lane boy.

« Artiste ?! ». Elle entend la voix étouffée de son père s’exclamer, elle observe les yeux de sa mère s’écarquiller. La gorge serrée, les poings également. Bridget, elle avait enfin osé, enfin trouvé le courage d’exprimer ce qu’elle désirait. Vraiment. Déjouer les plans foireux de ses parents, leur affirmer ses véritables intentions. La destinée qu’elle désirait, la voie dans laquelle elle voulait vraiment se lancer. Bridget, elle ne pouvait supporter plus longtemps qu’on lui dicte sa vie. Qu’on prévoit ses études et sa vie à sa place. « C’est une plaisanterie j’espère ? ». Le ton méprisant de sa mère la fait grimacer alors qu’elle reste droite, stoïque. Bridget, elle s’était laissée trop faire durant ces années pour permettre que cela continue. Encore. « Non, du tout. Je refuse de me lancer dans ces grandes études dont vous me parlez. C’est votre désir, pas le mien. ». La fermeté à chaque syllabe, son regard qui ne se baisse aucunement alors que ses parents ne semblent pas réaliser. « Il est hors de question que je te laisse gâcher ta vie ! ». Elle fronce les sourcils, se recule alors que la colère l’emporte quelque peu. « Et moi de suivre vos décisions ! ». Chaque mot est accentué alors qu’elle croise ses bras contre sa poitrine. « Comment as-tu pu tomber aussi bas, Bridget ? ». Sa gorge lui serre alors qu’elle ne trouve plus ses mots quelques instants, secouée par cette simple phrase. Quelques mots qui suffisaient à enflammer son esprit déjà surchauffé. Elle inspire quelques secondes, regarde tour à tour ses parents. Seule, elle l’était désormais. « Vous vous demanderez la même chose lorsque vous serez seules. ». Conclu-t-elle en leur tournant le dos, disparaissant dans un couloir pour se diriger vers ce qui était encore sa chambre. Ce qui ne serait plus qu’un souvenir dans quelques minutes. Lorsqu’elle aura terminé de faire son sac, lorsqu’elle aura quitté l’enceinte de cette demeure qui ne lui convenait plus. Un souvenir qu’elle prendrait soin de dissimuler, d’oublier. Du mieux qu’elle pourrait.

Le soleil venait à peine de se lever lorsqu’elle franchit la porte du salon, un sourire au coin des lèvres. « Salut ! ». Lança-t-elle aux deux silhouettes qui lui parvenaient dans un premier temps. Bridget, elle avait toujours un air jovial inscrit sur son visage lorsqu’elle se rendait ici. Le symbole de son indépendance, de sa résistance face aux décisions de sa famille. Elle s’avance jusqu’à son poste de travail alors qu’elle regroupait sa chevelure blonde en une queue de cheval. Son regard se ballade innocemment sur son poste de travail, s’attarde plus longuement alors qu’elle fronce ses sourcils. « Où sont mes brouillons ? Je les avais laissés là hier. ». Qu’elle demande alors que son regard se promène dans le salon. Bridget, elle sait déjà à qui s’en tenir. Elle soupire alors qu’elle continue de chercher un instant. « Delsin c’est toi ? ». Qu’elle souffle. « Qu’est-ce que t’as la peroxydée ? ». Elle fronce ses sourcils alors qu’il se dessine devant elle, la surplombant de plus d’une tête. « T’as pas vu mes croquis ? ». Elle tapote le bois de son poste pour signaler leur disparition. « Tu veux dire les gribouillis que j’ai vu traîner ? Sous ma tasse de café, de bons dessous plats. ». Elle entrouvre ses lèvres alors qu’elle hausse ses sourcils. Bridget, elle commençait à s’habituer à ses taquineries qui rythmaient ses journées de boulot. Elle encaissait, continuer d’avancer. Ce n’était sûrement pas lui qui allait la faire reculer après tout le mal qu’elle s’était donné pour arriver jusqu’ici.