"Fermeture" de London Calling
Après cinq années sur la toile, London Calling ferme ses portes. Toutes les infos par ici the  truth has no twin + banana  2979874845 the  truth has no twin + banana  1973890357
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() message posté Jeu 9 Juin 2016 - 1:05 par Invité


standing there, that day,
i felt like she was being torn from my skin
and there was no way i could ever fly free,
without her right beside me.



Je vais où ?

Cher Bernie,
Je me suis perdu en allant au bureau. Tu sais, il faut toujours longer l’avenue à droite mais je me suis retrouvé du côté opposé. Je sais pas. Mes jambes se sont arrêtées au milieu du chemin. La fumée de la cigarette remplissait mon visage. Parce que je voyais à travers. Je vois toujours à travers quelque chose. Lunettes. Lentilles. Hanna. On dirait que j’ai pas le droit d’avoir mes propres interprétations. Je n’ai pas le droit d’exister parce qu’elle est là…


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Mes mains tremblaient dans la pénombre. Sale nuit ! Nuit capiteuse et silencieuse ! Avais-je peur de l’obscurité ou de la solitude ? Je me redressais sur le canapé. Ma posture était tendue par le froid. Ma tête tournait dans toutes les directions, troublée par les courbes argentées de la table basse. La came était plus forte que tout. Mon cœur s’était écorché sous les caresses de la drogue. Le rush m’avait retiré ma conscience. Je devais plaider au tribunal, une affaire de corruption ou de fraude, mais je m’en fichais. Je n’avais pas préparé mon dossier. Je savais seulement que la loi ne protégeait pas les imbéciles. Mon esprit flottait au milieu des meubles. Mes ailes se déployaient sur les pages de mon calepin. J’écrivais pour déposer une ombre sur le monde. Les lettres s’allongeaient comme une rature à la surface du papier. J’étais une rature. Un jumeau raté. Ou peut-être l’étions-nous tous les deux ? Hanna avait perdu son mari. Elle avait presque tué son fils. Je déglutis en relevant mon visage vers les néons de lumière. Les émanations de la lune filtraient à travers les rideaux. Mes prunelles absorbaient toutes les couleurs. Mes prunelles étaient un puits infernal. Je soupirai en plongeant mes narines vers le rail blanc. La poudre d’étoiles submergeait mon système. Il suffisait de quelques minutes pour trouver la liberté. Quelques minutes… Je m’étais déjà envolé au loin. Je courrais comme un animal sauvage vers la voix qui entonnait mon prénom. Les murs bougeaient tout autour de ma silhouette. Je souris en me glissant vers le sol. Ma joue était brûlante sur le carrelage. Non. Ma joue était brûlante sur ma peau. Je n’étais pas réel. Je pouvais seulement imaginer mes sensations. Un rire explosa dans ma gorge. J’avais mal. Je me tortillais contre la porte de la chambre. Le lit de Hanna tendait ses bras vers ma poitrine. Il m’invitait à la rejoindre dans une étreinte invisible. Mes souvenirs se décomposaient sous mon regard. Je traînais mon corps sur le parquet. Mes ongles raclaient la poussière avant de s’accrocher à la rampe puis le contact du matelas me porta vers une nouvelle dimension. Je plongeais dans un tourbillon d’illusion. Je voyais les licornes qui galopaient vers l’horizon. Elles bordaient la limite que je m’étais juré d’effacer. La cocaïne était devenue une habitude. Tout comme l’échec et la seconde place. Je grommelai contre l’oreiller. Le parfum de ma sœur s’embaumait sur mon expression incertaine. Ma respiration sifflait sur mes côtes. Mais l’espace d’une seconde, je retrouvai l’équilibre sur la corde raide. L’agitation de la rue ne m’atteignait plus. Tous les bruits désagréables avaient disparu. Je finis par retrouver le silence. Le sommeil. Peu importait. Ma salive coulait sur mon menton. La mousse s’était formée autour de mes lèvres violacées. Chaque soir, je frôlais l’overdose. Et chaque matin, je me réveillais en conquérant. J’étais invaincu. Mes vices me maintenaient en vie. Le temps se consumait entre mes soupirs. Je me sentais enfin relaxé. Mais l’arrivée de Hanna m’extirpa violemment de ma léthargie. Elle était rentrée après une longue garde à l’hôpital. Son profil s’était posté devant moi. Je couinai d’un air rageur avant de relever le drap sur ma tête. «Putain éteint tes cheveux. Tu me pètes les rétines !» Bourgeonnai-je en la poussant.
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() message posté Dim 24 Juil 2016 - 0:35 par Invité
It is harder to love somebody than to walk away from them. ✻✻✻ Le soleil se levait progressivement sur la ville. Ses rayons orangés commençaient à illuminer et à éclairer doucement les rues de la ville. Quelques londoniens étaient déjà debout, foulant le béton des trottoirs pour se rendre au travail. Certains, comme Hanna rentraient chez eux, après une longue nuit. Sa garde s’était terminée il y a plus d’une heure, mais elle avait trainé. A cause d’Alex et d’une énième dispute. En se séparant, les disputes ne s’étaient pas arrêtés, elles avaient même augmenté. Il lui en voulait, pour une raison qui échappait à la rousse. Un soupire s’échappa d’entre ses lèvres. Quand est-ce que sa vie était devenue compliquée ? L’épaule d’un passant rentra en collision avec la sienne. Son attention se reporta à l’homme en costume trois pièces, un café à la main, qui la regardait avec un air désolé. Hanna esquissa un sourire, lui assurant qu’elle n’avait quasi rien senti. Ce n’était pas vrai, son épaule brûlait à cause du choc, mais elle était fatiguée. Elle voulait juste rentrer et s’écrouler dans son lit. Cette nuit, elle avait failli perdre une patiente. Une petite fille, atteinte d’une maladie grave, qui a subit une opération lourde et longue. Ses jambes souffraient encore des heures passée debout, son dos criait encore de douleur. Son immeuble se dessina devant elle. Une sensation de soulagement envahie son corps, à l’idée qu’elle puisse dormir au moins cinq heures. Ses nuits étaient courtes, mais le sommeil n’en était pas moins glorieux. Le soleil était un peu plus haut dans le ciel. Hanna avait toujours été impressionnée par la vitesse à laquelle il se levait. Il y a vingt minutes encore, il faisait nuit noire, et pourtant, elle n’habitait pas très loin de l’hôpital. La fatigue lui faisait penser à des détails insignifiants, presque stupides. Elle secoua la tête et inséra la clé dans la serrure. La porte révéla son appartement, l’endroit qu’elle était censée appeler ‘maison’. Mais pour elle, elle l’avait laissé en quittant Alex et leur appartement, avec les affaires d’Ethan et tout le reste. Le bazar ne la dérangeait même plus, elle avait l’habitude. Vince et Romy étaient bordéliques, elle s’y était faite. En revanche, la drogue sur la table basse, ça, c’est quelque chose auquel elle ne s’habituerait jamais. Elle gèrerait ça plus tard. Un grognement passa sa gorge en voyant son charmant frère affalé dans son lit. Elle s’approcha du lit, secouant violemment l’épaule de son jumeau. Elle se demanda brièvement comment deux êtes censés être similaires en tout point, pouvaient être si différents. Le Ying et le Yang. Leurs erreurs les rapprochaient, cela dit. « Vince ! Réveilles-toi ! » Il couina, avant de relever le drap sur sa tête. « Putain éteint tes cheveux. Tu me pètes les rétines ! » Ses sourcils se froncèrent. Elle était tellement fatiguée, elle aurait pu squatter la chambre de Romy. Mais cet idiot bavait sur son lit, et ses lèvres étaient bien trop violettes à son goût. Elle arracha violemment le drap pour le laisser joncher sur le sol. « Debout, allez ! » Ses mains empoignèrent ses épaules avec toute la force qu’il lui resta. Elle le traîna jusqu’à la salle de bain, le bras autour de la taille. Elle le laissa glisser le long du mur de la douche italienne, avant d’allumer l’eau froide. Le jet d’eau glacé coula le long de son dos, et Hanna laissa échapper un crie de surprise. Elle s’agenouilla près de son frère. Elle soupira, dégoûtée par ce qu’elle s’apprêtait à faire. D’un geste rapide et maîtrisé, elle enfonça ses doigts au fond de sa gorge, l’incitant à vomir, peu importe ce qu’il avait pris, avant diriger l’eau sur lui. « Tu fais chier. » Lâcha-t-elle doucement, complètement exaspérée par le comportement de son frère.
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() message posté Dim 11 Sep 2016 - 19:09 par Invité

standing there, that day,i felt like she was being torn from my skin and there was no way i could ever fly free, without her right beside me. La pièce chancelait entre mes paupières. Ses mouvements étaient si gracieux sous les néons de la lumière. J’observais les murs, les portes et les décorations. J’observais l’effervescence des rideaux et ses pirouettes dans le vent. L’immobilité avait rendu l’appartement triste. Et maintenant, il bougeait en harmonie avec mes pensées. J’étais le créateur d’une illusion parfaite. Romy, ou es-tu ? Un sourire passif se dessina au coin de mes lèvres. Je marchais sur le bord du balcon. Ma peau tremblait sous les caresses du tissu, comme hypnotisée par l’étrangeté de cette sensation. Je déglutis afin de ravaler l’amertume de ma salive. Les gouts se mélangeaient au fond de ma gorge. Le sucre, l’acide et la drogue. J’étais libre durant un instant. Une seconde. Je n’avais plus besoin d’éternité. Les vibrations du saxophone berçaient ma transe habituelle. Je jouais sans le tenir. J’entendais une symphonie dans mes oreilles. Je pouvais contrôler le son parce qu’il n’était pas réel. Je ne suis pas réel. Je ressentais quelque chose, un sentiment qui brûlait. Je suffoquais dans mes rêves. J’imaginais les rires de Romy dans le silence. Sa voix m’avait brisé le cœur. Parce que j’avais l’impression de la vouloir près de moi. J’avais l’impression qu’elle raisonnait à l’intérieur de ma tête. « Vince ! Réveilles-toi ! » C’était bizarre. Le parfum de Hanna. Les nuances citronnées de son cou coulaient sur mes joues crispées. Eurk, dégage ! Elle parasitait mes fantasmes. Je voulais qu’elle disparaisse. Pourtant, je me redressai toujours afin de capturer ses mouvements sous mes doigts.  Ma jumelle était une créature fantastique, une ombre fugace qui se dérobait immanquablement de ma prise. « Debout, allez ! » Elle criait mais je demeurais abîmé dans mes confessions. Je voulais m’abandonner complètement. Hanna était la plus responsable. Elle avait réussi ses études et ses ambitions. Elle était chirurgienne, tandis que je me pavanais dans les couloirs poussiéreux du tribunal afin de moquer le système. Je suis invisible. Personne ne me voit. J’émis un ricanement sarcastique alors qu’elle m’empoignait violemment par les épaules. Je voulais la retenir, l’empêcher de tout détruire. Mais je n’avais plus de choix. Elle enfonça ses doigts dans ma bouche, me contraignant à régurgiter le contenu de mon estomac. Je toussai en m’accrochant aux bords de la céramique. L’éclat blanchâtre de la salle de bain transperçait mes pensées. « Tu fais chier. » Je me laissai tomber. Je sombrais dans les vestiges de mon rush. Je ne lui pardonnais pas. Je ne lui pardonnais pas sa perfection, sa beauté, tout l’estime que je lui accordais. Mes yeux étaient rivés sur son expression déçue. « Jt’ai rien demandé. Casses-toi si jte fais chier. » Maugréai-je en enfonçant mes ongles dans son poignet. Je n’étais pas stable. J’existais dans la contradiction entre mes gestes et mes envies. «C’est pas la peine de répéter, ‘man s’en fout que jme drogue.» Je pressai mon poing sur ma poitrine afin de calmer mes reflux. Ma tête semblait peser des tonnes, et je n’arrivais plus à regarder Hanna sans me sentir fragile. Je ne parvenais plus à la défier du regard, car elle était plus forte.  «C’est pas parce qu’on est liés que tu dois te sentir obligé de me sauver. Tu viens de gaspiller 300 livres de première qualité !» Je pinçai la bouche en m’effondrant sur le carrelage. Elle avait interrompu mon envol. Je pensais encore à Romy. Je pensais à Romy à cause d’elle.  
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() message posté Dim 2 Oct 2016 - 13:34 par Invité
It is harder to love somebody than to walk away from them. ✻✻✻ La lumière de la salle de bain rendait le teint blafard. Ou alors, c’était juste l’éclat naturel du visage de Vince. Hanna grimaça en l’entendant rendre tout ce qu’il avait dans l’estomac. Ses yeux détaillaient chacun de ses mouvements. Elle ne voulait pas qu’il tombe, qu’il se fasse mal, qu’il perde connaissance. Vince vivait sur un fil, un équilibre fragile. Il aimait tester ses limites, leurs limites. Hanna était fatiguée. Mais elle ne pouvait s’empêcher de vouloir le couver. Ils étaient si similaires, et pourtant si différents. Elle n’avait pas la prétention de pouvoir comprendre comment l’esprit de son jumeau fonctionnait. Hanna vivait pour l’ambition, pour son travail, pour l’adrénaline d’être médecin. Sa vie s’était dénuée de tout son sens, quand le visage angélique et potelé, pure et innocent, de son fils avait perdu toutes ses couleurs. Elle se raccrochait à sa vie au sein de l’hôpital. Vince, lui, trouvait du réconfort ailleurs. Son mode de vie était dangereux. Une part d’elle lui en voulait. Parce que, fatalement, elle se retrouvait impliquée. Elle n’était pas très douée pour montrer ses émotions, pour montrer aux gens qu’ils avaient de l’importance. Vince était une extension d’elle, la deuxième face d’une pièce, le Ying de son Yang. Il comptait. Plus que n’importe qui. Elle ne savait pas lui dire. Elle ne savait lui montrer que sa déception. « Jt’ai rien demandé. Casses-toi si jte fais chier. » Des dizaines de protestes étaient sur le bout de sa langue. Elle prit une grande inspiration, remplissant ses poumons d’air un peu plus frais. « Quoi ? Tu crois que je vais te laisser crever sur mon lit ? » Elle arqua un sourcil, secouant doucement la tête. « Si tu dois mourir, ce sera par mes mains. » Lança-t-elle, sur un ton semi taquin, semi sérieux. Ses genoux se traînèrent sur le carrelage froid, pour se rapprocher de lui. « C’est pas la peine de répéter, ‘man s’en fout que jme drogue. » Elle leva les yeux au ciel, avant de poser sa main dans la nuque moite de Vince.  Ses pupilles étaient dilatées, il transpirait à grosse goutte. Hanna n’avait jamais compris l’intérêt de la drogue, et encore moins maintenant. Son équilibre était délicat. « C’est pas parce qu’on est liés que tu dois te sentir obligé de me sauver. Tu viens de gaspiller 300 livres de première qualité ! » Un soupire s’échappa, alors que Vince s’effondra sur le carrelage. Hanna s’adossa contre le mur derrière elle, et attrapa la tête de son jumeau pour la poser sur ses jambes étendues. « Je m’en fous. » Lâcha-t-elle sèchement. « C’est de ta faute si je me sens obligée de quoique ce soit ! Si tu arrêtais toutes ces merdes, on en serait pas là, Vince. » Fit-elle. Une de ses mains se perdit dans sa masse de cheveux. Ils étaient bruns, plus foncés et plus sombres que les siens. Elle était l’anomalie de la famille, avec ses cheveux roux. Ils creusaient encore plus le fossé entre elle, et son frère jumeau. Elle ne savait pas comment l’empêcher de se creuser davantage.
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() message posté Ven 14 Oct 2016 - 13:24 par Invité

standing there, that day,i felt like she was being torn from my skin and there was no way i could ever fly free, without her right beside me. La musique s’était tout à coup arrêté. Je n’y croyais pas. Je refusais de sortir de la torpeur. J’étais né cruche. Mes pensées étaient fissurés, parsemés de craquelures et d’habitude. Je cherchais l’esquisse d’un rêve dans le mur. Je traquais son odeur, la sensation exquise de la cocaïne. Non. Je ne voulais pas être libre. Je ne voulais pas mon indépendance. La drogue se suffisait à moi. Elle m’accompagnait dans mes longues traversées solitaires. Je remplaçais la peur par l’envol. Mon esprit s’en allait, il vagabondait trop haut. Et un jour, il rejoindra les étoiles. Il aura gagné les nuages. Mais pour l’instant, je tombais sous les caresses du vent. Je me pressais dans une étreinte moralisatrice, qu’elle accordait à son jumeau inférieur. Sa main m’avait pris au collier. Elle s’écrasait sur mes cordes afin de tordre les substances qui coulaient dans mon gosier. J’étais fatigué. Je ne m’endormais pas. L’onguent était nauséabond sur mes vêtements, entre les parois de la salle de bain. Hanna avait-elle peur ? Pouvait-elle déglutir et ravaler sa tristesse ? Je l’observais en silence, l’expression tirée par la douleur. Je voulais pleurer. Comme un gosse. Comme son fils. Parce que j’avais deux ans aussi. Je n’avais pas grand-chose à dire, à lui expliquer. Ce n’était pas fou. J’étais fatigué - Simplement de rester. D’exister. D’être sa moitié. Je baissai la tête sur le carrelage. Je ne pouvais pas sourire. Les moqueries avaient un temps. Et maintenant, j’avais le vertige. La sueur roulait sur mon front, redéfinissant les traits, le contour des cicatrices que je cachais derrière une humeur exagérée. Hanna, tu t’souviens de nos mois ensemble ? Neuf fois, t’étais de l’autre côté. Deux colocataires aveugles. Deux embryons qui se nourrissaient de la même source, sans jamais se voir. Quand suis sorti le premier. J’ai hurlé pour te trouver. J’ai hurlé pour te respirer. Mais t’es restée silencieuse pendant deux minutes. J’pense que tu me cherchais là-bas. On s’est raté quand j’ai glissé vers la lumière. Et tu t’es accrochée dans la chair parce que j’étais pas là. Je me redressai avec maladresse. Ma vision s’embrouillait lorsque je fixais sa chevelure chatoyante. Elle était orange – elle filtrait dans l’horizon pour créer des courbes sur la colline, là-bas. Hanna était tellement jolie. Je ne le répétais jamais. Mais elle me manquait de l’autre côté. Je voulais y retourner, exister en continuité avec son esprit. Briller dans son sillage, avant la séparation, avant cette putain de contraction. Je crispai mes doigts autour de son poignet. Enfants, elle ne voulait pas jouer. Elle préférait les livres, les histoires illustrées. Elle avait compris que mes aventures étaient des mensonges. J’inventais des créatures, des visions d’un monde ailleurs. Et notre cabane au fond de l’arbre ? Tu t’souviens de ça ? On l’avait construit pour nous. Mais t’es jamais venu. Alors j’ai emmené Romy. J’ai emmené Romy partout. Ma poitrine était engourdie. Les émotions se bousculaient sous mes côtes. Hanna n’avait plus le temps. Avec ses longues études de médecine. Ses ambitions compliquées. Et Joshua. T’es rentrée avec un inconnu. T’avais un enfant. Une famille. Je n’étais pas jaloux de ses départs. Je me sentais seul – parce qu’elle avait trouvé un chemin différent. J’avais la chance d’être un frère pour le soleil. Mais je ne possédais pas son éclat. Je n’avais pas sa majesté lorsqu’elle s’élevait au-dessus du ciel. « Quoi ? Tu crois que je vais te laisser crever sur mon lit ? Si tu dois mourir, ce sera par mes mains. » Il était trop tard, maintenant. Hanna était revenue, cassée. J’avais prié pendant des années pour ça. Pour notre réunion dans la même pièce, avec un voile autour et le son de nos cœurs. C’était ma faute. Mon rêve était sa damnation. Tsais Ethan, il rirait quand jle tenais. J’crois il te sentait en moi. Il savait que t’étais là. Les momes, y sont malins. Y comprennent. Pour ça jgrandis pas. Jveux comprendre aussi. Je me laissai tomber sur le sol. Ma joue rencontrait la surface humide. Je tremblais en glissant contre la cuvette. J’avais du mal à me lever – à maintenir la balance entre nos vies. « Je m’en fous. C’est de ta faute si je me sens obligée de quoique ce soit ! Si tu arrêtais toutes ces merdes, on en serait pas là, Vince.» Mais on y était. Tous les jours. Toutes les nuits. On se retrouvait dans la même position. Ma tête, sur ses jambes. Mes larmes entre les mailles de son pantalon. Je me cramponnais à ses genoux. Ma voix s’effondrait dans un soupir. Puis j’osais briser notre entente. « T’as peur ? Tu peux imaginer c’que c’est ? On fume par coutume. Pour passer la frustration. On s’consomme parce que c’est plus rapide. Suis pas un esclave. Ou un tox. J’ai pas envie qu’on me réveille. Quand t’es ailleurs. T’es heureux. » Elle me regardait comme son fils. Elle m’adressait une expression maternelle, courroucée par cet émerveillement juvénile et attendrissant. J’avais peut-être gardé un peu d’innocence. J’avais remplacé la réalité par la drogue. Alors, je n’avais plus qu’à plonger. «Me retiens pas, Nana. J’aime quand suis merdeux. Et j’ai pas envie de réaliser que t’as grandi sans moi. Que Romy c’est mon âme-sœur. T’es pareille. Avec Ethan. T’es juste comme ça.» Je frissonnai en redressant la tête. Je pris appui sur le mur, puis je haussai les épaules en reniflant bruyamment.

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