Micah # Play with life, play with love

Rosendale un jour, Rosendale toujours - Un énième soupir sortit de ma bouche alors que je zieutai un oeil désintéressé aux différentes tenues qu'on avait disposé dans ma chambre pour un énième gala de charité. Je sentais déjà que j'allais me faire royalement chier. Sauf que je n'avais pas le choix. J'étais un Rosendale, je faisais parti de la jeunesse dorée anglaise et de par ce statut, je devais faire acte de présence. Enfin, j'avais bon espoir qu'il y ait des jolies filles avec qui passer le temps. J'étais décidé à faire preuve d'une mauvaise foi évidente, ce soir et ça commençait par en faire de toutes les couleurs à cette femme. Elle était venue spécialement pour nous proposer ses derniers travaux. C'était une amie styliste de mon père et rien que pour ça, elle ne méritait aucunement ma compassion. Je testais sa patience avec mon indécision éphémère. Jusqu'à ce que Meryne apparaisse dans mon champ de vision. « Micah... Ce serait bien si tu pouvais arrêter de faire tourner en bourrique Lysa... Père s'impatiente en bas. »  Je levai les yeux au ciel avant de regarder ma soeur dans les yeux. Elle aurait pu être ma jumelle mais, au final, elle est née un an avant moi. « Il a peur que je malmène sa chère styliste. Il a pas à s'en faire, elle sera toujours en état de s'occuper de lui quand Mère sera absente. » Lâchais-je en jetant un regard noir à la supposée amante de mon père. Meryne secoua la tête avant de disparaître. La Lysa en question avait l'air mortifiée et je ne pus m'empêcher de laisser un sourire narquois se dessiner sur mes lèvres. « Qu'est ce que tu croyais ? Que le jeu entre toi et mon père était d'une grande discrétion ? Grande nouvelle, ce n'est pas du tout le cas. » Sur ce, j'embarquai le costume qui m'avait tapé dans l'oeil dès qu'elle avait posé sur le lit et sans un regard pour elle, je m'en allais me préparer.

Je veux juste son bonheur - J’avais le sourire aux lèvres au point que ma petite sœur n’arrêtait pas de me demander ce qui se passait. J’étais sûr qu’elle pensait que j’avais trouvé une copine. Je ne voulais pas gâcher ses espoirs mais, si c’était juste ça, je ne me comporterai pas comme ça. Non, la raison de cette joie évidente, c’était Jace. On se connaissait depuis l’école primaire. Je me rappelle m’être avancé vers elle sous l’impulsion d’un défi. J’étais loin d’imaginer que des années plus tard, on serait aussi proches. A l’origine, c’était juste l’affaire de quelques jours mais, le gamin que j’étais à l’époque avait fini par s’y attacher. Je me décidai à l’appeler mais, seule sa voix enregistrée me répondit. « Pour une fois que j’avais un super plan à te proposer, je tombe sur le répondeur. Je ne veux pas te gâcher la surprise en t’annonçant tout ça sur ta messagerie alors, ce serait cool que tu me rappelles dès que tu as ce message ou… plutôt non, dès que tu es libre. Dans tous les cas, je viens te cherche demain matin à dix heures pétantes et je t’embarque toi et ta sœur dans tous les cas ! » Certes, j’avais un peu forcé le rendez-vous mais, qu’importe. Elle serait forcément ravie que je m’impose dans son maigre agenda. J’avais un accès VIP après tout. Je sentis le regard de mon frère se poser sur moi et ma bonne humeur disparut momentanément. « Tu dégages des ondes néfastes qui perturbe mon bien-être, Kellan. Qu’est-ce que tu veux ? » Je tournai mon visage vers lui, mes yeux dégageant une certaine froideur. Je savais parfaitement ce qu’il me reprochait muettement et je n’appréciai guère. « Pourquoi tu fréquentes cette fille ? Tu sais parfaitement que Père désapprouve votre relation. » Je ricanai. C’est sûr que ce n’était pas lui qui risquait de le décevoir. Il disait oui à tout ce qu’ordonnait notre géniteur. Un vrai petit soldat. Il n’avait jamais été foutu de donner un avis contraire à la grande figure paternelle que représentait William Rosendale. C’était pathétique. « Père désapprouve tout ce que je fais. Et je ne vois pas pourquoi j’arrêterai de parler à Jace, juste parce qu’il ne correspond à son idéal. J’ai vingt ans et je suis bien décidé à suivre mon propre chemin. Il faut bien qu’un de ses fils ait un minimum de personnalité, non ? » Provocation, encore et toujours de la provoc’. Kellan avait un don pour booster mon mépris pour mon cher père.

Mariage non-royal - Mon portable ne cessait de me casser les oreilles à force de vibrer. J’ouvris difficilement les yeux, décidé à éteindre ce téléphone de malheur. A croire que dormir tranquille était un luxe qu’on ne pouvait plus s’offrir, même quand on est riche comme crésus… Je réussis à mettre la main sur l’objet de mon réveil intempestif. Vous avez quinze nouveaux messages et six appels manqués. Tous venant de ma famille. A ce niveau-là, c’était du harcèlement et j’avais de quoi porter plainte si l’envie me prenait. Je m’étais tenu à carreau, cette semaine pourtant. J’avais rien fait qui méritait un tel acharnement sur ma personne. J’avais beau me creuser la tête. C’était le noir complet. Une énième vibration me fit sursauter. Vous avez sept appels manqués. C’était Meryne. Je me décidai à écouter mon répondeur et là… Ce fut le drame. « Mais, bordel, qu’est-ce que tu fous, Micah ???!  Papa est en train de faire un scandale à se demander où est passé son imbécile de fils ! On poireaute depuis deux heures. Les parents d’Alexiane vont finir par me donner mal au crâne à force de faire les cents pas ! Ne me dis pas que t’as oublié la cérémonie quand même… » Le message continuait encore quelques minutes pendant que l’évidence me sauta aux yeux. En fait, j’avais fait une énorme connerie. Le genre de connerie qui méritait une telle invasion de messages. J’avais zappé mon mariage… Quelle galère… J’avais encore le temps d’arriver sur les lieux sauf que je n’avais pas mon costume. Je savais que j’allais le payer très cher si je ne rejoignais pas ma future épouse que j’avais appris à apprécier. Et puis, elle était jolie. Ça ne gâchait rien. « T’es réveillé depuis combien de temps ? » La voix féminine me fit sursauter. Heureusement que je n’étais pas cardiaque sinon, c’était fini. Mes yeux tombèrent sur Elena, la brunette anonyme avec qui j’avais passé la nuit. Un pur canon. Je lui souris. « Y’a pas longtemps, mon portable n’a pas arrêté de vibrer… D’ailleurs, je vais l’éteindre. On a toute la journée, non ? » Elle hocha la tête d’un sourire entendu, je posais le téléphone sur la table de nuit et embrassa la jeune femme. C’était reparti. Qu’ils aillent tous en enfer avec leur stupide mariage. J’assume !

Guerre ouverte - J’étais passablement énervé en arrivant au travail. Un entretien avec un réalisateur qui tenait absolument à faire un film dans ma boîte. J’avais beau chercher mille prétextes à chaque rendez-vous. Rien à faire, ce crétin revenait toujours à la charge. Une vraie plaie. En prime, il y avait cette stagiaire à la noix… Il fallait que je me calme avant de réellement péter un plomb. Journal, café… ça allait le faire. En fait, non, je n’aurais jamais dû ouvrir ce journal. J’aurais dû me contenter des nouvelles sur le net. Quoique non… J’étais persuadé que l’article que j’avais devant les yeux était sur internet. Un mariage, un simple mariage du gratin londonien. Le problème, c’était les mariés. Mon ex-fiancée et… Malcolm. Je n’arrivais pas à croire. Il s’est bien foutu de ma gueule à venir tout sourire pendant le tournage de son film, à parler de tout et de rien. Et pendant ce temps-là, il se la tapait. Il n’avait pas intérêt à se pointer dans les studios, aujourd’hui. Je n’étais pas sûr de réussir à me contrôler pour ne pas lui en coller une et le jeter de la première fenêtre ouverte qui était sur mon chemin. Il avait déclaré la guerre et il allait en payer le prix. Le lendemain, je lui avais consacré tout un article sur mon blog semant le doute sur ses préférences. C’était loin d’être des conneries, j’avais des preuves concrètes. J’étais persuadé qu’il m’en voudrait mais, j’en avais rien à foutre. C’est lui qui avait joué avec le feu. Je ne faisais que répliquer. « Pourquoi t’as annulé le tournage de ce film ? » Je me tournai vers un de mes employés. Ou plutôt une. « Incompatibilité scénaristique. Ces derniers temps, j’aime pas du tout les choix qu’il fait. Je pense que ça risque de nuire à l’image de la boîte. Pourquoi ? Quelque chose à redire ? » Je retenais la réplique qui me brûlait la langue. Elle secoua la tête et s'en alla sans demander son reste. Il t’a promis de t’envoyer au septième ciel dans ton bureau et c’est pour ça que tu tires une tête d’enterrement ? Rage, rancune, trahison… On ne vous a jamais dit que c’était un mélange explosif ?