quand on attaque le smoothie, le smoothie contre attaque - smoothie

Elle se tournait et se retournait devant la glace, admirant avec une fierté à peine contenue: après des semaines de travail acharné, elle avait enfin fini sa tenue de super-heroine ! Deux coups timides furent frappés à la porte de sa chambre alors que sa colocataire entrait avec précaution: une certaine soirée l'avait traumatisée et la pauvre jeune fille tremblait dès qu'il s'agissait d'aller dans la chambre de l'américaine. « Chandler ? Mon dieu, c'est quoi ça ?! » La blonde se retourna avec un sourire fier aux lèvres « Ça ? C'est ce qui fait de moi Super-Smoothette ! Il est cool hein ? » La jeune femme ne semblait pas partager cet avis, mais Chandler s'en fichait, depuis le temps qu'avec Kaspar, ils prévoyaient de se faire ce trip de super-héros ! C'était une idée qu'ils avaient eut dès le plus jeune âge et que la blonde était enchantée de réaliser aujourd'hui. Le bruit strident de la sonnette lui fit pousser un petit cri hystérique alors que la pauvre colocataire quittait sa chambre avec un air dépité, Chandler se rua sur l'interphone pour ouvrir à son meilleur ami. « Je peux sourire, mais c’est très extérieur, mon rire moqueur, un rien ne désarme, Si vous sondiez mon cœur tout baigné de larmes, vous verseriez avec moi un pleur. ». La blonde se mit à rire, ouvrant à son ami, l'attendant sur le pallier. Elle avait tellement hâte de le voir. A vrai dire, ils ne s'étaient pas retrouvés seuls tous les deux depuis des semaines: s'il n'y avait pas Fred, alors ils étaient avec April ... Et ils avaient beau s'envoyer des tonnes de SMS? Kaspar lui manquait. «  Tadaaaah ! » entendit-elle en voyant une aubergine à taille humaine débarquer avec une paire de lunette tellement énorme qu'elle se demandait comment elles pouvaient tenir sur sa tête. Néanmoins, la blonde ne put s'empêcher de sautiller de joie en voyant qu'il ne s'était pas dégonflé. « Oaaaaaaaa !! Il est mortel ton costume ! » s'écria-t-elle en le voyant tourner sur lui même pour lui montrer l'intégralité de son costume. « Et t'es venu depuis chez toi comme ça ! Tu gèèèèèèères ! » Sa voix hystérique résonnait dans l'escalier tendit qu'elle même montrait son oeuvre à son meilleur ami. Chandler avait retenue les multiples conseils d'April et avait opté pour une tenue qui se rapprochait plus de Robin que de Batman. Un petit tee shirt à capuche noir et rose, un petit shorty moulant, des bas de la même couleur et surtout le célèbre masque protégeant l'identité du justicier. « Et moi ?? Tu en penses quoi  ? » Elle espérait que le travail de maman poussin porterait ses fruits ...

« Ma chère Smoothette, il est temps pour nous d'agir ! Ce monde est rempli de jus indigeste et nous devons faire quelque chose ! Et pour cela j'ai apporté... » Avec des étoiles dans les yeux, elle le vit sortir deux bouteilles de smoothie; il n'y avait pas de doute, il la connaissait vraiment bien. Sautillant sur place, Chandler se jeta dans les bras de son frère spirituel avec un petit cri de bonheur. Ils étaient encore et toujours sur la même longueur d'onde. « L'arme de prédilection et de la potion magique ! » La blonde observa la poêle comme s'il s'agissait du saint Graal et tenta de se calmer un peu: ses voisins allaient finir par la prendre pour une folle ! Remettant son masque en place, elle ferma la porte de son appartement, n'emportant avec elle que ses papiers d'identité cachés dans une poche de son short. « Très cher Smoothie ... Je pense que la mission peut commencer »  Elle attrapa sa main et dévala les escaliers pour rejoindre la rue. Ils marchèrent pendant quelques minutes, Chandler complimentant Kaspar sur son magnifique justaucorps violet et ses grosses lunettes. « Et alors dis moi ... Quelle est notre première mission capitaine smoothie ? » lui demanda-t-elle en plaçant ses ses mains sur ses hanche dans une pose qu'elle voulait classe mais qui était assez ridicule quand on y réfléchissait bien.

« Ouais t'as géré camarade, tu es parfaite ! Au moins là, personne ne va pouvoir nous reconnaître !»  Un sourire satisfait vint s'installer sur les lèvres de la blonde, ravie de voir que sa tenue plaisait à son acolyte de toujours. Si leur projet était très vieux, c'était Kaspar qui lui avait rappelé cette vieille idée, il y a quelques semaines, et la jeune femme s'était empressée de mettre au point son propre costume, impatiente de faire cette journée. Une fois à l'extérieur, Chandler retrouva avec peine son sérieux: les regards qui se posaient sur eux l'amusait beaucoup et elle se forçait à les ignorer pour ne pas éclater de rire. Les gens étaient si conventionnels ! Et encore, Chandler admettait être dans une ville assez ouverte à l'extraversion et l'extravagance de ses habitants. mais là d'où elle venait, il n'était pas rare de croiser des personnes ayant des délires peu habituels. Bien sur, elle ne se promenait pas tout les jours avec un masque au niveau des yeux, mais elle avait déjà vu des étudiants se balader de la sorte dans les rues de New York où lorsqu'elle avait été à Los Angeles avec ses parents pour les vacances. « Je suggère que... nos patrouillons dans un premier temps !» La façon théâtrale qu'il avait eut d'exprimer son idée l'obligea à dissimuler un gloussement dans l'un de ses gants. « Il va bien y avoir de pauvres citoyens malheureux en quête de notre aide ! » Elle acquiesça avec une mine faussement sérieuse tel Robin écoutant Batman. Elle avait l'impression d'avoir treize ans de nouveau, de retrouver son tempérament de gamine supra-créative qu'elle n'avait qu'en présence de son frère de coeur. « Bonne idée ! Je te suis camarade ! » lui répondit-elle d'un ton enjoué alors qu'ils parcourraient le quartier joyeusement. Les multiples arrêts qu'ils firent pour parler avec des passants ne firent qu'accentuer la bonne humeur de Chandler qui retrouvait la joie de passer un moment seule avec son meilleur ami.

Après quelques minutes, elle se laissa guider par Kaspar jusqu'à un petit parc à quelques pas de chez elle. « Super Smoothette, il nous faudrait trouver une pause de Super Smoothies pour nous présenter ! Tu sais, un peu comme la Team Rocket dans Pokemon, quand elle se présente ! Nous n'avions pas pensé à cela avant de partir !» Elle hocha la tête, cherchant déjà une phrase d'accroche qui se marierait à merveille avec leurs tenues colorées. Une fois dans le parc, Chandler sortie de ses pensées et s'approcha d'un banc pour s'y étirer un peu. Alors qu'elle tentait d'atteindre son pied du bout des doigts, son visage se tournant vers Kaspar. « Et bien ! On en a du succès mon smoothie ! » dit-elle en riant alors que les compliments et les regards amusés des passants lui revenaient en mémoire. « En plus on est assortis ! » ajouta-t-elle en désignant leurs vêtements violets et roses. Alors qu'elle continuait de s'étirer, sa mine se fit plus sérieuse. Elle n'avait pas eut l'occasion de parler avec lui depuis l'annonce du Starbucks en dehors de leurs messages quotidien et il y avait bien des choses dont ils devaient parler. Il s'était passé tant de chose que Chandler ne savait pas quoi commencer et elle se doutait qu'elle devait faire le premier pas si elle voulait crever l'abcès. « Comment va Ivana ? » finit-elle par demander. C'était, à ses yeux, la manière la plus diplomate d'aborder le sujet.

Chandler n'avait jamais rencontré Ivana. La jeune femme restait au stade de simple description et d'image entraperçue sur le téléphone de Kaspar. Pourtant, la blonde se demandait vraiment à quoi pouvait ressembler la fameuse fille qui avait volé le coeur de son meilleur ami: elle devait être sacrément extraordinaire, pour qu'il se mette dans un tel état, à la simple évocation de son prénom et l'américaine eut un sourire en regardant son frère de coeur, béat en pensant à sa rousse bien aimée. Elle était heureuse pour lui. Même si les temps seraient durs, elle s'en doutait bien, savoir que Kaspar avait trouvé dans ce monde, une âme soeur, l'enchantait particulièrement. Il ne serait jamais seul. Elle avait longuement craint, lorsqu'elle était à Chicago, qu'il ne lui en veuille de l'avoir laissé seul à Londres: leur relation était si fusionnelle qu'elle même avait mal supporté la séparation, demeurant des semaines durant, sur le canapé du nouveau salon, les yeux dans le vide, fixant son téléphone portable comme s'il allait en jaillir le Père Noël. A présent, elle n'attendait plus qu'une chose: pouvoir enfin rencontré celle dont elle entendait parler depuis très longtemps.  « Ivana ? Oh.. elle va bien. Elle râle un peu parce que son bide s'est mis à pousser, mais bon, c'est normal. Elle n'a pas eu de nausées ou quoique ce soit, mais elle est un peu nerveuse. A cause des hormones mais aussi à cause de.. tout ça. » Chandler acquiesça doucement. Elle ne savait pas grand chose sur les grossesses et les humeurs de femmes enceintes mais elle avait entendu dire que certaines avaient beaucoup de mal à voir leurs corps changés. Si elle avait bien tout compris, ce bébé à venir était plus ou moins le fruit d'un accident et il n'y avait rien de très extraordinaire à ce qu'elle sente ainsi. Quelques part, elle plaignait cette pauvre Ivana qui, même si elle n'avait de nausée ou les symptômes désagréables habituels, devait être victime de sautes d'humeur loin d'être sympathique. « Tu sais, y'a des fois où j'me demande si... je suis normal. Ivana me paraît si distante... On dirait que je suis trop sur elle, comme une mouche qui n'arrête pas de revenir quand tu la chasse. Pourtant, comme je l'aime, j'arrive pas à m'en empêcher. Mais... quand je vois d'autres couples... bin... j'ai pas l'impression d'être si différent, tu vois ? Comme Ivana ne m'aime pas de la façon dont moi je l'aime, bin parfois je me demande si elle m'aime réellement. Elle me dit que oui, mais bon... » Chandler réussit à dissimuler sa surprise. Si Ivana n'était pas le seul sujet de conversation des deux amis, elle avait toujours eut l'impression, dans la manière qu'il avait eut de lui parler d'elle, qu'ils étaient un petit couple adorable. Maladroit, quand on connaissait Kaspar, on savait qu'il ne pouvait en être autrement, mais qui s'aimait. Chandler posa sa main sur le bras de son frère de coeur, exerçant une légère pression qu'elle voulait compatissante. « Tu sais, je ne suis pas une experte des relations amoureuses » C'était pas peu dire ! Elle n'avait pas eut de vraies relations depuis Hiro au lycée, ayant quelques histoires de moins de deux mois par la suite. Chandler était exigeante, elle le savait et pensait qu'il valait mieux être seule que mal accompagnée. « Mais nous autres, membre de la population féminine, sommes parfois difficile à comprendre. Elle est enceinte, les hormones ... Tu sais ... » Voyant qu'elle s'enlisait un peu plus, Chandler secoua la tête, reprenant un peu le contrôle de ses paroles. « Ne t'inquiète pas. Vis au jour le jour. Je ... » Elle ne savait dire ce qu'elle pensait sans prendre le risque de le blesser. « J'aimerais bien avoir plus de... réciprocité. Mais c'est pas son genre et je l'ai bien compris... »  Même si leur relation avait bruler des étapes avec l'arrivée du bébé, Chandler savait que si ça ne marchait pas entre eux, il n'y aurait rien pour empêcher le couple de se séparer et, même si cette perspective était triste et qu'elle ne voulait pas y penser, elle se doutait que les jours ne seraient pas forcément rose tous les jours. « Tout va bien se passer, j'en suis sure. Et puis, si tu veux, je viendrais te faire des câlins ! » ricana-t-elle en lui ébouriffent les cheveux. Malgré sa tentative désespérée de lui changer ls idées, Chandler voyait bien que Kaspar était préoccupé par ce sujet. « Peut être plus tard » finit-il par conclure alors que la blonde s'inquiétait sérieusement pour lui. Elle n'aimait pas le voir comme ça, pas après avoir été persuadée qu'il avait enfin vu la lumière au bout du tunnel. Elle l'enlaça brièvement. « Moi, je serai toujours là pour toi. » Elle le pensait sincèrement. « Et toi alors, comment ça se passe ? » Elle se mit à rougir subitement, cherchant une échappatoire en regardant autour d'elle. Chandler savait très bien de quoi Kaspar voulait parler. Elle s'en voulait un peu de ne pas lui avoir clairement dit que les choses avaient évoluer avec Fred: elle avait l'impression de l'avoir mis de côté et n'aimait pas cette idée, mais elle ne voulait pas l'embêter avec ses histoires de coeur et surtout, si cela venait à dégénérer avec Fred, elle ne voulait pas que Kaspar soit impliqué et ait à prendre partit pour l'un d'eux. « Je ne vois pas du tout de quoi tu parles ... » dit-elle avec un petit sourire taquin. Bien sur qu'elle avait envie qu'il l'interroge, elle mourrait d'envie de tout lui raconter mais craignait un peu sa réaction.

L'ambiance avait totalement changé: d'un duo extravagant et survolté, on passait à un moment très fraternel: mais, songeait- Chandler, c'était à leur image. La blonde vit une multitude d'émotion passer dans les yeux de son meilleur ami et elle accentua ses mots avec un grands sourire: pour lui, elle était capable de tant de chose ... Elle avait tout quitté, traverser un océan, chercher pendant des semaines dans la capitale britannique pour retrouver ce frère qu'elle n'avait jamais eut et, pas un seul instant, elle ne le regrettait. « Je serais toujours là pour toi moi aussi. Quoiqu'il arrive, quoi que tu fasses... je serais toujours derrière toi. » Elle eut un nouveau sourire, touché cette fois ci, alors qu'elle se rendait compte que les années n'avaient pas eut de prises sur leur amitié. On était bien loin de cette mésentente qu'ils avaient eut l'un pour l'autre le premier jour ... Pourtant, si le Kaspar qui lui faisait face n'avait plus rien du petit garçon échevelé qu'il avait été, elle savait que la sincérité de ses parole était toujours la même: il n'y avait jamais eut de mensonge entre eux, de toute façon, cela n'aurait servit à rien, Kaspar le sentait lorsqu'elle mentait ou lui cachait un truc ... Néanmoins, il y avait quelque chose de rassurant dans l'idée que Kaspar soit toujours de son côté .« Je suis content que tu sois revenu, vraiment. Tu peux pas imaginer à quel point ... » Elle se mit à rire: il n'avait pas idée combien cela était réciproque. Prendre la décision avait été facile, mais la mettre à exécution était beaucoup plus compliqué. Sa famille ... Letty ... Hiro ... Il y avait tant de gens qu'elle avait laissé derrière elle en choisissant de quitter Chicago pour Londres. Pendant les premières semaines, Chandler s'était demandé si Kaspar valait le coup qu'elle abandonne sa vie, toutes ces relations qu'elle avait eut du mal à développer depuis qu'elle était revenue dans son pays natal. Aujourd'hui, elle ne regrettait rien: elle avait fait le bon choix. « Je t'avais promis que je reviendrais. J'ai mis un peu plus de temps que prévu mais je suis là. Pour toi. » finit-elle par lui dire. Insistant sur les derniers mots, elle planta son regard bleuté dans le sien. « Et pour personne d'autre. » Depuis qu'ils avaient rencontrés Fred, depuis qu'elle avait fait la connaissance des autres, Chandler avait l'impression que Kaspar se sentait mis de côté, dans sa relation avec elle. Cette simple idée que son ami d'enfance ressente cela la rendait malade et cette sortie était l'occasion pour elle de lui montrer qu'il était toujours sa priorité numéro une. « Je ... J'ai passé beaucoup de temps avec Fred et April ... Mais c'est juste que ... Fin ... Je veux pas te déranger par rapport à Ivana. Je me suis dis que vous alliez avoir besoin ... De vous retrouver. » C'était l'une des choses qui avait changé depuis son départ: avec l'âge, Kaspar avait trouvé quelqu'un et Chandler ne voulait pas causer de malaise dans la relation que son meilleur ami entretenait avec Ivana. Soudainement, Chandler se demanda si elle même n'était pas en train de se mettre en retrait par rapport à ça: elle ne voulait pas risquer d'inquiéter la jeune femme, qu'elle n'avait encore jamais rencontré, par sa présence omniprésente aux côtés du jeune homme.

Et puis ... Elle même commençait à être fortement occupée avec Fred. Même si elle préférait rester discrète sur le moment, incertaine de ce qu'ils étaient l'un pour l'autre. Ils s'étaient embrassés quelques fois, avaient convenus d'un rendez vous, mais cela n'avait jamais été plus loin: ils n'avaient jamais réellement parler sentiment ou autre ... Ce manque de clarté dans leur relation la mettait mal-à-l'aise et elle voulait être certaine qu'il y avait un truc entre eux avant d'alerter la cavalerie « Vraiment? Moi je crois que si... » Ils échangèrent une oeillade complice: évidemment, Kaspar n'était pas aveugle et il la connaissait bien. « Tu sais, si tu n'as pas envie de m'en parler, je n'insisterais pas. Et puis je ne sais pas pourquoi tu cacherais une chose pareille à MOI, ton FRÈRE. » Elle le fusilla du regard: jouer le chantage affectif était vraiment bas. Même venant de lui. Il savait qu'elle ne pouvait pas résister quand il jouait sur sa corde sensible, à savoir, la confiance qu'ils avaient l'un envers l'autre. Une vague de culpabilité l'assaillie ... Quelle amie indigne elle faisait ! « Ça n'est pas comme si j'allais en parler à quiconque. » Elle soupira: ça elle le savait très bien ! « Tu sais ... Je n'ai jamais douté de toi ... » murmura-t-elle encore penaude. « Mais je ne sais pas moi même ce qu'il se passe en ce moment. » Tout cette histoire lui semblait si compliqué qu'en faire un résumé à Kaspar lui semblait difficile. Elle soupira de nouveau et fini par s'assoir sur le banc, tressaillant légèrement en sentant le bois de l'assise sur la peau de ses cuisses. « Je ne sais pas sur quel pieds danser avec lui. » Tous les deux savaient de qui elle parlait, il n'y avait pas besoin d'entrer dans les détails. « J'ai l'impression qu'on fait un pas en avant et trois en arrière et que si je relâche ma garde ... Je vais finir blessée. » Sa relation avec Hiro lui aait fait plus de mal qu'elle voulait bien l'admettre et elle ignorait si elle était capable de s'investir de nouveau de cette manière avec quelqu'un. Pourtant, elle avait vraiment envie de tenter quelque chose avec lui ... « Tu sais, y a des moments où je me dis ... Que ça vaudrait quand même le coup ? »

Chandler se mit à fixer subitement ses bottines comme si elles étaient la chose la plus merveilleuse de l'univers. Elle n'avait encore jamais discuté sérieusement de ce qui la liait à Fred Cordwell, que ce soit avec Kaspar - elle ne voulait pas mettre en péril leur trio de joyeux lurons - ou avec April - qui se contentait, pour l'instant de lui fournir de quoi extérioriser sa frustration. En parler à quelqu'un signifiait admettre des sentiments qu'elle avait toujours refusé de voir: Fred était l'ami d'un pote à Kaspar, il était devenu un poussin à part entière et Chandler n'avait que trop conscience que ce qu'un éventuel échec entre eux pouvait impliquer. Elle ne voulait pas que cela brise quoi que ce soit dans le groupe d'amis qu'ils formaient, ni même dans la relation complice qu'elle avait crée avec lui.« Là, comme ça, je vois pas trop comment s'est installée votre... relation vu que je ne sais pas. Si tu peux me développer.... mais dans tous les cas.... » Elle soupira: elle non plus n'avait rien vu venir. Elle se souvenait du jour où ils l'avaient rencontré ... Elle l'avait trouvé assez mignon et avait même crut entrapercevoir un bref quelque chose chez ce gars qu'ils ne connaissaient de nul part lorsqu'ils avaient avoué qu'il n'y avait rien d'amoureux ou autre entre eux. « Ça m'est tombé dessus ... Comme ça. Je veux dire ... J'ai pas l'impression d'avoir fait quoi que ce soit, je me suis comportée avec lui, comme avec toi. Mais toi ... Enfin on se connait depuis l'âge des couches culottes: j'ai aucun secret pour toi et j'ose espérer que tu n'en as aucun pour moi ... » Elle lui avait lancé un regard faussement menaçant avant de sourire. « Et, DIEU MERCI, je ne ressent pas la même chose quand tu me prends dans tes bras que quand il le fait. Ce serait ... Etrange sinon ! Mais ... » Elle ignorait comment expliquer ce qu'elle ressentait: ce n'était pas qu'elle avait envie de voir Fred plus souvent que Kaspar mais juste différemment. « Pour faire simple, même si je n'ai jamais vu Ivana, je sais que je serais heureuse de vous voir ensemble. Je suis certaine que vous êtes un couple adorable et tu mérite d'être heureux. Mais avec Fred ... Je crois que ça me rendrais folle de colère de voir une autre fille s'approcher de lui. » Jalousie quand tu nous tiens. C'était un parfait exemple de ce qui différenciait Kaspar et Fred à ses yeux: avec Kaspar, elle n'était pas exclusive, il était le frère qu'elle n'avait pas eut, ils se poupougnaient à longueur de journée mais savaient aussi se chamailler comme des gamins. Sa moitié de cerveau manquante, elle avait une fois pensé cela de lui et elle trouvait que ça qualifiait à merveille ce qu'elle pensait. Kaspar était un peu d'elle même: ils partagaient de très nombreux points communs et il la comprenait mieux que personne. Mais elle ressentait des choses avec Fred qu'elle ne ressentait avec personne d'autre et elle se voyait mal expliquer à Kaspar qu'elle mourrait d'envie que Fred lui fasse des choses cochonnes dès qu'elle le croisait quelque part. Ça non !  

Prise dans ses pensées, Chandler en oubliait qu'elle avait cette discussion des plus sérieuse avec Kaspar, jusqu'à ce qu'il reprenne la parole. « Tu sais... je crois que tu aurais tort de te priver. Je veux dire... même si ça fait mal à la fin, si tu te laisses aller, tu vas vivre quelque chose. Tu vas ressentir des choses qui sont très fortes. Des trucs qui te font VIVRE et qui te font exister. Et peut être que ça va mal finir, peut être que tu te casseras la gueule, ou bien lui, mais si tu fui tout ce qui peut faire mal, alors tu ne vis plus. Et si jamais tu te casses effectivement la gueule... tu ne seras pas seule. Je suis là. April est là. Et peut être d'autres aussi? Tu n'es pas seule Chandler. » S'il n'avait pas porter ce costume ridicule, Chandler aurait put être émue par les parole du jeune homme. Mais son énorme paire de lunette lui donnant un faux air de mouche la perturbait assez ... Elle esquissa alors un sourire, fixant alors ses jambes tout en s'interrogeant sur ce qu'il venait de dire. Etait-ce réellement une bonne idée que de se laisser aller totalement à ce qui ne serait, peut être, qu'une vague amourette ? Cela lui avait fait déjà beaucoup de mal de quitter Kaspar lors de la mutation de son père, serait-elle capable, si cela devenait sérieux avec Fred, de supporter une nouvelle rupture au cas où son visa ne serait pas renouveler ? C'était le genre de question qu'elle ne s'était pas posé avec d'autre et rien que ça la terrifiait: la façon dont Fred s'imposait à son esprit, à sa manière de vivre était déroutante. Car après tout, Chandler avait toujours vécut ses histoires de coeur, ou relations sans lendemain, d'une manière très libre: tant que ça allait pourquoi pas, mais hors de question de se prendre la tête, dès que c'était le cas, elle arrêtait tout. Elle se considérait comme trop jeune pour vivre des emmerdes avec un mec - ou une fille, elle n'était pas bien regardante sur le sujet - et évitait les relations, et les personnalités, qui laissaient présager ce genre de situation. Aussi, était-ce Fred en lui même ou la nouvelle situation de Kaspar qui la faisait grandir et réfléchir à un potentiel futur amoureux ? « Tu sais, ma relation avec Ivana s'est fait rapidement. Aujourd'hui, on est toujours ensemble et on a eut des hauts et des bas. Peut être que ça va clamser à un moment; Peut être que ça va mal se terminer. Mais comme le disait grand-mère : mieux vaut avoir des regrets que des remords. Au moins, tu l'auras fait. » Elle se souvenait du premier jour où Kaspar lui avait parlé d'Ivana: ils étaient au lycée, mais à plusieurs milliers de kilomètres l'un de l'autre ... Voir qu'aujourd'hui ils étaient toujours ensemble et s'aimaient - du moins ce qu'elle voyait chez Kaspar lui laissait penser cela - lui donnait confiance en cette petite chose fragile que les gens appelaient "amour". « Elle me manque ... Ta grand mère ... » Elle avait été comme un membre de sa famille: elle l'avait, elle aussi, en partie éduqué et Chandler avait été très triste d'apprendre son décès. « Je me souviens qu'elle disait qu'il n'y avait rien qu'on ne pouvait régler sans un gros morceau de gateau au chocolat, tu te souviens ? » La blonde soupçonnait la vieille dame d'être à l'origine de son addiction au sucre. « Donc ... Je te propose de te payer un super muffin accompagné d'un méga smoothie. T'en dis quoi ?. » Elle se redressa subitement, l'appel de la nourriture lui redonnant des forces.