Un dîner d'affaires aux allures de farce [PV Eira]

Cela faisait maintenant plus d'un mois que je foulais le sol anglais, et pourtant je n'avais pas réussi à trouver chaussure à mon pied. Il est vrai que j'étais tellement concentré sur mon boulot qui me servait de tremplin pour passer de l'adolescent alcoolique à l'adulte responsable, que j'en oubliais presque que je n'avais que 23 ans et qu'il fallait que je profite un peu de la vie. Pourtant on ne pouvait pas dire que je ne rencontrais pas à l'occasion de mes obligations, de femmes splendides, mais en général la différence d'âge les faisait reculer immédiatement. Le hic de mon boulot, c'était que la jeunesse ne semblait pas faire partie des critères d'embauche. J'étais ici grâce aux relations de mon père mais la plupart des gens approchaient la trentaine ou avaient déja même dépassé leur crise de la quarantaine. Décidément, l'Angleterre n'était pas du genre à laisser sa chance à un jeune tout droit sorti de la fac, master en poche et prêt à croquer la vie à pleine dent. Ce qui se traduisait bien souvent par un taux de chômage élevé dû aux critères de sélection drastique qui étaient appliqués de nos jours. Ce n'était pas dans mes habitudes de penser aux autres, mais pour l'occasion j'avais fait une exception. Peut-être ai-je raté ma vocation, le social semblait une branche tout à fait jeune et dynamique. Pourtant la chance semblait enfin tourner, j’avais réussi à obtenir un rendez-vous avec une jeune femme que je trouvais des plus attirantes et spirituelle. Elle était froide en apparence et pourtant il me semblait que derrière cette carapace, elle devait être charmante et agréable en compagnie. Sous couvert d’un déjeuner d’affaire, j’avais réussi à la faire sortir de son terrier et à l’attirer jusqu’à moi. Un restaurant classe mais qui restait spécialement fait pour les rendez-vous comme celui initialement prévu me semblait être la meilleure option, je voulais mettre toutes les chances de mon côté et j’avais bien compris qu’elle n’était pas le genre de fille facile que j’avais pu trouver maintes et maintes fois aux USA.

Mon taxi me déposant devant le lieu choisi, je sortis de la voiture avant de jeter un coup d’œil rapide à ma montre, j’étais un peu en avance mais elle ne devrait sans doute pas tarder. J’aurais pu entrer dans le restaurant et l’attendre, mais je tenais à jouer les gentlemans jusqu’au bout, après tout il ne fallait rien laisser au hasard au jeu de la séduction. J’étais habillé casual chic, une veste de costume sur une chemise et un jean noir assez sobre. Il fallait dire que je n’étais pas la non plus pour lui faire une déclaration et la demander en mariage, inutile d’en faire trop. Et puis dans mon métier il était rare de nous voir en costume, les attachés de presse doivent être classe jusqu’au bout des ongles, mais pas ressembler à des personnes mornes digne des plus grands enterrements. J’avais tout de même ramené le dossier de mon client qui était justement défendu par Melle Lockheart, je voulais être certains aussi que son esprit était toujours aussi confiant que la dernière fois que je lui avais parlé concernant ce cas, au moins j’aurais l’esprit tranquille pour le reste de la journée. Enfin je la vis arriver, toujours aussi magnifique, perchée sur ses talons et me décrochant à peine un sourire aimable. Je lui serrais la main avant de lui tenir la porte du restaurant afin qu’elle passe la première. Je suis ravi de vous voir, j’espère que je ne vous dérange pas, vous devez certainement être une femme très occupée. Lorsqu’on occupe une position comme la vôtre on ne doit pas avoir l’occasion de se détendre très souvent n’est-ce pas ? J’ai pris la liberté de nous faire commander une bouteille de vin en appelant pour réserver la table. Qui a dit qu’on ne pouvait pas joindre l’utile à l’agréable ? Je lui fis un sourire tout en lui tirant la chaise pour la laisser s’assoir, avant d’aller prendre place juste en face attendant qu’un serveur nous apporte la carte. J’espère que le restaurant vous plaît, je viens souvent ici et la nourriture est à tomber par terre, vous m’en direz des nouvelles. Dis-je tout en prenant le verre qu’un serveur venait de me remplir. Je levais le mien et le pointa dans la direction de la demoiselle avec un sourire qui se voulait à la vois cordial et charmeur. A notre collaboration, souhaitons qu’elle nous soit bénéfique à tous les deux… ajoutais-je sans la lâcher du regard avant de boire une gorgée.