(✰) message posté Mar 29 Mar 2016 - 1:12 par Invité
“Who decides the rules for lovers like you and I?” ✻ Encore de la colère. Le seul remède contre la douleur, c'était de plonger dans le vice. J'avais l'impression d'être piégé dans ma propre pensée. Le souvenir de nos promesses s'embaumait derrière mes paupières. Les reflets du magasin se comprimaient dans l'espace. Mon attachement pour Eugenia avait semé le chaos dans mon cœur. Je ne contrôlais pas mes pulsions. Je ne contrôlais pas mes sentiments. Elle m'avait repoussé en clamant que l'enfant qu'elle portait ne m’appartenait pas. Il s'agissait de son corps, de sa décision. Je n'avais pas le droit de choisir les mots. Alors, j'avais aiguisé les armes. J'avais sombré dans le silence afin de refouler mon chagrin. Je l'avais abandonné pendant de longues semaines, préférant la solitude de mon bureau, aux conflits incessants, au malaise qui se creusait vicieusement dans ma poitrine. Je lui en avais voulu. J'avais jugé les courbes de son ventre et le halo de lumière qui se dessinait au fond de ses prunelles. Je l'avais jugé parce qu'elle s'était jetée sur la chaume fumante et qu'elle s'enroulait dans les flammes de l'incertitude. Elle jouait dangereusement. Elle prenait les risques que je ne pouvais pas. Parce que la perdre, était une douleur de trop. Je soupirai en crispant mes phalanges dans un mouvement fébrile. Il n'y avait pas de désordre, seulement des contradictions, des oppositions, des phases d'incompréhension. Je n'avais pas changé ma vision des choses. La peur était toujours là, aussi lancinante qu'au premier jour. Elle se logeait dans ma gorge afin de vibrer dans les espaces entre ma voix et ma raison. Il était trop tard pour affirmer mon opinion. Il était trop tard pour rejeter les jumelles. Elles existaient réellement. J'avais fini par adopter de nouvelles routines en accord avec la grossesse. Je me conformais aux exigences de Ginny. J'essayais de devenir un père pour ses enfants. Mais je restais impuissant. Mes efforts ne suffisaient pas à expier les erreurs passées. Je le sentais dans les attitudes de Ginny parfois. Elle avait accepté mes excuses mais elle n'avait jamais réussi à pardonner mon absence. « Si, tu m’aurais traité différemment. Parce que tu ne m’aurais pas vu comme une petite chose fragile,» Elle était particulièrement amère. Je parvenais à saisir toute l'ampleur de ses désillusions, de sa hargne contre moi. Elle me reprochait tellement de choses. Il y avait un million de fragments brisés sur le sol, des morceaux écorchés de notre relation que je parvenais plus assembler. «C’est facile de dire ça quand c’est toi qui choisis quand est-ce qu’on est ensemble et quand est-ce qu’on l’est pas.» Eugenia était affaiblie physiquement, mais cela ne la diminuait pas moralement. Elle était entière par son esprit. Et, je n'avais jamais manqué d'apprécier sa valeur intellectuelle. Je n'avais jamais manqué de loyauté ou de fidélité. Ses mots étaient blessants. J'endurais cette déchirure. L'onde fiévreuse montait dans ma tête avant de retomber sur mes bras. Je la fixais avec attention. Je refusais de bouger. Ma lèvre inférieure se crispa, esquissant un faible rictus sur mon expression placide. L'infiniment petit et l’incroyablement grand se confondaient dans une marge erronée. «J'ai avalé mes médicaments ce matin, pas une potion magique.» Sifflai-je d'une voix courroucée. Je tentais de maîtriser mon émotion, d'aborder la crise de façon sereine et appropriée. «Tu as trop de doutes. Si j'ai réussi à te prouver que je t'aime réellement, tu persistes à me décourager avec des réflexions anodines. Je t'ai épousé. Je suis toujours ton mari, même quand je ne suis pas là. C'est toi qui me traites différemment.» Je haussai les épaules en pressant mon genou sur le sol. Un geste douloureux, un tic nerveux afin de canaliser ma rage grandissante. Je baissai les yeux sur ses cuisses. Je rêvais d'effleurer ses doigts mais je n'osais pas rompre la distance. « On peut pas rentrer, on a rien acheté.» Je me perdais dans les trémolos de sa voix grinçante. Elle semblait complètement désorientée. Son souffle se noyait dans l'immensité du couloir où les silhouettes des clients s'amenuisaient autour des accessoires pour enfants. « On a rien acheté. Elles naissent dans quatre mois et on a rien pour elles. On a rien acheté. On a rien acheté du tout. » La lumière était devenue aveuglante. Je grimaçai en effleurant son poignet avec délicatesse. Nous avions encore le temps de préparer l'arrivée des filles. Rien ne pressait. «On pourra revenir une autre fois, le magasin n'est pas très loin.» Je hochai la tête avec entendement. J'avais probablement ébranlé ses sentiments avec ma remarque. Elle était en proie à des crises d'insomnie, à la douleur de ses jambes et aux courbes hormonales. Je pinçai les lèvres. «Je connais mes tords Ginny. Je ne le montre pas, mais je sais que j'ai mal agi. Je suis là maintenant. Je ne peux faire que ça pour m'excuser. Parce que les mots sont vites prononcés. Ils disparaissent à la seconde où ils sont entendu.» Je passai ma main dans ses cheveux avant de me relever. J'attendais sa décision finale. Continuer les courses où rentrer à la maison.
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(✰) message posté Mar 19 Avr 2016 - 19:50 par Invité
JULIAN & EUGENIA —they say i was born a moon, always appearing among bright stars, always shining in the dark sky. they say i was born a moon but, oh, i don’t belong to this vast galaxy, and the only constellation i’m part of is one of radiant regrets and lost stardust, one of painful grief and glorious sorrow. i was born no moon, only a lonely star, and i will shine alone in the dark. ✻ ✻ ✻ J’avais l’impression que nous nous disputions sans cesse. Que nous passions la plupart de notre temps à nous hurler nos ressentiments plutôt qu’à en discuter dans le calme et la bienveillance. La plupart du temps, d’ailleurs, il était celui à lever la voix le premier ; son poing s’écrasait bien souvent sur le mur le plus proche sans que je ne puisse rien y faire. Dans ces instants-là, je ne faisais que me défendre. Je lui donnais la réplique pour tenter de garder les épaules droites et le menton haut. Je ne le laissais pas me malmener, pas entièrement, du moins, parce qu’il avait une certaine manie à être injuste envers mes sentiments, injuste envers mes émotions. Dans son univers, j’étais toujours la méchante. Dans son univers, j’étais toujours le mal et la sorcière, le vice et l’amertume. Parfois, même, je me demandais comment il pouvait bien m’aimer avec cette vision si négative qu’il avait de moi ; j’étais si dégradée dans son esprit de colère qu’il me paraissait presque impossible qu’il puisse me chérir. Mais c’était quand même le cas. C’était si contradictoire. Si improbable. Si étrange. Il aimait une chose qui le rendait fou, comme une personne dépendante à la cocaïne. La vérité, c’était que j’étais sa drogue dure. Sa dose qu’il prenait tous les jours mais qu’il détestait avec toutes les cellules de son corps parce qu’elle l’avait conduit là où il était aujourd’hui. Sa dose qui menait la danse dans le chaos de son existence. « J'ai avalé mes médicaments ce matin, pas une potion magique, » me menaça-t-il et je roulai des yeux à sa remarque. J’étais lasse qu’il fasse planer ses crises comme punition ultime. J’étais lasse de toujours devoir courber l’échine parce que je n’avais pas le droit d’être en colère. Notre relation ne me paraissait pas juste, ni équilibrée. C’était comme s’il fallait toujours le favoriser lui, dans ces instants, alors que moi aussi j’étais hors de moi. « Tu as trop de doutes. Si j'ai réussi à te prouver que je t'aime réellement, tu persistes à me décourager avec des réflexions anodines. Je t'ai épousé. Je suis toujours ton mari, même quand je ne suis pas là. C'est toi qui me traites différemment. » Mes yeux s’écarquillèrent quand j’entendis ses paroles. Il haussa les épaules comme si c’était aussi simple que cela—du moins, c’était ainsi qu’il espérait se le représenter. Comme un détail. Comme le passé. Comme une tâche dans notre histoire qu’il pouvait facilement ignorer. Savait-il que mes souvenirs m’empêchaient de dormir la nuit ? Se rendait-il compte que je me surprenais à tressaillir lorsque je le sentais remuer ? J’avais si peur qu’il s’en aille. Si peur qu’il me laisse seule. « Tu te fous de ma gueule ? » finis-je par dire. Mes mots était prononcés avec de l’assurance, cette assurance que j’avais seulement lorsque j’étais persuadée d’avoir raison. « Pendant deux mois t’as pas été mon mari, Julian. T’as été un fantôme. T’as de la chance que je sois suffisamment bête pour te laisser reprendre comme si rien était, parce que d’autres t’auraient laissé revenir dans un appartement vide avec les papiers pour le divorce glissés sous la porte. » C’était facile pour lui de faire comme si nous avions toujours été mari et femme lors de cette période. Mais, la vérité, c’était que notre couple avait cessé d’exister. Il m’avait tourné le dos si violemment que j’avais été persuadée de ne plus être avec lui durant de longues semaines. Et il osait. Il osait me dire qu’il avait encore été mon mari. Nous nous étions promis de nous aimer dans l’adversité mais il avait fui dès qu’il en avait eu l’occasion. « On pourra revenir une autre fois, le magasin n'est pas très loin. » Je secouai la tête en entendant ses mots. J’étais passée de la colère à l’angoisse en un temps record ; mes gestes étaient frénétiques et ma respiration s’était emballée toute seule dans ma poitrine. Je paniquais. Je paniquais parce que je m’étais rendue compte que nous avions perdu du temps avec son rejet ; nous n’avions pas préparé la venue de nos enfants. « Je connais mes torts Ginny. Je ne le montre pas, mais je sais que j'ai mal agi. Je suis là maintenant. Je ne peux faire que ça pour m'excuser. Parce que les mots sont vites prononcés. Ils disparaissent à la seconde où ils sont entendus, » poursuivit-il avant de se lever. Je le suivis du regard, les yeux embués de larmes. Je déglutis avec difficulté avant de finalement prendre une profonde inspiration. « Comment t’as pu partir Jules… Comment t’as pu me laisser alors que tu sais ce que ça fait. » Ma voix n’était qu’un murmure, une plainte dans le vide de mon coeur. J’avais mal. Constamment mal. J’étais un monstre de douleur, un ouragan de peine, une tempête de larmes. « On a rien pour les filles on peut pas partir… On peut pas retarder l’échéance encore et encore, » repris-je finalement. J’essuyai rageusement la larme qui était venue couler le long de ma joue. C’était injuste. Injuste pour elles bien avant que cela ne soit injuste pour moi. « Il y a des parents qui achètent des peluches dans les semaines où ils ont appris la grossesse et nous, après cinq mois… Rien, Jules, rien du tout. Est-ce que ça fait de nous des mauvais parents ? Je suis sûre qu’elles le sentent. Qu’elles sentent qu’on est un désastre. » J’avais peur, aussi, dans ma panique. J’avais peur dans ma colère. J’avais peur que nos filles nous détestent bien avant de voir le jour. J’avais peur de cette haine. J’avais peur qu’elles ressentent cette haine presque aussi fort que je ne pouvais la ressentir envers moi-même.
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(✰) message posté Ven 29 Avr 2016 - 2:09 par Invité
“Who decides the rules for lovers like you and I?” ✻ Mon regard glissait lentement sur son profil. Je rencontrais les rebords métalliques de son fauteuil et les courbes arrondies de son ventre, mais je ne parvenais plus à faire la part des choses. Ginny semblait si petite. Son destin était scellé comme une nymphe prisonnière de sa chrysalide. Ses yeux étaient fermés à l’intérieur du cocon. Nos réalités étaient différées dans le temps parce que je vivais en extérieur et qu’elle refusait de rejoindre mon hérésie. Nous étions constamment en conflit. Ce n’était pas qu’une impression. Je ne savais pas modérer mes pulsions. Elle se conformait habituellement à mes exigences. Elle pardonnait mes fautes parce qu’elle était la plus conciliante. J’avais réservé d’avance le mauvais rôle. L’idiot, c’était moi. Je me redressai au milieu des rayonnages. A cet instant, j’aurais pu lui donner des explications pertinentes et éclairées sur les circonstances de notre dispute. J’aurais pu lui jurer que ce n’était qu’une omission, une maladresse insignifiante mais ce n’était pas important. L’origine de notre malaise était abyssale. Il s’agissait des mêmes reproches, de l’incident dans la mer, de ma colère, de mon départ. Je pinçai les lèvres en soupirant. Oui, j’avais déserté après l’annonce de sa grossesse. J’avais paniqué. C’était un mélange de vanité, de machisme, de possessivité et d’émotions contradictoires. Elle était enceinte. Elle avait choisi de l’être sans moi. J’avais besoin de respirer, de m’en aller. L’Irlande était une mince échappatoire. C’était lâche et irrespectueux. Mais j’en avais assez de couvrir les mêmes angoisses avec les mêmes excuses. Je comprenais son ressentiment. Je n’étais pas digne de son intérêt ou des marques évidentes d’admiration qu’elle m’accordait parfois. Mais j’en avais assez. « Tu te fous de ma gueule ?» Je levai brusquement le bras, interpellé par la sonorité de sa voix. Mes yeux transperçaient son expression alors qu’elle crachait son venin. Je n’avais pas l’habitude de gérer ses crises de colère. La tension filtrait à travers ses mouvements avant de couler comme des larmes tranchantes sur ma bouche. Je voulais garder le calme. Je voulais sincèrement maîtriser la déchirure. Mais elle était plus forte. Elle me faisait déjà trop mal. «Pendant deux mois t’as pas été mon mari, Julian. T’as été un fantôme. T’as de la chance que je sois suffisamment bête pour te laisser reprendre comme si rien était, parce que d’autres t’auraient laissé revenir dans un appartement vide avec les papiers pour le divorce glissés sous la porte.» Je secouai frénétiquement la tête. Je devais lui faire le plaisir de continuer les achats. Je devais prendre sur moi, mais comment ? Je n’avais plus envie. Je ne voulais pas. Je soupirai en tirant sur les manches de ma veste. «Ah bon ? » Sifflai-je entre mes dents. Elle me menaçait de divorcer ? C’était ça la stratégie ? Je souris d’un air ironique. «Je dois te remercier parce que tu ne fais pas comme les autres ? Qu’est-ce que tu cherches à prouver justement Ginny. Je suis ton mari et si tu juges que ces deux mois sont impardonnables, si tu veux me glisser les papiers du divorce, fais-le. Je ne te retiendrais pas. Tu vois ce n’est même pas à cause de la putain de poussette. Tu es en colère. Tu t’en rends compte ? Tu as la rage contre moi parce que je suis parti et tu te renfermes au lieu de le dire. Tu ne peux pas m’attendre au tournant parce que ma langue a fourché, parce que j’ai été maladroit ou que j’ai manqué de tact simplement pour revenir au même sujet. Je suis parti en Irlande et tu ne le supportes pas. Je me suis excusé et tu ne le supportes pas.» Ma respiration vibrait dans ma gorge. Je ne savais pas arranger les choses. Je fronçai les sourcils en l’observant avec attention. Je n’avais pas tout gâché. Ce n’était pas possible. Je ne pouvais pas abandonner comme ça. Je m’avançai de quelques pas, la sommant de quitter le magasin, de revenir plus tard. Mais elle ne m’écoutait pas. Elle s’accrochait à la sensation oscillatoire qui faisait dangereusement tanguer son esprit. Je me penchai à nouveau, les mains posées sur ses accoudoirs afin de mieux cerner son regard. « Comment t’as pu partir Jules… Comment t’as pu me laisser alors que tu sais ce que ça fait.» Ce n’était qu’un murmure, pourtant sa complainte avait résonné comme un hurlement strident sur ma conscience. Je déglutis en plissant le visage. Je ne savais pas merde ! Je ne savais pas ce qui m’avait pris. J’étais simplement parti. C’était insensé. Je devais partir. J’avais peur de rester à ses côtés, de voir les jumelles grandir, les vêtements rétrécir et l’espace devenir contigu autour de nous. Je me mordis la lèvre inférieure en sifflant. «J’ai fais le con. Je peux pas te l’expliquer mais je croyais pas que ça irait aussi loin. Je pensais qu’il suffisait de quelques messages pour garder le contact. Je partirais plus, Ginny. Pas sans toi. Sans vous. Je ne vais nul part.» Mes bras tremblaient sous ma prise. Je me crispai pendant un moment avant de me relever. Mon genou grinçait sous ma démarche vacillante. Je voulais m’assoir sur le sol, croiser les jambes et attendre. Je désirais me noyer dans les sphères tourbillonnantes de la pensée qui filait à toute allure. « On a rien pour les filles on peut pas partir… On peut pas retarder l’échéance encore et encore. Il y a des parents qui achètent des peluches dans les semaines où ils ont appris la grossesse et nous, après cinq mois… Rien, Jules, rien du tout. Est-ce que ça fait de nous des mauvais parents ? Je suis sûre qu’elles le sentent. Qu’elles sentent qu’on est un désastre.» C’était encore ma faute. Je haussai les épaules. Les filles ne pouvaient pas ressentir des choses aussi négatives. Elles étaient aimées, de manière peu conventionnelle et tordue, mais Ginny les avais chéri à la seconde où elle avait appris sa grossesse. Elle ne pouvait pas réduire ses sentiments à cause de mon absence. «Tu sais, je n’ai jamais aimé les peluches. Les Fitzgerald sont trop cool pour ça. Tu te prends la tête. On achètera tout ce qu’il faut. Il suffit de commander les fournitures adaptées. La décoration n’est qu’un détail. Sortons d’ici. Si elle peuvent sentir qu’on a pas préparé leur chambre dis leur qu’elles peuvent dormir avec nous. J’étais contre à la base mais s’il le faut. Puis j’aurais une excuse pour virer Danny.» Je tentai un sourire. Partons, d’ici. Allons à la recherche de notre équilibre perdu.