You can't have a rainbow without a little rain

Dans peu de temps, les douze coups de minuit résonneront dans la capitale britannique totalement illuminée. Dans la pénombre d'une rue proche du St Bartholomew's Hospital, une jeune demoiselle court. Il s'agit de Leila Hooper, médecin légiste de profession, qui ne veut absolument pas rater le dernier métro de la journée se dirigeant en hâte vers la station la plus proche. Elle y arrive enfin essoufflée mais surtout, à temps. Elle pose ses mains sur ses cuisses, soupire, s'étire légèrement et finit par rentrer. Leila prend place. Songeuse et pour combler l'ennui du trajet, elle se lance dans une introspection.

Leila est née dans une petite province anglaise, de l'union d'une mère native de cette province et d'un père écossais qui venait tout juste d'aménager. Ses parents se sont croisés et se fut le coup de foudre. Tout s'est enchaîné rapidement mais l'un comme l'autre ressentaient que leur destin était tracé et que leur avenir ne pouvait être réussit que s'ils étaient ensembles. Leila fut leur unique enfant et elle était ainsi toujours au cœur de tout, ils pensaient constamment à elle avant de penser aux autres. Ils y tenaient comme à la prunelle de leurs yeux.

La demoiselle eut une enfance paisible. Elle grandit et se développa au fil des jours, sous la protection de ses parents qui s'aimaient autant qu'à leur première rencontre. Leila ne pouvait pas se plaindre de l'enfance qu'elle avait eu, elle s'estimait même plutôt chanceuse par rapport à d'autres.

Elle avait toujours le sourire aux lèvres, encore plus lorsque ses parents lui offrirent un violon. Leila apprit en autodidacte à l'aide de diverses méthodes avant de développer son propre style. Elle se sentait libre quand elle faisait ne plus qu'un avec son instrument, l'archer faisant vibrer les cordes libérant par la même occasion un son doux mais puissant, puis ajoutant au fil des ans des pas de danse qui rendaient son jeu unique.

L'année de ses seize ans, se fut la décadence. En y repensant, un frisson parcourt son échine et des larmes perlent dans le coin de ses yeux. Sa mère décéda dans un accident de voiture et le coupable était lui aussi mort à la suite de cet impact. Une mort tragique et non pas digne comme elle l'aurait souhaitée, entourée de ses proches. Leila et son père furent dévastés et eurent bien du mal à se reconstruire. Surtout son père qui développa une dépendance très prononcée à l'alcool au point même où il pouvait en devenir violent verbalement – il n'aurait jamais levé la main sur Leila.

Elle l'aida du mieux qu'elle pouvait, bien que ce fut très difficile, conciliant ses études avec les responsabilités qui lui pesaient sur les épaules. Leila n'a jamais cessé de poursuivre son rêve, celui de devenir médecin légiste, sa mère avait toujours voulu qu'elle réussisse. Elle a toujours aimé aider les gens en faisant en sorte que justice soit faite et c'était pour elle le métier idéal. Quoiqu'il en soit, Leila a toujours essayé d'aider son père à surmonter cette épreuve, bien que cela n'était pas simple pour elle aussi mais sa mère n'aurait jamais voulu les voir ainsi, plutôt les voir sourire à la vie et au futur qui les attendait.

Son père arrêta tant bien que mal de consommer de l'alcool sous l'œil attentif de Leila, qui ne s'était pas résignée à quitter le domicile familial de peur de laisser son père seul en proie à ses démons et qu'il replonge dans ses vices. Leila enchaînait quelques petits boulots afin de ne pas être un poids pour son père et pour subvenir à ses propres besoins mais ses études étant terminées, elle cherchait quelque chose de plus stable.

Et la voilà aujourd'hui, travaillant au St Bartholomew's Hospital. L'oiseau a dû quitter son nid et partir au cœur de Londres. Sa vie pourrait se résumer à métro-boulot-dodo mais elle aime ce qu'elle fait. Son père lui a promis de faire attention, elle pense souvent à lui et essaie de retourner dans le lieu de son enfance dès qu'elle le peut. Leila a d'ailleurs rejoint un groupe de musique folk, ce qui lui permet de travailler fréquemment le violon, instrument qu'elle n'a jamais arrêté de pratiquer.

La voilà arrivée à la station proche de chez elle ! La routine du soir commence et on se demande de quoi sera fait demain...