"Fermeture" de London Calling
Après cinq années sur la toile, London Calling ferme ses portes. Toutes les infos par ici FB - Like a drop of ink in a glass of milk (olivia)  2979874845 FB - Like a drop of ink in a glass of milk (olivia)  1973890357
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() message posté Dim 20 Sep 2015 - 22:49 par Invité
“Prayer is not asking. It is a longing of the soul. It is daily admission of weakness. It is better in prayer to have a heart without words than words without a heart.  ”    Souviens-toi de ton Créateur aux jours de ta jeunesse, avant que viennent les jours mauvais et que s'approchent les années où tu diras : « Je n'y ai point plaisir. » ( Ecclésiaste 12,1) Je soupirai en glissant mes doigts sur le dos d'Olivia. Elle dormait à poings fermés, le visage recouvert par un rideau de cheveux blonds et soyeux. Ses lèvres rosées vibraient au rythme de sa respiration alors que je l'observais en silence. Je m'appliquais afin de soutenir les fluctuations mélodieuses de ses inspirations. Un, deux, trois. Je souris en pressant le bout de mes ongles contre son épaule, puis je me penchai vers son front afin d'y déposer un baiser furtif. Un, deux, trois. Sa peau était si chaude au contact de ma bouche. Je n'avais pas froid. Malgré l'humidité et la fraîcheur de l'arrière pays français, je sentais ma passion se déverser dans mes veines comme un poison brûlant. N'était-il pas plus sage et plus aisé de refréner mes pulsions ? Je voulais m'éclipser et disparaître derrière les parois de la tente. Je refusais de la blesser encore une fois, même de manière involontaire. Il fallait que je calme mes ardeurs. Cela était clairement la meilleure option. Je fronçai les sourcils en acquiesçant. J'allongeai le cou en essayant de me rendormir. Lentement, je calai ma tête sur la poitrine de ma femme. Je sentais son cœur battre contre mon oreille. Ses pulsations romantiques résonnaient comme les chants gracieux du passé. Je connaissais parfaitement chacune de ces notes. Je les avais murmuré pendant des années. Mes conceptions, mes goûts et mes idées avaient complètement changé mais je l'aimais toujours. Elle était unique et j'étais double. Les valeurs de noblesse qui m'avaient permis de briller à l'époque où j'étais encore un homme bienveillant gisaient là, abandonnées, détruites, n'inspirant aux gens que méfiance et dégoût. Je suis un malade mental, c'est bien ça ? Mes transformations étaient si douloureuses et terrifiantes, mais la société ne voyait que l'éclat vermeil du fauve qui sommeillait en moi. Elle ne faisait que juger la dualité de mon esprit sans tolérer ma différence. A chaque inspiration, ma vie devenait plus dure, plus solitaire et plus menacée. Il y avait un mal étranger qui me guettait. Je le sentais venir jusqu'à nous. Je le sentais menacer la quiétude de notre relation. Mais là encore, je passe pour un fou. Je serrai les poings en couinant. Je n'avais pas envie de continuer dans cette voie. Je ne voulais plus explorer ces contrées lointaines et hostiles qui m'avaient déjà tout pris. Et pourtant, j'étais immanquablement attiré par le désarroi. Mon âme étaient brisée. Elle grouillait à l'intérieur de ma poitrine sans que je ne puisse recoller les morceaux. Ma gorge se serra brusquement. La même chose se produisait à chaque fois. Sans que je ne sache pourquoi, l'amour et la confiance que j'éprouvais à l'égard du monde se muraient en haine. C'était un combat à la mort qui m'opposait aux autres. Un combat que l'on regardait d'un air à la fois méprisant et apitoyé. J'en étais réduit à ça. La pitié. L'indiscipline. Je secouais les épaules par réflexe. Olivia s'agita tout contre moi et je me redressai afin de capturer la vision de son expression serine à nouveau. Ce voyage lui faisait du bien. Elle avait le teint clair, le regard pétillant et la voix enjouée. Je la retrouvais enfin. Ma meilleure amie. Mon premier amour. Mon fantasme éternel. Je la touchais comme l'esquisse d'un rêve, avec hésitation et douceur comme si mes caresses pouvaient la casser. Je peinais à croire qu'elle puisse être là, à mes côtés, malgré mes lacunes et mes colères. J'avais décidé de faire un effort, de m'adonner à un exercice intellectuel et de lui écrire une dernière lettre pour clôturer le  chapitre houleux qui avait troublé notre mariage. Mais je manquais de courage. Même après huit mois, j'étais incapable de lui parler à cœur ouvert de mes ressentis, de mes tortures et de ces enfants que j'avais abattu. Les hurlements stridents. Les sirènes assourdissantes. Les bourdonnements des chars. J'avais tout gardé en mémoire. Je ne voulais pas les oublier. Il s'agissait de ma punition personnelle, d'une forme de culpabilité peu commune mais tout aussi douloureuse. Tu n'es pas une mauvaise personne, Isaac. Reviens. Je t'attends. Je serrai la mâchoire. Cette mélodie. J'entendais les prières d'Olivia et ses implorations pour la première fois depuis mon retour de captivité. Elle me guidait encore. Tout à coup, je perdis la notion de l'espace. Mes pensées se mélangeaient dans ma tête sans que je ne parvienne à me situer. Mon corps était lové contre la femme que j'aimais, mais mon esprit était emprisonné dans un cachot sombre et humide, la-bas. Non, tu es ici. Avec moi. Je grimaçai. Isaac, tu es là ! Je me dressai violemment. Je haletais la bouche entrouverte. D'un geste fébrile je passai ma main sur mon front humide. Ce n'était que de la sueur et pourtant, j'avais l'impression que toutes mes cicatrices s'étaient réveillées. J'avais tellement mal.  J'avais tellement peur aussi. Je refusais de l'admettre à voix haute mais la plupart du temps, j'étais effrayé par le présent. Je cherchai désespérément le contact d'Olivia. Ma main tomba ballante tout près de la sienne. Je n'arrivais pas à bouger, ni à la prendre dans mes bras. « Olivia …» Sifflai-je timidement. « Tu veux te réveiller ?  » M'enquis-je en m'asseyant correctement. Je quémandais son attention. Je voulais l'étreindre avec douceur mais mes muscles maquaient de tonus. Alors j'espérais qu'elle vienne à moi. J'espérais qu'on s'abandonne encore une fois.
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() message posté Lun 21 Sep 2015 - 21:40 par Invité

Isaac & olivia —  i have galaxies hidden between my bones and i will love you until the stars burn out. ✻ ✻ ✻ Je sentais son corps tiède contre le mien, plongée dans un demi-sommeil presque apaisant. J’entendais les murmures de la nature de l’autre côté de la fine toile de la tente ; le voile léger des rayons du soleil éclairait mes paupières closes et caressait mon visage endormi. Un sourire de contentement était apparu sur mes lèvres depuis une vingtaine de minutes, déjà. Un sourire qui ne semblait pas vouloir s’en aller. Un sourire qui m’habitait. Isaac s’agitait à mes côtés mais ses gestes étaient doux, semblables à des caresses ; je le retrouvai, lui, dans la quiétude de cet instant imparfait. Le duvet nous protégeait de la fraicheur française matinale et, même s’il tirait un peu trop la couverture, j’acceptais avec plaisir d’avoir les pieds froids ; le monde dehors semblait poursuivre son cours sans nous, mais c’était toute cette animation extérieure qui me rappelait que, désormais, nous avions notre propre bulle de bonheur.
Un bonheur étrange, un bonheur hors du temps. Je savais que rien ne serait plus jamais pareil mais je me contentais de ce qu’il pouvait bien me donner chaque jour. Nous n’étions pas parfaits. Nous n’étions plus des adolescents. Je n’étais même plus sûre que nous étions les mêmes. Mais nous étions ensemble. C’était tout ce qui semblait compter.
Et c’était tout ce qui comptait, en réalité.
Ma main était pressée contre mon ventre dévêtu. Je me sentais légèrement nauséeuse, mes seins étaient douloureux, mais je retrouvais presque avec plaisir ces symptômes que j’avais déjà connu, autrefois. Je me surpris à compter de nouveau les semaines. A me rendre compte que cela faisait deux mois. Deux mois que mon corps changeait. Deux mois qu’un miracle était sans doute là, dans ce corps d’estropié qui était désormais le mien.
Je me demandais si Isaac avait remarqué ma légère prise de poids. S’il se rendait compte que mon appétit avait changé, lui aussi. Sans doute pas. Il était encore bien trop emprisonné dans son propre monde pour constater ce genre de choses ; je ne lui en voulais pas, préférant garder mes espoirs pour moi, préférant attendre notre retour en Angleterre pour en avoir le coeur net et lui annoncer la nouvelle.
Mon coeur tambourinait dans ma poitrine, si vite, si fort. J’étais heureuse en cet instant, oui. Plus heureuse que je ne l’avais été au cours de ces derniers mois. Plus heureuse que je ne l’avais été au cours de ces dernières années. J’avais l’impression de rajeunir. De retrouver cette insouciance apaisante.
Isaac se redressa à mes côtés, et je me rendis compte, dans un coin de mon esprit, qu’en arrêtant de surveiller ses inspirations et la tension de son corps durant une poignée de minutes, je ne m’étais pas rendue compte qu’il avait de nouveau fait face à des images qui n’auraient jamais dû être dans son crâne. « Olivia… » murmura-t-il doucement comme s’il avait peur de me déranger. Comme s’il était gêné de me troubler. Comme s’il aurait aimé se débrouiller seul mais qu’il s’était rendu compte qu’il ne pouvait pas faire autrement. « Tu veux te réveiller ? » J’eus du mal à ouvrir les paupières. Je battis plusieurs fois des cils, dérangée par la lumière, et finis par rendre les armes. Je me redressai paresseusement pour venir nicher mon visage dans son cou, protégée ainsi des rayons du soleil qui me brûlaient les rétines. Mes mains attrapèrent son bras et je me serrais doucement contre la chaleur de son corps, l’odeur de sa peau envahissant mes narines. « Tu étais à Jalahad ? »  lui demandai-je dans un murmure à moitié endormi, à moitié éveillé. Je déposai un baiser dans son cou, restant ainsi blottie contre lui.
Dans ces instants-là, je ne savais plus quoi faire pour lui hormis lui prouver que j’étais là, à ses côtés. Dans ces instants-là, je ne savais plus quoi faire pour l’aider, pour le sauver de ses démons, pour le sauver du passé. C’était des souvenirs qui m’échappaient. Une réalité qui ne m’appartenait pas. Un monde différent du mien, à des années lumières, loin, si loin, que j’avais l’impression qu’il était hors de ma portée. Hors de mon entendement. « Je suis là, »  ajoutai-je doucement. Mon ton n’était qu’un murmure, comme si j’avais peur de troubler la quiétude de notre environnement. « Tu veux en parler ou tu préfères penser à autre chose ? »  Mes doigts caressaient doucement sa peau. J’aimais pouvoir être si proche de lui. J’aimais pouvoir poser ma tête dans le creux de son cou sans avoir peur qu’il ne me rejette.  J’aimais pouvoir lui parler sans avoir peur de sa réaction. JJ’aimais pouvoir être à moitié nue et sentir son corps chaud pressé contre le mien. J’aimais sentir son odeur et me dire qu’en cet instant il ne s’appliquait pas à me détester, qu’en cet instant il ne s’appliquait pas à m’en vouloir. J’aimais pouvoir me dire qu’il était mon mari. Qu’il était mon compagnon. Qu’il était mon meilleur ami. Qu’il était mon âme soeur.
Et qu’il m’aimait autant que je pouvais bien l’aimer.
Il s’était passé des mois. Des mois difficiles. Des mois qui m’avaient fait perdre tout espoir. Des mois qui m’avaient paru être longs, si longs. Des mois qui m’avaient fait mal, si mal. Des mois qui m’avaient paru traumatisants, presque. Mais, en cet instant, j’avais l’impression que tout le chemin tortueux derrière nous n’existait pas. Qu’il avait valu la peine.
Je n’avais pas souffert en vain, après tout. Même si j’avais longtemps voulu partir, partir tout simplement, toute ma peine avait désormais un sens.
Nous avions désormais un sens.
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() message posté Mar 22 Sep 2015 - 22:05 par Invité
“Prayer is not asking. It is a longing of the soul. It is daily admission of weakness. It is better in prayer to have a heart without words than words without a heart.” La vérité vient vers toi. Et pourtant je la cherchais toujours. J'étais allongé dans une tente au milieu du territoire français, perplexe, découragé et impotent. Aucune vérité ne m'était visible. Il n'y avait que les plis du sac de couchage et les rayons du soleil qui filtraient à travers la toile. Je laissai ma main retomber sur le sol. Tu es vivant. La voix, celle d'Olivia, résonnait de plus ne plus fort dans ma conscience. Elle m'encourageait avec éloquence. Elle voulait m'aider à retrouver la raison, mais j'avais le cerveau engourdi. Après un moment de désorientation, je posai mes yeux sur mes poings. Je serrais la mâchoire en remarquant les cicatrices qui se tressaient autour de mes paumes. Les coupures étaient nettes et les plaies cautérisées. Je m'étais accroché tellement fort. Je m'étais écorché la peau à force de soutenir le regard fauve de mes tortionnaires, et aujourd'hui, plusieurs mois après la fin de mon supplice, je gardais toujours les mêmes réflexes. J'avais résisté à la douleur pour honorer mon devoir. Je voulais agir pour le mieux mais cela n'avait servi à rien. Un frisson de dégoût parcouru mon échine. J'avais sans doute trop lutté, à tel point que j'en oubliais les raisons de mon acharnement. Pourquoi j'avais choisi de devenir militaire ? Pourquoi j'avais accepté mon héritage familial ? Pourquoi je considérais mon père, malgré sa cruauté et sa sévérité, comme un héro ?  Toutes ces questions restaient en suspend dans mon esprit.  Je me tournai vers Olivia. Lorsqu'elle se redressa, elle nicha sa tête contre mon cou. Je sentais les mouvements de sa respiration onduler sur mon dos. J'étais presque nu mais je ne me cachais plus. Les traces de brûlures et les boursouflures recouvraient toute la moitié supérieure de mon tronc. Je suis une cicatrice – une déchirure. Je déglutis alors que ses mains glissaient sur mon torse. Je voulais lui dire d'arrêter. Je ne voulais pas qu'elle me touche de cette façon, mais le courage de la rejeter me manquait encore une fois. Je subissais ses caresses comme des coups de fouet. Les images envahissaient tout à coup mes paupières. Je me contractais sous sa prise avant de me tourner légèrement. «Tu étais à Jalahad ?  »  Je souris tristement. J’acquiesçai en fermant les yeux. Le sang giclait par jets sombres, mouillant les murs et le plancher à l'endroit exact où j'étais menotté. L'odeur de putréfaction envahissait ma poitrine pendant une fraction de secondes. Il n'y avait pas de lumière. Il n'y avait plus aucune couleur. Je me mordis la lèvre inférieure en secouant les épaules.« Je ne sais pas. On déplace les prisonniers pour que les autorités perde toute traçabilité. Je ne sais pas réellement.  » Je marquai un silence en prenant sa main contre la mienne. « J'étais … La-bas ...  » Je chuchotais comme si j'en avais honte. Comme si ma capture était un pécher dont j'étais inévitablement coupable. La torture avait débuté 72 heures après mon arrivée en prison, lorsque dans un élan de compassion purement stratégique, le chef de la guérilla avait décidé de me garder en vie. On avait mis un sac en plastique sur ma tête et attaché mes mains dans mon dos. Je me souvenais d'avoir marché – beaucoup marché. On voulait me montrer que le chemin qui me séparait de la liberté était trop long. Je soupirai en ravalant ma salive. On m'avait frappé à la barre de fer le premier jour. Je pouvais entendre la violence des coups qui se découpait dans l'ambiance maussade du cachot, avant que mes os ne craquent sous la pression. L'un des gardiens avait uriné sur moi. On m'avait laissé mariner dans ce jus de puanteur pendant plusieurs heures, puis lorsque la porte s'ouvrit enfin, lorsqu'on me demanda de me déshabiller, je m'exécutai en pensant que je devais porter l'habit rouge du prisonnier. Mais on m'avait laissé comme ça. Nu pendant dix jours, parfois enchaîné à la porte de la cellule, face contre les barreaux, parfois attaché au lit. «  Je suis là,  »  Souffla-t-elle tout près de mon oreille. Je souris. Mais je ne veux pas que tu sois là, dans cet univers. J'inspirai profondément. Des pas inégaux claquaient contre la chaussée humide. Je les entendais comme un souffle qui se rapprochait, qui venait à ma rencontre. J'avais prêté serment pour mon pays. J'avais promis de rester fidèle. Puis, l'éclair fulgurant du fouet m'avait traversé le crâne. Le cri que je voulais lâcher était resté coincé dans ma gorge. J'avais l'impression que ma cervelle allait me sortir par les oreilles. Je fermai les yeux en grimaçant, puis je réalisai que ce n'était pas la peine de me fatiguer ou de bouger les paupières. Le sac m'empêchait de voir. Il me plongeait déjà dans l'obscurité. Je gigotais dans tous les sens, haletant, à l'article de la mort. Des points lumineux dansaient dans mon regard fixe au rythme des pulsations pénibles de mon cœur. Tout était flou. La torture. L'emprisonnement. Le passé. Le présent. Maintenant. « Tu veux en parler ou tu préfères penser à autre chose ?   » Je relâchai sa main. Je l'observai silencieusement, hésitant à briser une nouvelle barrière entre nous.  « Tu savais que l'armée américaine avait fait subir des sévices semblables aux prisonniers Irakiens après la chute de Saddam Hussein?Les actes honteux de certains ne représentent pas la majorité. Je ne devrais pas les détester n'est-ce pas ? » Je frôlai sa joue avec douceur.  « Mais je les déteste tous. » Lassé et désespéré, je finis par soupirer. Je capturai suavement ses lèvres avant d'attirer sa tête sur mon torse. Elle semblait plus sereine en France. J'avais remarqué sa nature souriante et son regard pétillant. J'avais noté chaque changement de son humour en éprouvant un certain sentiment de soulagement. Peut-être avait-elle réussi à trouver un semblant d'équilibre dans le désordre qui rythmait nos existences. Peut-être que la lumière se trouvait à la fin de ce tunnel. Je haussai les épaules. « Et toi ? Dis-moi pourquoi tu es aussi heureuse... » Je la connaissais depuis des années. Malgré notre séparation et notre absence de complicité apparente, je pressentais toujours ses attitudes et ses gestes. Je levai le bras en signe de paix et posai mon pouce au coin de ses lèvres.
 
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() message posté Jeu 24 Sep 2015 - 22:09 par Invité

Isaac & olivia —  i have galaxies hidden between my bones and i will love you until the stars burn out. ✻ ✻ ✻ Je sentais son corps se contracter sous ma prise mais je ne savais pas si c’étaient mes gestes ou ses souvenirs qui l’incommodaient. Je ne parvenais pas à retenir mes caresses ; j’avais ce besoin de le sentir sous mes doigts, ce besoin de m’assurer qu’il était bien là, à mes côtés. C’était un moyen, également, de me rendre compte qu’il n’était pas disparaître encore une fois. Qu’il n’allait pas me laisser. Qu’il n’allait pas m’abandonner, prisonnier à cause de ses convictions, prisonnier à cause de sa mère patrie. Je fermai doucement les paupières, le visage tout contre la peau chaude de son cou, profitant de cet instant de calme. Nous avions connu de nombreux matins comme celui-ci, avant qu’il ne parte pour l’Afghanistan. Nous avions été jeune et innocents, blottis l’un contre l’autre. Nous n’avions jamais eu besoin de trop parler ; il avait toujours été d’une nature silencieuse et je m’en étais accommodée avec plaisir. Il nous avait simplement fallu des regards et des expressions pour se comprendre. Des attentions et des habitudes. Tout avait été d’une facilité déconcertante.
Et, aujourd’hui, c’était comme si nous connaissions le revers de la médaille.
Je ne savais même pas si quelqu’un savait réellement ce qu’Isaac avait vécu toutes ces années, là-bas, hormis les monstres qui avaient commis toutes ces horreurs. Je n’étais même pas sûre qu’il sache lui-même à quel point il était ravagé ; il avait sans doute conscience de certaines de ses blessures, mais l’esprit humain n’était pas fait pour accumuler tant d’atrocité. Il avait des souvenirs perdus au fond de sa mémoire. Des traumatismes muets. Des marques indélébiles qui menaçaient de se réveiller à tout moment pour le faire sombrer encore un peu plus. Je ne pouvais rien y faire. Lui non plus, d’ailleurs ; il faisait partie de ces rescapés qui ne seraient plus jamais les mêmes, partie de ces rescapés qui auraient sans doute mieux fait de ne jamais s’en sortir. Je fermai les yeux un peu plus fort à cette simple pensée, la gorge se serrant violemment. Je savais que je ne me trompais pas en pensant une chose pareille ; cependant, dans mon état, je ne pouvais pas m’empêcher, non plus, d’espérer. Je voyais ses progrès, après tout. Je voyais tout ce qu’il pouvait accomplir aujourd’hui qui auraient été impensables il y a quelques mois. Je voyais ses sourires, rares mais pas inexistants, qui décoraient ses lèvres de temps à autres. Puis, aussi, j’avais l’intime conviction de porter notre enfant en mon sein. L’intime conviction que ce miracle n’était que le présage d’un avenir meilleur.
Je ne pouvais pas penser autrement. Je ne pouvais pas imaginer que cela ne puisse être que le calme avant la tempête. Comme si cet instant n’était pas éternel. « Je ne sais pas. On déplace les prisonniers pour que les autorités perde toute traçabilité. Je ne sais pas réellement, » me murmura-t-il en attrapant ma main. J’hochai doucement la tête contre son épaule, préférant garder le silence, comme si l’émotion pourrait se trahir dans ma voix. « J’étais… Là-bas… » Je pris une profonde inspiration en m’accrochant à ses doigts, comme pour lui prouver que même s’il avait l’impression d’être là-bas, cela n’était qu’une impression. Une illusion. Il ne serait plus jamais là-bas. Il était ici, ici et avec moi. Toujours. J’avais laissé l’armée américaine me voler une fois mon mari et je n’étais pas résolue à laisser quiconque le refaire encore une fois. « Ça finira par passer, »  lui murmurai-je doucement. Je savais que c’était le cas. Je savais que ça passerait. Cependant, j’étais incapable de lui dire quand. De lui donner une date pour s’accrocher. Cela pouvait être dans trois mois. Dans trois ans. Dans trente, même.
Il était trop brisé pour que sa guérison puisse être prédite avec exactitude. Il était trop marqué pour que ses cicatrices n’aient besoin d’autres choses que de temps. De temps pour s’en remettre. De temps pour disparaître.
Il lâcha ma main quand je lui proposai de parler ; de parler, tout simplement, que cela soit de ses cauchemars ou de la réalité, de ses craintes ou de sujets futiles. Je voulais tout faire pour lui même si parfois j’avais l’impression que rien ne pourrait convenir. Je voulais tout faire pour lui même si parfois j’avais l’impression que rien ne pourrais l’apaiser. « Tu savais que l'armée américaine avait fait subir des sévices semblables aux prisonniers Irakiens après la chute de Saddam Hussein ? Les actes honteux de certains ne représentent pas la majorité. Je ne devrais pas les détester n'est-ce pas ? Mais je les déteste tous. » Ses doigts caressèrent ma joue avec douceur. Je me détachai légèrement de lui pour l’observer. J’étais marquée par une profonde tristesse qui capturait mes sens ; j’étais encore choquée de l’entendre tenir de pareils propos alors qu’il avait toujours servi sa patrie. Ses convictions avaient changé du tout au tout ; même si je comprenais profondément la nature de ce revirement, cela me paraissait encore étrange de l’entendre dire ces choses. Il se pencha vers moi pour embrasser mes lèvres avec précaution et m’incita à poser ma tête contre son torse. « Et toi ? Dis-moi pourquoi tu es aussi heureuse… » J’esquissai un sourire. Il l’avait remarqué. Malgré tout, il l’avait remarqué. J’haussai les épaules. « Je suis bien, ici. Et puis, c’est les premières vacances que je prends depuis la dernière fois où nous sommes tous les deux… »  murmurai-je. J’avais sans doute trop travaillé. Trop tiré sur la corde. Je m’étais épuisée à la tâche sans même m’en rendre compte, animée simplement par le désir d’oublier. D’oublier et me tourner vers les autres. « Tu sais, tu as le droit de tous les détester. Je les déteste bien tous aussi, tous autant qu’ils sont. Ils m’ont pris mon mari, ils me l’ont rendu dans un cercueil, pour me dire quatre ans plus tard que finalement toute ma peine n’avait absolument aucun sens. Ils ne te méritaient pas. Ils ne t’ont jamais mérité. » Je serrai mes bras autour de son torse marqué. C’était sans doute en partie pour cela que j’étais partie de notre pays natal. J’avais fui. Fui ce pays qui n’avait fait que détruire mon existence. Fui. Fui très loin.
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() message posté Lun 5 Oct 2015 - 23:23 par Invité
“Prayer is not asking. It is a longing of the soul. It is daily admission of weakness. It is better in prayer to have a heart without words than words without a heart.” La splendeur de la lumière ne m'était donné que par les coups frappés contre mon visage. Un. Deux. Trois. Quatre. Cinq. Ils s'arrêtaient précisément à ce compte, faisant référence aux cinq piliers de la religion musulmane. La Chahada, attestation de la foi et de l'unicité de Dieu, les prières quotidiennes, l'aumône aux pauvres, le jeûne du mois sacré et enfin le pèlerinage sur les terres promises. Je les connaissais par cœur. Je les récitais parfois le soir, lorsque les pas des talibans claquaient en direction de mon cachot. Leur marche était lente et régulière, mais elle retentissait dans l'atmosphère sonore en faisant voler au loin des astres écarlates. La fraîcheur de ma prison offrait à mon imagination une mince échappatoire. Elle me rappelait l'hiver, nos anniversaires et les vacances de Noël. Je soupirai en me raccrochant aux caresses d'Olivia sur mes bras. Je fermai douloureusement les yeux en me penchant vers sa silhouette parfumée. Mes gestes étaient distants mais toutes mes pensées lui appartenaient. Je n'étais plus l'homme dont elle était follement amoureuse. Je n'étais plus l'enfant turbulent et taquin qui jouait avec des bestioles sales et dégoulinantes au fond du jardin. Aujourd'hui, elle avait devant elle, le portrait d'une créature amorphe et monstrueuse. Je crispai les doigts autour de son poignet. Mon expression était creuse et lointaine. Mes lèvres frémissaient sous la pression de ma mâchoire mais j'étais incapable de lui parler. Mes confessions restaient coincées au fond de la ma gorge tout comme mes croyances en la richesse philosophique, et mon inaptitude à trouver la beauté entre les pages d'un livre que je lisais. « Ça finira par passer.  »  Murmura-t-elle doucement et je souris au coin. Mes yeux brillaient dans la pénombre de la tente. J'avais l'impression de lui mentir en retenant toutes les émotions qu'il y avait en moi. Mon expérience en Afghanistan était ce qu'il y avait de plus intime dans mon esprit. C'était mon unique vision de l'horizon diapré. Je lui adressai un long regard puis je fini par hocher la tête. « Peut-être.  » Soufflai-je en raffermissant ma prise sur sa main. Mon cœur se consumait dans les souvenirs agités de ma captivité. Je sentais encore l'odeur des cadavres qui pourrissaient dans les cellules adjacentes. Je n'étais pas le seul américain tyrannisé. Je n'étais pas le seul soldat enchaîné au pied du lit. Je faisais partie d'une succession , d'une longue lignée de damnés. Les prières arabes m'étaient complètement incompréhensibles, mais l'imam de la mosquée semblait détenir le secret de la vérité et de la beauté. Il cachait un neuf millimètre sous les pans de sa longue robe blanche tout en chantant les louanges d'un créateur invisible et omnipotent. Je tremblai en me redressant. J'avais grandi au sein d'une famille bourgeoise et honorable. Mon père était un ancien militaire, respecté et estimé pour son parcours exemplaire au sein de l'armée américaine. Ma mère était une femme douce, calme, soumise et bienveillante. Elle m'avait appris à être généreux et à aimer mon prochain. Mais je me détachais de cette éducation. Je rejetais ces manières et cette culture désuète. Je regardais mes cicatrices et je grinçais des dents comme un chien enragé. Tout ce que je voyais, c'était le mal qu'on m'avait infligé. Olivia s'éloigna après mon baiser. Son regard glissait sur ma peau comme si j'étais étranger à son univers. Je tendis les bras afin de l’accueillir dans mon étreinte fragile. Le vent estival nous unissait par un lien plus essentiel, contenant un peu de nostalgie et d'allégresse, certifiant le retour et la présence effective de notre amour. Je soufflai sur sa tempe en la berçant délicatement. «  Je suis bien, ici. Et puis, c’est les premières vacances que je prends depuis la dernière fois où nous sommes tous les deux…  »  J’acquiesçai silencieusement. Nos anciennes rencontres n'étaient plus que des moments que je séparais artificiellement du bout des doigts comme des fractions d'un jet d'eau irisé et immobile. J'embrassai ses cheveux sans cesser de bouger au rythme de sa respiration. « Tu sais, tu as le droit de tous les détester. Je les déteste bien tous aussi, tous autant qu’ils sont. Ils m’ont pris mon mari, ils me l’ont rendu dans un cercueil, pour me dire quatre ans plus tard que finalement toute ma peine n’avait absolument aucun sens. Ils ne te méritaient pas. Ils ne t’ont jamais mérité.  » Je suivais le son de sa voix mais je n'étais pas sûr de partager ses certitudes. Je déglutis en secouant les épaules avec mélancolie.  « Ils ne veulent plus de moi de toute façon. » J'étais un rejeté – un presque terroriste et un sniper dépourvu de logique stratégique. Je n'avais plus aucun rôle à jouer dans la guerre qui opposait les vanités des peuples, même en me raccrochant aux jaillissements de toutes les forces de l'univers. Lentement, je glissai mes mains vers son dos. Je l'éloignai d'un geste précis et ordonné. « On devrait manger maintenant. » Souris-je en fixant son ventre d'un air absent. Je fis la moue, pendant quelques secondes, espérant qu'elle réponde à ma tentative de changer le sujet. Je n'avais presque plus d'avenir professionnel en tant que soldat, je pensais à reprendre mes entraînements de boxe ou à intégrer l'entreprise familiale mais je n'osais pas encore en parler à ma femme. Je connaissais ses réticences concernant la violence et je connaissais ma dépendance aux sports dangereux. Je lui tendis la main. « Tu viens ? »
 
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() message posté Dim 11 Oct 2015 - 13:05 par Invité

Isaac & olivia —  i have galaxies hidden between my bones and i will love you until the stars burn out. ✻ ✻ ✻ Il n’était jamais vraiment là, après tout. Il était régulièrement distrait, filant entre mes doigts comme un nuage de brume que j’aurais tenté d’attraper en vain. Je ne parvenais jamais à savoir ce qu’il avait en tête, ce qu’il pouvait bien penser, ce dont il était en train de se rappeler. Je ne parvenais jamais à savoir il se trouvait, même, s’il était là bas ou à mes côtés, s’il était ailleurs ou ici. Je ne lui en tenais pas rigueur, non. Je tentais de m’accommoder à ses changements d’humeur du mieux que je pouvais, respectant les troubles de ses pensées et ses périodes d’absence beaucoup trop régulières. Je ne voulais jamais le brusquer, je ne réclamais pas son attention. Je tentais de faire avec.
Mais ce n’était jamais suffisant.
Ma tête était doucement posée contre son torse. Je m’émerveillais encore, parfois, que ce genre de gestes se produise ; j’avais passé tant de mois, tant d’années, à me répéter que ces habitudes n’auraient plus jamais lieu que j’avais la sensation de réapprendre, à chaque fois, son retour à la maison. Avec le temps, même, je finissais par ressentir ce même sentiment de bien-être qui m’avait habité en sa présence quand nous avions été bien plus jeunes. C’était un long processus. Un grand travail sur nos êtres. Réapprendre à vivre ensemble, apprendre à s’accommoder des blessures de l’autre, réapprendre à s’aimer, apprendre à se connaître. Nous avions changé et notre couple n’était plus le même, pas après ces quatre années à être séparées, pas après ces quatre années loin l’un de l’autre. C’était difficile à admettre, difficile de vivre avec, mais avec le temps et les efforts, c’était plus facile.
Même si je doutais, au fond, que notre situation ne redevienne ordinaire. Nous ne serions jamais un de ces couples habituels. Nous ne serions jamais comme les autres, normaux, normaux et sains, normaux et candides. Nous pouvions simplement aspirer à l’espoir que notre vie ne s’effondre pas une seconde fois.
A l’espoir que le destin allait enfin nous laisser tranquille. Nous laisser vivre au lieu de nous contraindre à survivre.
Je résistais à l’envie de passer une main sur mon ventre ; je ne voulais pas donner d’indices à Isaac avant notre retour. Je ne voulais pas l’effrayer, je ne voulais pas qu’il ne se sente angoissé à l’idée qu’un enfant vienne déjà troubler l’équilibre instable de nos existences. Je ne voulais pas qu’il voit cela comme une mauvaise chose, non ; alors, je préférais attendre avant de lui annoncer, attendre de pouvoir correctement lui présenter la situation et le rassurer. Le rassurer, oui. Le rassurer pour qu’il voit cela de la même manière dont je pouvais le voir. Pour qu’il voit qu’il s’agissait d’une chance. D’un miracle. « Ils ne veulent plus de moi de toute façon, » dit-il. Je ne savais pas s’il y avait de la déception ou de l’amertume dans sa voix ; sans doute un peu des deux. Après tout, la dévotion qu’Isaac avait nourri pour sa patrie avait toujours été démesurée, trop grande pour son propre corps. Il était blessé dans ses sentiments, également, d’être traité en véritable paria après avoir subi quatre années de tortures pour ces personnes qui ne voulaient plus de lui. Je me retins de lui répondre, sachant parfaitement que ma satisfaction vis-à-vis de son impossibilité à rejoindre les rangs de l’armée ne serait pas forcément bien prise. C’était plus fort que moi. J’avais beau avoir travaillé pour l’US Army. J’avais beau être marié à un ancien sniper. Je continuais de penser que tous ces hommes n’étaient que de la chaire à canon. « On devrait manger maintenant, » reprit-il. Son regard s’était perdu sur mon ventre et je ne dis rien. Il n’était plus si plat ; à mon stade, cela ne représentait presque rien, mais je me demandais si Isaac était capable de percevoir la différence. Je lui adressai un sourire, n’osant pas lui admettre que je me sentais nauséeuse, n’osant pas lui admettre que je n’avais pas faim. « Tu viens ? » Il me tendit la main et j’acquiesçai. « Je dois juste enfiler quelque chose avant. »  Je me penchai pour attraper un short et l’enfiler ; je passai sur mes épaules un débardeur avant d’également mettre un gilet. Je déposai un baiser sur ses lèvres avant de finalement attraper ses doigts, ouvrir la paroi de la tente et me faufiler à l’extérieur.
Les matinées étaient fraiches mais le climat était bien plus favorable que celui que j’avais bien pu connaître à Londres durant toutes ces années ; mon corps avait fini, avec le temps, à faire le deuil des chaleurs de la Nouvelle-Orléans et du désert Afghan pour accepter des températures plus basses. « Tu veux qu’on aille prendre le petit-déjeuner dans un café en ville ? » lui demandai-je. Je n’avais pas très faim, non. L’idée même de manger en cet instant ne m’était même pas agréable ; je tentais simplement de jouer la comédie pour sauver les apparences, pour sauver mon secret, également. Je savais que j’aurais mieux fait de tout lui dire, que cela m’aurait évité bien des peines. Cependant, j’avais tellement peur de sa réaction, tellement peur de ce qu’il pourrait bien en penser, que je ne parvenais pas à trouver le courage nécessaire pour le faire. « Ou je peux aller t’acheter du pain à la boulangerie. Comme tu préfères. » Je lui adressai un sourire, le regard posé sur lui. J’aimais être loin de tout de cette manière en sa compagnie. J’aimais pouvoir m’occuper de lui sans jamais avoir à culpabilisé de faire les mauvais choix.
Parce qu’ici tout semblait plus facile.
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() message posté Jeu 22 Oct 2015 - 15:36 par Invité
“Prayer is not asking. It is a longing of the soul. It is daily admission of weakness. It is better in prayer to have a heart without words than words without a heart.” Je tendis lentement la main vers Olivia. Je voulais caresser son visage et sentir la chaleur de sa peau se répandre sur la mienne. Mais il y avait toujours une certaine retenue entre nous. Les lumières s'évanouissaient entre mes prunelles alors que je me penchais vers sa bouche. Combien d'années s'étaient écoulées depuis notre dernière soirée romantique ? Je me souvenais des ruines afghanes, des étendues de sables et des cris assourdissants des soldats. Je me rappelais de sa fausse couche et de notre dispute. Elle voulait tellement avoir des enfants, mais j'étais incapable de lui offrir une trêve. C'était peine perdue. Je crispai la mâchoire en baissant les yeux sur les plis de la couverture. La nature française était si silencieuse. Ici, personne ne pleurait. Tous semblaient absorbés par les routines ennuyeuses des promenades et l'éclat verdoyant des feuillages. Les visages prenaient une expression habituelle, humaine, presque familière. Nous étions captifs d'un idylle inévitable, parce qu'aimer cette femme était une fatalité qui me retenait sans cesse dans la réalité. Je déglutis en me redressant. Lentement. Toujours sans oser. La couleur de ses yeux perçaient les ombres diaphanes crées par les parois de la tente. Sa beauté recouvrait mes pensées hideuses et les traces de tortures qui marquaient mon bustes fébrile. Chaque jour, elle exhortait ma douleur. Chaque jour, elle complétait mon univers. Mais je n'avais pas encore toute la volonté pour lui revenir en entier. Je ne pouvais pas empêcher la prochaine guerre et je ne pouvais pas y participer. Je ne pouvais plus m'épargner moi-même et épargner tous ces enfants porteurs de bombes. Je soupirai en m'éloignant. Je connaissais la position d'Olivia par rapport à mes anciennes convictions. Le massacre d'un million d'hommes ne pouvait pas être porteur de paix et d'absolution. Et pourtant, j'y avais cru. Mon père m'avait obligé à y croire jusqu'à ce que les étaux de la prison se referment complètement sur mon âme. Je lui souris d'un air maussade avant de m'éloigner. «  Je dois juste enfiler quelque chose avant.   »  Murmura-t-elle en enfilant un short et un débardeur. Je l'observais avec application, dénotant la grâce de ses gestes et les fluctuations de sa chevelure dorée. Ces petits mouvements dérisoires m'avaient manqué. Elle me manquait toujours. Seulement il y avait douze millions de soldats tués sur le sol. Il y avait cette odeur putride de décomposition qui flottait autour de nos silhouettes fugaces. Elle tira sur les paroi de l'entrée et l'éclat du soleil s'écrasa sur mon expression placide. Je relevai les coudes, alerte et paniqué avant de papillonner des yeux. La lumière avait un effet étranger sur moi. Il me fallait toujours quelques minutes pour m'y habituer, comme si je faisais partie d'une créature nocturne et maléfique. Je tendis le bras vers mon sac afin de prendre un sweat. Je rencontrai la fraîcheur matinale de la France et les brises suaves du vent en grognant. Aucun climat ne me convenait plus. J'enfilai le vêtement puis je me tournai vers elle afin de la prendre par la taille. J'avais besoin de la toucher. J'avais besoin de contact pour faire la part entre la réalité et l'hallucination.   «  Tu veux qu’on aille prendre le petit-déjeuner dans un café en ville ?   »  Je respirai à plein poumons, laissant l'allégresse naturelle du paysage s'infiltrer dans mes poumons. Je la trouvais sereine et agitée à la fois. Je le retins contre moi en crispant mes doigts contre sa hanche encore instable. « Ou je peux aller t’acheter du pain à la boulangerie. Comme tu préfères.   » Je lui adressai un regard interrogateur. Pourquoi ? Olivia avait toujours entretenu un certain instinct bienveillant à mon égard, mais toutes ces questions sonnaient fausses. Je serrai la mâchoire en replaçant une mèche bouclée derrière son oreille. Je n'avais plus de carrière, plus de patrie et plus d'idéal. Ce n'étaient plus que des éléments de décorations. A mes yeux, elle était plus importante. Je concentrai mes réflexions sur l'allure tendue de son expression. Elle ne me disait pas quelque chose. Je le sentais jusqu'au tréfonds de mon cœur. Olivia avait exactement la même attitude. Je pouvais le remarquer malgré tous les efforts qu'elle déployait pour rester discrète. Je glissai mes mains sur son cou en me penchant vers ses lèvres. « Je sais que tu as envie de me le dire. » Soufflai-je tout contre sa bouche. Je l'embrassai furtivement, puis sans me retirer, je frottai ma joue contre la sienne. « Tu veux que j'utilise mes supers pouvoirs pour deviner ? » C'était peut-être puérile comme remarque mais, j'avais eu cette capacité par le passé. Celle de sonder son âme. De découvrir ses moindres secrets. Je penchai la tête. Je me sentais coupable de l'avoir abandonné pour suivre les tracés hypocrites et politiques de l'armée américaine. Elle avait raison en tout point. Mes négligences nous avaient menés vers le chaos. J'avais affirmé que je pouvais lui offrir la quiétude et l'harmonie d'une vie heureuse, mais je n'avais fait que la traîner de campement en campement, de ruines en ruines, jusqu'à ce que le destin finisse par réellement nous séparer. Je souris en haussant les épaules. Je ne voulais plus qu'elle ait peur de mes réactions. Parce que j'étais toujours un homme derrière ma carapace de monstre. J'étais exactement le même amoureux, le même dévoué et le même idiot. Son idiot.
 
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() message posté Mer 11 Nov 2015 - 20:45 par Invité

Isaac & olivia —  i have galaxies hidden between my bones and i will love you until the stars burn out. ✻ ✻ ✻ Nous étions perdus hors du temps, ailleurs, dans cet espace où rien ne semblait compter hormis nous. Nous et nos souvenirs. Nous et les fantômes de nos âmes. Nous et les ruines de notre personnalité. J’étais heureuse d’être ici, avec lui, en cet instant. J’étais heureuse d’être en sa compagnie, heureuse qu’il soit à mes côtés, heureuse de le retrouver, peu à peu, par intermittence. Il était différent mais j’avais fini par m’accoutumer à ses manières d’être. Il était différent mais il avait arrêté de me rejeter, arrêter de me dénigrer. Je n’avais plus l’impression d’être de trop, en sa compagnie ; j’étais sa femme, j’étais celle qui l’avait attendu tout ce temps même lorsqu’il n’y avait plus aucun espoir. J’étais légitime.
Il était différent mais il avait fini par se rendre compte que, moi aussi, j’étais différente.
Nous avions évolué tout ce temps dans deux galaxies opposées. Nous avions connu souffrance et douleur, chacun à des niveaux différents. Sa peau était aussi marquée que mon esprit. Ses cicatrices n’étaient que le reflet du mal que le deuil avait infligé à mon âme. Nous avions peut-être été une seule et même personne durant des années mais le destin nous avait éloigné de force. Nous avait séparé de force. Nous n’avions jamais connu la réelle absence de l’autre, jusque là. Pas réellement, du moins. Je m’étais toujours arrangée pour me retrouver à ses côtés, pour ne jamais être très loin. J’avais très mal vécu mes années d’études supérieures, lorsque j’étais partie en Californie, alors qu’il était resté en Louisiane pour s’entrainer. J’avais très mal vécu, également, les débuts de sa mission en Afghanistan et j’avais même fini par y aller à mon tour. Par le suivre.
Cela avait toujours été ainsi, quelque part. Nous avions toujours été à deux, ensemble. Pas forcément l’un avec l’autre, pas forcément l’un contre l’autre, mais dans le même espace, dans la même bulle ; j’évoluais plus aisément lorsqu’il était dans les parages. Je respirais à pleins poumons lorsque je savais qu’il était à mes côtés.
Je n’avais pas été entière pendant toutes les années où je l’avais cru mort, parti. J’avais eu l’impression de porter son décès dans mon coeur. J’avais eu l’impression qu’une part de moi avait été arrachée lorsqu’il avait rendu son dernier soupir. Puis il m’était revenu. Puis il était réapparu dans mon existence. Je n’avais pas réussi à me sentir de nouveau aussi bien en sa présence mais, avec le temps, avec l’habitude, j’avais fini par retrouver une certaine sérénité.
Une certaine confiance.
Sans le vouloir, j’esquissa un sourire en l’observant. Parfois, je me surprenais à me rendre compte, encore et encore, que j’avais mon mari sous les yeux, qu’il était réellement là, qu’il était vivant. Je ne pouvais plus m’empêcher de sourire. Plus maintenant, alors que je commençais à effleurer mes rêves du bout des doigts. Alors que je n’étais plus réellement toute seule et qu’un petit être s’était installé au fond de moi. « Je sais que tu as envie de me le dire, »  me glissa Isaac alors qu’il avait déposé ses mains dans mon cou, alors que ses lèvres s’étaient rapprochées des miennes. J’enroulai mes bras autour de sa taille en souriant de plus belle. Cette simple remarque me suffisait presque. Cette simple remarque me prouvait, également, que mon mari était toujours là et que j’avais raison d’être confiante vis-à-vis de l’avenir. Il me connaissait. Il me connaissait toujours. Il avait encore énormément de mal mais il était là, sous ses cicatrices, sous ce corps brisé et cette chaire à vif. « Tu veux que j'utilise mes super pouvoirs pour deviner ? » Je me mis à rire, sa joue contre la mienne et je le serrai un peu plus fort contre moi. « Tu peux toujours essayer, » murmurai-je, légèrement enjouée, la voix douce. Je fermai les paupières, appréciant simplement son contact, respirant l’odeur de sa peau.
J’étais bien, dans ses bras. J’étais bien, contre lui. J’étais bien, en sa présence. Beaucoup mieux que je ne l’avais pu l’être au cours des dernières années. Beaucoup plus qu’au cours des derniers mois, même. « J’avais prévu de te le dire en rentrant, »  finis-je par dire. Je savais que cela ne servait à rien de continuer à garder pour moi. Je savais qu’il me connaissait suffisamment pour reconnaître mes manies, mes manières. Je pris une inspiration avant de me détacher légèrement de lui, passant mes mains sur ses bras, l’observant dans les yeux. « Surtout, ne panique pas. »  Je lui adressai un sourire rassurant. Je savais qu’il se pensait sans doute pas prêt. Je savais que c’était tôt pour lui, encore. Mais j’avais confiance. J’étais prête à endosser toutes les responsabilités du monde, à empiéter sur son rôle de père s’il ne se jugeait pas encore suffisamment apte. J’étais prête à énormément de choses pour cette chance, pour ce miracle. « Je crois que je suis enceinte, »  finis-je par dire. Ma voix était douce, mon expression teintée de bonheur sans que cela ne soit réellement exubérant. Mais c’était surtout mes yeux qui en disaient long. Mes yeux qui brillaient de contentement, d’émotions. Mes yeux qui témoignaient de ce que cela représentait pour moi, après toutes les épreuves, toutes les désillusions.
La science m’avait répété que cela n’était pas probable. La science m’avait répété que cela était presque impossible. Et, pourtant, j’étais persuadée d’avoir réussi. Persuadée que nous étions au-dessus de tout ça.
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() message posté Mer 11 Nov 2015 - 20:49 par Invité
“Prayer is not asking. It is a longing of the soul. It is daily admission of weakness. It is better in prayer to have a heart without words than words without a heart.” J'avais été séquestré en Afghanistan, puis enfermé dans une base militaire pendant des mois. Mon père m'avait interdit de contacter Olivia dès mon retour, parce qu'il n'était pas sûr de ma libération. J'étais un paria de l'armée. Un soldat inapte à conduire une mission d'assaut contre les troupes kamikazes. Je ne savais pas pourquoi j'avais été épargné lors de ma capture. Personne ne le savait réellement et cela faisait de moi un suspect aux yeux des autorités. Je ne pouvais même pas correspondre aux critères des martyres puisque je m'étais rebellé pendant de longues heures, résigné à mourir avec dignité entre les mains de mes tortionnaires. Je me souvenais du visage de Hakim. De ses traits secs et de sa barbe hirsute. Ses mouvements étaient précis et ordonnés, répondant à un automatisme bien rodé. Il frappait exactement là où ça faisait mal : sur mon front ou à l'arrière de mon crâne. Il me privait de mes visions et de mes hallucinations. Il créait un nuage de silence assourdissant tout autour de mon esprit. Il faisait disparaître les parois sombres de la cellule dans un tintement de métal effrayant. Pourquoi je ne pouvais pas cesser d'y penser ? Je crispai la mâchoire en me tournant vers la compagne française et son éclat verdoyant. La vie m'avait infligé beaucoup de souffrances, mais aujourd'hui, j'étais le seul à alimenter cette déchirure. Je m'enfermais presque volontairement dans l'amertume et le mépris. Ma rage était inexplicable. Je la dirigeais vers Olivia pour m'épargner une confrontation intérieure. En réalité, c'était à moi que j'en voulais. C'était moi que je rejetais lorsque je m'éloignais de ses étreintes et de ses tentatives de conciliation. J'étais un étranger dans mon propre univers. J'étais revenu. Je l'avais épousé. J'avais repris mon identité. Mais, tous ces événements n'étaient que des contraintes d'ordre politique. Ma réinsertion dans les programmes sociaux, mes suivis médicaux et l'allure détachée que je miroitais au loin. Tout cela faisait parti du plan. Je soupirai en me redressant. J'avais constamment l'impression de suffoquer, même si la délicatesse de ma femme me permettait de ponctuer mes absences. Je me mordis la lèvre inférieure en pressant ma joue contre la sienne. Ses cheveux avaient gardé la même odeur particulière, le même toucher soyeux. Mon cœur se serra comme si je la touchais pour la première fois. Comme si nous étions à nouveau deux jeunes puceaux en mal d'amour et de plénitude. Pourquoi la petite voisine Marshall ? Pourquoi avait-il fallu qu'elle soit l'élue parmi toutes les autres ? Je plissai les yeux en effleurant la pointe de son nez. Son sourire était une évidence qui me maintenait en équilibre. Nous avions toujours existé à deux. Je replaçai une mèche derrière son oreille en me penchant vers sa bouche. «Tu peux toujours essayer, »  Murmura-t-elle d'une voix douce et mesurée. Je restai silencieux. Je redoutais l'instant où ses petits bonheurs éphémères finiraient par s'estomper. Je n'étais pas un défaitiste de nature, mais la vie m'avait appris à me méfier de la facilité.   «  J’avais prévu de te le dire en rentrant,   »  Je retins mon souffle en me concentrant sur les mouvements ses lèvres frémissantes. J'étais en suspens dans le vide. J'étais en suspens dans l'espace creux qui nous séparait peu à peu. « Surtout, ne panique pas.   » Je n'aimais pas les révélations de ce genre. Je relevai la tête afin de prendre une certaine hauteur puis j'effectuai tout simplement un mouvement encourageant de la main. « Je crois que je suis enceinte. » Elle semblait si heureuse. Ses yeux pétillaient comme deux points lumineux dans l'horizon brumeux. A cet instant, je ne pouvais pas à réagir. Les cris qui hantaient mes souvenirs s'était évanouis, laissant place au fracas de mes pensées. Olivia n'était pas enceinte. C'était illogique. Je fit glisser mon pouce le long de sa joue sans oser lui voler ses désillusions. J'esquissai un faible rictus avant de la prendre dans mes bras. Sa tête était logée au creux de mon cou mais je ne parlais pas. Je fermai les yeux en la berçant au gré des ruissellements de la nature en éveil. Mon expression était dépouillée de sentiments. J'étais un zombie estropié. Je ne voulais pas rompre le silence. Je me sentais désolé et triste mais je n'avais rien de particulier à lui dire. Lentement, j'enfouis les mains dans sa chevelure ondulée afin de capturer son attention. « Olivia ... » Expirai-je sur un ton maussade. « Tu ne peux pas être enceinte de moi. Je … Je nous ai protégé... » Je me mordis la lèvre inférieure en raffermissant ma prise sur sa poitrine. « S'il te plaît. Ne sois pas triste. » Mon souffle se brisa au fond de ma gorge. Ces mots me coûtaient plus que tous les autres. Je me tournai vers son oreille. « Je ne serais pas un bon père. Je suis un tueur. » Mon devoir de soldat avait toujours commandé mes actions, même lorsque ces dernières allaient à l'encontre de mes élans d'humanité. La guerre ne faisait pas de différence entre un enfant et un homme armé. La guerre n'épargnait personne. Mes yeux brillaient sous les reflets du soleil. Je me décalai en soupirant puis je déposai ma main sur son ventre. Mes doigts tremblaient au contact de son pull et je lui souris au bord des larmes, comme si j'étais sur le point de lui enlever un enfant de plus.

 
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() message posté Sam 14 Nov 2015 - 16:51 par Invité

Isaac & olivia —  i have galaxies hidden between my bones and i will love you until the stars burn out. ✻ ✻ ✻ C’était plus fort que moi, au fond. J’avais tenté de mettre mes désirs en retrait. J’avais tenté de faire le tri, d’accepter ma nouvelle existence aux côtés d’Isaac, de nous accorder du temps pour nous reconstruire et avancer. J’avais tenté de me calquer sur ses visions à lui, de me calquer sur ses aspirations à lui. J’avais tenté tout cela et pourtant l’envie de fonder une famille avait toujours vécu dans ma poitrine. Je n’avais jamais réellement cessé d’espérer que cela puisse arriver un jour. Je n’avais pas réussi à m’imaginer mourir un jour sans enfant et petits-enfants autour de moi ; j’étais née pour être mère, née pour élever ma descendance, née pour porter les bébés d’Isaac. J’avais toujours raisonné de cette façon. J’avais toujours envisagé ma vie de cette manière. J’avais mis entre parenthèse ma personne lorsqu’il avait disparu. Je n’avais plus réellement existé dans ce monde sans lui. Mes rêves ne pouvaient plus avoir lieu d’être s’il n’était plus là pour en faire partie. Cela avait été la seule période de ma vie où j’avais réussi à faire le deuil de mes instincts maternels. J’aurais pu continuer dans cette voie. J’aurais pu finir mon existence sans jamais avoir d’enfant, sans jamais me remarier, sans jamais reconstruire de vie après lui. J’aurais pu, oui.
Mais il m’était revenu.
Il m’était revenu et je n’avais pas pu ignorer toutes mes espérances.
Il avait ramené dans son sillage une personnalité brisée mais aussi tous mes espoirs ternes. Il avait réveillé mes instincts et mes envies, mes désirs et mes projets. Il m’avait réveillé, moi, de ma torpeur, de mes désillusions, de mes faiblesses et de ma fatalité. Il ne l’avait pas fait exprès et il n’y était pour rien ; j’avais fait de mon mieux pour les taire et les abattre, mais mon esprit s’était emballé sans que mes pensées ne soient d’accord. Sans que je ne puisse rien y faire. J’étais la propre victime de mes espoirs. J’étais la propre victime de mes desseins. J’aurais aimé être suffisamment mature pour faire la part des choses mais le revers, plus candide, de ma personnalité se plaisait dans tous ces rêves et illusions. J’avais passé toutes ses années à ses côtés en voyant grand, en espérant grand. Fatalement, en me retrouvant de nouveau en sa compagnie, je n’avais pas réussi à autre chose que reprendre mes anciennes habitudes.
La nouvelle s’était pressée sur mes lèvres suite à sa requête ; je l’observai dans les yeux avec enjouement, avec sérénité, comme si cela était suffisant pour qu’il ne s’inquiète pas. Je savais qu’une grossesse future ne faisait pas partie de ses plans, ni même de ses envies, et j’étais suffisamment bien placée pour être au courant que cela n’était pas une bonne idée d’un point de vue psychologique ; mais j’avais confiance. J’avais confiance en lui, j’avais confiance en nous. J’étais prête à tous les sacrifices du monde pour cette grossesse inespérée. Je ne pus m’empêcher de sourire quand il m’attira dans ses bras et je ressentis une pointe de soulagement lorsque ses doigts se glissèrent dans mes cheveux ; son silence m’inquiéta légèrement mais cela se déroulait bien mieux que tous les scénarios que j’avais bien pu imaginer. « Olivia... » dit-il dans un soupir. Je fronçai les sourcils en entendant son ton. En me rendant compte que quelque chose n’allait pas. « Tu ne peux pas être enceinte de moi. Je… Je nous ai protégé... » Je sentis une vague de froid parcourir ma colonne vertébrale et je chancelai avant de m’agripper à sa prise. Je me sentis nauséeuse, réellement nauséeuse ; l’envie de vomir fut si forte que je fus contrainte de fermer les paupières un instant pour reprendre mes esprits.
Ses mots résonnaient dans mon crâne. Ses mots résonnaient mais je n’y trouvais aucun espoir, aucun sens caché pouvant me faire douter de la véracité de se qu’il avançait. « S'il te plaît. Ne sois pas triste, » reprit-il en me serrant fort. Si fort. « Je ne serais pas un bon père. Je suis un tueur. » Je n’assimilais pas les vérités qu’il m’exposait à voix haute, comme si mon esprit les rejetait, comme si mon esprit ne désirait pas en entendre parler. Il avait toujours défendu ses opinions et j’avais toujours su ce qu’il pensait de ses services pour l’armée ; si j’avais sans cesse répété qu’il n’avait pas eu le choix, que ses décisions difficiles avaient toujours été motivés par l’intention de sauver le plus grand nombre, il s’était toujours considéré comme étant un tueur. Il culpabilisait. Et on n’avait fait qu’accroitre cette culpabilité en le torturant jusqu’à ce qu’il en perde la raison. « Je… Je comprends pas… »  finis-je par murmurer. « Comment tu as pu… Comment c’est possible… J’ai… J’ai tous les symptômes, absolument tous, Isaac… Tu… Tu es sûr que tu… »  Ma voix tremblait mais, en réalité, c’était tout mon corps qui était secoué. J’avais mal. Mal parce que je m’étais fait trop d’idées. Mal parce que je me rendais compte que les choses n’allaient sans doute pas si bien. Mal parce que la vérité était bien trop blessante.
Je fis un pas en arrière pour l’observer, pour chercher dans ses traits une part de mensonge. Mais, la vérité, c’était que je ne trouvai rien. Absolument rien. De la tristesse, sans doute. Des excuses informulées.
Mais pas d’espoir.
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