she has held a star. / william

William & heaven — babies are bits of stardust blown from the hand of god. lucky the woman who knows the pangs of birth for she has held a star. ✻ ✻ ✻ Les yeux d’Heaven fixaient le plafond sans qu’elle ne sache quoi faire, sans qu’elle ne parvienne à se rendormir. Elle savait qu’il s’agissait d’une de ces nuits où elle ne trouverait pas le sommeil ; elle s’était retournée dans son lit, encore et encore, jusqu’à ce qu’elle ne finisse par rendre les armes aux alentours de trois heures du matin. Depuis, elle se contentait de regarder droit en face d’elle, allongée sur le dos, les deux mains posées sur son imposant bedon, guettant les mouvements de son bébé encore au fond à l’intérieur de son corps. Parce qu’à vrai dire son fils refusait de la laisser se reposer. Son fils donnait sans cesse des coups, lui faisant mal de temps à autre, la tirant de son état de somnolence le reste du temps. Cependant, elle ne parvenait pas à lui en vouloir. Elle était contente qu’il soit là, contente qu’il lui informe de sa présence, contente qu’il se manifeste aussi souvent. De cette manière, elle se sentait un peu moins seule ; elle avait l’impression que, si Caleb se trouvait encore de l’autre côté du globe, son petit garçon n’était pas prêt de la laisser tomber. De disparaître. De partir comme son père avait bien pu partir.
Elle n’en voulait pas à Caleb, non. Mais, avec le temps, à force de ressentir cette solitude constante qui était devenue une part intégrante de son quotidien, elle avait eu de plus en plus de mal à être tolérante ; elle avait beau pertinemment savoir que cela n’était pas de sa faute, qu’il ne demandait pas à être loin d’elle, cela ne l’empêchait pas d’avoir besoin de lui, besoin de sa présence.
Elle avait trop fait de concessions, sans doute. Elle avait passé tellement de temps à penser à son bien-être à lui qu’elle avait mis  ses propres besoins de côté. Puis, finalement, ils avaient fini par se manifester violemment en son sein. Puis, finalement, elle ne savait pas comment gérer cette rancoeur et cette profonde tristesse. Elle n’avait pas l’habitude, après tout. Pas l’habitude parce qu’elle avait préféré fermer les yeux plutôt qu’affronter la réalité de ses ressentis.
Cela faisait plusieurs minutes que sa gorge était sèche mais elle n’avait pas encore trouvé le courage de se lever. Ses pensées, quant à elles, étaient occupées à songer aux objets qu’elle pouvait encore acheter avant la naissance de son enfant ; avec William, elle avait déjà eu le temps d’investir dans un berceau, un landau, diverses peluches et linges pour nourrisson, mais elle avait toujours eu une certaine réserve, dans les magasins. Elle n’avait cessé de se répéter que cela était quelque chose qu’elle était censée faire avec Caleb. Elle n’avait cessé de se dire que cela était une étape à franchir avec lui. Cela faisait neuf mois. Neuf mois qu’elle était enceinte. Pourtant, elle avait passé neuf mois à réfréner ses folies uniquement parce qu’elle ne pouvait pas partager tous ces petits instants avec le père de son enfant.
Il aurait dû être là. Elle le savait au fond d’elle-même. Il aurait dû être là et pourtant ça n’avait pas été le cas.
Heaven finit par se lever, avec quelques difficultés, néanmoins ; elle posa une main sur son dos douloureux et prit quelques instants avant d’enchaîner trois pas et ouvrir la porte de sa chambre. Elle remonta le couloir, passa sur la pointe des pieds devant la porte de sa colocataire, ne sachant même pas si elle était là ou non. Elle se faufila dans le salon pour rejoindre la cuisine, se verser un verre d’eau et le boire d’une traite. Elle l’abandonna dans l’évier et fit demi-tour ; elle fit quelques pas avant de se rendre compte qu’une personne était allongée dans son canapé et, tout doucement, elle s’approcha de la silhouette pour constater qu’il s’agissait, en réalité, de William.
Son sang ne fit qu’un tour. Son coeur, quant à lui, s’affola dans sa poitrine en rythme avec ses pensées saccadées ; elle ne savait pas réellement si cela était son tempérament ou ses hormones qui parlaient mais elle était fatiguée de le trouver là où elle l’attendait le moins. Elle était épuisée de constater qu’il refusait de la laisser tranquille. Elle était agacée de voir qu’il n’en avait rien à faire de son avis et qu’il continuait d’en faire qu’à sa tête. Sans aucun ménagement, elle secoua son bras jusqu’à ce qu’il finisse par ouvrir les paupières dans la pénombre. « Qu’est-ce que tu fous ici ? » Sa voix trahissait sa colère, son exaspération, sans doute. Elle le secouait sans doute plus que nécessaire mais elle n’en pouvait plus, tout simplement, d’être traitée comme une gamine au point d’être surveillée chez elle même la nuit. D’être surveillée comme si elle pouvait faire des bêtises dans son sommeil. « Tu t’es cru chez toi ? » Elle parlait à voix basse pour ne pas réveiller Chase mais, à vrai dire, elle avait envie d’hausser le ton, pour une fois. D’hausser le ton et dire tout ce qu’elle pouvait bien penser. D’hausser le ton et évacuer tout ce qu’elle avait sur le coeur, laisser aller sa colère, sa colère et sa peine.
Elle s’apprêta à dire quelque chose d’autre, oui. Mais Heaven s’arrêta dans son élan quand elle sentit un liquide chaud couler entre ses cuisses. Mais Heaven s’arrêta dans son élan quand elle se rendit compte qu’elle venait sans doute de perdre les eaux. « Je… Hôpital. »  C’était tout ce qui lui était venu à l’esprit. Tout ce qu’elle réussit à articuler dans son esprit embrumé par la panique.