Lancaster & Marshall ✻✻✻ Un bruit strident retentit et je m’empressai d’accélérer le pas pour monter enfin sur la rame de métro, glissant entre les corps des londoniens pour trouver une place, me tenant ensuite sur la barre verticale tout près de l’entrée. Passant dans l’autre main mes légumes achetés dans le marché, je fouillai dans ma poche pour y ressortir mon téléphone, joignant le fait de regarder l’heure et de vérifier si ma soeur ne m’avait pas envoyé de sms. Elle ne dinait pas à la maison ce soir-là, et j’avais donc pris tout mon temps pour faire les courses, mais Scarlet changeait souvent d’idée, et je ne voulais pas être pris au dépourvus si jamais c’était le cas. Mes doigts glissèrent avec joie sur le clavier tactile alors que je répondais à un sms d’Elsa, un sourire sur les lèvres, et lorsque le sms s’envoya, plein de références vulgaires et de propositions louches, je rongeai mon téléphone dans la poche. A leurs tours, mes yeux glissèrent sur la population présente dans le métro, tachant d’être plus observateur, comme il se le devait dans ma ligne de travail. Bien que mon voyage en Palestine n’avait pas pour but d’être pleinement sur le terrain, j’avais eu le droit à toutes les recommandations d’usages. J’avais bien ris, disant à mes collègues de ne pas s’inquiéter, que de toute façon, je ne partais qu’en septembre, mais j’étais encore qu’un bleu, et le baptême du feu était toujours quelque chose d’important. Je roulai des yeux, avant de me cramponner plus durement à la barre, n’ayant aucune envie de m’écraser comme une crêpe contre la vitre. Le train s’arrêta à la station suivante, et j’observai avec pitié les corps s’engouffrant sans songer à l’autre dans le train. Certes, bien qu’il s’agissait d’une heure à grande affluence, ce n’était pas la mort, n’étant pas complètement collé à ma voisine, mais après avoir vécu plus de cinq ans au Japon, le métro londonien était une véritable foire. Tout comme les autres métros du monde d’ailleurs. Et je ne parlais même pas des odeurs. Le train effectua un tournant assez sévère et je me cramponnai à la barre jurant sous mes dents. Je me demandai bien pourquoi je n’avais pas prit la voiture de fonction qu’on me proposait. Je me mordis la lèvre inférieure, en réalisant que si je ne prenais pas la voiture c’était pour éviter de récolter des amendes, qui étaient la résultante de ne pas savoir rouler lentement. Même si ce n’était pas ma faute, vraiment. C’était... pathologique. Ou alors c’était parce que ma mère avait refusé de m’amener à DisneyLand quand j’avais sept ans et du coup, c’était psychologique, une sorte de compensation de comptoir.
Je sortis du train pour laisser la place à une vieille femme de sortir du métro, et lorsque je rentrai de nouveau, j’aperçus une femme se diriger vers un homme blond debout un peu plus loin dans le métro. Ce dernier était de dos, et je ne voyais que ses cheveux blonds, pourtant cela ne m’empêchait pas de me rendre compte des intentions de la cougar d’une quarantaine d’année. Ses yeux étaient fixés sur le cul du blond, et je pouvais arriver à la même conclusion qu’elle, qu’il était pas mal, mais j’avais plutôt en tête l’idée de l’empêcher d’aller tripoter le pauvre jeune homme.
’Cause I’m Batman. Alors je me dirigeai vers le blond, mes pas sûrs malgré le métro qui avançait toujours. J’arrivai juste au moment où la vieille posa une main sur le bas du dos, et je levai la voix.
« J’ai cru qu’on allait jamais se retrouver, chéri. »Je posai à mon tour ma main sur le bras du blond et l’attirait vers moi, ma main passant au dessus de son épaule.
« Ca c’est bien passé ton après-midi avec tes sœurs ? »Je n’avais aucune idée si le blond avait une sœur, ou même plusieurs, mais vu que la cougar était encore à côté, il fallait bien trouver quelque chose à dire pour combler le blanc. Et vu les yeux interloqués de l’homme que je tenais encore par le bras, je laissai un sourire étirer mes lèvres pour ne pas trop l’angoisser non plus. C’était vachement dur d’être Batman en fait.
« J’ai tellement hâte de fêter nos cinq ans ce soir. Quand je pense que tu as voulu me faire la surprise du restaurant... Heureusement que tu sais ce que j’aime. »Je levai un sourcil en direction de la cougar qui était présente à nos côtés, lui disant tacitement qu’il ne fallait pas attaquer mon petit ami. Qui n’était pas vraiment mon petit ami, mais là n’était pas le problème. Et puis il était blond, sachant que toutes mes ex, enfin à part une, était blonde, il aurait bien pu me plaire. Au regard de l’homme, une petite voix ressemblant vraiment à celle de Scarlet me dit que j’avais fait une belle grosse connerie. Mais pas du tout, je m’entrainais juste à faire des rôles comme James Bond.