Si je disparaissais subitement, est ce que quelqu’un s’en rendrait compte ? ▬ Maon

« C’est officiel, tu es un Carter maintenant ! » Maintenant, Maon est âgé de quinze ans et depuis tout ce temps il n’attendait que ça. Etre reconnut, avoir un père, un vrai. Pour son anniversaire, il ne pouvait rêver mieux et son beau-père qui est maintenant son véritable père quand on lit ses papiers d’adoption, lui a fait le meilleur des cadeaux. Maon n’a jamais connu son père, il soupçonne même sa mère de ne pas connaitre son identité. Elle était assez volage lorsqu’elle était jeune, s’est calmée lorsqu’elle est tombée enceinte avant de le redevenir une fois que son fils était âgé de quelques années. Quoi qu’il en soit, il a fallu des années avant que Maon ait une vraie figure paternel, un homme qui voulait bien de lui et non pas un salaud comme sa mère a pu connaitre. Entre ceux qui ne voulaient pas de lui, ceux qui picolaient puis tapaient sur sa mère tandis que lui se cachait sous son lit lorsqu’ils les entendaient entrer dans la maison tard le soir. Maon aurait pu être méfiant avec tous les jules de sa mère. Mais non, il a eu une bonne étoile. « J’suis vraiment heureux papa, je te rendrais fier de porter ce nom ! » Dit-il finalement à son père. Il n’a pas attendu d’être officiellement son fils pour l’appeler ainsi. Avoir un père, ce n’est pas forcément une histoire de sang ou encore de signature sur un bête bout de papier. Il suffit d’avoir un homme qui veille sur vous et sur votre mère. David, son père, a fait sortir sa mère d’une dépression, Maon ne pouvait que l’aimer même s’il était méfiant de base. Il en avait vu des hommes s’approcher de sa mère, qui ne lui voulait pas forcément que du bien. Seulement il a fait office s’exceptions pour confirmer la règle. Très vite, il est entré dans la vie de Maon sans qu’il ne s’y attende vraiment. C’est lui qui lui a appris à taper dans une batte de baseball. C’est lui qui lui a donné des conseils lorsque l’une de ses petites camarades lui tapait dans l’œil. Très vite il ne faisait pas seulement office de mari de sa mère, il faisait office de père, le premier qu’il a eu, seul qu’il n’aura jamais. Maon le sait. La famille de David faisait aussi office de nouvelle famille pour Maon, la preuve est ici : ils ont tous fait le déplacement pour ce jour si spécial. Maon et ses parents venaient de quitter le tribunal qui venait d’officialiser l’adoption, ils étaient en train de traverser le jardin pour arriver la porte lorsqu’il aperçut dans la vitre une tête qui semblait vouloir se cacher. Il reconnut la tête de son cousin Antwon qui vit à l’autre bout du pays. Un sourire s’afficha alors sur ses lèvres. Toute la famille est venue, c’était une surprise, il venait de le découvrir avant même d’ouvrir la porte d’entrée. C’est décidé, cette date restera gravée dans sa mémoire. L’une des journées qu’il a préférées de sa vie.

« Je suis vraiment désolé d’être en retard chérie, la journée a été éprouvante ! » Il aurait pu s’en douter. C’est la première fois qu’il va sur le terrain pour sa propre affaire. Avant, lorsqu’il était en formation, il suivait ses formateurs, il ne prenait pas ses propres décisions. Là, c’est la première fois, avec Camy, ils avaient décidé de fêter ça ce soir. Elle devait préparer le repas, il devait ramener le champagne mais ils n’avaient pas prévu qu’il rentre aussi tard. « Tu aurais pu appeler ! » Dit-elle alors qu’elle semblait fatiguée de l’avoir attendu. C’est vrai, il n’a pas assuré, il aurait dû au moins la prévenir que l’affaire avait pris plus de proportions qu’il ne l’aurait pensées, mais il ‘était trop pris dans ses pensées que ça lui été sorti de la tête. « Je sais, je suis désolé j’ai… attend j’vais sortir acheter le champagne, j’ai complètement oublié » Il se sent totalement dépassé. C’est comme si ces pensées ne semblent pas le suivre. Il est complétement fatiguée mais il ne veut pas gaucher la soirée avec sa femme alors il est prêt à se rendre dans une supérette de nuit pour se rattraper. « Non, on fêtera ça un autre soir. Viens manger, c’est déjà froid ! » Il sourit à sa femme. Qu’est-ce qu’il a fait pour la mériter ? Il ne sait pas trop, il a juste eu de la chance. Il l'a rencontré par hasard, en sortant du pain alors qu’il n’était pas réveillé. Les voilà maintenant des années plus tard, vivant ensemble, mariés et heureux. Pourtant, malgré l’amour qu’il éprouve à sa femme, la confiance aussi et le fait qu’il puisse tout lui dire, sa première enquête, il ne pouvait lui en parler. C’est plus fort que lui. Ça l’a plus touché qu’il ne l’aurait cru. Non seulement c’était sa première enquête, mais en plus c’était une cause qui le touchait. Alors qu’il était de ronde avec son co-équipier, ils ont reçu un appel pour se rendre chez quelqu’un pour violence conjugale. Au simple nom, il avait senti son sang faire deux tours et il n’avait pas hésité avant de mettre les sirènes pour s’y rendre aussi vite qu’il ne l’avait pu. La violence à l’encontre des femmes fait partie des choses dont il a le plus horreur et il avait l’impression de revenir à son enfance lorsque c’était sa mère qui avait subi ce genre de traumatisme corporel mais surtout psychologique. C’est donc de cette manière qu’il a passée du temps à parler à une certaine Joleen pour la convaincre de partir, partir loin de son copain. Elle était enceinte en plus, ça le révoltait tellement. Il n’avait eu qu’une envie s’est retrouvé son mec et lui foutre une raclée. Mais il fallait qu’il se contienne. La prison, c’était tout ce qu’il avait mérité et c’est pour cela qu’il l’avait retrouvé des mois plus tard dans une autre circonstance puisqu’il avait tué un homme lors d’une bagarre et mis en prison. Maon espère bien qu’il y restera le plus longtemps possible. Le simple fait de savoir que ce genre de type puisse être en liberté lui donne envie de gerber.

« Si tu veux demander à ce qu’on change de co-équipier, je peux comprendre ! » Maon ne put s’empêcher de lever les yeux au ciel. Comme s’il devait attendre son approbation pour faire quoi que ce soit. Qu’est-ce qu’il ne faut pas entendre sans déconner. « Ferme-la » Le jeune homme est sur le point de lui foutre son poing dans la tronche lorsqu’un bruit se fit entendre. Maon sortit alors son pistolet pour le pointer vers la source du dis bruit, prêt à appuyer sur la gâchette. Se prendre la tête durant une mission, c’est sûr que ce n’est pas conseillé mais bon, c’est plus facile à dire qu’à faire. Ça fait bien une semaine que Maon est ailleurs, énervé, écœuré également. Six jours plus précisément, que Camy lui a révélé être enceinte mais l’enfant qu’elle porte n’est pas le sien. Il a plié bagage, impossible de rester sous le même toit que sa femme infidèle depuis trois mois selon ses propres mots. Autant dire qu’il y a de très mauvaises façons d’apprendre qu’on est cocu et Maon a connu l’une d’elle. Il ne l’a pas appris en la voyant directement dans leur lit avec un autre mais apprendre que sa propre femme porte une vie mais qu’on y est pour rien, est vraiment difficile. Pire encore, comprendre très rapidement que l’homme avec qui sa femme a batifolé n’est autre que son collègue depuis des années, l’un de ses meilleurs amis. Tu parles d’un ami. C’est ce dernier qui lui apprit sans même le faire exprès. Autant dire que ça le met hors de lui. Ils n’ont même pas eu la décence de lui dire en face. En tout cas il doit faire abstraction de la trahison de l’homme qui est à peine deux mètres de lui. C’est une question de sécurité. Ils ont été appelés après avoir été alertés par des coups de feu suspects dans les bas-fonds de Londres. Ils doivent faire attention et non pas se faire remarquer car ils se comportent comme des gamins qui se disputent un jouet. Ils sont tous les deux adultes, Maon a vingt-huit ans, il doit faire la part des choses et leur jouet, est un être humain puisqu’il s’agit de la femme de ce dernier même si ce dernier n’est pas certain qu’elle le soit longtemps. C’est le genre de chose qu’il ne peut pas pardonner, surtout pas si elle est enceinte. Finalement, il semblerait que ça soit une fausse alerte, le bruit provenait d’un chat qui n’avait pas vraiment apprécié que le chien que Maon soit dans les parages. Ils ont fait plusieurs fois le tour du secteur sans trouver rien de suspect. Finalement, ils sont remontés dans leur voiture de patrouille pour revenir au poste puisque c’est la fin de leur service. Sans doute est-ce qu’ils avaient hâte de terminer puisqu’ils sont allés un peu trop vite. Assez vite pour taper contre une barrière sur l’autoroute. Finalement, un gros blanc, rien. Maon perdit connaissance alors qu’il sentit la voiture sortir de la route.

« Vous êtes certains de vouloir reprendre le boulot aussi vite ? » Aussi vite, si on réfléchit bien aux faits, Maon n’a pas travaillé depuis huit mois. Bon, il y a eu six mois de comas entre-temps, mais Maon a l’impression de devenir fou à tourner en rond chez lui, tel en lion en cage dans l’appartement qu’il partage avec sa femme. Deux mois qu’il s’est réveillé de son coma, quelques semaines que sa femme l’a ramené à la maison, enceinte jusqu’aux yeux puisqu’elle va bientôt accoucher. Bien sûr, il ignore totalement que ce n’est pas son enfant, qu’il ne va pas devenir papa très bientôt. Puisque le vrai père a fui la ville sans donner la moindre nouvelle, elle en profite, elle n’est pas folle la guêpe. Il s’est réveillé, il était totalement perdu dans son lit d’hôpital, il était seul. Ses médecins, après quelques tests, ont prononcé une amnésie partielle puisque Maon ne semble pas se rappeler de ses deux dernières années. Le reste pour le moment reste assez trouble, il ignore si ce sont vraiment des souvenirs ou encore des essais de se souvenir. En tout cas, très vite il a eu des visites à l’hôpital, ses parents, des amis, de la famille, Camy mais aucune nouvelle de son meilleur ami et collègue. Maon pense que c’est parce qu’il se sent coupable de son accident puisque d’après ce qu’on lui a raconté ils étaient en mission et qu’il était présent dans la voiture lors de l’accident mais qu’il s’en est sorti sans la moindre égratignure, contrairement à son chien. Camy l’a finalement ramené à la maison. Mason ne sait pas vraiment si Camy lui avait appris sa paternité avant qu’il tombe dans les comas mais bon, il est quand même heureux de devenir papa même si la situation fait qu’il est quand même paumé. « Oui je suis sûr, j’ai besoin de travailler, même si c’est dernière un bureau » Il ne peut repartir dehors pour le moment, son médecin lui-même lui a dit qu’il ne devait pas faire beaucoup d’effort physique pour le moment. « D’accord très bien, la semaine prochaine alors. Vous avez des nouvelles d’Attila d’ailleurs ? » Attila c’est son chien, il était présent dans la voiture lors de l’accident. Depuis, pas de nouvelles et Camy n’a pas vraiment cherché il faut croire mais il ne lui en veut pas, elle avait d’autres choses à penser puisqu’elle devait vivre sa grossesse sans lui. Enfin on lui a dit qu’il a été pris en charge par une vétérinaire qui l’a trouvé quelques jours après l’accident. Il lui faudra peu de temps avant d’avoir son adresse et aller le récupérer. Il n’a pas de souvenir de son chien mais ça lui tient à cœur, il a toujours adoré les chiens. C’est donc ainsi qu’il essaye de se remettre, qu’il essaye de se souvenir de ses deux dernières années qui lui paraissent appartenir à un inconnu. Il essaye de reprendre sa vie comme avant, mais comment faire quand celle-ci est un vrai mensonge ? Il ne s’en doute pas bien entendu, mais ça n’empêche qu’il a l’impression d’être un inconnu dans cette vie, vivre dans un autre appartement que celui qu’il avait avec sa femme il y a deux ans, avoir de nouveaux collègues, de nouveaux amis. Il n’y a pas à dire, en deux ans, il se passe énormément de choses.