mat — i really fucked it up this time, didn't i my dear?

I AM SINNER WHO'S PROBABLY GONNA SIN AGAIN. LORD FORGIVE ME.
« Mi benedica, Padre, perché ho peccato. » Il tremble. Il n'arrive pas—il n'arrive plus à tenir en place. Il cache ses mains ensanglantées du mieux qu'il le peut, comme si le Divin ne pouvait pas voir ce qui ce passait, ce qui s'était passé. On lui avait menti et ça n'était probablement pas la première fois. Il ne leur en voulait pas, il s'en voulait à lui-même de ne pas être assez fort, de ne pas pouvoir supporter cette douleur pour le bien de sa famiglia. Sa main droite se saisit subitement de son poignet gauche, comme si c'était contre son gré, comme si une force exogène s'était emparé de son corps pendant son moment d'impuissance. Il voyait les choses comme telles parce qu'il était dans la 'maison du Seigneur' et qu'il voulait y croire, croire en la pénitence.
Il se rappelle de tout. Chaque petit détail. Il a l'impression de revivre ce même moment, une douzaine d'années auparavant. Le premier coup de feu qu'il avait entendu. La première embrouille. La première fois qu'il s'était senti en danger. Seulement cette fois, Tancredi n'était pas là, il n'allait pas le prendre dans ses bras et le cacher, il n'allait pas le protéger. Non. Cette fois il est bel et bien livré à lui-même et il n'y a nulle part où se réfugier, on ne se cache pas de la Cosa Nostra. Il était l'un des leurs à présent. Pendant quelques minutes, Matìa est perdu dans ses pensées, il est loin, il est autre part et il ne sait plus comment se sortir de ce cauchemar. C'est à cet instant précis qu'il entend quelques coups provenant de l'autre côté du confessionnal, le ramenant à la réalité. Il avait oublié qu'il était ici sous ordre de son père. Un catholique, un pratiquant, un croyant, un homme bon selon lui qui a réussi à subvenir aux besoins de sa famille. À ce moment précis, Matìa se demandait s'il était lui aussi un homme bon, si on lui pardonnerait ce péché qui pour lui est la consécration ultime et inavouée de ses mauvais choix.
Il relève la tête et s'approche de la petite grille. Il ne tremble plus à présent et a séché ses larmes. Il pense être capable de le dire à haute voix, d'assumer son acte mais en réalité il a du mal à prononcer ses mots, il murmure quasiment, il ne se sent pas prêt à quitter le confessionnal, il a envie de s'isoler ici pour le restant de ces jours. « J'ai tué un homme, mon père. » Alors oui, il ne le voit pas, il ne sait pas qui il est mais le jeune italien le sait, sa déclaration a fait se redresser son confesseur qui semblait déjà faire des gestes destinés au Seigneur. Matìa soupira. Ce fut l'un de ces soupirs longs, quasi interminables, qui semblaient porter en eux tout le poids du monde. Il se mit alors à parler et ce fut la première et dernière fois qu'il parla de ce jour.



« Papa, attends——Je veux tuer personne, moi! » Giacomo se retourne soudainement et le saisit par le col férocement. Son regard meurtrier rivé sur son fils. À ce moment, Matìa se sent perdu, il se sent mal aimé, il se sent seul. Il aura beau chercher, il est seul face à ce père qu'il cherche tant à impressionner et ça, Giacomo le sait. Alors il le relâche et réajuste son col avant de prendre sa tête entre ses deux mains, presque avec tendresse. Presque. « Écoute moi, mio figlio. Tu ne vas tuer personne, ils veulent juste savoir si tu es capable d'appuyer sur la gâchette, d'accord? Allez, ne les fais pas attendre. » Il le regarde, soulagé, comme si la parole de son père était divine. Il laisse tomber ses épaules, il se sent libre. Ils cherchent juste la loyauté et ça, Matìa en a à revendre. Il ne tuera personne. Il s'avance alors dans la pièce sombre. On referme la porte derrière lui et un homme qu'il ne connait que de nom s'avance vers lui, un sourire chaleureux dessiné sur son visage, de quoi vous glacer le sang compte tenu de la situation. L'homme en question lui tapote l'épaule amicalement comme si c'était son propre fils avant de lui remettre en main le pistolet et de lui indiquer le chemin à suivre. C'était l'un de ses longs couloirs, ceux que l'on voit dans les films qu'apprécie tant Tancredi, autant dire que The Shining est presque une comédie à côté. Il entend un homme crier, dire qu'il va payer ses dettes, qu'il a une famille à nourrir. Matìa s'arrête net devant la porte et racle sa gorge. On l'entend. On accoure à la porte pour lui ouvrir. C'est le fils de Giacomo, qu'ils disent, il est prometteur, regarde moi ce beau brun et ils continuent. C'en est presque drôle alors Matìa sourit, il pense que tout va bien se passer et on le lui dit alors il y croit, il y croit bien fort. Aussi fort qu'il tient son pistolet.
La victime—ou le pêcheur, à vous de voir, crie au désespoir. Il lui dit qu'il a un fils comme lui, encore bien trop jeune et qu'il voudrait le revoir, Mati cherche à le rassurer, lui dire qu'il ne va pas mourir mais ce serait divulguer l'information que son père lui a donné. L'un des deux hommes allume sa cigarette et se penche contre le mur avant de lui lancer « Vas-y. ».
Matìa pointe alors l'arme sur l'homme, il vise tout droit la tête, il cherche à montrer qu'il n'a pas peur, qu'il est loyal, que c'est un vrai mafieux. Il en fait trop, ils le savent. Alors ils le brusquent. Ils se mettent à rire et l'un d'entre eux le tape soudainement au dos. Un peu trop soudainement. Un cou de feu se fait entendre et il relâche soudainement l'arme. Glacé. Perdu. Ses genoux tremblent, sa tête est lourde, et une larme glisse sur sa joue.
On lui a menti, oui on lui a menti mais ça n'est pas la première fois et sûrement pas la dernière alors il se tait, il ne dit rien parce qu'on lui a menti mais qu'au final c'est lui qui s'est menti lui-même. C'était un accident se répète-t-il, c'était un accident. Mais il est l'un des leurs maintenant, qu'il le veuille ou non.



I KNOW THAT I NEVER SHOWED YOU ALL THE ROOMS INSIDE OF MY SOUL.
« Max. » Il s'assoit en lui souriant et se présente aussi. Il ne la connaît pas, il s'est assis près d'elle par pur hasard, quoiqu'il lui arrive de dire que c'était écrit dans les astres parce qu'aujourd'hui Max c'est un peu son exutoire à lui. Ils n'ont pas eu besoin de beaucoup parler parce que c'est fusionnel et il l'a su dés le départ. En revenant de Sicile, Matìa avait perdu toute joie de vivre mais il devait faire semblant. Faire semblant d'être heureux, que tout va bien. Fake it 'till you make it. Ce genre de trucs bidons qu'on dit aux gens mais au final c'est un peu ça. Inconsciemment, Mat' a laissé de côté tous ses problèmes, il s'est mis à fumer pendant des heures avec son frère, Max et Basile. Ils étaient biens, un peu trop biens comme ça probablement. Les Monroe et les De Conti. Parfois il se demande comment sa vie serait s'il ne les avaient pas présenté—au final, il n'avait pas vraiment le choix, ils se seraient rencontrés autrement. Et puis il y a Basile. Elle est douce, bienveillante, tout ce que Max n'est pas. Et pourtant ça ne l'a pas empêché de tomber amoureux de la mauvaise fille. C'est drôle quand on y pense parce que c'est lui qui a voulu que Max et Tan se mettent ensemble. Alors quoi, il regrette? Non. Pas du tout. Mais peut-être qu'elle n'est pas faite pour lui—de toute façon, il ne lui dira jamais. Ils ne parlent pas beaucoup lui et Max. Il ne parle pas beaucoup en général d'ailleurs. C'est peut-être ça le problème, depuis qu'il est revenu, il n'a jamais eu de vraies conversations. Il ne s'ouvre jamais aux gens et c'est ça le vrai problème et il le sait mais il l'ignore. Il consomme, encore et encore et il finit par se consumer lui-même.
Quand son téléphone sonne, il fait croire que ce sont des filles qui l'appellent et l'implorent de sortir avec lui, ça les fait rire, et il quitte la pièce toujours de la même façon. Effrayé. Il trafique, encore et toujours. Il s'occupe des affaires de la mafia, il fait en sorte que tout passe incognito. Toute sa vie est dictée, de son occupation à ses actions. Il n'est pas son propre maître et il le sait et pourtant il y a des fois où il voudrait tout arrêter et dire à Max de venir avec lui. De partir. C'est ce qu'elle a fait, Max. Elle est partie sans rien lui dire et il lui en veut. Il lui en veut tellement. Sans elle, il était perdu, il était fou.

Matìa c'est un bon vivant, c'est un type bien mais il va finir par s'autodétruire tant il n'en peut plus. Il n'a plus que le fantôme de son frère, un idéal perdu, pour seul et ultime souvenir de lui, parce qu'eux aussi ils ne communiquent plus. Et Max...Max elle ne dit rien et ce n'est pas lui qui va dire quoique ce soit. Parfois il aimerait qu'on lui tire une balle dans le coeur pour tout arrêter. Il n'y a que ça qui pourrait le sortir de ce cauchemar: mourir.
Matìa c'est un bon garçon mais il faudrait qu'il arrête de faire le con.