"Fermeture" de London Calling
Après cinq années sur la toile, London Calling ferme ses portes. Toutes les infos par ici can't fight this feeling - Alexandra 2979874845 can't fight this feeling - Alexandra 1973890357
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can't fight this feeling - Alexandra

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Anonymous
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() message posté Sam 26 Déc 2015 - 18:38 par Invité
Une simple affaire. Il ne s’agissait que d’une simple affaire. Un divorce pour faute. Parce qu’après vingt  années de mariage, il avait faiblit pour une femme plus jeune. Une bouffée d’air frais dans une vie bien réglée, bien rangée. Un écart de quelques heures qui allait pourtant bousculer ou détruire toute une vie, tout ce qu’ils avaient construit. Je me demandais alors qui était le plus à blâmer. Lui et son erreur ou bien elle et son incapacité à pardonner. Vingt longues années effacées, soufflées … Comme si rien n’avait compté. Et ni l’un ni l’autre n’était prêt à faire des concessions, à ranger une fierté mal placée pour arranger les choses. Ils étaient là, à se déchirer pour quelques milliers de livres de plus ou de moins …

Une question d’argent. Voilà ce qui achevait vingt années de vie commune. Etait-ce donc ça l’amour ? La vie à deux ? Cette compensation financière suffirait-elle à apaiser ses maux, à combler la perte ? C’était avec une certaine candeur et une curiosité mêlée que je la détaillais. Elégante et belle malgré les années passées, son visage que je devinais doux n’avait pourtant cessé de se tordre de colère. « Bon. » Lançais-je un brin autoritaire pour fendre les voix qui s'étaient élevées. « Je pense que nous en avons terminé. » Sur ces mots, je poussais ma chaise et me levais pour insuffler le départ. Il fallait en finir. Mettre fin à ses négociations qui ne menaient à rien. Je me tournais alors vers mon client, un homme d’une cinquantaine d’années. « Reprenez rendez-vous avec ma secrétaire. Nous nous reverrons très bientôt. » D’une poignée de main nous scellions notre accord et je le raccompagnais cordialement vers la sortie.

Mais la séance n’était pas complètement terminée. Les clients partis nous devions, nous avocats, débriefer, rechercher une solution ou à défaut, s’intimider. Un exercice que j’appréciais particulièrement mais qui s’annonçait plus délicat cette fois-ci.

Il ne s’agissait que d’une simple affaire mais l’adrénaline courrait dans mes veines, prête à m’en faire perdre la tête. Il fallait que je me concentre, que je calme ses dents qui cherchaient à grincer les unes contre les autres. « Ta cliente n’obtiendra jamais ce qu’elle demande. Elle est sous l’émotion, tu devrais essayer de la raisonner. » De biais, main fourrées dans les poches, je l’étudiais. Celle à qui je parlais encore comme à une novice, une étudiante. Parce que c’était précisément ce qu’elle était, dans mon esprit. Cette étudiante qui avait réussi à entrer dans ma vie avant de la piétiner. Cette étudiante qui aurait dû le rester.

Focaliser sur l’affaire, je n’avais pas eu le temps de la contempler. De chercher tout ce qui avait pu changer chez elle. Le moindre détail que je ne reconnaitrais pas. Elle était belle. Toujours aussi belle, peut-être plus encore. Mais hors de question de lui accorder de l’importance pour le moment. Quand bien même la revoir avait été une surprise. De celles qu’on ne sait bonnes ou mauvaises, partagées entre la fierté et la colère … Fier je l’étais. Je savais, j’avais toujours su qu’elle ne pouvait pas arrêter. Le droit était son domaine et elle y excellait. La colère elle, était personnelle mais latente, elle aveuglait mon âme.

D’un pas tranquille, je rejoignais à nouveau mon siège. Des chaises en plastiques, loin d’être luxueuses et agréables mais c’était encore le dernier de mes soucis. Mon regard qui ne lui avait pas laissé une minute de répit l’intimais à présent à reprendre sa place face à moi, au détour de cette table en bois sur laquelle je déposais ma main. « Il n’y avait personne d’autre ou je ne méritais pas un meilleur adversaire ? » Une certaine ironie accompagnait mes mots, un sourire narquois. Provocateur je l’avais toujours été mais acerbe, jamais avec elle. Je cherchais à la déstabiliser, à la blesser pour garder la main sur une situation dans laquelle je perdais le contrôle.

✻✻✻
CODES © LITTLE WOLF.
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Anonymous
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() message posté Sam 2 Jan 2016 - 0:26 par Invité
Les éclats de voix houleux vibraient contre mes tempes tandis que les vestiges de leur histoire commune continuaient de s’étendre sous nos yeux, sans pudeur aucune. Je n’avais pas besoin de me tourner vers ma cliente pour imaginer la déception animer ses traits harmonieux et saillants. Je préférais concentrer mon attention sur son époux, en face de nous. Je n’avais encore jamais eu l’occasion de le voir perdre son contrôle. Ils n’avaient jamais été réunis dans la même pièce et elle avait enfin quelqu’un en face d’elle, méritant l’entièreté de sa colère. Je voyais en lui un adversaire finalement capable de sincérité brutale, je m’appliquai à l’observer pour mieux le saboter, découvrir ses rancœurs pour mieux l’en détourner, comprendre ses erreurs pour mieux les maitriser. Il s’emportait et je n’avais qu’à attendre qu’il me donne les clés afin de pouvoir fermer les portes de ses propres raisonnements. Encore quelques minutes. Quelques minutes et il se perdrait dans ses arguments, dans les détails qui affluaient, sordides et maladroits, pour mieux se débarrasser des accusations de sa femme. Encore quelques minutes, et je trouverais bien quelques angles me permettant de me servir de sa mémoire comme d’une offensive. « Bon. » La voix de son avocat s’éleva au dessus des leurs et je cillai lentement en décroisant mes mains, posant mes paumes à plat sur la table vernie. L’avait-il compris également ? Avait-il deviné le point de rupture qui s’approchait, l’aveu qui le ferait basculer, l’erreur qui allait être commise. Bien évidemment qu’il l’avait compris. C’était lui qui me l’avait appris. « Je pense que nous en avons terminé. » J’entendis la chaise racler le parquet, suivie de celle de son client. J’inclinai la tête en direction de la mienne et lui adressai un regard entendu pour la conforter dans cette décision. Elle l’accrocha et je pus croiser le sien, assuré mais éploré. Un léger sourire vint se dessiner sur mes lèvres, soutien sincère mais muet, ne pouvant être formulé dans cette pièce saturée. J’étais de son côté. Je l’aurais été, même si elle n’avait pas été ma cliente. Mais elle l’était, on me l’avait confiée, et cela ne faisait que renforcer mon empathie. Je laissai ma main se déposer légèrement sur son coude au moment de la raccompagner vers la porte du bureau et l’observai prendre la direction opposée de celle de son mari, sans une hésitation. Il suffisait d’une signature crissant en bas d’un accord de divorce pour mettre en pièces des années d’engagement, de principes et de respect mutuel. Il suffisait d’une erreur pour que le mariage ne soit plus réduit qu’à un simple contrat aux termes non respectés.
Je fermai la porte et inspirai lentement, appuyant ma main tendue sur sur la plinthe acajou. Mon regard se déposa sur celle-ci, songeuse, comme pour m’assurer qu’elle ne tremblerait pas, qu’elle resterait stable, qu’elle resterait immuable, à défaut du reste. « Ta cliente n’obtiendra jamais ce qu’elle demande. Elle est sous l’émotion, tu devrais essayer de la raisonner. » Je me tournai enfin et mon regard se déposa sur lui, sans détours, pour la première fois de l’entrevue. Il me sembla tout à coup que les battements de mon cœur se faisaient de plus en plus lents, comme les coups d’une horloge que l’on avait oublié de remonter. J’avais fini par me faire à l’idée que le temps puisse être assassin, balayant les visages du passé et s’employant à emporter avec lui les épreuves que je n’étais pas capable de pouvoir surmonter. Mais je n’avais rien oublié de lui, rien oublié de son visage, rien oublié de son regard, sûrement, que je refusais encore d’affronter, par dédain pouvait-il penser. Il rejoignit sa chaise d’un pas mesuré et s’y installa de nouveau, droit et arrogant. Je m’agaçais d’anticiper sa prochaine parole, ses prochaines attaques. Je m’agaçais de me souvenir aussi bien de ses manières et de ses tactiques. Je ne l’avais, cependant, que très rarement vu les employer contre moi. « Il n’y avait personne d’autre ou je ne méritais pas un meilleur adversaire ? » Il prononçait ces mots comme s’il s’apprêtait à savourer une friandise, sucrée et mielleuse. Je ne voulais pas lui répondre. Il existait plusieurs sortes de silences, plusieurs sortes de colère. Celle qui m’emplissait sur l’instant ressemblait étrangement au poison d’une fleur vénéneuse, se déployant lentement, sachant attendre son moment. Elle avait suffisamment patienté, après tout. Des mois. Des années de silence suivant nos fractures, nous amenant à cette brèche vaste et nue dans laquelle je n’avais aucune envie de me jeter. « A toi de me le dire. Les divorces, ce n’est pas ton domaine. Tu as revu tes exigences à la baisse ? Ou tu as simplement agacé la mauvaise personne ? » Je tirai la chaise à mon tour et y pris place avec précaution. Je relevai mon regard dans le sien, enfin, décidée à m’en tenir à notre affaire. Décidée à ne pas le laisser m’atteindre, décidée à faire taire cette voix dans ma tête, cette voix me hurlant que je n’étais pas à la hauteur dès lors que j’avais pu apercevoir son nom inscrit sur la première page du dossier. « Elle est en colère. Elle a le droit de l’être. Mais plus que ça, elle veut ce à quoi elle a droit. » Ce n’était pas vrai. J’étais tout à fait capable de mener cette affaire à son terme, tout à fait capable de la gérer. Mais le gérer lui, non. Sur lui, je n’avais aucune prise. Je m’étais employée, durant tout ce temps, à oublier, l’oublier. « Ton client est revenu sur leur accord parce qu’il veut faire durer les poursuites. Elle se moque du temps que cela pourra prendre, elle veut le double de ce que vous proposez. » résumai-je sobrement en refermant le dossier. La moitié de ce qu’ils avaient engrangé au fil de leurs années de mariage, la moitié de ce qu’elle l’avait aidé à construire, la moitié de ce qu’il venait de détruire. Je n’étais pas naïve. Le cabinet dans lequel j’effectuais mon stage m’avait confié ce dossier pour une raison précise et elle se tenait en face de moi, fière et assurée. Je n’étais pas capable de le déstabiliser. Je méprisais tous ceux qui avaient cru pouvoir me réduire à cela. « Un accord est un accord, même verbal. Il doit se souvenir de ce qu’il lui a promis, non ? » conclus-je, un air faussement interrogateur au creux de mes prunelles, presque provocateur. Je pouvais toujours me concentrer sur l’affaire et nos clients. Je pouvais toujours faire taire le reste, mais il me semblait ne pas pouvoir échapper au bruissement assourdissant, grondant et sourd, que je m’éprouvai à laisser ainsi, en suspend.
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