L'hiver était encore là, toujours aussi froid. Le parc de l'école était enneigée et la neige tombait encore. Le climat n'empêchait nos instructeurs de nous faire courir pendant deux heures. Ils nous disaient que c'était pour nous préparer et nous acclimater, que l'on ne serait pas surpris par le froid et la neige. Ils nous considéraient déjà comme des soldats, dès qu'on entrait dans cette école on était forgés pour faire parti de leur troupe. Je n'ai jamais voulu entrer ici. Je ne voulais pas devenir un soldat, ni me battre pour mon pays. Je voulais être libre et je ne considérais pas cette école comme la liberté, pas après tout ce qu'ils m'avaient déjà fait subir. J'écoutais rarement leur conseils et préférais largement faire le mur et ne pas assister aux cours de stratégie militaire ou aux cours de politique. Le seul cours qui me plaisait et ou on était sur de m'y voir était le cours de droit. Je savais pourtant que ce n'était pas recommandé de sécher, mis je m'en fichais. Je me disais qu'ils ne remarqueraient rien et que de toute manière, j'avais déjà eu bien pire comme punition. Ça ne serait pas la première, ni la dernière.
J'ai donc séché l'heure d'entraînement et me suis évadé par le jardin. Il y avait un grillage, mais d'autres avant moi avaient eu la même idée et les instructeurs ne venaient jamais dans cette partie de l'école, c'était nos quartiers. Ils ne venaient que s'il y avait quelque chose de vraiment grave. Mon seul ami dans cet école m'avait vu et avait bien tenté de me dissuader. Il m'avait arrêté alors que je pensais être seul, j'avais sursauté :
« Tu m'a fichu la trouille, t'aurais pu prévenir.»
Il me regardait avec cet air désapprobateur. Mikhaïl ferait un bon capitaine, mais tout ça ne n'était pas pour moi. Il essayait toujours de me faire suivre le bon chemin et ça ne marchait pas vraiment. Je n'en ai toujours fait qu'à ma tête.
« Nikolaï merde, quand est-ce que tu va arrêter ça? Tu cherches les ennuis tu sais. Ils ne te laisseront pas t'en tirer si facilement cette fois. »
J'ai levé les yeux au ciel. Je savais déjà tout ça. Je pouvais très bien résister à toute leurs punitions peu importa ce que c'était. Je n'avais pas envie de me forcer à assister à des cours que l'on m'imposait depuis le début. J'ai haussé les épaules :
« Qu'est-ce que tu veux qu'ils fassent de pire? Les douches froides, les heures à passer dans une cellule, qu'ils le fassent, ça ne me fera pas changer d'avis. Je ne serais jamais un soldat Mike. Tu peux comprendre ça? Jamais.»
Il soupira et me laissa partir, ses yeux me disaient « Je t'aurais prévenu.». Il se faisait beaucoup trop de souci. Je me suis donc éclipser pour le reste de la matinée et suis revenu en début d'après-midi. Pile pour l'heure de droit. Je ne m'attendais pas à ce que deux de mes camarades m'attendent à l'arrière du jardin. Ils savaient que je reviendrais maintenant. Ça ne présageait rien de bon. Ils étaient tous les deux des sortes «d'ambassadeurs» des élèves et se prenaient pour les chefs. Ils pensaient pouvoir tout faire, sans avoir jamais de conséquences. J'ai levé les yeux au ciel quand je les ai vu. Je vais avoir des ennuis tout de suite, bien au moins ça sera rapide.
« Ledovskoï. Tu sais qu'on n'a pas le droit de quitter l'école sans autorisation. Ce n'est pas la première fois. Tu n'es qu'un parasite ici et tu mérite une bonne leçon. Qu'elle était ton excuse cette fois? »
J'ai soupiré, c'était bien des discours de parfait élève ça. Je ne comprenais pas pourquoi ils aimaient tant la discipline, moi ça me dépassait.
« Je n'avais pas envie de voir ta face de rat, ça te va comme excuse?»
Je n'aurais peut-être pas du dire ça, mais je n'avais pas pu m'empêcher. Ils m'exaspéraient au plus au point. Il avait les mains derrière le dos, il était droit et aussi baraqué que moi. Je pouvais très bien le battre en duel si c'était ça qu'il espérait. L'autre était bâtit pareil un tout petit peu plus grand et c'est lui qui me donna un coup en premier, du moins il me gifla. Je ne l'avais pas vu venir. Je ne comptais pas me laisser faire et j'ai sauté sur mon adversaire en lui donnant un coup de poing, du moins j'ai essayé. Il a réussi à éviter mon poing, sa main avait fait barrage et il me tordit lentement le poignet avant de me donner un nouveau coup de point. Je me suis retrouvé à terre rapidement. Je me suis relevé et j'ai attaqué à nouveau, mais il était plus fort que moi et j'étais rapidement à terre, sur le ventre, la tête dans la neige. Mon adversaire s'était avancé jusqu'à moi et m'a relevé la tête. Il me regardait avec un air de victoire, comme s'il avait déjà gagné d'avance.
« Mauvaise réponse. J'espère que ça t'apprendra.» Il me lâcha le visage et s'adressa au première élève. « Il est à toi.»
J'ai ne comprenais pas ce qu'ils voulaient. Ils avaient déjà gagné non ? J'étais encore humilié et ils auraient du s'arrêter là. J'ai entendu un claquement sourd derrière moi et j'ai senti comme une corde qui claquait dans mon dos. J'ai serré les dents. Des coups de fouet … on ne me l'avait encore jamais faite. J'ai entendu une deuxième fois la corde siffler l'air puis claquer encore dans mon dos. C'était douloureux et je n'arrivais pas à me relever, le froid me frigorifiait. Je ne sais pas pendant combien de temps ça a durer, peut-être cinq minutes, ou plus. J'ai perdu la notion du temps et le compte. Je sais juste que quand je me suis réveillé j'étais à l'infirmerie. Mike était là aussi. Il s'était endormi sur la chaise à côté du lit. Je n'ai pas eu besoin de le réveiller, il a ouvert les yeux quelques seconde après moi.
« Nik, je t'avais dis que c'était une mauvaise idée.»
Je lui ai souris, je m'étais tellement attendu à cette remarque.
« Je crois bien que j'ai compris la leçon … mais je n'ai pas changé d'avis. Je vais partir d'ici Mike. Je suppose que ces deux idiots sont toujours là. Le capitaine à du être ravi d'apprendre ce qu'ils avaient fait.»
Mike me regardait avec des eux ronds. Il ne voyait pas comment on pouvait quitter cette école, sans en être viré et pour ça il fallait vraiment faire une faute grave, même ça ce n'était pas suffisant.
« Nik ! Tu ne peux pas partir. On le sait tous. Qu'est-ce que tu ferais après? Je te rappelles que ta mère n'a pas d'argent et que ton père est … »
« Mort! Je le sais Mike, merci de me le rappeler. C'est de sa faute si je suis ici, c'est de leur faute à tous les deux. Je vais partir, que tu le veuille ou non. Je ne resterais pas une seule seconde de plus dans ce … je ne resterais pas ici.»
J'ai essayé de me lever, mais mon dos me faisait trop mal. Je sentais les bandages sur les plaies et j'ai fait la grimace.
« Réfléchis un peu, tu ne peux même pas bouger pour le moment. On en reparlera demain. Ne penses plus à tout ça. »
Il s'est levé et m'a laissé seul. Je me suis enfuis de l'école trois jours après. J'avais encore mal mais ça m'était égal. Je suis rentré chez moi, j'ai marché pendant des heures avant d'arriver à Mouscou et avant de retrouver ma maison. Ma mère vivait dans un petit appartement miteux à côté d'un magasin qui avait fermé boutique et qui devait servir de repères pour les prostituées, vu les quelques femmes qui attendaient devant l'enseigne. J'ai trouvé la clé à l'intérieur de la boîte aux lettre, ma mère n'était pas là. Je savais qu'elle planquait un peu d'argent dans l'appartement. J'ai tout fouillé pour finalement le trouver dans un vieux coffre. Je n'ai pas tout pris, je savais qu'elle en aurait besoin aussi. Je ne voulais pas qu'elle m'en veuille non plus. Je n'ai pas laissé de mot. J'ai pris un sac, j'ai rassemblé quelques affaires et je suis parti. Je ne savais pas où j'allais, mais ça serait toujours mieux qu'ici.
AVENGEDINCHAINS