C'est pas c'que tu crois, j'te promets...- Diana Blake

La p'tite Dian'. Elle est née à New York, bien loin de sa ville actuelle. Petite fille choyée, dans une famille de gens riches. Un père gérant une banque célèbre et qui marchait bien et une mère qui avait jadis travaillé puis qui avait arrêté. A quoi cela servait-il de bosser quand on a un mari aussi riche que le sien ? Peut être est-ce surplus de bonheur et de luxe qui poussa la petite Dian' a devenir celle qu'elle est. Peut être.

Alex et Brooke Blake. Une belle famille nombreuse. Dian' en tant que fille unique avait tout un tas de cadeaux à Noël. Ni son père, ni sa mère n'avaient de frères et sœurs. Donc pas de cousins. Juste elle. Tout tournait autour d'elle. Au départ, ça ne posait pas trop de problèmes, la petite restait gentille, polie, bien élevée et tout et tout. Et puis...Et puis il y a eu un changement dans son comportement. A 9 ans elle demandait toujours plus de cadeaux, toujours plus de surprises. La blondinette poussait des colères terribles dans les magasins de luxe comme le ferait une gamine de 3-4 ans. Mais Brooke adorait sa fifille chérie. Fermer les yeux est tellement plus simple. Alors c'est ce qu'elle a fait. Fermer les yeux.

A 13 ans première fugue. On dormait chez le petit copain de 15 ans en douce. Puis on revenait en faisant les grands yeux implorants, prétextant être allé chez une amie car on s'ennuyait ferme à la maison. Puis quand Alex élevait la voix en évoquant la possibilité d'une nuit chez Phil (le p'tit copain) la gamine prenait une voix toute douce : "- C'est pas c'que tu crois, j'te promets papa !"
Qui aurait pu douter de la parole d'un tel petit ange au regard couleur noisette. Qui vous implorait et vous jurait qu'elle n'avait rien fait. Mignon petit ange.

16 ans. Première sortie en boîte. Vous savez comment ça se passe. Quartier mal famé, amis majeurs qui connaissent les videurs...Et ça passait crème. Première cuite. Premiers joints et certainement pas les derniers. C'était la descente aux enfers pour le petit ange. Personne ne se doutait de rien. Certainement pas les parents. Elle qui était habillée si bien, toujours légèrement maquillée, jamais vulgaire et qui ramenait toujours de très bonnes notes. Et puis un jour le père a tout découvert. Ce n'était pas très compliqué, les joints à répétition cela finit par se remarquer. Alors c'était décidé, la gamine devait quitter New York. Ce n'était plus possible, surtout que les dealers sauraient la retrouver, savaient ou elle habitait. Alors Brooke eut une idée. On enverrait la jeune fille chez une vieille tante qui vivait à Londres. Dans un quartier chic, qui ne craignait pas. Et puis connaissant le caractère de la vieille, leur chère fille adorée ne ferait pas de conneries.

Diana Blake. 18 ans. Habitant à Londres depuis presque deux ans. Loin de ses parents. Elle ne s'en portait pas plus mal, à vraie dire elle se sentait tellement étouffée là-bas. Au moins cette vieille tante, Sally Brown, la respectait. Elle lui donnait des ordres, et lui imposait des choses. Posait des interdictions aussi. Mais au moins elle ne la traitait pas comme un bébé mais bien comme une jeune femme de 18 ans. Déjà la blonde s'était trouvé un travail, serveuse, elle n'en changerait pas plus tard. Déjà elle apprenait à se débrouiller par elle-même. De toute façon, Sally l'avait prévenu. A 21 ans Diana devrait quitter la maison et prendre un appart' pour elle. Au moins c'était clair.

22 ans. Diana Blake vivait seule dans une chambre à louer, vous savez ces petites chambres dans l'"East London" ? Eh bien c'est là qu'elle vivait. Son boulot de serveuse lui suffisait, bien qu'elle savait très bien qu'elle pouvait prétendre à beaucoup mieux. Cependant elle n'en avait pas envie. Elle en avait ras le bol de ce quartier, de ces gens. En fait elle en avait marre de tout. Entre ses conquêtes qui la laissaient tomber tout le temps, ses amies qui se trouvaient d'autres potes et le gars qui la harcelait pour le loyer la jeune femme n'en pouvait plus. Signe de son agacement : ses cheveux étaient courts et de nombreux tatouages avaient fait leurs apparitions dans son dos, un sur son avant bras droit aussi. C'était sa façon à elle de se rebeller. P'tite Dian'. Ne donnait plus de nouvelles à ses parents. A quoi cela servait-il ? Ils l'avaient bien abandonné dans ce merdier non ?

23 ans. La p'tite Dian' avait changé de chambre. Pour une autre qui se trouvait non loin de là. Le gars voulait la récupérer. Pas le choix donc. Son caractère ne s'améliora pas, bien au contraire. De plus en plus renfermée, de plus en plus cynique. Insociable. Parfois une envie de sortie lui prenait et elle envoyait aussitôt un sms à une de ses rares amies pour sortir en boîte. Et revenir en charmante compagnie. Est-ce que cette vie lui plaisait ? Non pas vraiment. Mais comme parfois tout se ligue contre vous il vaut mieux baisser la tête et se contenter de ce que l'on a. Alors c'est ce qu'elle faisait Diana. Elle se contentait de ce qu'elle avait, de cette chambre minable, de cette situation instable, de ses amies, de ses conquêtes, de ses nombreux ennemis.

24 ans. Le regard levé vers le ciel, observant la belle et polluée Londres Diana attend. Son vélo est posé non loin d'elle. Une clope dans le coin de la bouche et l'air rêveur, elle attend. Encore et encore. Puis soudain, comme si elle prend conscience qu'elle ne peut attendre plus longtemps, elle rejoint son vélos et l'enfourche. En elle se débattent les sentiments contraires qu'elle éprouve pour cette ville. Ville qui lui a évité une vie de droguée, et ville qui l'a condamné à la solitude. Haine, amour, fascination, dégoût.