Nous vous demandons un minimum de 500 mots pour votre histoire. Vous pouvez la présenter de la forme que vous le désirez (extrait de journal intime, RP, rendez-vous chez un psychologue, interview, ect...).La gamine polie, à la jolie robe blanche. Sourire aux voisins, dire s'il vous plaît et merci. Précoce, elle ferait tout pour celle qu'elle appelle « maman ».
Je suis née et j'ai grandit en Écosse, à Édimbourg. Mon père était apparemment un homme d'affaire respectable. Apparemment car je n'ai pas eu le temps de le connaître. Ma mère est une ancienne violoniste qui écrit maintenant des romans aux fins dramatiques. Je n'ai jamais manqué de rien, bien au contraire et ceci grâce à l'héritage de mon père décédé d'un accident de la route. Elle m'aimait je n'ai aucune doute là dessus mais elle aimait d'autant plus celui qu'elle avait perdu. J'étais une petite fille docile, sage, inscrite aux cours de musique dès le plus jeune âge pour rendre fière cette femme qui se retrouvait seule avec moi. Elle avait toujours les yeux cernés de pleurer la nuit et d'essayer de me donner de tendresse ce qui lui restait : pas grand chose. En y réfléchissant c'est comme si j'avais attendu assise sur une chaise pendant toute mon enfance. Attendu que mon jour vienne.
La jeune fille curieuse, à la veste en cuir. Elle se contente de regarder cette femme avec qui elle vit et qui sombre de plus en plus.
Ce n'est qu'à partir de l'adolescence que je suis me suis affirmée. Je distribuais mon temps libre entre le violon, les devoirs pour avoir un dossier irréprochable et les sorties nocturnes. Plus fière, plus indépendante et surtout plus marginale : je vivais enfin pour moi. J'oubliais les codes de bienséances lentement et m'emprisonnait dans un monde où seul les voyages et les rencontres avaient leur place. J'avais besoin de couleur et de bruit. Ma mère était devenue une étrangère. Elle avait trop donné à un homme pour donner à sa propre chair. Nous nous évitions presque. J'assistais impuissante à sa dépression, ses sautes d'humeur, sa minceur prononcé, ses repas de nicotine, ses insomnies... Je ne lui en veux pas. Je ne crois même pas avoir été en colère contre elle un jour. Je trouve ça simplement dommage. Du gâchis. Aujourd'hui, si elle venait s'excuser je n'en aurais que faire. Elle a influencé ma vie de façon permanente. Ce n'est pas grave, je m'y suis faite. Elle n'est plus qu'un bout de mon passé comme un autre.
La nana libre, aux cheveux ébouriffés. Elle veut tout voir et finir sa vie en ayant plus rien à donner. Crever de fatigue. Les pieds sur terre et la tête tournée vers la lune.
A 21 ans, je suis partie. J'ai quitté cette silhouette que je croisais chez moi et qui me terrorisait. Celle qui m'avait bercé, aimé n'était plus qu'une ombre. J'avais enfin la possibilité de rencontrer la vie. Je voulais partir loin de tout, oublier cette enfance aux étranges nuances. Dans mes rêves les plus fous je partais visiter l'Europe entière. J'ai finalement descendu tout le Royaume-Uni à moitié en stop, à moitié en train. Je ne pourrais même pas dire combien de temps j'ai mis. Sur le chemin les tatouages se sont accumulés, mon portefeuille s'est vidé et moi je souriais. Je festoyais avec ceux qui m’accueillait pour quelques nuits, me laissant repartir avec une gueule de bois phénoménale. J'ai fait des pauses, certaines plus longues que prévus. J'ai ainsi vécu deux semaines à Bradford à cause d'une histoire de vol dans laquelle je me suis retrouvée embarquée, un mois à Cardiff où je me suis fait un peu de tune en jouant du violon et puis environ quatre ans à Birmingham.
La femme amoureuse, une bague au doigt. Elle veut vivre cette aventure unique qui consiste à fonder une famille parce qu'il paraît qu'il n'y a rien de plus beau. Désillusion.
Je ne suis pas souvent tombée amoureuse. Une seule fois en réalité dans la dernière ville où j'ai résidé avant Londres. Nous nous sommes rencontrés dans le train. J'avais connu des hommes avant mais pas ce sentiment d'amour qui nous transcende et qui fait qu'on ne se reconnaît plus vraiment. Il avait une formation importante pour décrocher des contacts, je devais simplement vivre. Il était logé dans un hôtel luxueux et j'étais dans une auberge de jeunesse. Nous nous sommes recroisés dans un café bondé du centre ville. C'est un signe voilà ce qu'on s'est dit. Je me suis lancée à corps perdu dans cette relation. C'était nouveau. C'était beau. Il était l'élément stable de ma vie. A 24 ans, devenue fleuriste un peu par hasard, je me suis mariée à Nate Harwell, un architecte qui avait de grand projet pour nous. Projets qui ne se sont pas tous réalisés. Nous avons été heureux, c'est ce à quoi je veux croire.
La femme de 26 ans, aux lèvres rouges. Elle ne veut plus avoir peur, souhaite un avenir vierge de tout projet. Une renaissance avec une chaîne du passé.
Je suis partie. Il y a maintenant un an. Du jour au lendemain sans même une lettre, j'ai pris le premier avion vers un endroit assez grand pour me faire tout oublier. Une nouvelle destination qui n'évoquerait aucun souvenir. Londres. J'ai encore l'impression qu'il savait qu'il pouvait me perdre au moindre coup du destin. Il a eu un petit accident de voiture. Rien de grave, simplement le nez cassé à cause de l'airbag. Il aurait pu mourir, il a faillit mourir... Alors la peur a reprit le dessus. Je ne veux pas perdre ma fierté comme ma mère. Perdre l'envie de vivre comme elle si un jour je devais perdre celui que j'aime. Tout mais pas comme elle. Nate trouvera une jolie femme qui a envie d'enfant et d'animaux de compagnie. J'ai juste envie de vivre sans engagement. Être sûre que si j'en ai besoin, je pourrais m'échapper. Mais je suis trop lâche pour lui demander le divorce. J'attends qu'il le moment où il le fera.
La presque trentenaire, son jean troué et ses mains où s'étalent le vert des plantes qu'elle prépare chaque jour. Le regard pétillant, la joie de son nouvel équilibre. Les cernes de ses insomnies matinales.
Sid, elle garde de sa mère une passion pour le violon et un accent caractéristique. Elle garde de son mari une alliance en or autour du cou et un nom de famille. Mais elle garde aussi de grosses paires de bottes pour tenir debout, parce qu'elle est rongée par la culpabilité et qu'au moindre coup de vent elle peut s'envoler.