(M) TYLER BLACKBURN, meilleur ami, compliqué

Je suis dans le jardin, assise sur la balançoire. Des cris s'échappent encore de la maison, comme depuis toujours. Les seuls moments où cette satanée villa était calme, c'était les jours où mon père était au travail ou qu'il partait en conférence à Sydney. Le reste du temps, j'avais prit l'habitude de mettre mes écouteurs avec la musique à fond s'écoulant dans mes oreilles. Je balance mes pieds, les yeux fermés. Je rêves de quitter ce monde. De partir loin. Loin de mon père, loin de cette villa, loin de toute cette merde qui est ma vie.« Bouh ! » Dit une voix dans mon dos, me faisant sursauter au contact de ses mains sur mes épaules. Un hurlement s'échappe du fond de ma gorge involontairement. « Tu es un abruti Jayden ! » Dis-je sans avoir besoin de me retourner pour savoir l'identité de la personne qui se trouvait derrière moi. Il s'installe sur la balançoire libre à côté de la mienne. « Qu'est ce qui se passe encore dans cette maison ? » Je lève les yeux dans sa direction. Il le savait. Je n'avais pas besoin de lui répondre. En même temps, tout le quartier savait ce qui se passait chez moi. Pourtant, personne n'avait jamais rien fait. On reste silencieux, assis sur nos balançoire respectives. Il attrape l'écouteur libre afin de le mettre dans son oreille. On reste ainsi pendant quelques minutes, peut être une heure. Je ne sais pas vraiment. Il se lève, se place face à moi, un sourire malicieux sur les lèvres et me saute dessus, se mettant à chatouiller les flancs de mon corps sans s'arrêter. Mon visage se crispe et je laisse échapper un cri de douleur qui le stop net. « Montre moi Léo ! » Dit-il calmement. Je lève mon tee shirt doucement, honteuse, laissant apparaître sous le tissu un énorme hématome au niveau des côtes à droite. « Quel enfoiré celui là. Pars avec moi Léolyah. Mes parents pourront t'adopter et on sera frère et sœur. Quitte cette maison ou il va finit par te tuer. » Dit-il en passant doucement sa main sur mes côtes cassées. Les cris de la maison se rapproche. Ma mère hurle quelque chose à mon père lorsque celui-ci sort par la porte fenêtre. La colère déforme ses trais modifiés par l'alcool. « Jay' rentre chez toi, je t'en supplies. » Dis-je en lui attrapant les mains. Je ne voulais pas qu'il soit témoin de ce qui allait se passer ou pire, que mon père s'en prenne à lui. « Mais putain, Summer. Tu n'as que onze ans et tu dragues déjà les gamins du quartier. Il n'y a pas assez d'une seule p*te dans cette maison, il a fallu qu'elle en engendre une deuxième. » « Elle s'appelle Léolyah, Mr Dawkins. Et ce n'est pas une p*te. » Mais qu'est ce qui lui prenait ? Je reste assise, immobile. Je suis totalement tétanisée par la peur. La peur qu'il fasse du mal à la seule personne qui était là pour moi. « Toi, gamin, ne te mêle pas de ça. »  Hurla mon père. Tournant le regard vers moi, Jayden entendit ma prière silencieuse et sortit par l'arrière du jardin afin de se rendre chez lui, auprès de ses parents.

« Je t'aime Léo. » « Ta gueule Jayden ! » Un rire s'échappe de sa bouche. Âgée maintenant de quize ans, Jayden est mon seul ami. Au lycée, personne ne connaissait suffisamment mon histoire pour ne pas me trouver « étrange ». J'avais teint mes cheveux en noir, portant des vêtements trois fois trop grand pour moi pour dissimuler les coups que je prenais tous les jours. « Quand est-ce qu'on se marie toi et moi ? » Je souris en secouant la tête. J'attrape de sa main le joint qu'il est en train de fumer, allongé sur le tapi de ma chambre. Je tire dessus, sentant la fumée pénétrer dans mes poumons, avant de m'allonger à ses côtés, les regards posés sur le plafond de ma chambre. « Sérieusement Léo, t'es chiante. Je te fais une déclaration d'amour, je te demande en mariage, et tu ne réponds même pas. » Dit-il, simulant une moue boudeuse. « Va mourir abruti. »  « C'est toi qui va mourir en restant ici. » Mon sourire s'efface. Il n'a pas tord mais je déteste quand on parle de mon père alors qu'il n'est pas là. Il le sait pourtant. Depuis que ma mère est morte, trois semaines après mon viol, ma vie était devenu un véritable enfer. Mon géniteur m'en voulait de la mort de la femme de sa vie. Pour lui, j'étais l'unique responsable. Et il me le faisait payé en me tabassant sans ménagement et en abusant de mon corps à sa guise. J'avais prit l'habitude, avec le temps, de quitter mon corps. Du moins, c'est l'impression que j'avais. Je sentais mon âme s'envoler dans les airs et je ne ressentais plus rien. Je ne sentais plus ses mains sur ma poitrine, son sexe en moi, ses lèvres sur mon cou. J'étais comme une enveloppe de femme, vide à l'intérieur. « Léo ! Reviens parmi nous. » Je sors de mes pensées en me relevant du tapi pour aller m'asseoir sur mon lit, lui tournant le dos.« Rentre chez toi Jay'. Il va bientôt rentrer. » « Pars avec moi. Je ne te laisses pas seul ici avec cet enfoiré. Je resterai jusqu'à ce que tu fasses tes valises et qu'on parte loin d'ici. J'ai mit de l'argent de côté pour qu'on parte ensemble ... » Je soupire. C'était mon rêve de quitter cette maison avec Jayden et pourtant, je ne pouvais pas. Je ne voulais pas lui demander d'abandonner sa famille pour moi. « T'es vraiment trop con pour qu'on t'insulte. Tu veux aller où avec tes $50 ? Et c'est mon père Jayden, je l'aime et je t'interdis de parler de lui comme ça ! » Je me mords la lèvre inférieure, ravalant un sanglot. Je déteste ça, lui mentir pour le protéger. Je déteste être obligé de faire semblant d'aimer ma vie pour qu'il puisse continuer la sienne normalement. Lui tournant toujours le dos, je le sens se lever et quitter ma chambre. Une fois que la porte d'entrée se soit fermée, j’éclate en sanglot. Je déteste cette vie. Je la déteste.  

Depuis quelques semaines, je n'avais plus trop de nouvelle de Jayden. C'était entièrement ma faute, j'en avais totalement conscience. Ces dernières semaines, mon père avait décidé de vendre son entreprise et était en permanence à la maison. Il buvait plus, me frappait plus et abusait de moi de plus en plus régulièrement. Et je refusais que Jay' soit témoin de ça. Seulement, après deux semaines sans nouvelle ou presque, il me manquait horriblement. Mon père dort dans le canapé, assommé par l'alcool. Remontant dans ma chambre pour savourer le peu de répit qu'il m'offrait, je prend mon téléphone. Tu me manques. Passes par la fenêtre de ma chambre, je t'attends. Fais pas de bruit. Et je clique sur envoyer. J'attends une minute. Deux minutes. Trois minutes. Aucune réponse. Et toujours pas de Jayden dans ma chambre. Je lance mon téléphone sur le sol et quelques secondes plus tard, j'entends les hurlements de mon père provenant du salon. Et une minute plus tard, il est dans ma chambre. Nos regards se croisent rapidement. Ses traits sont déformés par l'alcool et la haine qui peut se lire sur son visage. Il m'attrape le bras, m'attirant vers lui. « Summer … Qu'est ce que je vais faire de toi espèce de traînée. » Je déglutis difficilement, sachant pertinemment ce qui allait arriver. « Papa, s'il te plaît, non ... » Mes larmes coulent. Je n'en peux plus de cette vie … Je veux que tout cela s'arrête. Il me lâche pour enlever son jean, son boxer et son tee shirt en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire avant de me jeter sur le sol. Je me débats tant que je peux mais il est bien plus fort que moi. « Papa … » Dis-je entre deux sanglots. « Je sais très bien que tu aimes ça Summer. Tu es le portrait craché de ta p*te de mère. » Mes sanglots redoublent d'intensité. Et comme je le faisais d'habitude, je le laisses faire et quittes mon corps. Je prie à cette instant précis pour que dieu me garde auprès de lui et arrête mon calvaire quotidien. « Merde, Léo ... » Dit-il simplement avant de sauter sur mon père. Les deux hommes se battent, sans mercis. Je me relève difficilement, tentant désespérément de les séparer.« Papa laisse le ! …. Jayden non, je t'en supplies ... » Et tout est aller très vite. Un vase s'explosant en millier de morceau sur un crâne. Du sang giclant. Un corps s'abattant sur le tapi de ma chambre.