Capheus H. Jarmyn -> fiche de présentation. (terminée)

La nuit prenait doucement sa fin. Par la fenêtre entrouverte de sa petite chambre, Capheus voyait déjà la lune céder sa place au soleil pour une nouvelle journée. Il se perdit un instant dans la contemplation du mélange de couleurs chaudes et froides qu’offrait le ciel à cette heure-ci, abandonnant le dessin qu’il était en train de réaliser. C’était un moment auquel il assistait presque tous les jours, que ce soit de son lit où dehors à se balader en pleine ville. Le sommeil ne faisait pas parti de ses activités favorites et il n’avait pas besoin de dormir plus de cinq heures par nuit. Ayant été sujet à des terreurs nocturnes lorsqu’il était plus jeune, il était désormais plus effrayé qu’autre chose par le fait de s’endormir. Il adorait observer la nature et s’en inspirer pour de potentiels paysages dans de futures créations, tout comme il appréciait étudier les gens et leurs caractéristiques physiques pour façonner de nouveaux personnages. Tout était pour Capheus une source d’inspiration et il parvenait, à partir du plus petit élément, à inventer une histoire susceptible de durer pendant au moins deux ou trois tomes. C’était d’ailleurs pour cela que le seul moyen de locomotion qu’il utilisait étaient tout simplement ses deux gambettes. Les longues distances lui importaient peu tant ce qui l’entourait captait la totalité de son attention. Cela pouvait être considéré comme un avantage, à condition qu’il soit exploité correctement. Cependant, Capheus possédait quelques petites difficultés lorsqu’il s’agissait de se mettre au travail. Il passait souvent bien plus de temps à essayer de se motiver plutôt qu’à faire la tâche en question. Il avait toujours une certaine appréhension lorsqu’il faisait face à une page blanche, et, souvent, il finissait par tout remettre à plus tard.

Il fut d’ailleurs sorti de ses pensées en se rappelant qu’il devait impérativement terminer sa planche avant neuf heures du matin car il avait un rendez-vous à l’autre bout de la ville vers onze heures et demi pour passer un entretien d’embauche dans un pub assez réputé. Ce genre de situations étaient plus qu’habituelles pour Capheus qui menait un train de vie plutôt rapide. Paradoxal, pour quelqu’un d’aussi lent à la détente… Le jeune homme pratiquait l’art de la procrastination depuis aussi longtemps qu’il pratiquait celui du dessin. Il se retrouvait chaque matin vers trois ou quatre heures avec une quantité monstrueuse de travail à rendre pour le lendemain à huit heures et il faut avouer qu’il ne s’en sortait pas mal. De justesse, à chaque fois, mais pas mal. Ses parents ne manquaient jamais une occasion de le sermonner à ce sujet mais cela ne l’empêchait en aucun cas de recommencer les jours suivants. Capheus préférait vivre la nuit, c’était plus calme et personne ne le dérangeait. De plus, il était largement plus productif qu’en journée où il trouvait tous les moyens pour éviter de faire face à ses responsabilités.

Depuis maintenant trois ans, il vivait à Londres, loin de sa famille et de là où il avait grandi. En trois années, il avait eu le temps de s’habituer à son nouveau quotidien mais il éprouvait toujours une certaine nostalgie en repensant à sa jeunesse qui lui paraissait déjà bien lointaine malgré ses vingt-trois ans. Le changement ne l’effrayait pas, mais il était tellement angoissé à l’idée de ne pas s’en sortir que sa période d’adaptation avait été plus longue que prévue. S’il pouvait se permettre une vie dans la capitale de l’Angleterre, c’était bien sûr grâce à ses parents qui lui apportait un soutien financier plus que considérable. Il avait beau ne jamais avoir entretenu une relation très fusionnelle avec eux, étant des gens très souvent pris par leur travail, il les aimait quand même de tout son cœur. Capheus était persuadé qu’il ne méritait absolument pas tout ce que lui avaient offert et lui offraient encore ses parents. Son estime de lui-même était tellement basse qu’il ne comprenait pas qu’on l’aide autant. Il était tout de même bien heureux de recevoir cette aide mais gardait un certain sens des responsabilités qui le poussait à travailler de manière assidue, en plus de ses projets de bande dessinée, afin de ne pas reposer entièrement sur ses parents. S’il avait quitté le cocon familial, c’était pour une raison : il voulait apprendre à vivre seul malgré les difficultés que cela pouvait représenter.

Son quotidien ne lui déplaisait pas, au contraire. Ces trois dernières années avaient été plus que bénéfiques pour son projet personnel puisqu’il avait déjà publié plusieurs comics et faisait régulièrement des apparitions dans certains journaux ou magasines très convoités par les Londoniens afin d’illustrer leurs articles.

Excité et apeuré, les émotions de Capheus quant à son futur en tant que résidant dans la ville de Londres se mélangeaient à la manière des couleurs constituant le ciel au lever du jour.