Winter ▽ Cover my eyes, cover my ears. Tell me these words are a lie.

« Voici les clefs, Monsieur Bennett. Si vous le souhaitez, je peux vous montrer ... » commença alors le notaire en lui tendant néanmoins le trousseau de clefs. Pourtant, bien vite, le jeune homme blond ne le laissa pas finir. Il le coupa en prenant le dit trousseau. « Cela ne sera pas nécessaire. » Après tout, n'avait-il pas toujours connu cette maison ? Il était chez lui ici, malgré ce qu'il aurait pu dire d'ailleurs. Il n'avait pas besoin qu'on lui fasse le tour du propriétaire. Il était certain que même après quelques années, la maison n'aurait pas changé. Rien que la façade extérieure dégageait cette même prestance et cette même si forte présence qu'il avait toujours connue. Presque imposante. Il l'avait toujours eu cette sensation. Sans doute, voyait-il en cette habitation l'ancienne propriétaire qui avait toujours été aussi froide qu'un glaçon et aussi rigide qu'un bâton de bois ? « Bien. Et bien, je vais vous laisser prendre possession des lieux. Au revoir Monsieur Bennett et... Encore toutes mes condoléances. » finit par conclure le notaire encore un peu gauche. Il devait sans doute débuter dans le métier. Son air incertain et ses mots maladroits le trahissaient aisément. « Au revoir, oui. » hocha alors doucement le jeune Winter. Il ne préféra ne pas relever encore la dernière attention de l'autre homme. Combien de fois lui avait-on dit ces mots ces derniers ? Trop de fois pour qu'il puisse les compter. C'était presque comme si à la fin, ces mots avaient perdu de leurs sens. Après tout, c'était presque devenue une banalité dans la vie de Winter. Chaque personne, qui se présentait à lui, lui disait ses mots, encore et encore. Quand est-ce que cela va-t-il s'arrêter ? Soupirant alors doucement après avoir observer le notaire remonter dans sa voiture, Winter se tourna vers la porte. Cette dernière, faite de bois et de métal, semblait être la dernière qu'il voulait franchir. A vrai dire, pour lui, se retrouver ici sur le porche de cette maison en particulier était réellement une sensation étrange. Il faut qu'il n'avait pas réellement prévu de revenir ici. Dans sa tête, tout ce qui se trouvait ici n'avait été jusqu'alors qu'un vague souvenir embrumé. Pourtant la vie en avait décidé ainsi. A présent, il se retrouvait sur ces marches, à hésiter comme un enfant à simplement ouvrir une porte. Il prit son courage à deux mains et glissa dans la serrure la clef. Un simple tour et la porte se déverrouilla. Il ouvrit simplement cette dernière, n'en franchissant pas encore le seuil. Un long grincement se fit entendre. Son regard se posa finalement sur l'entrée. Cette dernière n'avait été garnie que d'un simple meuble pour entreposer les chaussures. Le long couloir menant au salon était toujours aussi sombre et le parquet, même à vue d’œil, semblait aussi craquant qu'une biscotte. Winter soupira doucement. Ça y est, il y était. C'était réellement étrange cette sensation. Un sentiment de nostalgie mêlé à de l'incertitude s'empara de lui. Il avait presque l'impression de redevenir ce petit garçon si fragile et si peureux. Ce même petit garçon qui il y a vingt trois ans de cela franchissait pour la première fois le seuil de cette porte avec pour seul bagage un petit sac à dos et sa peluche, surnommée Peanuts. Oui c'était un peu comme un retour vers ses souvenirs. Winter entra enfin et fit alors quelques pas sur le parquet. Comme il l'avait deviné aisément, le parquet craqua sous ses pieds. U.C.