Can you explain me this? ♦ Emily

Can you explain me this?

Et ses lèvres se portèrent sur ce petit bout de mort enroulé dans une fine couche de papier. C’était sa première cigarette, elle inspira, peut être un peu trop de fumée, et elle s’étouffa. Elle n’aimait pas fumer, et elle avait toujours été contre, elle ne savait pas pourquoi plus qu’aujourd’hui, elle s’était lancée. Un de ses camarades de classe lui avait proposé, et elle avait accepté, finissant par céder. Peut être était-ce pour impression ces derniers ? Elle n’avait pas vraiment d’amis, l’intégration avait toujours été difficile pour elle, trop traumatisé par le rejet. Le pire dans tout cela était sans doute qu’ils s’occupaient de la sorte à la place d’un cours de littérature étrangère. Elle entendait le rire de ses « amis », se moquant de sa toux, lui tapotant dans le dos pour l’aider. Mais c’était amer, elle regretta très vite et une folle envie de s’enfuir en courant lui prit. Pourquoi séchait-elle les cours en leur compagnie ? Elle était pourtant une excellente élève. Mais le doute rongeait son esprit depuis quelques semaines, elle était plus perdue que jamais, elle cherchait une main pour l’aider à sortir du trou dans lequel elle était tombée, mais elle n’en trouvait pas. Elle avait pourtant son père, mais les soucis, c’était qu’il était la cause de ses troubles. Si son comportement changeait autant, ce n’était pas uniquement parce qu’elle grandissait, qu’elle avait atteint cet âge où on remet tout en question, ou on se perd pour se trouver, non, c’était parce qu’elle commençait à se demander si son père était vraiment son géniteur, et cette interrogation creusait un trou énorme dans sa poitrine. Elle avait eu le besoin d’attirer l’attention inconsciemment, de tester ses limites, de jouer avec l’adrenaline, à sa façon.

Alors elle rentrait un peu plus tard, elle testait ce qu’on lui proposait, elle se laissait influencer, elle s’était lancé dans quelques relations pour finalement plaquer les garçons qui la poussaient un peu trop. Elle ne voulait pas se livrer aussi facilement, ça jamais, même si elle changeait. Et surtout, elle s’était surprise à imaginer des filles à la place de ses petits amis au moment où ils posaient leurs lèvres sur les siennes, et elle s’en surprenait, elle ne comprenait pas, et tout son petit monde s’écroulait sous le poids de ses questions sans réponses.

Aujourd’hui, elle avait décidée de rentrer à pied, ça lui permettait de faire le vide. Sac à l’épaule, elle poussa finalement la porte, actionnant la poignée, pour pénétrer dans leur demeure. Elle referma avec douceur cette ci, avant de s’avancer, jusqu’à apercevoir son père. « La journée s’est bien passé, ma chérie ? » Elle haussa les épaules, se rendant alors compte que l’odeur de son petit péché du jour allait être détectée par Kieran si elle restait trop longtemps dans les parages. Il fallait qu’elle file, qu’elle monte se laver, se changer. Elle sentit son cœur s’accélérer sous la pression.

« Euh, oui, oui, et la tienne ? » lâcha-elle précipitamment, la voix étranglée, qui trahissait sans doute un peu trop son appréhension.

Mais c’était loin d’en être fini. Elle s’appretait à lui tourner le dos et à prendre la tangente lorsqu’il referma son livre et se leva, lui annonçant d’un ton grave. « Il faut qu’on parle, Emily… et ça ne peut pas attendre. » Et elle se figea. Elle imaginait déjà une tonne de chose qu’il pouvait lui annoncer. Est-ce qu’il allait enfin lui dire qu’il n’était pas son père ? Avait il remarqué ses doutes ? Est-ce que sa mère était revenue, est-ce qu’elle était morte ? Avaient-ils perdus le ranch ? Son cheval était mort ? Ne voulait-il plus d’elle ? Elle sentit les larmes monter à ses yeux, elle imaginait toujours le pire. Son cœur tambourinait contre sa poitrine, alors qu’elle demandait la voix tremblante :

« Oui ? »