But if you close your eyes, does it almost feel like nothing changed at all ? ✘ (sara lockhart)

Voilà presque trois mois que Sara était arrivée à Londres, trois mois que Rhiannon était l'une de ses tutrices officielles. A vrai dire, en trois mois les deux sœurs n'avaient pas passé énormément de temps ensemble, voire pas du tout. Mais elle a une vie après tout, ses deux boulots lui prennent beaucoup trop de temps, du temps qu'une fois libéré elle préfère passer à se reposer, sortir, et non s'occuper de son ainée à problèmes. Celle-ci passe d'ailleurs le plus clair de son temps chez le psychiatre qui lui fait tout faire, le boulot est mâché. Pourtant aujourd'hui la rouquine prenait son rôle de petite sœur très au sérieux. Profitant de l'absence du patron et sans nouvelles à rédiger, honnêtement le prince Harry ne l'intéressait pas aujourd'hui, Rhiannon avait décidé de s'occuper de sa grande soeur pour l’emmener se promener et faire du shopping entre filles. Une chose qui ne leur était jamais arrivée avant. Il faut bien une première fois à tout.

Elle quitta le bureau le plus discrètement possible, se cachant derrière les piles de dossiers ou effleurant le sol. Après tout, elle n'avait pas réellement le droit de partir avant l'heure, dans ce cas vraiment avant l'heure, il n'était que 13heures. C'est donc tout en finesse et discrétion qu'elle sortit et trouva rapidement le premier métro pour souffler. Parfois elle se dit qu'elle passe trop de temps sous terre et que cela n'est pas forcément très sain. Au moins elle peut aller d'une extrémité à l'autre de la ville sans perdre des heures dans les bouchons et ça c'est pas mal, pas mal du tout même. Le pire dans cette histoire c'est qu'elle aime son job et ne veut pas le quitter. La rouquine est condamnée à l'enfer du métro toute sa vie.
Profitant des quelques longues minutes de trajet jusqu'à chez la psychiatre, elle envoya plusieurs sms inutiles à Genesis, histoire de l'ennuyer un peu au boulot. Arrivée elle ouvrit son blazer bleu, la température était très clémente pour une journée d'avril. S'allumant une cigarette, elle avança lentement le long de la rue, ses talons résonnant avec assurance sur le sol. Elle n'était pas pressée, après tout sa sœur ne savait pas que Rhiannon viendrait la chercher. Cette dernière espère aussi que son psychiatre ne lui avait rien donné à manger. Bien oui, la journaliste voulait l'inviter dans un petit bistrot, pourquoi pas déjeuner dans un parc même.

Prenant les escaliers pour monter jusqu'à l'étage, elle eut le temps de glisser un bonbon à la menthe dans sa bouche et de camoufler un peu l'odeur avec un pchit de parfum. « Bonjour, je viens chercher ma sœur Sara, Sara Lockhart. » La réceptionniste fouilla quelques minutes dans les dossiers informatisés avant de lui demander de prendre place dans la salle d'attente. S’exécutant, Rhiannon se retrouva seule entre quatre murs et une fenêtre donnant sur la Tamise. C'est fou, même après quatre ans dans cette ville elle arrivait encore à s'émerveiller pour quasiment tout. Checkant rapidement sa montre et la porte, la rouquine retira ses escarpins noirs pour les échanger avec ses bottines dans son grand sac. Et oui, c'est Hermione Poppins, un jour elle en sortira une voiture, mais seulement si vous êtes sages.

D'autres minutes passèrent. Occupée entre Flappy bird et fouiller les journaux, elle en avait presque oublié où elle était et ce qu'elle y faisait. « Madame, le docteur vous attend à l'entrée. » Elle esquissa un sourire discret. C'est qu'elle ne se rendait pas compte de l'effet que cette phrase provoquait chez Rhiannon. Elle la suivit donc, prête à découvrir qui était sa sœur. Le vieux, la fillette ou la peste ? Peut-être même Spidercochon qui sait ce qu'il se passait dans son cerveau.

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Assise sur une chaise, face à un bureau se situant dans une petite pièce, semblable à ce qu'on trouve dans un commissariat de police où sont interrogés les criminels. Il y a même un miroir, certainement avec une salle de l'autre côté où des gens observent sans indiscrétion. Une femme entre dans la pièce avec une entrée qui semble naturel, trop longtemps répétée jour après jour. Comme à son habitude, la femme prend quelques minutes à observer la jeune femme rousse, notant au passage ses manières. Elle ne tarde pas longtemps à la saluer, ayant devinée la personnalité qui lui faisait face et qui n'est autre que la personnalité, la plus douce de sa patiente. La spécialiste n'a jamais eu à gérer des cas de brutalité sous cette personnalité à qui, le surnom Annie, a été attribuée. Quoique, c'est Annie, elle-même, qui se l'est attribuée. Celle-ci se fait silencieuse, feuille de papier sur table, y décorant de plusieurs pastels de couleur en sa disposition. Annie aime colorier à longueur de journée, elle passe le plus clair de son temps sur des feuilles de papier. Amanda, se contente de l'observer quand elle se manifeste, car on parle bien sûr d'une manifestation de personnalité étrangère. La psychiatre tente de comprendre à quoi est due, non pas que l'origine des personnalités multiples, mais aussi tenter de trouver la raison qui effraie tant Sara. Amanda en est venue à la conclusion, depuis ses trois derniers mois où elle a étudié le comportement de Sara, que celle-ci avait une sorte de peur intérieure. Une peur étrange, liée à une histoire étrange, celle d'une maison en flamme au milieu des bois, d'une silhouette dans l'ombre et des gens qui semblent condamnées à périr à l'intérieur. La première fois que la spécialiste à rencontrer Sara sous Annie, celle-ci dessinait cette intrigante maison en flamme au milieu d'une forêt, avec une étrange silhouette dessus qui observait la maison en question.  

Sara sous Hanks avait raconté, que du temps où il était au Vietnam, il avait vu une scène traumatisante, des civils périrent dans une cabane, au milieu de la jungle. Et que ce soit Annie ou Hanks, aborder le sujet d'une maison en feu est très difficile. Et en comptant la récente découverte que Annie a peur du feu, l'évidence est que Sara a dû vivre un événement qui l'a certainement traumatisé. Néanmoins, ce n'est qu'une théorie... Il reste toujours Selma, qui semble se démarquer des autres personnalités. Rebelle, parfois agressif qui ne semble ressentir aucune peur pour le feu et qui ne réagit pas lorsqu'on aborde une maison en feu. Elle ressemble à ce que les filles timides, renfermer sur elles-mêmes, qui ont une phobie du monde extérieur, aimeraient être. Peut-être qu'est-ce la raison de l'existence de Selma, permettre à Sara de se sentir assez forte pour affronter le monde. Bien trop innocente sous Annie pour devoir l'affronter et trop vieux sous Hanks pour y retourner. Si ce n'est pas le feu, la cause de cette peur, peut-être est-ce tout simplement la vie ? Illogique, théorie. Amanda feuille les dessins d'Annie, encore cette maison en flamme au milieu de cette forêt. Des silhouettes dans la maison semblent indiquer, des personnes encore à l'intérieur. Une silhouette observe la bâtisse, impossible de dire si c'est un homme ou une femme. Ce n'est qu'une ombre, d'où le fait qu'elle a cru la première fois, que c'était Annie qui y était représentée dessus. Elle se lève en pensant au caractère de Selma et de cette haine inexpliquée qu'elle a pour les hommes. Pourquoi hait-elle autant les hommes ? Elle dépose la feuille de papier sur la table, pointant la silhouette du doigt. « Dis-moi Annie, je sais que tu ne veux rien me dire, mais fait un effort cette fois. Cette ombre sur le dessin, est-ce que c'est un monsieur qui a été méchant avec toi ? » Demande-t-elle avec une détermination qui la surprend. Pourquoi prenait elle, un dessin au sérieux ?

Sara se contente de l'observer, silencieuse, comme à son habitude. Amanda soupira quand on frappa à la porte, sachant déjà qu'elle n'aura pas sa réponse aujourd'hui. « C'est le méchant monsieur qui me regarde par la fenêtre. » Annonce Sara à voix basse, stoppant Amanda dans ça marche pour ouvrir la porte. Elle se retourne choquer, cherchant à comprendre ce qu'elle voulait dire par là. « Un homme te surveille par la fenêtre de ta chambre ? Chez ta soeur... Je veux dire, chez la gentille Rhiannon ? » Interroge la psychiatre, la jeune femme secoue la tête et se plonge de nouveau dans son coloriage, tandis que la porte s'ouvre derrière la spécialiste toujours pensive. « Docteur, la soeur de Sara est ici, elle vient la chercher. » Explique l'assistante qui a fait irruption dans la pièce, Amanda soupire de plus belle. Se demandant, si elle devait prendre au sérieux ce que dit Annie, elle acquiesce de la tête en remerciant l'assistante. « Annie, Rhiannon t'attend en bas, allant la rejoindre. » Dit-elle en aidant la rouquine à enfiler son manteau, comme une petite fille qu'elle incarne en ce moment même. Silencieuse, la rouquine rejoint l'autre rouquine en compagnie de sa psychiatre. Elle attrape la main de Rhiannon, sachant d'avance que c'était ce qu'elle allait lui demander. Annie est du genre curieuse, la laisser seule quelque minute et vous la retrouver à jouer avec un couteau dans les mains ou grimper une armoire. Quitter son intention d'elle pendant qu'on est dehors, c'est de la pure folie. « En revoir Annie, à demain... » Sourit la psychiatre avant de se retourner vers la jeune soeur. « Mademoiselle, Rhiannon, il faudra que je vous parle de Sara une prochaine fois. C'est très important et inquiétant. » Elle s'approche de la jeune femme, de sorte à ce que Annie n'entende pas. « Je crois qu'elle a été témoin de quelque chose d'horrible par le passé et je pense que quelqu'un semble la harceler. »

Avoir une soeur dérangée est, mine de rien, un boulot à part entière. Il faut s'occuper d'elle, veiller à ce qu'elle aille à tous ses rendez-vous chez le médecin, faire les exercices demandés. D'ailleurs, elle a toujours du mal à comprendre l'idée du téléphone, on a beau lui répéter cent mille fois c'est impossible pour elle de voir du sens dedans. Peut-être est-elle trop désinvolte, qu'elle devrait porter plus d'attention à sa sœur ainée. Mais elle est comme ça Rhiannon, beaucoup moins sérieuse en matière de famille que Genesis. Elle préférait vivre au jour le jour et ne pas se concentrer sur les problèmes. Un peu égoïste et égocentrique sur les bords, elle n'est pas toujours facile à vivre quand elle le veut et je ne vous parle même pas de ses périodes. Malgré cela elle a un bon fond généreux Rhiannon, il faut simplement laisser le temps faire et creuser un peu sous sa carapace protectrice qu'elle s'est forgé. Mais bon, n'allons pas dans ce sujet-là et revenons un peu au moment présent.

Le psychiatre arrive accompagnée de Sara, ah Sara. C'est un beau prénom, suivant la lignée Genesis et Rhiannon. Des fans purs et durs qu'étaient les parents. L'ainée fonce droit vers la plus jeune, agrippant sa main comme une petite fille avec un adulte. C'est là que Rhiannon savait à qui elle avait affaire aujourd'hui, souriant un peu gênée, ne sachant pas si elle devait dégager sa main ou bien la laisser faire. « Au revoir Annie, à demain... » Sara, son nom est Sara. Damned, ce n'est pas parce qu'elle a des personnalités multiples qu'il faut qu'on lui change son prénom. Rhiannon n'avait pas fait d'études de médecine, elle ne savait absolument pas comment s'y prendre, mais changer le nom d'une personne revenait à lui changer sa personnalité. Ce n'était pas la peine de le rappeler tout le temps à sa sœur qui en souffrait déjà bien toute seule. « Mademoiselle, Rhiannon, il faudra que je vous parle de Sara une prochaine fois. C'est très important et inquiétant. » Parler ? De quoi donc ? Elle a vécu toute sa vie dans leur maison avec leurs parents pour s'occuper d'elle tout le temps, qu'est-ce qui pouvait bien être si inquiétant dans sa vie. « Je crois qu'elle a été témoin de quelque chose d'horrible par le passé et je pense que quelqu'un semble la harceler. » Elle ne comprend pas, non du tout. C'est.. Ça fait beaucoup trop, c'est une affirmation très grave qu'elle vient de sortir. Personne ne peut la harceler, personne ne la connaît après tout. La rouquine est intriguée, oui beaucoup même, mais pas pour aujourd'hui. « Elle a passé toute sa vie contrôlée et surveillée par nos parents qui ne l'auraient pas laissée seule une seule fois, sérieusement on s’intéressait à la suivre ? » Se rendant compte qu'elle avait employé un ton un peu.. Hautaine, je-m'en-foutisme et plutôt malsain pour parler de sa sœur, elle se corrigea rapidement. « Non, pardon, c'est une journée qui a mal commencée. Vous avez notre numéro, appelez-nous et Genesis ou moi trouverons un moment. Avec votre permission. » Elle referme la porte du cabinet et s'en va, Sara toujours accrochée à sa main.

Une fois à l'air libre elle regarde sa montre puis son téléphone avant de se tourner vers son ainée. « Alors, qu'aimerais-tu manger, fish and chips pour être typiquement typiques ? » Elle se surprend à sourire en plaçant ses lunettes de soleil sur son nez. « Si tu as trop chaud, tu enlèves ton manteau hein » Elle jette un nouveau coup d’œil à son écran, il y a une station de bus tout près, ça pourrait être fun d'en prendre un. Après tout, elles ont tout leur temps.

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