe ? Nous autoriseriez-vous à prélever chez Tom des organes qui pourraient sauver la vie d’autres enfants ?

On ne pouvait jamais prédire les réactions des parents à cette question. Il y avait ceux qui refusaient catégoriquement cette éventualité, associant cela à un abandon, à accepter la mort, alors que de toute façon elle était inéluctable, et il y avait ceux qui étaient plus compréhensifs et qui se rendaient compte que si leur enfant avait eu plus de chance, il en aurait peut-être eu besoin un jour. Rachel ne savait pas dans quel panier serait Jean Marceau, mais elle espérait qu’il aurait la sagesse, malgré son odieux chagrin, d’accepter de sauver la vie d’autres petits patients innocents.


acidbrain


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() message posté Lun 16 Oct 2017 - 22:17 par Invité
Je n’ai plus pleuré depuis des années. J’aurais aimé dire que ça n’était plus arrivé depuis l’enfant, mais j’avais pleuré deux fois, depuis. Une nuit, chaude et étouffante, en Afghanistan, après l’embuscade de Kapisa et l’effroyable tuerie qui s’en était suivie. La seconde fois, un peu plus récemment, c’était à la naissance de Tom, quand j’avais ressenti un trop plein d’émotions, lié à Kapisa, à d’autres moments de ma vie et de ma jeunesse. Et ce soir. Je pleurais comme un gosse, désemparé, désespéré, comme si l’un des repères intangibles de ce monde venait de cramer d’un seul coup ; une étoile au firmament, constellation qui guidait ma vie, qui disparaissait d’un coup dans la nuit, sans prévenir. Juste éteinte. Sans que je sache pourquoi. Enfin, le pourquoi, c’était l’accident de voiture. Mais comment ? Pour quelle raison c’était arrivé ? Ce sentiment d’injustice mêlé à l’horreur me donnait l’impression d’avoir le cœur au bord des lèvres, comme jadis après un saut en parachute, les pieds qui se balançaient dans le vide ; je ne savais même pas quoi dire, même pas quoi faire. C’est comme si j’étais en train de crever, et que je m’en rendais parfaitement compte. J’étouffais, j’asphyxiais au ralenti. La toubib me dit que je devrais m’asseoir, qu’elle était désolée. Je secouais la tête en essayant de retenir mes larmes, en essayant d’inspirer, mais je n’y arrivais pas. J’avais l’impression de galérer, comme mon pote asthmatique, à l’école… Si longtemps auparavant. Le bruit de mes respirations saccadées était tout ce que je savais émettre pendant de longues secondes.


Je continuais de nier de la tête, de la balancer d’un côté à l’autre, sans être capable d’accepter que mon petit était mort. Que je n’allais plus aller l’écouter dormir, en rentrant trop tard le soir. Que je n’allais plus lui faire à manger, plus l’aider à se préparer pour l’école, lui apprendre des trucs, lui raconter des histoires, des anecdotes. Que je n’allais plus l’entendre rire, que je n’allais plus jamais entendre sa voix. Putain de merde. Je me sens mal à en crever là, dans le couloir. Un type entame une question mais se fait rembarrer par le médecin. Je ne sais pas ce qu’il voulait faire mais mains plaquées sur la tronche, me cachant les yeux qui inondent d’un coup mon visage de larmes amères et brûlantes, je ne suis de toute façon pas super capable de comprendre ce qu’il se passe autour de moi. Ca bouge autour de moi. Mais je sens que mon univers s’est arrêté de tourner, et les images et flashs mémoriels que j’ai de mon gamin me chamboulent de l’intérieur, me bouleversent.



| Je vous en prie ! Laissez-moi le voir, j’ai besoin de le voir ! Tom ! | m’étouffais je dans un sanglot.


Jamais je n’avais supplié qui que ce soit, dans toute ma vie. Ni dans ma jeunesse, ni pendant la guerre. Jamais. Mais là je n’avais envie que d’une chose, plus qu’envie d’ailleurs, j’avais besoin de ça, de voir mon fils, de m’en rendre compte par moi-même. De le serrer contre moi, que j’en ai le droit ou non. La médecin me dit qu’elle va m’emmener, et je redresse un regard meurtri, dévasté, dans le sien où je ressens de la compassion. Ce n’est pas de ça dont j’ai besoin, pis ça rend les choses encore plus concrètes. Mort cérébrale. Mon visage se crispe encore spasmodiquement, mes rides d’expression sur le front s’étirant et se comprimant à plusieurs reprises alors que j’essaie toujours de lutter par réflexe contre le désespoir et la terreur qui me foutent en l’air. Je savais ce qu’elle m’expliquait ; je le comprenais. J’étais flic, et avant ça j’étais soldat. J’avais déjà vu ce genre de cas arriver. C’était le pire. Le corps continue un pantomime d’existence, une sorte de caricature. Inutile. Dangereuse. Illusoire. Je hoche la tête, me frottant le nez et les yeux d’un revers de manche, me moquant de tremper mon costard.


| [bJe comprends. Amenez moi auprès de Tom, s’il vous plaît.[/b] |


Tom, mon fils. Pas le corps. Ne me montrez pas un corps. Montrez moi mon enfant. Je pleure en silence tout du long du chemin que je fais, comme un automate. Je ne fais même pas attention à mon sens de l’orientation, à rien du tout en fait. Je regarde devant moi en reniflant bruyamment, sans retenue, en me frottant les yeux, comme si mes larmes étaient honteuses maintenant que j’allais voir mon enfant, comme si j’essayais machinalement de les gommer. On me fait entrer dans une pièce. Le corps de Tom semble calme, serein. Il semblerait vivant et en bonne santé, sans tous ces horribles stigmates qui marquent son corps juvénile. Le gamin a plein de marques que je reconnais, pour les avoir vues dans le cadre de mon précédent boulot, ou dans certaines circonstances de mon job de flic. Je fais un pas vers lui, détourne le regard et les larmes remontent, coulent à nouveau. Je secoue la tête. Je recule à nouveau. J’hésite à le regarder bien en face. Ca me déchire le cœur, ça me lacère de l’intérieur. Je finis par me rapprocher, hésitant. Je me mets à genoux ; je suis encore suffisamment grand pour que mon buste effleure son bras reposé sur le côté. Et ma tête vient se coller contre son propre visage aux paupières fermées, aux sparadraps maintenant le tube d’oxygène. Je pleure pour de bon, yeux fermés, caressant d’une main ses cheveux de l’autre côté de sa tête, le tenant contre moi, mon autre main allant se poser sur sa main, si petite, si fragile. On pourrait penser que je ris, au début. Mais les éclats de voix sont trop hystériques, trop hachés par les sanglots, et dégénèrent bientôt en cris absorbés en partie par les draps, par ses vêtements contre ma bouche. Je le serre contre moi, je n’y peux rien. Je sais bien qu’il est trop tard. Je mets un moment à me calmer, alors que la toubib reprend et me demande si je pense au don d’organes pour sauver d’autres enfants. J’embrasse mon fils sur la joue, sur l’épaule. Je le garde contre moi.


| On peut… On peut en parler plus tard ? Sa mère n’est même pas encore au courant. Il vient à peine de… Non. C’est trop tôt. On en parle plus tard, d’accord ? |


Je rationnalise la détresse et le désespoir par une politesse qui n’est pas feinte, mais qui sonne faux. Ce n’est qu’un cache-misère.


| Est-ce qu’il a dit quelque chose, depuis l’accident ? Est-ce qu’il a souffert, avant la fin ? |


Question bête, stupide, mais fondamentale. J’avais besoin de savoir, au-delà des mensonges rassurants. J’avais besoin de savoir pour construire dans ma tête ce qu’il s’était passé. Pour savoir ce qu’il s’était réellement passé. Pour l’ancrer dans un réel immonde, abominable, mais réel malgré tout. J’en avais besoin pour éviter de sombrer dans la folie. Et pour prendre conscience qu’en définitive, tout ça c’était de ma faute.
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() message posté Mer 18 Oct 2017 - 14:51 par Rachel-Mary Parker-Davis
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Le père réclamait à voir son enfant, c’était déchirant. Oui, il n’y avait pas d’autre mot. Le Dr Davis était déjà bien affligée de n’avoir pas pu sauver son petit patient et voir le père dans un tel était vraiment horrible. Mais elle avait fait son maximum et même plus encore, et si ses collègues lui diraient qu’elle n’avait rien à se reprocher, malgré tout elle ne pouvait s’empêcher de culpabiliser.
La pédiatre, après avoir bien réexpliqué à Jean les détails prouvant que son fils était bien décédé malgré l’apparente respiration que lui procurait la machine à laquelle il était relié, accéda à sa requête et l’emmena auprès de son fils. Le trajet ne fut pas bien long mais lui sembla durer une éternité tant elle avait le coeur lourd, elle imagina donc sans peine combien ce devait être pire pour le pauvre français. Elle pouvait l’entendre sangloter derrière elle, étouffer des plaintes, et en pareille situation, son humanité reprenait le dessus. Si elle s’était écoutée, elle l’aurait pris dans ses bras pour le réconforter ou du moins essayer, puisqu’en pareille situation, rien ne pouvait suffire à atténuer la peine liée à ce genre de perte. Mais non, elle ne s’y risqua pas. Parce que d’une part, certains proches de patients pouvaient disjoncter et se montrer violent envers le médecin qui leur avait annoncé le décès de leur proche, et d’autre part, Rachel s’interdisait tout contact physique avec des adultes, de peur que cela ne tourne à la crise de jalousie si son mari venait à l’apprendre. Elle n’irait donc pas prendre ce genre d’initiative, d’autant que de base, elle soignait les enfants, pas les parents.


Ils y étaient à présent. L’air toujours aussi désolé et compatissant, la chirurgienne permit au père de famille d’entrer dans la chambre mise à disposition. Le petit Tom était livide, la mort l’avait emporté, il avait perdu beaucoup de sang malgré les transfusions qu’on lui avait passées, et les coupures et autres hématomes, témoins du terrible accident dont il avait été victime, maculaient son corps innocent. Il était couvert par un drap, laissant seulement son visage et ses bras dépasser. Mr Marceau faisait peine à voir, Rachel tâchait de ne pas trop le regarder pour ne pas le gêner. Il devait dire au revoir à son fils de manière définitive, rien n’était plus difficile au monde. L’américaine avait été plusieurs fois confrontée à ce cas de figure, mais chaque fois était une fois de trop. Heureusement, cela ne lui arrivait pas souvent, c’était extrêmement difficile pour elle aussi, elle devait chaque fois se remettre en question et s’assurer que ce n’était pas de sa faute. La pédiatre laissa un peu de temps au papa pour se recueillir auprès de la dépouille de son bambin avant d’enfin lui poser la question qui brûlait les lèvres de l’interne avant que la chirurgienne ne le vire presque à coups de pieds aux fesses. L’américaine craignait donc un peu la réaction du père de l’enfant. Après un tel traumatisme, les réactions pouvaient être diverses et variées, mais il fallait qu’elle pose la question, cela faisait partie de son travail, et comme elle venait de le lui dire, cela pouvait sauver d’autres vies. Jean serrait son fils contre lui, c’était à la fois si touchant et si triste. Il demanda à en parler plus tard. Hélas, le « plus tard » en question ne pouvait pas nom plus durer des lustres. La pédiatre hocha la tête.

-Je vous laisse quelques heures pour y réfléchir, oui bien sûr. Où est-ce que je peux joindre sa mère pour la faire venir ?

Il fallait le consentement des deux parents. Le français demanda alors ce que beaucoup voulaient savoir : s’il avait parlé, s’il avait souffert. Rachel avait toujours trouvé cela morbide. A quoi bon se rendre malade en se disant sans cesse que la personne avait souffert avant de mourir, ou qu’elle avait dit ceci ou cela ? Mais il voulait savoir, il était en droit de savoir.

-Il était inconscient quand je l’ai pris en charge. D’après son dossier, il l’a été dès l’impact de l’accident. Il semble logique de ce fait qu’il n’ait pas souffert.

La chirurgienne espérait, par cette vérité, rassurer le père de famille. Il souffrait déjà bien assez de la perte de son enfant, alors s’il y avait quoi que ce soit, même des petites choses, pour rendre sa douleur moins insupportable, il fallait en profiter. Employer des mots simples et des phrases courtes était le mot d’ordre. Après ce genre d’annonce, personne n’était apte à réfléchir et encaisser correctement.

-Je suis vraiment, sincèrement désolée pour ce qui vous arrive, Mr Marceau. Croyez bien que j’ai vraiment fait tout ce qui était humainement possible.

Elle restait près de la porte pour ne pas entraver son espace vital et lui permettre de mieux se recueillir auprès du petit.

-Je vais vous laisser quelques instants, si vous le souhaitez, afin de voir si je peux joindre votre épouse.

La mère devait aussi venir au plus vite.

-Est-ce que vous voulez que je fasse venir un psychologue ? Je sais que ça aide en général beaucoup les parents.

Et malgré tous les défauts qu’elle trouvait à ce pays, cette ville et cet hôpital, le Dr Davis reconnaissait la qualité de ses soignants, aussi se permettait-elle de proposer les compétences d’un confrère pour essayer d’aider à soulager la peine des parents en deuil.

acidbrain


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() message posté Dim 22 Oct 2017 - 16:15 par Invité
J’étais complètement perdu. Je me retrouvais à avoir vu s’éteindre la seule constellation qui me guidait encore l’existence, car même si les choses allaient bien avec ma femme, on ne pouvait certainement pas dire que les choses étaient toutes roses non plus. Elle allait arriver, d’ailleurs. Elle aussi était souvent coincée par son boulot, et mon petit, notre enfant, était mort sans elle à proximité. C’était terrible, mais on n’y pouvait plus rien maintenant. Je le sentais déjà à l’intérieur de mon corps, à l’intérieur de mon âme. Plus rien ne serait plus jamais comme avant. Quelque chose s’était cassé ; aucun moyen de savoir s’il s’agissait de mon cœur ou d’autre chose. Je n’en savais rien, je savais juste que j’étais comme vidé de toute force, de toute énergie, et que je n’avais plus ni les clefs ni les moyens de comprendre ce qu’il me passait. Je savais juste, je sentais plutôt, que quelque chose avait irrémédiablement changé dans ma vie, dans ma tête. Mon petit Tom nous avait été arraché d’un coup, sans crier gare. Le savoir plus tôt pour s’y préparer n’aurait sans doute absolument rien changé, mais je ne savais pas… Je ne savais plus rien. Ma tête s’était vidée en même temps que ce bout d’âme qui m’avait été arraché. Je me sentais réduit à un état misérable, en pièces. Comme si j’avais été percuté par un objet à haute vélocité, et qu’il n’avait laissé que des débris à même le sol. J’ai la gorge nouée, incapable de produire le moindre son alors qu’on m’interroge.


| Oui je… Vous pouvez y aller. Elle aura besoin de le voir |


De le voir lui, pas moi. Je connaissais assez Gia pour savoir qu’elle allait péter un câble, qu’elle allait refuser d’y croire, même avec Tom sous les yeux. Moi je l’avais compris, je l’avais intimement accepté sitôt qu’on me l’avait dit. Quelque part, je l’avais senti depuis plusieurs heures dans mes tripes, que d’un si terrible accident mon gamin n’arriverait pas à survivre. Je l’avais pressenti ; j’avais vu la photo de la voiture sur le téléphone de l’urgentiste. Et on y voyait le sang de Tom sur la vitre du passager arrière. La toubib me dit qu’il n’a pas souffert. Je n’ai pas l’impression qu’il s’agisse de bobards. Et elle se dit désolée, qu’elle a fait tout ce qu’elle a pu. Je hoche la tête, le visage baigné de larmes, évitant autant que possible son regard. Je me sens calme, pourtant. Comme si un mécanisme dans mon esprit avait pris le relais et avait fait en sorte de me protéger, comme si j’avais désormais un filtre devant mon regard, devant tout ce que je pourrais entendre.


| D’accord. Je comprends. Vous avez fait tout ce que vous avez pu. Je. Merci pour ce que vous avez fait, même si… Même si Tom n’a pas survécu. |


Je suis démoli. Brisé, pas au sens du comble d’un désespoir violent, où j’aurais envie de me rebeller contre la réalité. Non, la réalité je l’acceptais, j’y adhérais, je l’épousais totalement. Et ça ma dévastait à l’intérieur. Mais plutôt que de souffler le vent chaud, la mort de mon fils me laissait étrangement vide, creux. Toute pensée cohérente, toute anticipation d’un avenir quelconque oblitérée. Je secoue la tête.


| Non, pas de psy. |


Je réponds juste à ce qui m’est demandé. J’ai du mal à voir plus loin que ça, alors que j’ai déjà l’impression que je vais crever. Le temps passe. Gia arrive, et c’est la catastrophe. Cris, pleurs, elle ne veut plus quitter notre enfant des yeux. Elle me chasse, même, non sans violence, lorsque nous évoquons « l’après ». Je finis par laisser Gia à son malheur, à son désespoir, et je demande à ce qu’on me mène dans le bureau de la chirurgienne. On toque pour moi, on me fait rentrer. J’arrive comme un automate, des poches violacées sous les yeux, les traits tirés, creusés même, j’ai pris dix ans durant la nuit. J’inspire profondément.


| Ma femme a encore besoin d’un peu de temps avec Tom. Ensuite, vous pourrez prendre ce que vous voulez à notre petit garçon, si cela peut permettre à d’autres petits de survivre. Comment va se passer la suite ? Quand est-ce que je pourrais récupérer mon petit garçon pour le mettre en terre ? |


Et quand est-ce que je pourrais me retrouver seul, et m’abandonner pour partir avec lui ?
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Rachel-Mary Parker-Davis
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Flash-back - Sorry for your loss [Ft Jean Marceau] Tumblr_myllcmD1NS1rk0i0zo2_500
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() message posté Lun 23 Oct 2017 - 16:45 par Rachel-Mary Parker-Davis
Sorry for your loss (flash-back)
 
Jean &
Rachel

Il ne fait nul doute que ce que traversait Jean Marceau était la pire épreuve que la vie puisse mettre sur la route de quelqu’un. Rachel en était le témoin et pourtant, elle avait tout fait pour éviter cela. Elle faisait toujours son maximum. Depuis toujours, depuis que, après le lycée, elle avait reçu comme une révélation cette vocation pour la médecine. Elle s’était rendu compte qu’elle avait ce besoin de se rendre utile, de contribuer à sauver des vies. Jamais elle n’avait voulu en tirer une gloire quelconque, mais les faits étaient là : elle était l’une des meilleures. Et malgré cela, elle n’en restait qu’un être humain avec ses failles. Aujourd’hui, elle n’avait pas été capable de sauver ce petit garçon. Ce constat lui glaçait le sang, elle se sentait responsable de la douleur des parents de ce pauvre petit. Jean l’avait même remerciée d’avoir fait son maximum. Elle avait l’impression de ne pas mériter ses remerciements et le trouva alors vraiment poli pour un homme qui venait d’essuyer une perte aussi douloureuse.

Avec l’accord du père, elle avait contacté la mère, lui demandant de venir au plus vite au Great Ormond Street Hospital. Quand la jeune femme était arrivée, la pédiatre lui avait brièvement expliqué la même chose qu’à Jean avant de l’emmener au chevet de son fils, où le français était toujours. Puis, la chirurgienne avait regagné son bureau. Ils avaient besoin de temps, ils avaient besoin d’encaisser, de se parler. C’était normal. L’américaine les laissa donc à leur deuil et leur peine, il fallait qu’ils aient le temps.

Assise à son bureau, remplissant le rapport sur Tom Marceau, relatant chacun des actes qu’elle avait effectués, dans l’ordre, elle venait de mettre un point final à sa rédaction lorsque des coups sur sa porte se firent entendre. Elle ordonna d’entrer, et vit alors le visage déconfit du père du jeune patient décédé. Immédiatement, Rachel se leva et alla à sa rencontre pour l’accompagner jusqu’au fauteuil qui faisait face au sien au bureau.

-Asseyez-vous, Mr Marceau.

Le pauvre homme, on sentait sur son visage pour la douleur qui l’avait envahi. Elle retourna s’asseoir pour être en face de lui et posa ses avant-bras sur le bureau. Là, Jean prit la parole, acceptant le don d’organes de son enfant. La pédiatre hocha la tête.

-Vous prenez la bonne décision, Mr Marceau. Dans ce cas, il me faut votre signature ainsi que celle de sa mère sur ce formulaire.

Elle fit avancer vers lui un document de plusieurs pages qui expliquait toute la procédure avec un tableau dans lequel il fallait cocher ce que l’on autorisait à prélever. La brunette savait combien ça pouvait être sordide pour des parents de devoir cocher « rétines », « foie », « cœur », « peau » et autres parties du corps de leur enfant. En ce qui concernait Tom, le choc ayant été fatal à son poumon gauche, le droit était peut-être encore viable. Le père demanda alors comment se passerait la suite des événements.

-Eh bien aussitôt que nous aurons procédé aux différents prélèvements que vous aurez autorisés, vous serez prévenus et libre de disposer du corps de Tom comme vous le souhaitez. Si vous désirez que nous fassions appel pour vous à un prêtre ou tout autre représentant religieux, n’hésitez pas à me le faire savoir.

Elle repensa à son refus catégorique de voir un psy. Pourtant, à la tête qu’il avait, cela semblait nécessaire. Elle joignit un stylo avec les documents d’accord pour le don d’organes et en profita pour glisser avec la carte de son collègue psychologue, Ethan Hemsworth. Si lui ne voulait pas, peut-être que sa femme en aurait besoin. Et si elle y allait, peut-être que lui aussi. Ça ne pouvait que les aider.
De son côté, Rachel devrait prévenir la banque d’organes une fois qu’elle serait sure de ce qu’elle pourrait leur transmettre. Après, en fonction de l’organe, certains hôpitaux préféraient envoyer leurs propres chirurgiens pour faire le prélèvement. Il fallait donc une entente préalable.

-Est-ce que vous voulez boire quelque chose ? Vous devriez vous hydrater, Mr Marceau.

L’américaine se leva de son bureau et alla prendre une bouteille d’eau dans le mini frigo qui se trouvait sur le côté, contre une table-basse. Elle lui rapporta le récipient et le posa devant lui, sans vraiment lui laisser le choix. Il avait dû tant pleurer, et en de pareilles circonstances, on ne pensait pas toujours à ce qui était bon pour soi.




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() message posté Mer 1 Nov 2017 - 19:37 par Invité
C’était la fin de tout. C’est comme si d’un coup toute ma vie avait été balayée, qu’une tempête était passée et qu’elle n’avait laissé que des lambeaux de ce qui avait constitué ma vie. J’avais vu une douleur et une horreur indicibles dans le regard de ma femme, lorsqu’elle était arrivée. Avant elle, je n’avais jamais vu quiconque d’aussi désespéré de toute ma vie. Et pourtant, j’en avais vu et fait des saloperies dans mon existence, entre l’armée et les flics putain j’en avais soupé des horreurs. Mais là c’était autre chose. Gia était perdue. C’est comme devenir aveugle d’un seul coup, comme si on vous retirait le monde. Mais ça se passe au niveau du cœur et non des yeux. Dans l’absolu, je n’ai jamais rien vu d’aussi destabilisant, et je suis bien en peine de savoir comment réagir. Finalement, c’est l’entraînement qui reprend le pas sur tout le reste. La machine remplace l’homme, l’être de raison prend le pas sur l’être d’émotion, de sentiments. Maintenant il faut gérer la suite, même si j’ai une conscience aigue du fait que plus rien ne sera jamais plus comme avant. Je me retrouve à nouveau avec la chirurgienne, et plus que jamais je dois me discipliner car je ne comprends pas grand-chose à la foule de sentiments qui se bousculent en moi. Dois-je la haïr ? Ou bien la remercier ? Est-ce qu’elle comprend vraiment ma douleur, la plaie béante qui m’ouvre la poitrine et me fouaille les organes internes, me faisant chanceler jusque dans mes pensées les plus intimes, déconnectées d’une existence qui ne poursuivra plus jamais son cours normal ? Je me sentais mal aussi, physiquement. Comme après plusieurs nuits à bosser sur des enquêtes tendues, conduites à un rythme effréné. Comme ce kidnapping, quelques années plus tôt. La chirurgienne me dit de m’asseoir. Je m’exécute comme un automate.


| Merci. | dis-je, même sans ressentir la moindre gratitude.


Je signais donc le papier tendu. Les yeux fermés. Je cochais tout. De toute manière, je n’étais pas en train de lire ou de sélectionner, et même si je lisais tout à fait l’anglais, le fait que ce soit dans écrit dans une autre langue que celle qui soit ma maternelle m’évitait de trop m’appesantir sur ce qui était écrit, la lecture transverse ne me servait plus qu’à identifier les cases. Et ce n’était pas de trop, car je n’avais pas super envie de connaître les détails en fait. La toubib m’explique qu’elle a besoin de la signature de la mère.


| Bon courage pour ça. Je n’arriverais pas à la décider. Vous devriez lui en parler directement. |


Le Docteur Parker truc m’explique que l’on pourra « disposer du corps comme je le souhaiterais ». Merde. C’était horrible, ça, comme phrase. Et que pourrais je vouloir pour mon gosse à part vouloir l’enterrer ? Et il allait falloir batailler avec la mère. Je l’aurais bien enterré avec sa « famille » en France, mais elle… Elle était trop britannique pour le vouloir. Putain. Je me concentrais sur des détails sans queue ni tête, juste pour m’éviter de trop penser.


| Non, ça ira. Je veux dire merci. La mère n’est pas très croyante. Moi non plus. Enfin, je ne sais pas. Vous en avez pour combien de temps avec tous ces… Euh… prélèvements ?|


Personne n’était encore au courant. Et ça n’allait pas être de la tarte de rameuter tout le monde. De savoir le dire par téléphone. Putain. Comment j’allais faire ? Quelle horreur, annoncer à la terre entière que mon petit garçon avait été tué. Comment le dire aux parents, aux amis, aux collègues ? J’allais passer mon temps à craquer. Il fallait que je sois honnête avec moi-même, cela dit. Je m’humecte les lèvres et serre un instant la mâchoire, alors que la chirurgienne me demande si je veux boire quelque chose.


| Que… Quoi ? M’hydrater ? Vous n’auriez pas plutôt quelque chose d’un peu plus fort, en cas de coup dur ? Je crois que ça en est un, aujourd’hui. |


C’était comme ça qu’on faisait, en Afghanistan. Ca et le petit rituel des « funérailles » personnalisées que chacun avait écrit dans le livre de la compagnie. Tom n’avait rien écrit, lui. Bien trop jeune. Bien trop innocent. Jamais il n’avait pu envisager sa propre mort, lui qui n’avait jamais appris à vivre. J’inspirais, fermant un instant les yeux et me frottant le dessus des yeux avec mon pouce et mon index, essayant de respirer pour ne pas exploser.

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() message posté Dim 12 Nov 2017 - 23:20 par Rachel-Mary Parker-Davis
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Le Dr Davis faisait ce qu’elle pouvait pour atténuer la peine du père et l’horreur de la situation, mais elle le savait, c’était toujours pareil, en des cas pareils, il n’y avait rien qu’elle puisse dire ou faire pour changer le malheur qui s’abattait sur les familles dont un enfant venait à mourir. L’américaine se sentait coupable, encore et toujours, c’était toujours comme ça, bien que, comme chaque fois, elle ait fait son maximum et même bien plus que d’autres médecins l’aurait fait à sa place, pour sauver l’enfant. Mais il n’avait pas survécu. Et à chaque fois que ce genre de cas de figure se présentait, fort heureusement très rarement, elle se revoyait la toute première fois qu’elle avait perdu un enfant, quand elle avait précisé sa spécialisation en pédiatrie. Elle avait passé des heures à pleurer, persuadée qu’elle avait tué ce pauvre petit. Son mentor était arrivé à la rescousse, la rassurant, lui disant que ni elle ni aucun autre chirurgien pédiatre n’aurait pu faire mieux, qu’elle avait fait son maximum et que jamais, en aucun cas, il ne fallait qu’elle ne s’accuse d’avoir tué un patient si elle était sure de chacune de ses actions. Encore aujourd’hui, Rachel s’accrochait aux précieux conseils de celui qui avait d’elle l’un des chirurgiens pédiatriques les plus renommés.

Jean Marceau lui conseilla de parler directement avec sa compagne pour avoir la seconde signature nécessaire à valider l’autorisation de prélèvement d’organes, et la chirurgienne hocha la tête. Sans doute que la mère était encore au côté du corps inerte de son enfant relié à un respirateur. Quelle image horrible, quand on y pense.

-Bien, je vais m’y employer.

Elle s’était levée dans le but de lui donner une petite bouteille d’eau, et pendant ce temps, il demanda combien de temps prendraient les prélèvements. A la vérité, tout dépendait.

-Nous vous le garderons pour une durée maximale de douze heures. Mais vous serez prévenus aussitôt que nos équipes auront terminé, soyez-en assuré.

C’était toujours si difficile d’avoir l’air détaché en parlant de ça, mais cette procédure pourrait sauver la vie d’une demi douzaine de petits patients. Jean demanda alors si elle n’avait rien de plus fort que de l’eau. Etait-il approprié de donner de l’alcool au père d’un patient ? L’était-ce d’avantage d’en avoir dans son bureau et de le lui montrer ? Cela ne lui donnerait-il pas mauvaise réputation et ne pourrait-il pas se retourner contre elle ? Rachel secoua la tête.

-Je suis désolée, Mr Marceau, mais non.

Elle se rapprocha de lui et lui tendit une petite bouteille d’eau fraîche avant de se pencher sur son bureau pour attraper le formulaire qu’il avait signé un peu plus tôt.

-Je vais de ce pas discuter avec votre épouse. Restez autant que vous le souhaitez. Si vous partez, claquez la porte.

Elle pouvait comprendre que dans son immense peine et douleur, il avait besoin de rester seul au calme. Mais elle avait à faire. La pédiatre sortit donc en silence et alla discuter avec la fameuse Gia, parvenant à la convaincre à donner son accord après un bon moment de discussion.


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() message posté Sam 18 Nov 2017 - 23:06 par Invité
Je ne savais même plus ce que je disais, ce que je faisais. Je réagissais comme un automate, à l’instinct, en ne me souciant pas tant des convenances et des politesses que des nécessités de l’instant présent. On attendait de moi à ce que je réagisse d’une certaine façon. Que je prenne les choses en main. J’étais peut-être prêt à me damner pour comprendre ce qu’il se passait et retrouver mon fils, rieur, convaincu que tout ceci n’aurait été qu’un affreux cauchemar. Mais c’était ça la différence, entre les songes et le réel. Les cauchemars on n’avait que rarement conscience de ce qu’on vivait, et de l’absence de réalité de ceci. En revanche, l’horreur la plus pure ne pouvait qu’être véridique ; j’en avais mal à en crever, physiquement et psychiquement, et je savais bien que c’était si fort et si intense que ça ne pouvait certainement pas être un fait de mon imagination, les choses étaient tout simplement trop précises, trop ancrées dans ma conscience, comme si celle-ci avait été marquée du sceau des événements au fer rouge. Sensation désagréable, mais bien plus que ça encore ; le malaise était si viscéral que respirer même était devenu difficile. La chirurgienne en tout cas, faisait ce qu’elle pouvait pour gérer la situation en bonne professionnelle. Elle écoutait ce que je disais, comme si c’était vraiment important, comme si j’avais conscience de ce que j’étais en train de proposer, d’accepter, de signer. Je lui indique de voir avec ma femme et elle obtempère. Une petite partie de moi s’en amuse ; se représente-t-elle le danger que ça va être pour elle ? Qu’importe. Elle doit pouvoir gérer. Aussi étrange que cela puisse paraître, elle n’en est sans doute pas à son coup d’essai.


| Douze heures ? Bien. Bien, bien. |


J’acquiesçais sans trop me rendre compte, de toute façon c’était foutu maintenant ; je ressassais en boucle les images de mon gosse disparu, allongé sur la table dans une autre pièce, débarrassé de ses vêtements, ses tout petits vêtements, tâchés de sang et avec les stigmates affreux du terrible accident qu’il avait subi. Je ne faisais plus que donner le change, maintenant, j’avais juste un rude besoin de passer ce tremblement de ma main gauche, de prendre l’air et de faire ce que je pouvais pour… Pour quoi, maintenant ? La toubib me refuse un remontant. Je hausse les épaules, la bouche sèche.


| Tant pis. |


Je hoche la tête alors que je l’entends comme de loin me dire qu’elle s’en va et que lorsque j’en ferais de même, je claquerais la porte. J’attends une, deux ou dix minutes, je serais incapable de le dire. Et je me tire, errant dans les couloirs. Le vent frais dehors me caresse le visage quelques instants, avant que je resserre mon col, et que je me glisse dans la pénombre des rues mal éclairées, me laissant avaler par la nuit. J’avais douze heures pour me perdre pour de bon, maintenant, je n’avais plus rien.
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