Ahn Leeloo ~ I love you before I was born

J’ai changé d’école tellement souvent que j’ai oublié comment me faire des amis. A vrai dire, c’était plus facile de rester toute seule et de repartir que de lier amitié avec des enfants qui auraient finis par m’oublier au bout de deux lettres envoyés … Parce que c’est toujours comme ça, on se promet de toujours rester en contact, de s’envoyer des lettres tous les jours, de s’appeler au téléphone aussi souvent que possible, d’y rester pendant des heures pour se raconter tout et n’importe quoi, mais ça ne dure jamais vraiment … Alors j’ai juste finit par simplement arrêter. Se lier d’amitié, être déçue, devoir se séparer, prendre ses distances, croire à quelque chose qui ne viendra jamais. Ca fait du mal pour rien. « Mieux vaut être seul que mal accompagné » et c’est ce que j’ai finit par appliquer dans ma vie. Jusqu’à ce que je le rencontre. Tu sais, ça m’est tombé dessus sans que je ne m’y attende vraiment. Il était là, au fond de la classe et moi je l’ai vu me fixer, me laisser une place à côté de lui. je crois que c’est là que tout à commencé. Je me suis jurée de ne pas m’attacher, parce que je savais que mon père risquait à nouveau d’être muté. Mais c’était trop dur de lui résister. Pourtant je le savais, mon père a eut sa mutation, le sud du pays, putain, ça paraissait tellement loin, tellement loin que je suis allée pleurer chez Cayden. Je me souviens encore de son visage désemparé quand il m’a vu en larme devant chez lui, ma robe trempée par la pluie. Finalement je suis restée. Ma mère a préféré rester dans la ville où nous étions. Elle en avait marre, elle aussi, de déménager, alors on est restés à la capital. Elle, moi et notre chien popie. J’ai toujours voulu avoir un petit frère mais avec le divorce de mes parents je crois que j’ai pu tirer un trait sur cette idée.

Allongée dans le noir je fixe un point invisible sur mon plafond que je ne perçois même pas. A travers le rideau filtre quelques rayons de soleil. J’ai l’estomac lourd du repas que j’ai réussi a avaler ce midi. Mon lit est trop grand pour moi ce soir. Je me sens toute petite dedans, presque perdue. Je n’ai jamais compris l’utilité des grands lits comme ça. J’ai besoin de ses bras pour être honnête. Mais je sais que ce soir encore je vais devoir tirer un trait dessus. C’est comme un feu brûlant dans le creux de mon ventre. Ça me consume avec une lenteur écœurante. Je roule sur le côté en serrant mon oreiller contre moi. Ce même oreiller où mes cheveux s’éparpillaient quand il me faisait l’amour et qu’il gémissait mon prénom dans le creux de mon oreille. J’enfouis mon visage dans le tissu pourtant je sais qu’il a perdu son odeur depuis longtemps. Mais je suis le genre de folle à rechercher la moindre fragrance de sa peau. Parfois, j’ai l’impression de le retrouver, mais c’est fugace, comme une griffe sur mon cœur qu’on m’assène. Son parfum disparait aussi vite qu’elle n’est apparut, me poussant à croire que je l’ai simplement imaginé après avoir passé de longue minutes à le rechercher.
Je revois ses yeux brillants qui se posaient sur moi quand je l’attirais dans mes bras dans un rire doux. J’adorais lover mon visage dans le creux de son cou. C’est dingue. Cette sensation de chaleur … Sa nuque était belle. Je n’ai jamais cru que je pourrais convoiter cette partie de son corps et pourtant … je savais que seules mes lèvres s’y aventuraient pour lui arracher des soupirs de bien être. Je sens encore sa peau sous mes doigts et ça me déchire. J’ai le cœur en morceau depuis un moment, mais il ne voit rien, il ne veut rien voir … Quand il m’a demandé de le suivre en Angleterre je n’ai pas hésité avant de lui dire oui,  j’ai renoncé à tout ce que j’avais à cet instant … Mais je ne pouvais pas imaginer vivre sans lui. Putain, j’ai même quitté mon père pour lui,  j’ai chialé comme un môme à qui on retirait son jouet quand j’ai vu le regard de mon père se remplir de larmes. Le bout du monde ça fait loin quand même …  Il est tout seul maintenant, à Seoul, et moi je suis là, dans ce pays dont je ne parle pas très bien la langue. Il pleut tout le temps. C’est risible. Je me redresse de mon lit avec ce gout amer dans la bouche. Je tire les rideaux pour faire de la lumière et ça me brûle les yeux.

Je lâche un juron et passant une main dans mes cheveux. Je sors de ma chambre sans un mot et va jusqu’au salon désespérément vide. Notre appartement me semble tellement vide et sans chaleur. J’essaye de le décorer mais le cœur n’y est pas. Je m’assois devant les derniers cartons qu’il faudrait déballer. Je sors une photo de ma mère et la pose devant moi. Elle le sait, elle le voit, mais elle ne dit rien. Sa fille va mal mais elle ne sait pas comment l’aider. J’esquisse un sourire comme pour la rassurer et me penche vers elle pour déposer un baiser sur le verre froid de la photo. Mon père, lui, préfère se dire que tout va bien, alors c’est ce que je lui dis. Tout va bien. L’Angleterre c’est géniale, je me fais plein d’amis et Cayden est plus attentionné que jamais. S’il savait, lui, comme je me sens horriblement seule … Papa je ne sais pas quoi faire … Il me manque, alors que je vis avec lui. Ca me parait dingue et je ne sais pas comment faire pour m’ôter cette boule dans le ventre. J’ai envie de vomir, constamment. Et j’ai peur … parce que je le sens, je suis entrain de le perdre.