"Fermeture" de London Calling
Après cinq années sur la toile, London Calling ferme ses portes. Toutes les infos par ici Holy christmas ; it takes an ocean not to break ft Ginny boo  2979874845 Holy christmas ; it takes an ocean not to break ft Ginny boo  1973890357
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Holy christmas ; it takes an ocean not to break ft Ginny boo

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() message posté Dim 21 Déc 2014 - 23:13 par Invité
“ Take me down. I’m feeling now and if I move on, I admit you're gone. And I ain’t ready but I’ll hold steady. You're locked inside my heart and your melody's an art. I won't let the terror in - I'm stealing time through the eye of the needle” Je détestais le réveillon. Je n’aimais pas les chants Noel, ni les sentiments sirupeux qui s’emparaient des rues.  Le vent glacial s’immisçait vicieusement sous mon manteau de laine, marquant par ses morsures acérées la fin d’une longue aventure. Je me tournais avec un léger frisson, incapable de conquérir l’excellence littéraire de l’esprit ;  Je l’avais aimé de manière démesurée. Je l’avais aimé comme un endeuillé, accablé par la perte continuelle des êtres les plus chers, alors c’était une damnation étrange de retracer les allées de Cardiff sans elle à mes côtés. Mon cœur sombrait dans le vide, troublé par les ténèbres qui m’envahissaient. Mes souvenirs s’embrumaient peu à peu, prenant tantôt la forme particulière du désespoir, tantôt le visage tourmenté de la colère. Je battais des cils sous les averses de neige ; mes larmes invisibles défiaient la cruauté de l’hiver mais c’était un combat perdu d’avance. Aucune de mes décisions ne semblait en valoir la peine. Je n’avais plus la force d’avancer vers la petite maison au bout de la rue. Je refusais de réaliser que j’avais abandonné une partie de ma vie en quête d’une identité qui n’était peut-être pas la mienne. Mes souffles s’évanouissaient dans un tourbillon de fumée et je m’en allais avec toute la tristesse du monde. L’ambiance festive de Noel hantait la ville ; les couleurs criardes des décorations semblaient narguer mon humeur maussade. La période des fêtes était particulièrement douloureuse. Je n’étais pas bon chrétien, je n’avais pas de famille, et je ne ressentais aucun plaisir à recevoir des cadeaux – mais cette période de l’année me renvoyait vers les guirlandes ocres et l’odeur de musc qui caractérisaient la famille Lancaster. Je déglutis en voussant le dos ; avec un peu de chance je n’aurais qu’à présenter mes respects avant de partir. Je n’étais pas prêt à une confrontation – Je n’étais pas prêt à la revoir anéantie par les séquelles de son opération encore une fois. Je serrais les poings avant de tenter trois coups contre la porte d’entrée. Mes pensées se bousculaient dans ma tête engourdie ; un maigre sourire se traça sur mon visage lorsque la mère d’Eugenia apparut dans le hall éclairé. Sa silhouette fine et sa démarche enjouée, me replongeaient vers le passé à l’époque de l’insouciance. Son regard ambré m’enveloppa d’une chaleur maternelle qui m’avait cruellement manqué. Je fis la moue en baissant les yeux.

« Tu es en retard, jeune homme ! » Railla-t-elle en me prenant dans ses bras avec une spontanéité déroutante. Il semblait que les choses ne s’étaient jamais brisées dans cette partie du monde. L’odeur de la cuisine fait maison, imprégnait des cheveux bruns et ses vêtements amples. « Je t’ai préparé tes biscuits préférés … »

« Des cookies aux flocons d’avoine et brisures de chocolat blanc ! » L’interrompis-je en ricanant. « Tu t’en souviens. » Je m’émerveillais devant la gentillesse et la sollicitude de cette femme merveilleuse. Beatrice avait toujours été présente pour moi ; en toute circonstances. Elle m’avait même couvé comme une mère lors de mes innombrables convalescences. Je lui souris avec douceur.

«  Comment ça je m’en souviens ?! Je ne suis pas sénile ! » Me bouscula-t-elle, hilare. «  J’en prépare chaque Noel, c’est la tradition ici. Après tout tu es mon futur beau-fils ; j’en suis sûre ! J’en suis sûre !   »  S’esclaffa-t-elle en m’entrainant vers le salon. Je retins mon souffle en scrutant les lieux. J’espérais qu’Eugenia soit absente. Je ne l’avais pas croisé depuis des semaines, et même si elle n’avait jamais quitté mes pensées, je m’efforçais à respecter les limites qu’on s’était fixées. Je partageais désormais ma vie avec des ombres souterraines ;  le bonheur avait des allures d’irréalité et l’amour prenait le visage tolérant d’Athena.  Je me laissais tomber sur le canapé ; en face de la télé.

Le silence me prenait par la gorge ; serrant sa prise sur mes émotions fugaces. J’enfonçais mes ongles sur mes cuisses, puis sur mes genoux – comme pour titiller mes cicatrices. J’avais besoin de me raccrocher à la douleur. Mais qu’est-ce qui m’avait pris de céder au chantage affectif ? Qu’est-ce qui m’avait pris de braver le blizzard et d’abandonner ma petite amie ? Mon âme était en agonie, prise au piège par ma bêtise intersidérale. Je me retournais lentement vers la cuisine, lorsque le  sifflement strident des cornemuses vint exciter mes tympans. J’arquai un sourcil en regardant Beatrice s’approcher avec un énorme paquet aux couleurs de l’Ecosse dans les mains.

« Joyeux Noel Julian ; Je pouvais plus attendre ! C’est une torture de garder des secrets, je me suis vu mourir ! » Pouffa-t-elle.

Je sentis le feu me monter aux joues. Je ne m’attendais pas à un tel accueil de sa part, surtout pas après les poursuites judiciaires. Son comportement jovial, et son affection habituelle à mon égard, me laissaient penser qu’elle ignorait certains faits sur moi et Eugenia.

« Je … Mes cadeaux sont en train de se faire emballer chez Andy, son petit-fils se fait de l’argent de poche pendant les vacances. Il vous livrera demain – comme c’est la veille de Noel. » Me justifiais-je, mal à l’aise. « puis je repars demain matin. »

« Mais on s’en fout de Noel, et tu ne pars nul part ! » S’offusqua-t-elle. « Ouvre-moi ça tout de suite! »

Je fis la moue avant de m’exécuter. Le papier craquait sous mes mains avant de dévoiler un Kilt couleur émeraude. Le tissu épais était d'une qualité remarquable, étoffé avec un savoir-faire traditionnel qui se faisait de plus en plus rare. Elle avait dû dépenser une fortune !

« La dernière fois que j’ai porté une jupe j’avais 5 ans … C’est trop gentil, Beatrice !   » Lançai-je en jubilant. Je m’avançai vers elle, afin de l’étreindre affectueusement. Elle bougea au gré des mélodies celtiques, et je finis bien malgré moi par me prendre au jeu de l’insouciance et de la folie.

« Met-le maintenant ! » S’écria-t-elle, en s’arrêtant net. Je levai les yeux au ciel, je ne savais pas lui refuser une demande mais porter un kilt en de telles circonstances était un peu embarrassant. Je secouais négativement la tête. « Tu oserais, Mini Fitzgerald ?! »

Oh Lord ! Je penchai la tête d’un air défaitiste avant de disparaitre dans une chambre. Le Kilt ceignait parfaitement mon bassin. Je caressai les plis de la jupe et les motifs colorés du tartan. La laine glissait sous ma paume, et je souris en débarquant à nouveau dans le hall. Le grincement des roues m’interpella. Je fis volte-face par réflexe, afin de découvrir le profil gracieux d’Eugenia. Pendant une seconde, mon cœur s’arrêta de battre. Je le jure, il s’arrêta. Je fis un pas à reculons, manquant de faire tomber le sapin derrière moi.
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() message posté Lun 22 Déc 2014 - 23:12 par Invité
our hearts grow tender with childhood memories and love of kindred, and we are better throughout the year for having, in spirit, become a child again at christmas-time. ;; you have no idea how closely i wrapped myself around your heart. ✻✻✻ « Enfin, Ginny ! Pourquoi tu concentres toutes les boules en bas du sapin ? Il faut en mettre partout ! » Je levai la tête vers ma mère, la bouche légèrement entrouverte et les sourcils arqués par la stupeur. Elle s’était postée à mes côtés, les mains sur les hanches, détaillant d’un regard expert la composition de chacune des branches du volumineux sapin de Noël. Je mis du temps avant de retrouver une certaine contenance et comprendre qu’elle avait tout simplement oublié que je ne pouvais pas faire autrement. Je finis par me racler la gorge pour attirer son attention. « Maman, je suis censée te rappeler que je suis en fauteuil ? » Je vis du coin de l’œil mon beau-père s’esclaffer, tandis que ma mère comprenait le réel sens de ses paroles. Aussitôt, ses lèvres vinrent se poser sur le haut de mon crâne et ses mains jouer avec mes cheveux comme lorsque j’étais enfant et qu’elle souhaitait me rassurer, me réconforter, me dire que tout finirait par bien aller. « Mais non, bien sûr que non, ma puce. Je disais juste ça pour que tu laisses des décorations pour le haut du sapin. » me répondit-elle avec une douceur presque exaspérante. « Andreas ! Viens donc te rendre utile, toi qui es un homme fort et courageux. Aide ta belle-fille adorée. » Il marmonna quelques paroles qu’elle considéra comme un oui ; et, telle une tempête, elle repartit  ailleurs pour continuer de décorer la maison avec efficacité, répandant sur son passage guirlande et bougies. Je lançai un regard à mon beau-père, qui se levait tant bien que mal de son fauteuil pour venir me prêter main forte, et je me mis à sourire. J’étais la première à être agacée par ma mère. La première à la critiquer. La première à lui faire des remarques.
Cependant, je me sentais sereine, en sa présence. Je me sentais en sécurité et aimée, ici, à Cardiff. Elle était ma mère, après tout.
//
« Comment ça il n’y a pas de pain d’épice ? » demandai-je, sans doute avec trop de brusquerie. Cela faisait six jours que j’étais là, à Cardiff. Six jours que j’avais décoré le sapin de Noël. Six jours que ma mère me couvait du matin au soir, qu’elle me chouchoutait et cajolait, puisque j’étais la seule de ses filles présente au bercail. Scarlet ne serait là que pour le vingt-cinq au midi puisqu’elle travaillait ; cependant, j’étais persuadée, au fond de moi, qu’elle avait tout fait pour passer le moins de temps possible en présence de cette mère poule qui nous avait mis au monde. « J’ai complètement oublié d’en acheter. On ne peut pas réveillonner sans du pain d’épice. » me répondit-elle d’un ton presque dramatique. J’ouvris la bouche pour objecter, mais elle était déjà en train de me fourrer un billet de vingt livres dans les mains. « Voilà de l’argent, tu peux prendre autre chose avec la monnaie qu’il restera. Peut-être de la guimauve ? On pourrait faire un feu et la faire griller, comme quand tu étais petite. » déblatéra-t-elle d’un débit si rapide que j’eus du mal à saisir toutes ses paroles. « Tu te souviens de la marque de pain d’épice qu’on prend d’habitude, hein ? Andreas va t’accompagner. Andreas ! Dépêchez-vous, il faudrait que vous soyez rentrés dans une demi-heure. » Elle posa ses mains sur les poignées de mon fauteuil pour me faire avancer jusqu’au placard, et elle me tendit manteau et écharpe, bonnet et gants. Je dus refuser à plusieurs reprises le cache-oreilles qu’elle me supplia de mettre – à l’entendre, nous vivions au Pôle Nord – et en l’espace de dix minutes, j’étais installée sur le siège passager de la voiture de mon beau-père. Je lui glissai un regard lorsqu’il démarra. « Du pain d’épice, huh ? » me dit-il avec un sourire en coin. J’acquiesçai avec amusement. « Je te parie dix livres que ça va faire comme avec l’histoire des clémentines de l’année dernière. » Je me mis à rire, tandis qu’il s’avançait doucement dans les rues résidentielles de Cardiff. Je repensai aux mêmes évènements qui avaient eu au réveillon de l’année précédente et je fus incapable de me détacher de mon sourire. « Pari tenu. »
Je réussissais presque à tout oublier, ici.
//
Je grelottai presque en sortant de la voiture, aidée par mon beau-père. Je lui lançai un regard reconnaissant, repensant presque instantanément à l’impact que j’avais eu sur sa vie. Il avait rencontré ma mère il y a quelques années, avait de tomber éperdument amoureux d’elle et s’installer chez nous. Il avait souhaité avoir des enfants. Elle avait refusé, refusé à chaque fois qu’il avait évoqué le sujet. Et, un jour, elle avait fini par accepter. Par lui dire oui. Par vouloir fonder une famille avec lui.
Mais, deux mois plus tard, j’avais eu mon accident avec ma sœur, et ma mère n’avait plus jamais voulu entendre parler d’autres enfants.
C’était de ma faute, j’en avais conscience. C’était de ma faute s’il n’avait pas eu de bébé, s’il n’avait pas eu l’occasion d’être père, s’il n’avait pas eu d’enfant à son tour. A la place, il avait hérité de nous deux avec Scarlet ; s’il était réellement adorable,  je ne cessais de me sentir coupable en sa présence, blâmant mon pauvre destin qui venait entacher celui des autres. Je pris une profonde inspiration tandis qu’Andreas ouvrait la porte, et j’entrais dans la maison en deux coups sur les roues de mon fauteuil. « Mamaaan. » me lamentai-je d’une voix forte, en portant une main à ma gorge pour retirer mon écharpe. Mon accent gallois reprenait ses droits lorsque je me retrouvais à Cardiff ; j’avais la sensation, à chaque fois, que cela était comme si je n’étais jamais réellement partie. « Comme je te l’avais dit, c’est statistiquement impossible de trouver du pain d’épice à Cardiff un vingt-quatre décembre au soir. Tout, absolument tout, était fermé ! » Je me plaignais comme une enfant. J’en avais conscience. Cependant, j’avais hérité du côté théâtral de ma mère, quelque part, et je n’éprouvais absolument aucune honte de me comporter de cette manière. Je retirai mon bonnet, avant d’ouvrir mon manteau et le retirer. Je donnai mes affaires à mon beau-père, qui les rangea, avant de m’avancer jusque dans le salon. « Désolée, on va devoir passer Noël sans pain d’épi… » Le reste de ma phrase demeura coincée au fond de ma gorge. Je m’arrêtai dans mon élan. Je m’arrêtai dans mes paroles. J’avais l’impression qu’un souvenir venait de ressurgir sous mes paupières pourtant ouvertes ; j’observai Julian, incrédule, vêtu d’un kilt comme si les deux dernières années n’avaient jamais eues lieu. « D’épice. » terminai-je tandis que ma mère apparaissait à son tour. L’effusion de joie qui semblait l’habiter était presque indécente. Mon cœur s’affola dans ma poitrine. Je ne savais pas comment réagir. Je ne savais pas quoi ressentir. J’étais perdue, perdue, perdue, encore et encore. « Tu es magnifique, Julian ! C’est très classe. Les écossais ont définitivement ça dans le sang. » s’exclama ma mère en l’observant sous toutes les coutures, avant de se tourner vers moi, le visage rayonnant. «  Surprise ! Je pensais que ça te ferait plaisir qu’il vienne passer Noël avec nous. Comme au bon vieux temps. » Elle tapa ses mains avec enchantement, avant d’aller embrasser mon beau-père. Je restai là. Je restai là, à observer Julian, à détailler son expression, à détailler son regard à lui, également. Je repensai à notre dernière entrevue, notre dernière conversation. Je repensai à ses messages, aux miens, à cette relation que nous avions rangé dans les affaires classées en nous jurant silencieusement de ne plus rouvrir notre boîte de Pandore.
Et ma mère, en un seul coup de fil, avant réduit nos efforts à néant.
Elle n’était pas fautive, au fond. Je m’étais appliquée à ne rien lui expliquer. A ne rien lui dire. Je n’avais pas eu le cœur de la décevoir ou même de l’accabler avec mes soucis personnels. Cela n’avait concerné que moi, au fond. Moi et mon cœur. Moi et mon âme. « Pas de pain d’épice, donc ? Oh, je suis désolée Julian. On n’aura pas de pain d’épice cette année. » lança ma mère. « Hey ! Désolée Julian mais pas désolée Ginny ? Pourquoi tu ne t’excuses pas à moi aussi pour le pain d’épice ? » m’indignai-je comme une petite fille. Elle me tira la langue avant de me désigner Julian. « Au lieu de râler, jeune fille, viens donc dire bonjour à ton meilleur ami que ta mère a gentiment invité pour le réveillon. » Je roulai des yeux, tentant en vain d’ignorer mon cœur battant. Je m’avançai doucement vers lui, sans doute avec plus de lenteur que nécessaire. Je levai les yeux vers lui, évitant son regard, avant de pousser un soupir. « Salut. Il est sympa ton kilt. » J’esquissai un sourire en coin, attendant qu’il réagisse. Attendant qu’il choisisse s’il allait se pencher pour m’embrasser ou ignorer la tentative de trêve qui s’offrait à nous.
La tentative de trêve que ma mère nous offrait, sans que je ne sois forcément d’accord, sans que je ne sois forcément sereine. La tentative de trêve de Noël.
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() message posté Mar 23 Déc 2014 - 4:45 par Invité
“ Take me down. I’m feeling now and if I move on, I admit you're gone. And I ain’t ready but I’ll hold steady. You're locked inside my heart and your melody's an art. I won't let the terror in - I'm stealing time through the eye of the needle” L’âme se mourrait en moi. Il me semblait qu’une force invisible m’arrachait de ma crypte ténébreuse afin de m’exposer aux grands dangers de la vie. Le rouge vif teintait les joues creuses d’Eugenia. Je lui adressai un regard tout d’abord interloqué, puis je fini par me rendre à l’évidence ; j’étais chez elle en période de fêtes – il était tout à fait légitime de la croiser, mais la logique n’empêchait pas  la terreur de s’incruster dans mes pensées ; j’étais à la fois affligé par ma tenue ridicule et l’éventualité qu’elle expose mon ignominie à Beatrice. Ma colère démesurée lui briserait le cœur ! Je serrais mes poings sur les pans de ma jupe en faisant un pas à reculons. Mon dos heurta l’énorme sapin qui vacilla quelques instants avant de retrouver son équilibre. Dieu soit loué ! Je déglutis en passant une main tremblante dans ma chevelure de bronze. Mes yeux effroyablement bleus  se posèrent sur la chaise roulante d’Eugenia, et je ne pus m’empêcher de remarquer les traces de mes coups de pieds sur l’acier scintillant. La jeune femme semblait aussi perplexe que moi, mais je pensais réellement que mon sentiment était différent : J’étais incontestablement rongé par la culpabilité, et puis j’avais froid ! La brise hivernale percutait mes mollets dévêtues ; mais quelle idée de choisir une jupe multicolore en guise d’habit traditionnel ?!  Beatrice s’élançait dans le couloir, avec cet entrain particulier qui la caractérisait. Je n’avais pas le cœur à me défiler. Ma conscience se brouillait dans le vice. Ma poitrine était lourde d’émotions mal contenues et de pêchers inavoués. Je n’avais jamais voulu m’immiscer dans la vie de Ginny, mais refuser l’invitation de sa mère, c’était rendre les armes et admettre que c’était bel et bien fini entre nous. Ma raison s’y était résolue, mais les cris de mon âme déchirée, dénonçaient leur injustice.

« Au lieu de râler, jeune fille, viens donc dire bonjour à ton meilleur ami que ta mère a gentiment invité pour le réveillon. » Cette voix fluette berçait mes songes, avant de me rappeler à l’ordre. Je me sentais démuni, incapable de prononcer les mots justes, ou de me cacher derrière mon éloquence habituelle. J’étais faible, et lessivé – une vraie limace ! Eugenia s’approcha lentement de moi.

«Salut. Il est sympa ton kilt.  » Elle esquissa un sourire au coin. C’était bien plus que ce que je méritais, et pourtant ma conscience insatisfaite refusait un tel affront. Je voulais un cri jovial, et une taquinerie sanglante. Je voulais qu’elle s’accroche à mes jambes en prétendant voir ce qui se tramait en dessus de mon étoffe en laine, avant d’exploser de rire. Mes bras tombèrent ballants de part et d’autre mon torse. Et je finis enfin par réaliser que je n’avais pas salué Andreas. Je lui souris en lui tendant la main  d’un air courtois.

« Pain d’épices, hein ? » Commençai-je d’une petite voix. Ma gêne était palpable – je n’essayais même pas de m’en cacher. Je reculai avant de me pencher lentement vers Eugenia, afin de déposer un baiser furtif sur sa joue glacée. Mon expression passive se fixa sur son regard olive, et tous les tourments qui l’habitaient. « Je ne savais pas que tu étais déjà là. » Me justifiai-je sur le ton de la confidence. « Ne t’inquiète pas, je m’en vais – enfin je m’en irais … Tu n’auras pas à supporter cette mascarade. » C’était bien le mot juste. Cette entrevue n’était que la preuve ultime de ma connerie ! C’était un carnaval de ridicule, une tromperie de mauvais gout, un spectacle risible adressé à la société de haute bourgeoisie … Je tirais sur le tissu de mon kilt afin d’en rallonger la longueur et couvrir mes genoux. « Je pense que je vais remettre mon pantalon … » Lançai-je en m’éclipsant dans le hall.

« Mais Julian, qu’est-ce que tu fais ! » M’interpella Beatrice d’un air boudeur. « On avait dit que tu gardais ton kilt toute la soirée ! Tu restes diner avec nous au moins … Je vois tes grands airs de paon arrogant. Tu dineras en Kilt. »

Je roulai des yeux en direction de Ginny et son beau-père. On avait dit ? Mais j’avais rien dit !

« Je suis punis, vous croyez ? » Murmurai-je à leur attention, avant de réaliser que mes propos étaient peut-être déplacés étant donné ma relation avec Eugenia. Je ris, nerveux. « Si je porte le kilt, je veux qu’elle mette son chapeau en dentelle avec le drapeau du pays de Gale …   »

Mes paroles dépassaient ma pensée. Je n’avais plus aucune barrière ; l’électricité frappait mon cerveau afin de me plonger dans la débilité totale. Il n’y avait pas d’autre solution ! Mon cœur s’extasiait, enivré par les saveurs d’un passé qui s’était cruellement dérobé. L’odeur des biscuits à peine sorti du four narguait mes narines. Beatrice apparu avec un plateau dans les mains, et me tendit l’assiette.

« Ils sont tout chaud. Manges. Manges. Tu as rien pris depuis que tu as dépassé le pas de la porte … C’est une honte, comment vous êtes maigrichons tous les deux. » Grogna-t-elle en me pinçant les fesses. « Alala, c’est pire que ce que j’imaginais ! Vous vous êtes donné le mot ? Un vrai ptit couple ! » Lança-t-elle en tirant la langue. Elle adressa un clin d’œil grossier à son mari. « Ils ont toujours été complices comme ça – tout le temps. Tu savais que je le laissais dormir dans sa chambre pendant les périodes d’examens ? Ginny était un peu lourde de cerveau … » Elle rit avec légèreté avant de tenter un deuxième clin d’œil vers Andreas, cette fois en secouant la tête. En vain. Exténuée par le manque d’implication de son mari dans sa quête de médiation matrimoniale, elle finit par le bousculer en direction de la cuisine.

« Beatrice, on peut te voir …   » Marmonnai-je, amusé malgré tout. Je me tournais à nouveau vers Eugenia, un sourire tatoué sur le visage. « Elle est géniale …   » Soufflai-je. « On s’assoit ?   » Proposai-je. « Enfin je m’assois …   »

Je me dirigeai vers le canapé d’un pas lourd.
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() message posté Mar 23 Déc 2014 - 12:22 par Invité
our hearts grow tender with childhood memories and love of kindred, and we are better throughout the year for having, in spirit, become a child again at christmas-time. ;; you have no idea how closely i wrapped myself around your heart. ✻✻✻ Il était là, sous mes yeux, tel un mirage que mon imagination aurait pu échafauder par elle-même. J’avais tant pensé à lui, ces dernières semaines, après tout, et ce d’une centaine de manières différentes ; je lui en avais voulu autant qu’il m’avait manqué, je l’avais détesté autant que je l’avais aimé. Mon esprit avait été rempli de pensées antithétiques et je n’avais pas su démêler le faux du vrai, l’important du futile. Je n’avais fait que penser à lui. Je n’avais fait que passer mes journées à me demander ce qu’il faisait et à tenter de savoir s’il pensait à moi, lui, en retour. Après tout, n’était-ce pas lorsque l’on perdait la personne que l’on se rendait compte de toute son importance à nos yeux ? Ne plus parler à Julian en demeurant sur un échec avait été comme renier une partie de mon âme ; je m’étais repliée sur moi-même, je m’étais perdue dans les méandres de mon être. La vie m’avait semblé plus difficile maintenant qu’il n’était plus là pour réduire mon cœur en poussières. La vie m’avait semblé plus difficile maintenant qu’il ne me blessait plus à travers ses paroles mais à travers son silence, ce silence pesant qui hantait mes veines et mon cœur, qui hantait mon être et mes sentiments mutilés.
Et, comme à chaque fois, je finis par repenser à nos derniers échanges et un goût amer vint se déposer sur ma langue au fur et à mesure que mon esprit s’y perdait. Nous avions tout gâché.
Je n’avais pas songé que ma mère puisse l’inviter à Noël, comme elle avait eu l’habitude de le faire au cours de notre longue amitié ; pourtant, maintenant que Julian était face à moi, je me rendais peu à peu compte que cela était cohérent avec sa façon d’être et de penser. Elle en était restée à nos retrouvailles ; dans son esprit, il était normal que nous reprenions nos habitudes et le cours de notre existence. Elle avait sans doute pensé que notre lien, si étroit, nous avait permis de surmonter toutes nos douleurs et tous les non-dits. Elle était bien trop bienveillante pour comprendre à quel point nous étions endommagés par nos propres actions. Par nos propres faits et gestes. Je déglutis, attendant que Julian décide du reste de notre soirée. Attendant qu’il préfère rester pour prétendre ou s’en aller pour rester fidèle à ce que nous étions réellement. « Pain d’épices, hein ? » lança-t-il à mon beau-père en lui serrant la main. Andreas eut un sourire en coin en haussant les épaules d’un air bourru, fidèle à lui-même. « Il faut toujours qu’il y ait quelque chose qui ne va pas comme elle veut. » J’eus une expression amusée, ne sachant même plus si j’avais le droit de rire. Le droit de pleurer. En temps normal, j’aurais sauté à pieds joints dans le jeu de mon beau-père pour le simple plaisir de me moquer, gentiment, de ma mère ; cependant, face Julian, j’avais la sensation d’être pétrifiée.
Puis, enfin, il finit par se baisser afin de déposer une bise sur ma joue, furtive et embarrassée, avant de se relever. Je l’observai et pus trouver dans son regard les mêmes sentiments qui m’habitaient ; la gêne et la détresse, la stupeur accompagnée d’une touche de douleur, sans doute. « Je ne savais pas que tu étais déjà là. » me lança-t-il pour se justifier. J’arquai un sourcil. Il savait, pourtant. Il savait que je passais toujours les fêtes avec ma mère, et que je partais après cela chez mon père pour célébrer Noël avec un peu de retard. Mais avais-je réellement le droit de lui demander de s’en souvenir ? Non. Non. Non. Nous n’avions plus rien en commun, après tout. Plus rien hormis des souvenirs brisés. « Ne t’inquiète pas, je m’en vais – enfin je m’en irais… Tu n’auras pas à supporter cette mascarade. » ajouta-t-il avant de tirer sur les bouts de son kilt. Je dus me faire violence pour réprimer mon sourire. « Je pense que je vais remettre mon pantalon… » Il esquissa un geste pour échapper à l’emprise de ma mère, mais celle-ci ne le laissa pas faire. Cela ne m’étonna qu’à moitié et, une nouvelle fois, je dus retenir mon hilarité. Elle était une Lancaster, après tout. Elle laissait rarement tomber ; j’avais hérité cela d’elle. « Mais Julian, qu’est-ce que tu fais ! » s’exclama-t-elle. « On avait dit que tu gardais ton kilt toute la soirée ! Tu restes diner avec nous au moins… Je vois tes grands airs de paon arrogant. Tu dineras en Kilt. » C’était fini. Je ne réussissais plus à me retenir de ricaner et, théâtral, Julian se tourna vers moi et mon beau-père.
J’avais l’impression qu’il s’agissait d’une scène de film. D’une scène au cinéma. D’une scène sortie tout droit d’Hollywood, parfaite malgré tout ce qui avait bien pu se passer. J’avais la sensation que cela n’était même pas réel. Que cela n’était même pas naturel. « Je suis punis, vous croyez ? » demanda-t-il dans un murmure, comme s’il nous mettait dans la confidence. Mon beau-père hocha la tête d’un air grave, feignant presque la conspiration. « Si je porte le kilt, je veux qu’elle mette son chapeau en dentelle avec le drapeau du pays de Galles… » Je l’observai quelques instants, étonnée par ces paroles enfantines sorties tout droit de son cœur. Puis, je m’autorisai à sourire. Je m’autorisai à feindre l’indignement avant de secouer la tête avec conviction. « Non ! » clamai-je. « Non. De toutes manières, il n’existe plus. Je l’ai découpé en morceaux. Puis je l’ai brûlé. Et j’ai lancé les cendres à la mer… » J’avais prononcé mes paroles avec un air dramatique, et Andreas me lança un regard en coin. « Qu’est-ce que tu racontes ? Je l’ai vu dans ta chambre il y a deux jours quand tu m’as envoyé te chercher un livr… » Je le fusillai du regard, et il s’arrêta dans son élan. Puis, comme si rien n’était, il se racla la gorge avec confiance. « Enfin, oui. Jeté à la mer, donc. » Je me mis à rire avant de lever le poing, et le sien vint doucement le taper dans un symbole de soutien. Quelque part, j’aimais me dire que j’avais encore ma place sur Terre.
Ma mère présenta l’assiette de cookies sous le nez de Julian, et je levai les yeux au ciel en me remémorant toutes ces fois où elle avait tenté de lui faire manger plus de choses que nécessaire. C’était plus fort qu’elle ; elle ne connaissait absolument aucune limite à sa façon d’être. Elle se retrouvait emprisonnée dans toutes ces réactions que son corps lui dictait. « Ils sont tout chaud. Mange. Mange. Tu as rien pris depuis que tu as dépassé le pas de la porte… C’est une honte, comment vous êtes maigrichons tous les deux. Alala, c’est pire que ce que j’imaginais ! Vous vous êtes donné le mot ? Un vrai ptit couple ! » Je me mordis automatiquement l’intérieur de la joue en l’entendant parler. Elle se tourna vers Andreas d’un air conspirateur, lui adressant un clin d’œil bien peu discret. J’avais envie de m’enterrer six pieds sous Terre et de disparaître. « Ils ont toujours été complices comme ça – tout le temps. Tu savais que je le laissais dormir dans sa chambre pendant les périodes d’examens ? Ginny était un peu lourde de cerveau… » déclara-t-elle avant de se mettre à rire. « Encore plus que d’habitude ? » Je fronçai les sourcils tandis qu’Andreas m’adressait, à son tour, un sourire en coin, et ma mère jugea ces paroles comme le signe de l’éloigner de moi – et surtout de nous.
Elle n’était pas satisfaite, après tout. J’étais persuadée qu’elle avait désiré qu’il abonde dans son sens comme pour se prouver son instinct maternel ne s’était pas trompé. J’étais persuadée que le jour de mon mariage avec Julian serait le plus beau de toute son existence ; cependant, je n’avais absolument aucun cœur à lui annoncer qu’il n’arriverait jamais. « Beatrice, on peut te voir… » déclara Julian en direction de la cuisine. Un sourire continuait de flotter sur mes lèvres ; j’avais toujours adoré la façon dont ma mère l’avait accepté dans notre famille sans trop se poser de questions. Cela m’avait rassuré de voir qu’il avait le droit à une figure maternelle, malgré tout. Cependant, je ne m’étais jamais attendu à ce que cela finisse par m’embarrasser à ce point. Je déglutis, tandis qu’il se tournait vers moi avec un sourire. « Elle est géniale… On s’assoit ? Enfin je m’assois… » dit-il avant de se diriger vers le canapé. Je le suivis, me postant doucement à ses côtés. « Tu parles, elle me fatigue. Je te la donne si tu veux. » déclarai-je, le regard perdu dans le vide.
Et, j’arrêtai de parler, laissant le silence prendre possession de la pièce.
Les lumières clignotante des guirlandes du sapin semblaient me narguer. Noël me semblait lourd, si lourd. L’atmosphère me semblait glaciale malgré l’aspect étouffant de la pièce. Mes yeux allaient et venaient sur les différentes décorations du salon, et je finis par me redresser en me raclant la gorge. « Je ne lui ai rien dit et je ne compte pas le faire. Je n’ai pas envie de ruiner son agaçant esprit de Noël. » finis-je par lâcher dans un murmure, de peur que ma mère nous écoute. « S’il te plait, reste. Pas pour moi mais pour elle. Tu lui as beaucoup manqué. » Je l’entendais presque me supplier, encore et encore, de l’appeler lorsque j’avais eu mon accident. Elle avait souffert autant que moi de mon silence ; elle l’avait désapprouvé à maintes reprises mais avait accepté l’idée que je souhaitais vivre dans ma bulle. J’adressai un sourire triste à Julian, et ma mère débarqua une nouvelle fois en fanfare dans la pièce. « Apéritif ! Dis-moi, qu’est-ce qui te ferait plaisir, Julian ? » demanda ma mère. Elle sortit différente bouteilles, tandis que mon beau-père tentait de poser sur la table basse des assiettes contenant différents amuse-gueules et biscuits apéritifs. Je fronçai les sourcils. « Depuis quand on a de l’alcool dans cette maison ? » demandai-je. Je me tournai vers Julian. « Ma mère a banni l’alcool pour soutenir Scarlet depuis… Enfin, ma sœur est sobre depuis vingt mois maintenant. » Alcoolique. Ma sœur avait été alcoolique. Parfois, je me plaisais à dire que cela n’avait pas été elle, mais son alcoolisme, qui m’avait mis dans un fauteuil. Ma mère haussa les épaules. « Ne t’inquiète pas, j’ai tout prévu. On ira enterrer les bouteilles au fond du jardin avant qu’elle n’arrive. » Je me mis à rire, avant de rougir en croisant le regard de Julian. Mes yeux se posèrent sur son kilt et, une nouvelle fois, je retins les excès d’hilarité qui me saisissait ; je ne savais plus ce dont j’avais encore le droit. Je ne savais plus ce qui m’était permis. Et, ce, même à Noël.
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() message posté Sam 27 Déc 2014 - 18:44 par Invité
“ Take me down. I’m feeling now and if I move on, I admit you're gone. And I ain’t ready but I’ll hold steady. You're locked inside my heart and your melody's an art. I won't let the terror in - I'm stealing time through the eye of the needle” Je souris légèrement avant de me laisser aller à l’hilarité générale. Il y’ avait une ambiance particulière chez les Lancaster, je retrouvais l’indolence de mes évasions nocturnes et l’insouciance de mes années d’adolescence. Je serrais mes cuisses sous mon kilt avant de lever les yeux au ciel. Il était trop tard pour moi de toute façon. Le visage d’Eugenia me revenait comme un mirage lointain. J’avais secrètement nourrit l’espoir de la retrouver, malgré  nos échanges sanglants et mes accès colériques. Je me penchai lentement vers elle, avant de me détourner avec terreur. La proximité était un fléau pour un cœur meurtri. J’étais malade, je dépérissais jusqu’à la mort avant de rejaillir des flammes du passé. Je m’évertuais à l’oublier, mais certaines marques étaient indélébiles sur l’âme. Mon ombre soupirante s’animait au fond de ma poitrine. Elle m’avait clairement dit de partir go f* yourself . Ma disgrâce était impardonnable, même pour une fille aussi naïve et merveilleuse.  Je n’étais que nuisances et tourments. Je m’éveillais lentement de ma torpeur, afin d’énumérer toutes les raisons qui m’avaient poussées à la libérer de mon emprise. Au-delà du mal qu’elle m’avait fait, je n’arrivais pas à oublier mes fautes. Je maudissais l’esprit du mal, mais j’étais incapable de changer mon identité. J’avais la rage, tout le temps. Il y’avait tellement de blessures en moi. Je ne pouvais plus refouler ; plus jamais.

« Il faut toujours qu’il y ait quelque chose qui ne va pas comme elle veut.» M’annonça Andréas. J’esquissai d’un signe de la tête, avant de me forcer à rire. Je tremblais en descendant à la rencontre des joues cramoisies d’Eugenia. Mes lèvres se déposer avec désespoir sur sa peau chaude avant de claquer un baiser timide. J’écoutais le son de la désillusion battre à l’unisson avec mon cœur. Je devais me dérober – partir loin de ces souvenirs. Eugenia protesta énergétiquement, à ma proposition – et au lieu de m’amuser de son entrain, la pensée que je ne l’entendrais plus jamais blaguer de la sorte me brisa le cœur. Je grinçai des dents d’un air absent avant de me retourner vers le plat de cookies. Mon sourire figé faisait barrière entre mes pensées et la réalité. Je me sentais en exil dans une terre qui n’était plus la mienne à présent. L’envie de crier me prenait par la gorge, mais j’étais trop lâche pour attester de mes pêchers. Beatrice était comme une mère pour moi, je ne supportais pas l’idée qu’elle voit les traces du mal sur mon visage. Elle s’éclipsa en tirant son mari, et j’haussai les épaules en faisant face à Ginny.

« Tu parles, elle me fatigue. Je te la donne si tu veux.   » Je fis la moue d’un air triste. Sa blague ne m’aurait certainement pas touché d’ordinaire, mais les périodes des fêtes me ramenaient souvent vers la tragédie qui avait ôté la vie à ma mère. Je me laissai tomber sur le canapé, avant de lui adressai une pâle imitation de sourire.  Mes yeux s’accrochaient irrémédiablement à son regard pétillant – Il me semblait parfois que j’étais incapable de la détester. Pourtant je le faisais souvent.

« Je l’aurais certainement prise … » Murmurai-je avant de couper cours à notre instant d’intimité. Le silence tomba lentement sur le séjour afin de transfigurer mes pensées ; j’avais ris jusqu’aux larmes entres ces murs. J’avais couru à perte d’haleine dans cet escalier, et j’avais manqué mille fois de l’embrasser au coin du sapin.

Eugenia se racla doucement la gorge avant de murmurer ; « Je ne lui ai rien dit et je ne compte pas le faire. Je n’ai pas envie de ruiner son agaçant esprit de Noël.  S’il te plait, reste. Pas pour moi mais pour elle. Tu lui as beaucoup manqué.  » J’arquai un sourcil.

« Je … Je m’en étais rendu compte qu’elle ne savait rien. » Je soupirai. « C’est bizarre d’être à nouveau ici et de songer que j’aurais réellement pu être son beau-fils. » Je roulai des yeux. « Je suis reconnaissant que tu ne lui aies rien dit. »

Beatrice illumina de nouveau la pièce avec sa bonne humeur habituelle. Sa démarche à elle seule, était une invitation à la danse. Andréas était dans son dos, les yeux brillants d’affections. Je soupirai, le cœur gros. J’aurais pu regarder Eugenia avec cet même étincelle, pour l’éternité …

« Apéritif ! Dis-moi, qu’est-ce qui te ferait plaisir, Julian ?   » J’esquissai de la tête prêt à demander un Whiskey ou un fond de Scotch lorsque la voix de Ginny s’éleva à nouveau.

« Depuis quand on a de l’alcool dans cette maison ? Ma mère a banni l’alcool pour soutenir Scarlet depuis… Enfin, ma sœur est sobre depuis vingt mois maintenant.» J

Vingt mois, c’était exactement la période qui nous séparait. L’accident d’Eugenia n’avait pas fait que la détruire physiquement, il avait aussi ravagé tous les vestiges de bontés qu’il pouvait bien y avoir en moi. J’avais sombré sans elle – je continuais à sombrer.

« Ce n’est donc peut-être pas une bonne idée … » Lançai-je poliment.

« Ne t’inquiète pas, j’ai tout prévu. On ira enterrer les bouteilles au fond du jardin avant qu’elle n’arrive. » S’empressa Beatrice. Eugenia étouffa un rire, et je rougis de plus belle. Cela ne serait pas la première bouteille que nous allions enterrer ensemble. Je me demandais si elle se rappelait du bal de promo, et de notre cuite ancestrale. La vodka avait brouillé mon esprit, et même je ne gardais que quelques flashs de la soirée, j’étais continuellement hanté par l’illusion d’un baiser volé. J’ébouriffai mes cheveux d’un geste de la main afin de calmer mes ardeurs.

« Si vous me laissez mettre mon pantalon, je veux bien creuser …   » Proposai-je en désignant la jupe écossaise qui se plissait outrageusement à chacun de mes mouvements.  « Je ne sais pas comment font les filles pour supporter ça.   » Soufflai-je. « Qu’est-ce que vous avez en stock Beatrice ? » Finis-je par trancher.
Elle se  pencha lentement vers la cuisine afin de compter les bouteilles.

« Sommairement c’est du vin, mais j’ai  un fond de bourbon quelque part. Je suis presque sûre. » Annonça-t-elle en souriant.

« Bourbon alors.   »

J’avais besoin de caresser l’ivresse afin de vaincre mes incertitudes – et faire bonne figure. Ce Noel allait au-delà de mes espérances, et je n’étais pas sûr que ce soit une bonne chose. Je pris mon téléphone. Aucun signe d’Athéna. Elle était furieuse, mais je ne me sentais pas en faute. Je ne faisais que passer le réveillon avec la seule famille que je connaissais.
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() message posté Dim 28 Déc 2014 - 18:54 par Invité
our hearts grow tender with childhood memories and love of kindred, and we are better throughout the year for having, in spirit, become a child again at christmas-time. ;; you have no idea how closely i wrapped myself around your heart. ✻✻✻ J’étais tendue. Je ne savais plus quelle attitude adopter en sa présence, je ne savais plus ce qui m’était permis par mon cœur et par mes principes. Avec les semaines, ma colère avait fini par se dissiper pour ne laisser qu’une forte amertume habiter mes veines ; j’étais suffisamment naïve et candide pour pardonner avec le temps, pour fermer les yeux sur ce qui avait pu attiser ma rage et ma haine. J’oubliais, au fond. J’oubliais, tout simplement. J’oubliais ce qu’il s’était réellement passé, mes souvenirs se perdant dans le flou constant de mon esprit fébrile. J’oubliais ses mots. J’oubliais les miens. J’oubliais les détails qui m’avaient mise hors de moi et j’oubliais les véritables raisons de notre commun mutisme. Je savais simplement que tout était terminé. Que nous n’avions plus rien en commun, que je n’avais plus l’autorisation de le désirer dans mon existence, qu’il ne m’apporterait jamais rien de bien ou de bon. Un chapitre de mon existence s’était terminé, refermant ses pages sur mes souvenirs d’adolescence. Un chapitre de mon existence s’était terminé et, pourtant, je me demandais bien souvent comment j’allais pouvoir m’en sortir. Julian avait fait partie de ce que j’étais. Julian avait été une part intégrante de mon être. Qu’étais-je censée faire, maintenant qu’il n’avait plus sa place ? J’avais la sensation, quelque part, de tourner le dos à ce que j’étais. J’avais la sensation, quelque part, qu’il n’était pas le seul à qui j’avais bien pu dire au revoir.
Il y avait eu moi, aussi, perdue dans tout cela. Perdue dans le reste. Perdue dans la quête de ce que j’étais maintenant que je n’avais plus le droit d’être réellement moi-même.
Installée à ses côtés, je posai mes mains sur mes cuisses, le regard perdu. La voix de Julian chatouilla mes tympans tandis que je me souvenais des douleurs cuisantes qui avaient envahi mes muscles quelques journées auparavant, à peine. Je finis par tourner la tête vers lui, me raccrochant au présent et à la situation. Je répondis les premières paroles qui m’effleurèrent l’esprit. J’étais lasse de choisir mes mots et de tenter d’anticiper ses réactions. Je n’avais plus rien à perdre, après tout. Plus aucun dommage ne pouvait être encore fait. « Je l’aurais certainement prise… » me répondit-il à propos de ma mère. Je sentis une sueur froide prendre possession de mon dos, et je l’observai sans parvenir à m’en empêcher ; je m’en voulus, oui. Je m’en voulus d’avoir été indélicate et de ne pas avoir songé à la portée de mes paroles. Mais était-il désolé, lui ? Etait-il désolé de m’avoir blessé aussi lorsqu’il m’avait traité de faible et de naïve ? Je tentai de réfréner ma culpabilité et le silence s’installa dans la pièce. Je demeurai campée dans mes positions, refusant de flancher. Refusant de lui prouver que j’étais bel et bien faible. « Je… Je m’en étais rendu compte qu’elle ne savait rien. C’est bizarre d’être à nouveau ici et de songer que j’aurais réellement pu être son beau-fils. » dit-il en réponse à mes paroles concernant ma mère. J’haussai les épaules. Nous étions deux à ressentir cette situation de cette manière. Deux à avoir l’impression que tout paraissait décalé et étrange, déplacé presque. « Je suis reconnaissant que tu ne lui aies rien dit. » J’acquiesçai, n’ajoutant rien, tandis que ma mère revenait déjà dans le salon.
Cet instant, si intime mais pourtant si froid, s’évanouit dans la nature, retrouvant tous les souvenirs que je pouvais bien déjà avoir de lui. De moi. De nous.
Je ne pus m’empêcher d’être surprise lorsque ma mère sortit des bouteilles d’alcool ; et, de la même manière, j’expliquai à Julian les faits. Ces faits qu’il ne connaissait sans doute pas. Il avait été habitué à cette maison, à nos habitudes ; à sa façon, il avait fait partie de ma famille. Ses rires avaient hanté les murs. Notre complicité avait animé les longues journées ternes de la maison. Les changements qui s’étaient opéré lors de son absence me frappèrent violemment à mesure que Julian répondait. « Ce n’est donc peut-être pas une bonne idée… » Mais ma mère ne l’entendit pas. Animée par sa grandiloquence habituelle, elle nous présenta sa solution, et je ne pus m’empêcher de rire. J’aurais aimé vivre dans son monde. Dans cet univers qu’elle s’était créé. Tout paraissait plus simple et plus doux. Tout paraissait faisable, tout paraissait agréable. Ma mère m’insupportait bien souvent mais je ne parvenais pas à imaginer mon existence sans sa personnalité bien plus enfantine que la mienne. « Si vous me laissez mettre mon pantalon, je veux bien creuser… Je ne sais pas comment font les filles pour supporter ça. » répondit-il Julian et je tournai la tête vers lui. « Mauviette. » Un sourire en coin se dessina sur mon visage, et j’attardai mon regard sur ses traits avant de détourner les yeux. Je ne rougis même pas à face à la facilité avec laquelle j’avais bien pu prononcer ces paroles. J’avais décidé de cesser de trop réfléchir. J’avais décidé d’être moi-même sans avoir peur de ne pas être à la hauteur.
Parce que, de toutes manières, je ne l’étais pas.
« Qu’est-ce que vous avez en stock Beatrice ? » demanda Julian et, concernée par sa requête, ma mère commença à faire l’inventaire de tout ce qu’elle pouvait bien avoir. « Sommairement c’est du vin, mais j’ai un fond de bourbon quelque part. Je suis presque sûre. » déclara-t-elle. J’esquissai un vague sourire. Si je n’avais plus le droit de dire que Julian appartenait encore à mon existence, cela ne m’empêchait pas d’apprécier la façon dont elle pouvait se comporter avec lui ; il était facile de voir à quel point elle le tenait en estime. Il était facile de se rendre compte qu’elle cherchait absolument à ce qu’il soit heureux, tout simplement. « Bourbon alors. » répondit-il et elle acquiesça, remuant absolument tous les placards pour poser la main sur la bouteille qu’elle cherchait.
Puis, enfin, après avoir servi Julian, elle se tourna vers moi avec une expression interrogative. « Ginny ? » me demanda-t-elle et je poussai un profond soupir, faisant mine de réfléchir. Vodka pure, s’il te plait. Avec une rondelle de citron ça serait parfait. » répondis-je du tac au tac. Je l’observai dans les yeux en affichant un immense sourire sur mes lèvres. Je la vis lever les yeux au ciel, et je fus presque sûre d’entrapercevoir un sourire furtif sur le visage de mon beau-père. J’étais irrécupérable. Il le savait déjà, sans doute. « Ginny, tu sais bien qu’avec ton traitement tu ne peux pas boire d’alcool. » me sermonna-t-elle. J’eus l’impression d’être une petite fille. J’haussai les épaules, une moue indignée peinte sur le visage, poussant ma théâtralité à l’extrême. « Ouais, enfin ça, ça n’a pas tout à fait été prouvé. Je suis persu… » Je m’arrêtai dans mon élan en observant le regard incrédule de ma mère. Je finis par avoir une moue boudeuse. « Bon, d’accord. Du sirop de cerise avec de la limonade fera l’affaire. » conclus-je, un mouvement de la main ponctuant mes paroles.
J’agissais comme si rien n’était. Comme si Julian n’était pas là, comme si je n’avais pas à réfréner ce que j’étais. Je prenais sur moi pour rendre mes gestes et mes paroles parfaitement naturels, même si une partie de mon être ne parvenait qu’à se focaliser sur la présence de Julian. Je déglutis tandis que ma mère me servait, et j’attrapai le verre qu’elle finit par me tendre. Je la remerciai d’un hochement de tête, et elle servit Andreas, pour finalement remplir son propre verre. « Tiens d’ailleurs, en parlant de ça, tu as pris tes médicaments ? » me demanda-t-elle et je revins sur Terre. Je fronçai les sourcils en passant en revue les dernières heures, avant de secouer la tête. « Ginny ! » s’exclama-t-elle presque immédiatement. Je roulai des yeux en sentant mes joues se teinter de plaques rouges. J’étais gênée, oui. Cela était un des côtés de ma condition que je ne souhaitais pas montrer. Ne pas clamer. Ne pas présenter. Les traitements et les médicaments faisaient partie de mon quotidien et, pourtant, je continuai de les rejeter. « C’est pas de ma faute ! J’étais trop occupée à fouiller de fond en comble Cardiff pour trouver du pain d’épice sur ordre de ma mère adorée, ça m’est complètement passé au-dessus de la tête. Passe-moi des petits fours. » Je tendis la main vers le plateau avec une expression entendue. Ma mère me lorgna du coin de l’œil, tandis que mon beau-père s’était levé pour fouiller les tiroirs de la cuisine. « S’te plait maman chérie de mon cœur que j’aime plus que tout au monde. » ajoutai-je quand il revint. « T’attrape, Ginny ? » me demanda-t-il et j’hochai la tête. Je levai ma main libre, prête à réceptionner les deux petites fioles de gélules. La première atterrit dans ma paume. « J’ai... ! Ah non. J’ai pas. Oups. Désolée, Julian. » La seconde avait suivi trop rapidement. Je n’avais pas eu le temps de tendre les doigts dans sa direction qu’elle s’était déjà retrouvée sur les cuisses de Julian ; je baissai le regard sur son kilt, remontant les yeux sur lui. Mes joues me chauffèrent, enflammant ma peine par la gêne passagère. Au lieu de le récupérer moi-même, je tendis la main dans sa direction pour qu’il me la donne lui-même.
J’avais beau prétendre, faire comme si tout était normal. J’avais beau tout donner mais cela ne changeait rien aux faits. Il était là. Et mon cœur se noyait dans toutes les émotions qui se déversaient dans mes veines, me perdant dans l’océan de mes sentiments.
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() message posté Ven 2 Jan 2015 - 22:36 par Invité
“ Take me down. I’m feeling now and if I move on, I admit you're gone. And I ain’t ready but I’ll hold steady. You're locked inside my heart and your melody's an art. I won't let the terror in - I'm stealing time through the eye of the needle” Rien ne se passait comme prévu. Mon cœur se brisait en mille morceaux, lorsque je réalisais que les souvenirs étaient toujours là – ancrés en moi. Eugenia circulait dans mes veines comme un poison ; je ne pouvais pas y échapper. Mes instants d’insouciance n’étaient que des courtes rémissions avant une nouvelle vague de douleur. Je lui jetai un regard en biais avant de me détourner. Tous les mots me semblaient dérisoires, les sons explosaient tout autour mais je n’entendais rien. Il y’ avait un film opaque tout autour de mon corps. Soudain, je balayai mon regard dans la pièce flamboyante de rouge et de couleurs ; le sapin n’avait jamais été aussi magnifique que cette année-là. Décembre 2013. Notre dernier Noel ensemble. Je m’étais précipité dans le dos de Ginny avant de la prendre par surprise. Je l’avais fait tournoyer dans les airs pendant plusieurs tours, avant de m’effondrer sur le tapis. Son rire extirpait l’air avant d’envelopper mon âme esseulée. S’en était fini de ma solitude, de mon histoire, ou de mon orphelinat. J’avais une place parmi les Lancaster. J’avais une place dans son cœur. Je la serrais avec passion ; pouvait-elle sentir le vide cuisant qui envahissait ma poitrine ? Pouvait-elle se réveiller de sa torpeur, et comprendre enfin que je n’étais pas le meilleur généreux et loyal qu’elle croyait ? Chacun de mes gestes était calculé, prémédité, désigné à la retenir. Il n’y avait rien de bon en moi. Sauf elle. Il ne croyait en rien. Sauf elle. Je ne pouvais pas vivre dans un monde ou Ginny n’existait pas. Le sol vibrait sous mes pas, et elle était la seule à pouvoir me sauver. Je voulais l’embrasser goulument, et me perdre dans une dimension différente. Je voulais prendre tout mon courage et confesser mes vices secrets. Mon souffle se coupait à chaque fois que lâchais sa prise. Scarlet l’avait attiré vers la cuisine sans crier gare, et je baissai les yeux d’un air meurtri. Elle me manquait horriblement, pourtant j’étais incapable de m’immiscer dans son univers plus que je ne le faisais déjà. Je me souviens de Beatrice et de ses sourires compatissants. Elle avait posé sa main sur mon épaule, avant de murmurer : « Tu es amoureux ... » . Sa voix fluette sonnait comme une affirmation. J’avais esquissé une ébauche de sourire, sans me cacher. Elle avait tout simplement levé les yeux au ciel, avant de s’éloigner. Sans commenter. Sans se moquer. Et je compris que malgré son penchant excentrique, et ses railleries parfois abusives – Malgré son implication dérangeante, et ses excès de zèle, Mme Lancaster était une femme de confiance. Je secouais frénétiquement la tête afin de revenir dans la réalité : Je portais toujours mon kilt, et Eugenia était sur sa chaise roulante. Je déglutis en pressant mes poings contre les coussins.

«Mauviette.» Me taquina-t-elle. J’haussai les épaules avec désinvolture alors qu’elle détournait le regard. Sa voix continuait de combler tous les silences de mon esprit. Je me penchai afin de fixer ses grands yeux olive ; elle était magnifique quoi que je pense ou que je dise. Ma main frémit, s’élevant afin de frôler sa joue, mais je me rattrapai à mi-chemin de la bêtise. J’avais une révélation à lui faire – une confession intime qui était resté captive depuis trop longtemps : Je ne regrettais pas. Aucune de mes paroles, même celles prononcées sur le coup de la colère. Cela faisait-il de moi un monstre ? Je ne pouvais plus arborer le masque de l’indolence ou cacher ma vraie nature.

Beatrice me versa un fond de bourbon. J’acquiesçai de la tête d’un geste solennel, avant de me forcer à rire. Son regard pétillant en disait long – toutes ses invitations contraintes et ses blagues déplacées, n’étaient qu’une façon de me guider dans ma quête inavouée. Elle voulait que je trouve le bonheur avec Ginny, parce qu’elle était ma mère aussi. Mon duvet s’hérissa tout à coup, qu’est-ce qui m’avait pris de revenir ? C’était stupide de me raccrocher à toutes ces valeurs précieuses. J’étais lamentable. Cette maison n’était pas la mienne. Je bu une lampée d’alcool en crispant la mâchoire.

Eugenia se fit sermonner sur son choix de boisson, et j’appris pour la première fois que sa condition lui imposait une certaine rigueur de vie. Je me mordis discrètement la lèvre inférieure. Mes sentiments faisaient une totale éclipse sur ma raison, la fièvre montait en moi comme un mal incurable. Ce n’était pas juste. Elle n’avait pas le droit de souffrir quand j’étais là. Elle n’avait pas le droit de me rappeler que j’avais failli à mon devoir cent fois. Je ne savais plus quoi faire. Andreas lui envoya sa boite de médicaments, et je sentis les cachets se déposer sur ma jupe plissée.

« J’ai... ! Ah non. J’ai pas. Oups. Désolée, Julian. » Je lui adressai un regard attendrissant. Ses joues prirent soudain une teinte cramoisie. Je souris hautain. Il était hors de question que je lui rende en mains propres. Je me tortillai sur place afin de repositionner la boite entre mes cuisses.

« Tu devrais les récupérer toi-même. » Marmonnai-je, sur un ton de défi. « ça c’est pour le « mauviette » » Sifflai-je vicieusement avant de ramener mon verre vers mes lèvres. Je fini mon bourbon d’une traite, avant de recroiser le visage d’Eugenia. Je penchai la tête. « On a tout notre temps, mais je suis sûr que Beatrice est pressée de nous faire souper… »

La mère d’Eugenia éclata de rire : « En effet les gamins, j’ai plein de nouvelles recettes à vous faire gouter ... » Andreas leva les yeux au ciel, exténué par son trop-plein d’énergie.

« Tu vois ? » M’adressai-je à Ginny.


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() message posté Sam 3 Jan 2015 - 23:58 par Invité
our hearts grow tender with childhood memories and love of kindred, and we are better throughout the year for having, in spirit, become a child again at christmas-time. ;; you have no idea how closely i wrapped myself around your heart. ✻✻✻ La maison de ma mère me rappelait sans cesse des évènements venus tout droit du passé. Je ne cessais de me souvenir de tout ce qui avait bien pu se dérouler entre ces murs, de me souvenir des rires et des pleurs qui avaient rythmé mon existence. Chaque objet semblait avoir son histoire. Chaque pièce renfermait une multitude d’anecdotes éternelles. Etrangement, ma mémoire faisait appel au visage de Julian pour chacun de ces instants que j’avais connus au cours de mon existence. Il avait fait partie de la famille, d’une certaine manière. Il faisait partie de cette demeure. Ma mère l’avait pris sous son aile à l’instant même où elle s’était rendu compte qu’il était quelqu’un de bien. Elle l’avait accueilli sous son toit autant de fois qu’il l’avait désiré, autant de fois que j’avais bien pu lui demander ; au bout d’un moment, elle avait eu l’automatisme dérangeant de mettre le couvert pour quatre lorsqu’elle était encore célibataire, et ce même lorsque Julian ne dinait pas avec nous. Cela avait été comme s’il avait été son fils. Ce fils qu’elle n’avait jamais eu et qu’elle avait adopté au fil des semaines et des mois, à mesure que notre amitié s’était renforcée pour devenir quelque chose de concret et réel.
A mesure que mon amour pour lui m’avait perdu dans les tréfonds de la souffrance. A mesure que je m’étais moi-même condamnée au mutisme avec une mère guère subtile qui n’avait cessé de m’embarrasser en tenant des propos déplacés sur notre mariage qui n’arriverait jamais.
Un sourire triste avait pris possession de mes traits ; ma nostalgie envahissait mes veines d’une sensation désagréable, d’une tristesse non feinte et prenante. Je me demandais jusqu’où pouvait aller ma douleur et je repensais à notre passé commun, perdu dans mes souvenirs et dans le songe d’une adolescence passée. Nous avions tout gâché. Il n’y avait que comme cela que je parvenais à l’imaginer. Nous étions passés d’enfants insouciants à adultes bourreaux. L’amertume composait le sang de nos veines. La colère était dans l’air que nous respirions. Nos êtres eux-mêmes étaient composés de cellules agitées d’une rage constante.
De peu, je ne parvins pas à attraper la boîte de mes médicaments. Aussitôt, je sentis la gêne m’envahir lorsque je me rendis compte de l’endroit où elle avait atterri ; je ne pus m’empêcher d’attarder mon regard sur les plis du kilt de Julian avant de détourner le regard et lui tendre une main afin qu’il me rende mes médicaments de lui-même. Il me sourit, hautain, et je compris. Je compris qu’il ne me faciliterait pas la tâche. Une boule se forma au fond de ma gorge. « Tu devrais les récupérer toi-même. Ça c’est pour le ‘mauviette’. » me mit-il au défi. Il repositionna la boîte correctement sur ses cuisses, et je l’observai porter son verre à ses lèvres. Je ne savais pas comment interpréter sa provocation. Au fond, je me répétais d’agir sans réfléchir. Au fond, je me répétai de ne plus me poser de questions inutiles, de me poser de questions parasites. Mais je n’y parvenais pas. Mon esprit tout entier bouillonnait sous les interrogations et les interprétations erronées de ses gestes impulsifs. « On a tout notre temps, mais je suis sûr que Beatrice est pressée de nous faire soupe… » continua-t-il en penchant légèrement la tête, comme pour faire monter la pression. Je demeurai impassible. Ma mère, elle, s’amusait de la scène avec allègre. Je bus une gorgée de mon verre, tandis qu’elle prenait la parole. « En effet les gamins, j’ai plein de nouvelles recettes à vous faire goûter... » déclara-t-elle, déclenchant l’exaspération de son mari. « Tu vois ? » Je levai un sourcil avant de secouer la tête. Je ne savais pas comment réagir.
L’option la plus simple aurait été de récupérer moi-même les médicaments ; tendre la main, attraper la fiole, et couper court à cet épisode qui s’étirait dangereusement. Cependant, je n’osais pas l’approcher. Je n’osais pas frôler sa peau, le frôler lui, réduire l’espace qui pouvait encore résider entre nos deux corps. Je déglutis avec difficulté avant de me redresser sur ma chaise. « Blah, blah, blah. » marmonnai-je, reproduisant le ton victorieux de Julian à qui ma mère avait donné raison. « C’est presque une invitation à ce que je te tripote. Tu devrais avoir honte de tâcher mon innocence de la sorte. » Je le sermonnai à ma manière, retardant l’échéance et cet instant où j’aurais à récupérer mes comprimés. Mais je ne pouvais pas attendre pour toujours. Je ne pouvais pas être dans la retenue toute mon existence. J’aurais aimé. Mais cela ne m’était malheureusement pas autorisé. Cela ne m’était malheureusement pas permis. « Mais bon, si tu insistes. » J’approchais mon bras et mes doigts se refermèrent avec précaution sur la boîte. Je ne le touchai ni lui, ni son vêtement. Je retirai ma main rapidement, avant d’ouvrir les deux boîtes pour prendre deux gélules de chaque médicament et les rendre à mon beau-père. Je les avalais en buvant une gorgée de ma boisson, même si, en temps normal, je n’avais même pas besoin de cela ; après tout, au fond, j’avais l’habitude. Après tout, au fond, j’avais fait cela tant de fois que mon corps était habitué.
Ma mère parut satisfaite. Elle m’adressa un sourire lumineux avant d’attraper le plateau sur la table et le faire passer à Julian. « Un petit-four ? » lui demanda-t-elle avec entrain. « Et, dis-moi, Julian, comme ça fait un moment que je n’ai pas eu l’occasion d’avoir de tes nouvelles, je ne sais plus tellement ce qu’il se passe dans ta vie. Tu as fini tes études, c’est ça ? Tu as trouvé du travail ? » Les questions arrivaient par milliers et je roulai des yeux. J’attendis que Julian se serve pour me jeter sur les petits fours, et j’en raflai trois sans même éprouver la moindre honte. « Cette ingrate qui me sert de fille n’a jamais voulu me dire ce que tu faisais, finalement. » continua ma mère. « Mamaaan. » protestai-je avant d’enfourner la nourriture dans ma bouche, jugeant qu’il valait sans doute mieux pour moi d’avoir la bouche pleine durant les prochaines minutes à venir.
Jugeant qu’il valait sans doute mieux, pour moi, de m’empêcher de parler tout court.
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() message posté Mer 21 Jan 2015 - 23:56 par Invité
“ Take me down. I’m feeling now and if I move on, I admit you're gone. And I ain’t ready but I’ll hold steady. You're locked inside my heart and your melody's an art. I won't let the terror in - I'm stealing time through the eye of the needle” Je scrutais les lieux avec une profonde amertume. J’avais pratiquement grandi dans cette maison, et pourtant je me sentais étranger dans mon propre univers. Eugenia était aussi douce et réservée que d’ordinaire, mais je n’étais plus à ma place ici. Ce n’était pas un jeu lorsque je l’avais lâché à la mer. Ce n’était pas des mots graves lorsque je l’avais poussé au bout de la vie. Mes craintes me bouffaient de l’intérieur comme un poison incurable. Je savais que j’étais fourbe, mais jamais je n’avais imaginé qu’elle puisse se briser au contact de mes mains tremblantes. J’étais un monstre indompté, une âme en peine qui s’effondrait sous la colère transcendante d’un cœur meurtri. Je déglutis avant de serrer ma prise sur mes genoux. Je me consolais dans les étreintes éphémères des femmes qui avaient traversé mon existence, espérant, aspirant, à retrouver un peu d’Eugenia partout où il faisait bon de s’évader. Mais les vœux jamais exaucées restaient inapaisés au fond de mon esprit – Comme une marque au fer rouge, comme une torture douloureuse, un rappel que j’avais failli un million de fois. Je soupirai discrètement avant de me lover dans le canapé comme un enfant perdu. Je voulais me noyer dans le silence solennel afin de rester digne et respectable. Je voulais tout simplement faire bonne figure avant de fuir le passé qui me hantait. De toutes les vastes terres, de toutes les landes verdoyantes, aucune poussière ne pouvait plus me repentir de mes pêchers. Je fis la moue avant de croiser les grands yeux rieurs de Beatrice. Je lui adressai un sourire contenu, espérant qu’elle puisse retrouver ma lumière perdue. En vain. Elle s’esclaffa sans raison particulière avant de concentrer toute son énergie sur sa fille, et je fis de même en réalignant ma posture.

« Blah, blah, blah . C’est presque une invitation à ce que je te tripote. Tu devrais avoir honte de tâcher mon innocence de la sorte.» Marmonna-t-elle en imitant ma voix. Je retins un rire enjoué, jugeant qu’il était préférable pour moi de ne pas m’oublier dans les tréfonds d’une illusion sans lendemain. Mes lèvres sèches tremblèrent avant de rencontrer la fraîcheur du bourbon, et je bus plusieurs lampées de suite afin de canaliser mes pensées. « Mais bon, si tu insistes.» Eugenia tendit ses bras maigrichons vers mes cuisses serrées avant de prendre la petite boite avec précaution. J’arquai un sourcil d’un air nonchalant, prétendant que la tension qui régnait dans la pièce ne m’atteignait pas. Je restais fixé sur ses gestes rapides, et le tremblement de sa gorge lorsqu’elle avala ses gélules. Quel était le poids de ses souffrances quotidiennes ? Quel était l’ampleur de ses détresses cachées ? Je ne pus m’empêcher de songer à elle – encore et toujours. De loin, l’amitié me narguait d’un signe de la main avant de disparaitre dans l’horizon. Je me mordis la lèvre inférieure. Eugenia Lancaster, sors de ma tête. Je t’en conjure. J’avais l’impression d’avoir perdu des années à la désirer. Nous étions deux étoiles contraires, scintillant dans deux mondes différents avant d’exploser en mille poussières. Pourtant, une part de moi osait défier les astres et les nuages. Une part de moi, voulait braver les interdis et la rejoindre dans le néant intergalactique de nos existences.

La voix fluette de Beatrice s’éleva tout à coup afin de me sortir de ma torpeur. « Un petit-four ?» Je restai perplexe avant de saisir le met succulent. « Et, dis-moi, Julian, comme ça fait un moment que je n’ai pas eu l’occasion d’avoir de tes nouvelles, je ne sais plus tellement ce qu’il se passe dans ta vie. Tu as fini tes études, c’est ça ? Tu as trouvé du travail ?» Je pris souris, tandis que Ginny s’empiffrait à une vitesse incroyable. Je me demandais comment une bouche aussi petite que la sienne pouvait contenir toute cette nourriture avant de secouer la tête avec lenteur. Cette ingrate qui me sert de fille n’a jamais voulu me dire ce que tu faisais, finalement. » Je voulais protester et défendre Eugenia, mais je réalisais bien assez vite qu’elle m’avait abandonné pendant des mois. Même si son choix avait des allures de sacrifice, je refusais de me laisser attendrir par ses fautes. L’obscurité s’abattait sur mon visage, brouillant mon regard électrique. « Mamaaan. » Je déposai le petit four sur la table basse à côté de mon verre vide.

« Ce n’est pas de sa faute. Je n’étais pas très joignable, j’aurais dû te tenir au courant même en perdant Eugenia de vue. » Soufflai-je d’un ton dégagé. Je m’étais laissé aller à la douleur, oubliant Beatrice et le support maternel qu’elle m’avait offert durant des années. Je clignai des yeux avant de me racler la gorge. « Je n’ai pas suivi un parcours très conventionnel, je l’avoue. Je suis rédacteur pour la rubrique finance du Times pour l’instant. Et j’ai signé avec une grande maison d’édition pour publier un premier livre. » Elle se pencha jovialement afin de me serrer dans ses bras. « Tu as grandi, c’est fou. C’est fou …» Je me raidis sous sa prise avant de lever les bras vers son dos. Mon cœur se serra avant d’exploser dans ma poitrine. J’étais à la fois triste et soulagé par cette étreinte chaleureuse. Instinctivement je roulai des yeux vers Eugenia, et je lui souris avec douceur. Mes lèvres frissonnèrent et je mimai un merci. C’était le plus beau cadeau de Noel qu’elle puisse m’offrir ; une mère pour moi tout seul. Béatrice se redressa et d’un geste gracieux elle rajusta ses cheveux ondulés.

« Maintenant à table. Et Mr je n’ai pas encore mangé mon petit four, je t’ai à l’œil. » Menaça-t-elle en trainant Andreas vers la cuisine. Elle se faufila entre les meubles, avant de se retourner vers moi. « Tu veux être un amour et porter Ginny. Je refais la déco, son fauteuil passera jamais.» Minauda-t-elle en levant les yeux au ciel. J’écarquillai les yeux. La dernière fois que je l’avais porté, elle s’en était à peine sorti vivante. « Je ... Je ne pense pas que … »

« Julian, voyons !» Mon sang se glaça. Je me penchai lentement vers Eugenia. « Elle voudra pas ! Elle veut pas … Regarde … » M’exclamai-je au taquet, comme un gosse à qui on venait de voler son jouet préféré en cours de récréation. « Toi tu veux ? Alors fais-le ! » Contre-attaqua Beatrice. Je fronçai les sourcils. « Mais … » Je fis une mine boudeuse avant de m’adresser à la jeune brune. « Je peux ? » Grinçai-je, incapable de croiser son visage enfantin. « Je ne te ferais pas de mal. »


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() message posté Jeu 22 Jan 2015 - 22:58 par Invité
our hearts grow tender with childhood memories and love of kindred, and we are better throughout the year for having, in spirit, become a child again at christmas-time. ;; you have no idea how closely i wrapped myself around your heart. ✻✻✻ Quelque part, Julian avait été le fils que ma mère n’avait jamais eu l’occasion d’avoir, mais aussi le sauveur qui avait apaisé ses peines concernant la plus jeune de ses filles. Elle ne s’était jamais réellement posé d’interrogations superflues. Elle n’avait jamais remis en question sa présence. Si ma sœur n’avait jamais eu le droit d’amener des garçons chez nous durant un certain temps, au lycée, j’avais bénéficié d’un traitement de faveur en ayant la possibilité de voir mon meilleur ami invité presque tous les soirs à notre table. Julian avait partagé nos murs, notre vie de famille. Il avait été le seul garçon autorisé à dormir. A dormir dans mon lit.
Mais, quelque part, je me disais que cela pouvait être largement expliqué par le fait qu’il avait été mon seul ami durant bien des années. Et que, par ce fait, ma mère avait été motivé à être plus tolérante à mon égard. Plus gentille. Empreinte d’une certaine pitié, également, parce que ma situation avait eu des allures tristes à plusieurs reprises. Cependant, je lui étais reconnaissante. Si reconnaissante d’avoir accepté de s’adapter à ce que j’étais pour me permettre de vivre à ma manière. Pour lui permettre, à lui, de se sentir chez lui au moins une fois dans son existence.
Je me déconnectais doucement de l’instant présent, laissant Julian aux mains bienveillantes de ma mère. Elle n’avait cessé de me poser des questions à son sujet mais je n’avais jamais eu la réelle possibilité d’y répondre avec exactitude ; je m’étais rendue compte avec effarement, au fur et à mesure que ses interrogations devenaient plus précises, que je ne savais plus réellement de choses sur lui. Que je ne le connaissais plus, d’une certaines manières. Mon attention se focalisa sur les petits fours qui avaient fini par atterrir dans ma main et, distraitement, je les mangeai avec application. Je sentais le regard de mon beau-père sur moi et, lorsque je levai le regard, il m’adressa un clin d’œil complice. Je lui adressai l’ébauche d’un sourire, la bouche pleine, avant de laisser une de mes oreilles se perdre du côté de la conversation de Julian et ma mère. « Ce n’est pas de sa faute. Je n’étais pas très joignable, j’aurais dû te tenir au courant même en perdant Eugenia de vue. Je n’ai pas suivi un parcours très conventionnel, je l’avoue. Je suis rédacteur pour la rubrique finance du Times pour l’instant. Et j’ai signé avec une grande maison d’édition pour publier un premier livre. » dit-il et j’hochai doucement en entendant ses paroles. Je vis presque ma fierté se refléter dans le regard de ma mère ; quelque part, cela me fit chaud au cœur. Elle tenait à lui. Clamer le contraire serait mentir ; oser dire qu’il ne lui avait pas manqué était un réel affront. Avec douceur, elle se pencha vers lui pour le prendre dans ses bras dans une étreinte sincère. « Tu as grandi, c’est fou. C’est fou… » marmonna-t-elle. Mais cela n’était pas elle. C’était Julian, notant à quel point son visage avait bien pu s’illuminer, notant à quel point il semblait heureux en cet instant. Mon cœur rata un battement lorsqu’il tourna la tête vers moi et qu’il m’adressa un sourire ; il me remercia silencieusement et, avec douceur, j’articulai silencieusement de rien.
Parce que c’était ainsi. Malgré toute cette amertume que j’avais accumulée au fond de mon cœur, je ne désirais pas qu’il soit rejeté. Je désirais qu’il soit heureux. Qu’il se sente chez lui. Qu’il se sente aimé.
Ma mère finit par se redresser et réajuster sa coiffure, sa tenue. Son regard glissa sur moi et je notai son insistance. Je remarquai que j’avais mangé la moitié du plateau de petits-fours toute seule ; avec un grand sourire, j’en glissai un autre dans ma bouche sous son nez et elle leva les yeux au ciel. « Maintenant à table. Et monsieur je n’ai pas encore mangé mon petit four, je t’ai à l’œil. Tu veux être un amour et porter Ginny. Je refais la déco, son fauteuil passera jamais. » déclara-t-elle. Je me raidis sans le vouloir. Je cherchai son regard mais elle était trop afférée à s’adresser à Julian. Dans la famille, c’était ainsi. Je dinais toujours sur une chaise comme tout le monde, oubliant pendant le repas que j’étais différente. Mais, généralement, je m’en occupais toute seule. Je passais sur une chaise sans l’aide de personne. Je ne comprenais pas les motivations de ma mère. Je ne comprenais pas ce qu’elle sous-entendait. « Je… Je ne pense pas que… » objecta Julian. Elle lui coupa la parole sans aucun ménagement. « Julian, voyons ! » Je voyais la gêne dans le regard de Julian. Et je savais que cela était parce qu’il pensait à la même chose que moi. Nos souvenirs étaient encore trop récents pour que nous puissions faire semblant de vivre sans. Ma gorge se serra. « Elle voudra pas ! Elle veut pas… Regarde… » continua-t-il d’argumenter. Je ne cherchais même pas à intervenir. Je savais que cela était perdu d’avance. « Toi tu veux ? Alors fais-le ! » contra ma mère avant de disparaître. Je levai les yeux au ciel en secouant la tête, exaspérée. « Mais… » Mais c’était fini. Le débat était clos. Il se pencha vers moi en prenant soin de ne pas croiser mon regard. Je déglutis avec difficulté. « Je peux ? Je ne te ferais pas de mal. » J’hochai la tête avec douceur, le cœur au bord des lèvres. Je me sentais presque nauséeuse alors que ses bras se passaient autour de moi ; un sous mes aisselles et l’autre sous mes genoux. Je passai mes bras autour de son cou et je fermai les paupières lorsqu’il m’éleva au-dessus du sol. Peut-être le tins-je trop fort tout contre moi. Peut-être ma prise était-elle trop serrée. Mais cela était plus fort que moi.
Je tremblai. Je tremblai comme une feuille. « Ne me laisse pas tomber. » murmurai-je de sorte à ce qu’il soit le seul à m’entendre. Mon cœur s’emballait dans ma poitrine ; il me faisait mal, si mal, que ma tête me tournait dangereusement. Je ne trouvai du répit qu’une fois installée sur ma chaise, à la table du salon. Mon rythme cardiaque s’apaisa doucement tandis que je me rendais compte que j’étais saine et sauve. Tandis que je me rendais compte qu’il ne m’avait pas lâché. Et qu’il ne m’avait pas noyé. « Merci. » marmonnai-je doucement avant de tenter de me reprendre. Je me redressai avant de me racler la gorge, profitant de l’absence de ma mère et de mon beau-père pour me permettre quelques secondes de faiblesse. J’observai Julian qui s’installait en face de moi. « Ton petit-four… » lançai-je, avant que ma voix ne se brise au fond de ma gorge. Je déglutis avant de prendre une profonde inspiration. « Tu peux me le donner si tu n’en veux pas. Comme ça je mangerai toutes les preuves. » J’esquissai un sourire malgré mon manque flagrant de sincérité ; ma mère, elle, en profita pour revenir en tenant dans ses mains un plat présentant des morceaux de dinde soigneusement coupés par mon beau-père. Andreas, lui, apportait de la purée. Je roulai des yeux. « Ne me dites pas que vous avez ressorti le même menu que tous les ans. » grinçai-je en fusillant du regard les petits pois qui venaient compléter le tout. « Moi aussi je t’aime, ma chérie. » me répondit ma mère avec un immense sourire, la voix teintée de sarcasme. « Julian, donne-moi ton assiette. » J’affichai une mine boudeuse tandis que ma mère servait Julian et que mon beau-père, lui, débouchonnait une bouteille de vin rouge.
Cela avait des allures de souvenirs. Chaque chose se déroulait comme si cela était le cours normal des choses ; mais, au fond de moi, la panique que j’avais ressentie dans les bras de Julian était bien trop présente pour que je me prête à ces jeux de faux-semblant.
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