I'm invisible... or not (ft. Ronron)

Voilà quelques heures que je pianotais sur le clavier de mon ordinateur, à la recherche de nouvelles pièces pour ma moto, en vain. Rien de bien intéressant pour aujourd'hui. Je décidai de faire un tour sur ma boîte mail, afin d'exclure tous les courriers indésirables et inutiles. J'aperçu au milieu des pubs, un mail pour le moins intriguant. C'était de la part d'un bon ami à moi qui était partie vivre à Monaco. Il s'appelait Brandon Green et ça faisait bien longtemps que je n'avais pas eu de ses nouvelles. J'ouvris le message avec hâte de le lire, affichant un large sourire. Mes yeux parcoururent les lignes sur l'écran, à toute vitesse et plus la page défilait, plus je me décomposais. Les nouvelles n'étaient pas bonnes. Sa sœur, Indiana était à Londres et séjournait dans un hôpital depuis plusieurs jours à cause d'un grave accident qu'elle avait eu, il y a peu de temps. Mon cœur était à deux doigts de sortir de ma poitrine. Par chance, elle s'en était sortie de peu et son frère me demandait de veiller sur elle pour lui. Un service que j'étais bien disposé à lui rendre. Bien que je ne pris pas la peine de répondre à son mail. A peine mon ordinateur éteint, je sautai sur ma moto pour rejoindre Indiana, sur son lieu de repos. Je n'avais pas revu la jeune femme depuis des années, alors que nous étions des amis d'enfances. Nous avions malheureusement perdu contact. Heureusement, j'avais encore conservé quelques liens avec Brandon. La route jusqu'à l'hôpital fut suffisamment longue pour me permettre de réfléchir à quoi dire après tant de distance. Finalement, je préférais y aller au feeling, peut-être que mon amie, ne serait pas en mesure de parler et peut-être même qu'on ne me laisserait pas la voir. Je m'avançai vers l'accueil, un présent à la main et demandai le numéro de chambre de Mademoiselle Indiana Green. Une femme aigri, me regarda de long en large, avant de m'indiquer le chemin. Je souris malgré l'envie de la gifler. Je montais les escaliers quatre à quatre, rejoignant le 4ème étages, chambre 206. C'était un véritable labyrinthe, impossible de se retrouver ici. Je regardais à droite à gauche, ne savant de quel côté me diriger. Mon épaule percuta une jeune blondinette, qui semblait mal au point. " Ah désolée.. " dis-je, en rattrapant la jeune femme, prête à s'étaler sur le sol. Je perçus le sang couler le long de son bras, qu'elle tentait de stopper. " Merde, s'il vous plait, cette jeune femme à besoin d'aide ! " hurlai-je, en espérant attirer l'attention des infirmiers qui s'agitaient autour de nous. " Ca va allait ! " tentai-je de rassurer la patiente. Je jetai un coup d'œil au bracelet qui entourait le fragile poignet de la jeune femme, où il était écrit très nettement I. Green. J'écarquillai les yeux, avant de les relevai vers la blondinette, que je tentais de maintenir debout. " Indiana ? " soufflai-je, totalement ébahi. Elle avait tellement changé depuis toutes ses années, que je ne l'aurais même pas reconnue en la croisant dans la rue. Je ne savais  les séquelles qu'avait engendré son accident, mais j'espérais que sa mémoire lui permettrait de se souvenir de moi. Remember the times     

J'étais tellement pressé de retrouver mon amie, que dans mon empressement, je heurtais une patiente, le bras en sang. Je tentai de crier à l'aide, quand la demoiselle me plaqua contre le mur et sa main sur ma bouche, pour m'empêcher de crier. Je fus pris au dépourvu et de la rage qui l'avait envahi subitement, alors que je ne cherchais qu'à lui venir en aide, acclamant qu'elle n'en avait pas besoin. Je fronçai les sourcils et me débattu afin qu'elle retire sa main de mon visage. " Mais ça pisse le sang ! " rétorquai-je, contredisant la demoiselle, ne comprenant aucunement sa réaction. Puis je me rendis compte, en observant les écritures sur son bracelet, que je la connaissais déjà et que c'était elle, après qui je courais depuis le départ. Elle fut aussi surprise que moi, quand je vins à prononcer son nom. Elle lâcha alors toute emprise sur ma personne et s'écarta, ébahie. Je l'observai dans toute sa splendeur, m'apercevant que la petite fille que j'avais connu, s'était transformé en femme ravissante. Mes joues s'empourprèrent, tellement j'étais ému. Cependant, la blondinette ne semblait pas me reconnaître. Il fallait dire que des années avaient passé et que je n'étais plus l'adolescent, à la voix enfantine, qu'elle avait connu. J'avais bien changé. La jeune femme resta silencieuse quelques instants, tandis que j'attendais qu'elle me confirme son identité, même si je n'avais aucun doute là-dessus. C'était Indiana, c'était sûr ! Elle me le confirma, avec son air surpris. La demoiselle me demanda à son tour, qui je pouvais bien être et si son frère n'avait rien avoir dans cette affaire. Elle décréta qu'on se connaissait. Elle n'avait pas tort, on se connaissait bien mais peut-être plus autant aujourd'hui. Nos années de collèges étaient bien loin désormais et mise à part quelques échanges avec Brandon, j'avais totalement perdu les liens avec la famille Green. " Oui, on se connaît et s'est Brandon qui m'a envoyé vers toi, effectivement. Mais je ne suis pas un journaleux, comme tu dis.. juste un vieil ami.. " annonçai-je, désemparé. J'en avais même lâché mon présent, que je m'attardai à ramasser. Je lui tendis, amicalement, en espérant qu'elle l'accepte, une fois que je me serais présenté convenablement. " C'est moi Indiana, c'est Aaron ! Tu te souviens ?! " demandai-je, en espérant qu'elle se souvienne de moi, à moins que son accident lui ai fait perdre la mémoire. Nous n'étions pas aussi proche, qu'avec son frère mais nous avions passé de bons moments tous les deux. Les souvenirs étaient lointains mais demeuraient, pour le moins, présents encore aujourd'hui. Et si j'étais venue jusqu'ici, c'était pour tenir la promesse que j'avais fait à mon ami Brandon, celle de veiller sur elle. Remember the times     

La blondinette était catégorique, elle ne voulait de mon aide, ni de celle de personne d'autre. Elle s'égosillait à dire qu'elle s'était fait un pansement, ce dernier avait un sale tête mais semblait suffira à stopper l'hémorragie. Je déclarai forfait, face à cette tête de mule. Un caractère que je connaissais bien, était donné que je l'avais déjà côtoyé autrefois. Je finis par reconnaître la jeune femme, sous des traits encore plus féminins. Elle était restée fidèle à elle même mais avait changé physiquement. Elle rayonnait malgré sa triste mine. J'annonçai à Indiana, que son frère était à l'origine de ma présence ici, à l'hôpital. La jeune femme s'étonna mais elle connaissait son frère, en clamant qu'il fallait tout faire à sa place, qu'il lui fallait toujours un remplaçant dans les moments important. Je m'empêchai de rire aux remarques de la blondinette. Au fond, elle n'avait pas tort, Brandon, comme le reste de sa famille, aurait pu se déplacer pour savoir si elle allait bien. Pour ma part, je ne comptais pas prendre leur défense, je n'étais pas très doué pour jouer les avocats. " Je suis venu de moi-même, Brandon m'a simplement prévenu de ton accident.. je voulais te voir. " affirmai-je, sur un ton des plus serein. Nous étions amis après tout. Finalement, la jeune femme me reconnue, en m'affublant de ce surnom ridicule qu'elle adorait, Ronron. Elle s'écria ne pas avoir reconnu ma voix. Ma voix ? Et mon visage alors ? Ok, j'avais changé mais à ce point quand même, si ? J'esquissai un sourire, tandis qu'elle me tâtonnait étrangement l'épaule. " Ronron.. il y a une paye qu'on ne m'a pas appelé comme ça ! " gloussai-je, ému. Indiana s'exclama, en disant que j'avais dû devenir aussi beau gosse que son frangin mais qu'il était bien dommage qu'elle ne puisse pas le voir. Sur l'instant, je ne compris pas ses paroles. Je l'observai, béat. " Quoi ? Qu'est-ce que tu raconte ? " lançai-je, ne comprenant toujours pas où elle voulait en venir. En tout cas, elle semblait en vouloir à la vie, qu'elle qualifiait de naze. La jeune femme s'excusa de son étrange comportement et me supplia de l'accompagner à l'extérieure. J'acquiesçai en silence, en prenant la demoiselle sous mon aile. Elle semblait si fragile derrière sa force de caractère, je ne pouvais que lui venir en aide. Je l'accompagnai jusqu'à l'ascenseur, qui nous conduisis au rez-de-chaussée de l'hôpital. " Tu as le droit de sortir au moins ? " demandai-je, en regrettant aussitôt ma question. Les portes de l'ascenseur s'ouvrirent et nous continuons notre chemin jusqu'à l'extérieur où la jeune femme pourrait respirer un peu d'air frais. Le temps était magnifique et compensait mon récent mal être. Jusqu'à ce qu'une idée me traverse l'esprit. J'esquissai un sourire, jetant un coup d'œil à la blondinette. " Hé ! Tu veux faire un tour de moto ? " demandai-je, comme si je lui lançais un défi. Cela pourrait être une jolie balade et un merveilleux souvenir mais surtout, j'espérais que ça redonnerait à la jeune femme, un peu de joie de vivre. Remember the times     

Oui, Brandon n'avait pas fait le moindre effort pour rendre des nouvelles de sa petite sœur. Un simple mail en guise de mendicité. Mais leurs histoires ne me regardaient, bien qu'elles me touchaient indirectement. Ces gens, la famille Green était un peu comme la mienne, ils m'avaient souvent accueilli chez eux mais la vie en avait décidé autrement et chacun avait tracé sa route. Brandon et le reste de la tribu Green à Monaco, Indiana et moi, à Londres. La blondinette n'avait pas tort quand elle dit que l'on aurait pu se retrouver dans d'autres circonstances. Oui, des retrouvailles dans un hôpital n'était pas très joyeux ! Malgré tout, la jeune femme se disait touchée par ma présence. Je souris, content qu'elle ne m'envoie pas sur les roses. " Quand j'ai appris la nouvelle, je n'ai pas hésité une seconde ! " avouai-je, sans retenu et sincère. Oui, même si nous avions perdu contact, je n'avais pas oublié la petite sœur de mon meilleur amie, qui m'avait donné ce surnom de gros  matou. La jolie blonde attesta, en disant qu'il m'allait comme un gant. Je haussai les épaules, si ça pouvait lui faire plaisir, je la laisserais m'appeler ainsi, Ronron. Je l'accompagnai à l'extérieur, me rendant compte que la jeune femme agissait étrangement. Peut-être avait raté un ou deux épisodes, si ce n'était pas sa vie entière. Oui, elle paraissait totalement à côté de la plaque, au point de prendre appuie sur moi, tel une infirme. Néanmoins, je ne bronchais pas. Son accident avait du être grave et violent, ce n'était pas à moi de juger de son état. Je me devais de la soutenir au maximum. Je lui proposais de faire un tour de moto mais ma proposition attira la demoiselle, dans une colère noire. Elle se mit à me blâmer. Pour commencer, elle n'avait pas le droit de sortir mais comptait bien déserter les lieux. Finalement, elle me renvoya mon idée " pourrie " en pleine face, en disant, que cela ne servirait à rien, si elle ne voyait pas les alentours.. je me sentis incroyablement con tout d'un coup, ne mettant même pas aperçu de son nouvel handicap. Merde alors, elle était aveugle ? Ses jolies yeux ne percevaient plus la couleur de chaque élément qui nous entourait. Elle ne pouvait distinguer la compassion que j'éprouvais à travers mes yeux et les traits de mon visage, désormais. " Merde, Indy.. je l'ignorais, pourquoi tu n'as rien dis ? Je ne m'en suis pas rendu compte, putain ! " lançai-je, abasourdi. Elle clama par la suite, que je n'avais pas besoin de m'occuper d'elle, qu'elle n'escomptait pas être un boulet ! Je fronçai les sourcils, ses remontrances commençaient à me taper sur les nerfs. Je haussai légèrement le ton ! " Merde, c'est quoi ton problème ? Si je suis là, c'est de mon plein gré et pas parce que Brandon me l'a demandé ! Et même si tu es en colère à cause de ce qui t'es arrivé, ce n'est pas une raison pour m'en foutre plein la gueule. J'y suis pour rien, ok ! " rétorquai-je, un brin hargneux. Je m'agitai, maintenant qu'elle m'avait énervé. " Alors maintenant, tu vas asseoir ton joli petit cul sur cette moto et tu vas profiter de la balade ! Et si tu bronche, je t'y met moi-même, c'est clair, Mademoiselle Green ! " lançai-je, autoritaire. Je patientais, tendu, qu'elle se décide à monter sur ma bécane, avec mon aide bien entendu. Qu'elle soit devenue non voyante, ne changeait rien pour moi, même si c'était triste pour elle et que je me sentais désolé. Cependant, je ne comptais pas m'écraser devant elle, je la connaissais trop bien et moi aussi, j'avais un caractère de cochon, j'étais bien décidé à faire cette balade, dans la joie et la bonne humeur; Ou pas.  Remember the times     

Indiana m'annonça subitement qu'elle était aveugle, séquelle irréversible de son accident. Elle avait honte de l'avouer, tout simplement parce qu'elle ne l'acceptait pas non plus. Je n'eus le temps de compatir, que la jolie blonde s'emporta. Je voulus me défendre, en disant que je n'étais pas responsable de son malheur et qu'il était inutile de me hurler dessus. Je n'avais sans doute pas réagit de la bonne façon mais comment aurais-je dû réagir après une telle nouvelle ? Indiana se rebella une seconde fois, en me priant de me calmer ou de déguerpir. Finalement, mon humeur s'adoucit, cela ne servait à rien de l'irriter davantage. " Ok, ok mais calme-toi.. " dit-je doucement. Il était évident que de ne plus rien voir du jour au lendemain, ne devait pas être une chose facile à comprendre quand on ne le vivait pas soi-même. Ne plus voir les visages des personnes que l'on côtoie tous les jours, ne plus pouvoir de lire ou regarder les films qu'on aime le plus ou même d'admirer les paysages qui nous entour, devait être tout simplement horrible. La demoiselle se referma, croisant les bras sur sa poitrine, le corps tremblant comme une feuille. Je voulais la réconforter mais à quoi bon, si elle prenait chaque parole pour de la pitié. Je ne voulais pas qu'elle ai cette sensation d'être un fardeau, surtout en ma compagnie. La blondinette affirma qu'elle ne pouvait se poster sur ma moto, pour la bonne et simple raison, qu'elle ne pouvait la situer. Malgré ses remontrances, je demeurais doux. " Alors laisse-moi te guider. " suggérai-je, en essayant d'attraper sa main. Indiana attesta qu'elle n'était pas en colère mais qu'elle avait envie de tout casser autour d'elle et que j'étais bien le seul à pouvoir comprendre. Je marquai un temps, restant silencieux. " Alors nous allons tout briser ensemble, aller monte ! " lançai-je, sérieux, en la guidant jusqu'à la bécane. Une fois installée, j'imbriquai le casque sur la tête de la blondinette, avant de prendre place devant elle, sans protection, faute d'avoir un deuxième casque à disposition. J'enroulai ses bras autour de ma carrure puissante, afin qu'elle s'agrippe à moi. " Tiens-moi bien ! " lançai-je, prévenant. Je démarrai la moto, le moteur ronfla et brisa le silence pesant des lieux. L'hôpital disparut derrière nous, tandis que j'accélérais. J'espérais que la jeune femme profiterait de cet instant en ma présence et qu'elle laisserait de côté son handicap, bien qu'elle avait tout à réapprendre, sous un nouveau jour. Chose qu'elle n'avait sans doute pas encore accepté non plus mais je l'aiderais. Je serais là pour elle, sans même attendre qu'elle ne m'en fasse la demande. Ce n'était pas pour Brandon que je le faisais, ni pour moi mais pour Indiana et seulement Indiana. J'amenais la demoiselle loin de ce terrain hostile qu'était le monde hospitalier, loin des médecins, des diagnostics et du malheur. Loin, dans un endroit où elle pourrait enfin respirer le doux parfum d'une vie nouvelle.    Remember the times