Leo ♦ Sometimes I can hear my bones straining under the weight of all the lives I’m not

Les apparences sont souvent trompeuses, voilà une maxime que la jeune femme a très vite apprise au bras de son mari. Le sourire aux lèvres, faisant bonne impression devant les photographes. Non Eleonor n'était pas une actrice ou autre étoile de ce monde fait de strasses et paillettes, mais son site internet lui permit d'acquérir une certaine notoriété auprès de la haute, sans parler de son mariage avec ce chef d'entreprise, Andrew Goldstein… Ce monde lui était encore complètement inconnu il y a quelques années. Issue d'une famille plutôt modeste, Leo se sentait plutôt mal à l'aise dans ce genre d'environnement où le prix de votre robe ainsi que votre portefeuille sont bien plus importants que tout le reste. Alors Eleonor souriait, encore et encore, serrant quelques mains au passage. La blonde sentait l’œil avide que son mari lui jetait lorsqu'elle s'éloignait. Cet homme qu'elle pensait connaître, aimer… Jamais l'Anglaise n'aurait penser que les choses tourneraient ainsi. Elle, devenue une femme battue. On pense toujours que cela arrive aux autres. Que jamais on pourrait rien faire dans une telle situation, face aux coups de cet homme. Pourtant c'était bien ce qui lui arrivait. Eleonor était belle et bien sous l'emprise de son mari. Arrivant même parfois à lui faire croire que tout était de sa faute. L'éternelle culpabilité qu'il essayait d'instaurer afin de justifier ses coups. La jeune femme préférait ne rien dire, comme toutes ces autres femmes apeurées. Cachant ses bleus comme elle le pouvait, gardant le sourire et sa joie de vivre malgré tout. Eleonor ne se reconnaissait plus. Les cicatrices qu'elle commençait à avoir dans le dos étaient là pour lui rappeler l’erreur qu'elle avait faite en lui disant oui. Il fallait que tout cela cesse, mais comment ? Eleonor avait peur de tout perdre. Son entreprise, sa réputation, la vie ? Andrew l'avait déjà menacé à plusieurs reprises. Se disant capable de la détruire si un jour il lui viendrait à l'esprit de le quitter. C'était un tyran, prêt à tout pour la garder entre ses griffes. Eleonor se sentait encore seule dans son malheur jusqu'à ce que son chemin croise celui du prêtre Chamberlain. Homme de foi de son lieu de prière. Ses seuls saluts étaient sa croyance en dieu et les paroles rassurantes de Oswald. C'était un homme en qui on pouvait avoir une totale confiance et bien trop beau pour être prêtre. Loin de l'image de l'homme d’Église auquel on est habitué. La blonde essayait de se persuader qu'il était ainsi avec tous ses fidèles, mais une partie d'elle espérait le contraire. Leo sentait bien qu'un lien particulier s'était créé entre eux. D'une nature plutôt réservée, la jeune femme s'est pourtant très vite confiée à lui. Confessant toutes ses pensées ou presque. Ressentant parfois la pénibilité de l'appeler "mon père", chose presque étrange à ses yeux malgré la vocation du jeune homme. Oswald était au courant de ses difficultés pour fonder une famille, de ce qu'elle vivait en ce moment. Jamais Eleonor aurait penser divorcer un jour. Comme toutes les petites filles, la blonde rêvait d'un mariage de princesse, sauf que là, le prince était loin d'être charmant.


Eleonor profita de l'absence de son mari pour s'échapper. Cela faisait déjà une semaine qu'elle n'était pas allée à la cathédrale et la douce précieuse présence de Oswald lui manquait. Le bruit de ses talons résonnant entre les pierres. Leo fit son signe de croix en entrant. La jeune femme était toujours émerveillée par ce lieu empli de sagesse. Par les couleurs des vitraux que le soleil reflétait, de ces bougies représentants les prières et les espoirs de centaines de personnes. La blonde ne comprenait pas comment on pouvait faire de la religion une cause de guerre ou de discrimination... Eleonor avait foi en l'humanité, malgré tout. Même si dieu avait décidé de mettre innombrables obstacles dans sa vie. Leo ne comprenait pas ce qu'elle avait fait de mal pour être punie de la sorte. Mais rien ne pouvait enticher sa foi. Elle déposa à son tour une bougie. Priant pour qu'on lui vienne en aide dans cet épisode si sombre de sa vie. De trouver assez de force pour prendre cette décision qu'elle redoute tant. Ses problèmes pour avoir un enfant n'étaient rien face à ce qu'elle était sur le point de traverser. Leo avait bien compris qu'elle ne pourrait jamais adopter avec Andrew. Sa mère pensait même que c'était un signe de dieu si sa fille n'arrivait pas à avoir d'enfant avec cet homme, elle devait partir... Le temps passait et Eleonor ne trouvait toujours aucune une autre issue à ce dilemme. Personne d'autre ne pouvait prendre une décision à sa place, elle le savait. Mais comment procéder ? Comment lui dire sans avoir peur de ses coups et de ses réprimandes ? Aujourd'hui, Eleonor voulait tout expliquer à son confident. Andrew était allé bien trop loin. Ces coups se faisaient de plus en plus dur. Laissant sur son corps des traces presque indélébiles. Se bleu sur son visage lui imposait le port de lunette de soleil. Qu'allait dire Oswald en voyant cela ? Sans savoir pourquoi, ce dernier était toujours dans ses pensées, de jour comme de nuit. Leur lien était indescriptible. Même la jeune femme n'arrivait pas à mettre de mot. Leo tenait à lui, plus qu'elle ne voulait se l'avouer. La blonde ressentait pour lui une attirance dont elle avait presque honte. C'était un homme qui avait juré fidélité à dieu, comment pouvait-elle le voir autrement ? C'était pourtant bien le cas... Comme si sa situation n'était déjà pas assez compliquée. Sa voix résonna près de l’hôtel. Il était disait au revoir à un couple avec qui il s'était entretenu, sûrement en pleine préparation du futur mariage. Eleonor croisa le regard du père Chamberlain. Son sourire en disait long sur le bonheur qu'elle ressentait en le voyant. Elle s'approcha de lui en toute discrétion. « Bonjour, comment allez vous ? » Leo ne savait jamais comment se comporter avec lui. C'était difficile de créer une telle relation tout en gardant les distances que son statut lui imposait. Alors la jeune femme lui serra timidement la main. « Je suis heureuse de vous voir, j'ai réussi à m'échapper afin de venir vous voir. » S'échapper était le terme adéquat. Son mari ne supportait que sa femme puisse sortir sans sa présence. « J'espère que je ne vous dérange pas. » La blonde ne voulait qu'une chose, avoir un moment seul à seul avec lui.