"Fermeture" de London Calling
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Roule ou crève [Jaimenia]

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Anonymous
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() message posté Jeu 24 Avr 2014 - 20:32 par Invité
Jaime ∞ Eugenia
A thousand silhouettes dancing on my chest
L’appartement des Lancaster était presque devenu une résidence secondaire pour moi et pourtant, ce n’était pas comme si j’y étais franchement le bienvenu parce que si Scarlet appréciait ma présence à sa juste valeur, le moins que l’on puisse dire c’est que d’autres avaient franchement la crise. Je dis d’autres mais en réalité, elle porte un nom. A vrai dire, je ne sais même pas pourquoi je devais constamment venir saouler Eugénia mais c’était comme ça, mystère de la vie et moi finalement, qui suis-je pour aller à l’encontre de la nature ? J’étais pourtant supposé ne voir que Scarlet aujourd’hui, histoire qu’on sorte un peu mais au fond, je ne pouvais résister à l’envie de prendre une marge d’avance et squatter leur canapé, leur frigidaire et éventuellement leurs chiottes. Ce n’était pourtant pas faute d’avoir mon propre appartement mais autant le dire : le leur était plus proche de ma fac que le mien et merde, marcher sous le cagnard avec un putain de costume ça fait chier. Arrivé en avance, j’entrais donc comme si j’étais chez Mamie et me dirigeant sans la moindre hésitation vers le salon, je posais soigneusement ma veste noire sur le dossier du canapé avant de me laisser tomber à plat ventre sur le canapé. Epuisé. Mes journées étaient foutrement trop longues pour un pauvre garçon comme moi et celle-ci ne faisait que commencer. Mais pas toute de suite.
Relevant les yeux sur le fauteuil roulant traînant par là, j’attrapais la télécommande et à bout de bras, je jouais avec les rayons de ses roues, faisant claquer le plastique de la télécommande sur le métal du fauteuil. Comme les gosses laissant leur bâton carillonner sur une palissade pour le seul plaisir d’exciter le chien derrière. Moi c’était exactement pareil sauf que le chien, il ne risquait pas de me courir après lui. Aboyer à la rigueur, mais pas courir ça j’en avais la certitude. Ne faisant même pas attention à Eugenia, je continuais à la saouler en faisant du boucan, un petit sourire d’ange dessiné sur mes lèvres. Combien de temps allait-elle rester calme ? Avant ou après que je me gave tout seul ? Peu importe, ramenant un bras devant moi, je m’y accoudais en l’observant avec un sourire charmant, le sourire de petit con ouais. « Tes encombrante quand même. » Ou comment lui dire bonjour ou lui demander comment elle allait. C’est méchant, c’est puéril, c’est tout ce que tu veux mais purée, qu’est-ce que ça me faisait marrer de chercher la merde avec elle. Surtout de si bonne heure, surtout avant que Scarlet ne fasse son apparition, ça avait toujours ce petit côté excitant, de se dire que la bonne jumelle pouvait réapparaître à tout instant et surprendre nos conneries. Ouais, c’était plus fort que moi. Mais d’un côté, mieux valait ça que de la pitié, non ? De toute manière, pas de quartiers pour les faibles, c’est roule ou crève et à moins que je ne lui crève les pneus, Eugenia roulait foutrement bien.
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Anonymous
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() message posté Sam 3 Mai 2014 - 17:30 par Invité

like the legend of the phoenix,
all ends with beginnings
jaimeson kane and eugenia lancaster.

♔ ♔ ♔ ♔ ♔

Je tentais d’être calme. D’être comme tout le monde. Le nez plongé dans un livre, je ne réussissais qu’à lire un mot sur deux ; j’avais l’impression de ne pas avoir la patience nécessaire pour me plonger dans une histoire. Pour lâcher prise ne serait-ce que quelques instants. Pas cet après-midi, pas maintenant. Je déglutis, affrontant mon bouquin du regard, refusant de m’avouer vaincue. Mais je n’y arrivais pas. J’avais beau me forcer, mon esprit refusait de se focaliser sur autre chose que ma séance de rééducation qui aurait lieux demain. J’avais beau me forcer, je ne réussissais pas à faire quelque chose. Peut-être était-ce ma destinée. Peut-être était-ce ce que j’étais condamnée à faire. Angoisser. Angoisser parce que cela ne servirait à rien. Angoisser parce que les progrès étaient inexistants. J’aurais presque espéré que l’on me dise qu’il n’y avait plus rien à faire. Que l’on me dise que je ne marcherais plus. Quelque part, je n’attendais que cela ; pouvoir tourner la page, pouvoir aller de l’avant, pouvoir simplement lâcher prise et apprendre à vivre avec tout cela. Je voulais bien être forte. Je voulais bien me battre. Mais parfois l’espoir faisait bien plus mal que le manque de courage. Parfois, l’espoir était aussi nocif que le reste. Parfois, l’espoir était simplement pire.
Je relevai la tête en entendant la porte d’entrée s’ouvrir et se refermer, laissant apparaître un Jamieson épuisé par la vie et par son existence. Du coin de l’œil, je l’observai s’affaler dans le canapé et je ne lui adressai aucun mot : l’ignorer était sans doute la meilleure chose à faire. Je me replongeai à grandes peines dans mon livre, lisant distraitement les lignes sans retenir le sens des mots qui défilaient sous mon regard. Un bruit dérangeant attira mon oreille, et je ne pus retirer un vague coup d’œil vers lui ; je l’observai durant un bref instant armé d’une télécommande, jouant à la faire aller et venir entre les rayons de métal des roues de mon fauteuil roulant. Bien entendu. Parmi toutes les occupations qui existaient dans ce salon, il fallait qu’il choisisse celle-là. Sans laisser transparaître mon agacement, je reportai mon attention sur mon livre.
Mais, en réalité, je comptais le nombre de mouvements de poignets qu’il pouvait bien faire en tentant de toutes mes forces de ne pas lui sauter à la gorge pour l’étrangler.
« T’es encombrante quand même. » finit-il par déclarer.
Il arrêta de faire du bruit, et mes nerfs se relâchèrent légèrement. Volontairement, je ne tournai pas la tête vers lui, attendant de faire semblant de finir mon chapitre pour reposer mon livre sur mes jambes et lever le regard.
Mes yeux rencontrèrent les siens. Je pris sur moi pour paraître détachée et blasée ; cela n’était pas le cas, bien entendu, mais j’aimais croire que je pouvais paraître insensible. Dans mon esprit, il n’était qu’un parasite né sur cette Terre pour me pourrir l’existence. Dans l’esprit de ma sœur, il était une sorte d’âme misérable à sauver. Il fallait croire que, même aujourd’hui, nous n’avions pas la même vision du monde.
« Et toi qu’est-ce que t’es con. » lâchai-je en lui faisant un sourire, aussi sincère qu’un adolescent perverti pouvait l’être en allant à la Messe. « T’as qu’à aller ailleurs, mon fauteuil te dérangera moins. »
J’avais retenu une chose dans ses paroles. T’es encombrante. Non pas ton fauteuil mais tu. Me différenciait-il ne serait-ce qu’un seul instant de ma chaise roulante ou nous prenait-il comme un lot ? Comme deux entités que l’on ne pouvait départager ? Je poussai un vague soupir. Je ne le prenais pas pour moi, non. Il était con. Qui pouvait réellement lui e vouloir de parler comme tel ?
« T’es encombrant aussi pour un parasite, cela dit. »
Mes doigts pianotèrent sur mon livre et, d’un air désintéressé, je replongeai le nez à l’intérieur. Les lignes se mélangeaient sous mes yeux. Mes pensées étaient confuses. Mais je continuai. Je continuai comme s’il s’agissait d’un lis ou crève.
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