It's been a long time... || Camilla

Ne rien faire commençait sérieusement à lui peser. Camilla avait toujours été quelqu'un d'actif. Elle ne faisait pas partit de ceux qui voyaient le monde tourner sur lui-même sans y participé, elle, elle se jetait à fond dedans. Depuis qu'elle était maman, elle avait prit sur elle pour apprendre à se poser, ce qu'elle n'avait jamais su faire jusque là. Avec Jude dans son sillage, elle avait bien dû se calmer et faire avec. Mais ici, à Londres, sans presque personne autour d'elle, elle déprimait. Non pas qu'elle était de nature à se morfondre, non, elle était trop dynamique et boule de nerf pour se faire happer par la mélancolie. Mais elle s'ennuyait à mourir et son loyer devenait difficile à être payé avec un peu d'économie balancé dans ses valises. Pourtant, Londres regorgeait de bons plans, de visites à faire, de musées qui la faisait saliver d'avance. Mais difficile à bouger quand on a un petit bout de presque 10 mois à emmener partout. Certes, Maxine était une enfant plutôt sage et curieuse de tout, mais elle n'était pas moins un bébé totalement dépendant d'elle. Camilla regardait la neige tomber lentement sur Londres, une tasse de thé fumante en main. Avec les fêtes de fin d'année qui approchaient, la ville était blanche et superbe, festive à quelque jours de Noël. Camilla, malgré une ténacité effarante pour une jeune femme, se sentit submerger. Elle se retrouvait seule, avec sa fille, dans un petit appartement à des kilomètres de son ancien chez soit. Son chez soi, elle avait l’impression de n'en n'avoir jamais eu sinon avec Ezra. Ezra qui semblait avoir rencontré quelqu'un d'autre. Il ne lui avait pas dit, mais elle l'avait sentit, comprit. Mais une part d'elle espérait qu'il y avait encore une chance à tenter.

Camilla ne supportait pas de rester une seconde de plus dans cet appartement à regarder la ville se couvrir de blanc. Un spectacle pareille méritait de sortir, de faire voir la neige éclatante à la petite. Dans un moment comme celui-là, Camilla regrettait de ne pas avoir l’innocence de sa fille, oui, pour la première fois de sa vie, elle regrettait d'être devenue l'adulte autonome et indépendante qu'elle avait toujours rêvé d'être. Un bruit retentit derrière elle, son ordinateur portable lui rappelant un mémo. Camilla se glissa derrière l'écran et jeta un coup d’œil à sa page internet et vu que son ami Calvin avait ajouté quelques photos sur sa page également. C'est là qu'elle vit d'où il avait ajouté la photo : Londres. Un sourire s'agrandit sur ses lèvres vermeille. Calvin était en ville, elle avait oublié. Avec son départ précipité d’Écosse, ses retrouvailles avec Ezra, Camilla avait pensé être seule dans cette ville alors que Calvin y résidait. Elle attrapa son portable et lui envoya un message codé lui disant de la retrouver au Starsbuck sur Picadilly, son numéro étant changé, il ne pouvait pas le reconnaître. Elle ignorait s'il recevrait le message ou s'il pourrait la rejoindre, mais elle pouvait toujours tenté le coup.

Elle habilla sa fille chaudement et la glissa dans la poussette. Elle avait encore un peu de mal avec cet engin qu'elle trouvait imposant et envahissant mais assez pratique quand il s'agissait d'économiser ses bras après plus d'une heure. Camilla traversa le quartier, sentant les flocons tomber sur son nez. Elle avait toujours aimé l'hiver et c'était le premier en tant que maman et voir le regard amusé de la petite valait plus que tout le reste. Une fois sur Picadilly, elle repéra le Strasbuck du lieu de rendez-vous. C'est dans un lieu comme celui-là qu'ils s'étaient retrouvés à la fin de leur contrat, qu'ils avaient bavardé enchaînant les cafés. C'était il y a 5 ans et elle avait l’impression que cela datait d'une autre vie tellement sa vie avait changé depuis. Elle entra et repéra un jolie brun assis un peu plus loin, un chocolat chaud fumant devant lui. Elle souria. Elle poussa la poussette dans sa direction et arriva derrière lui. « Coucou », dit-elle en lui posant une main sur l'épaule. Calvin se retourna pour voir le visage de l'inconnue qui lui avait donné rendez-vous. « Je suis contente de te voir ». Oui, elle l'était, parce qu'il était là, qu'il lui avait manqué. Il se leva et s’enlacèrent.