Maybe it's time that we try to be friends [Lennie&Robin]

"Maybe it's time that we try to be friends"

Lennie & Robin

Il faisait encore clair dans les rues de Londres, la nuit n’était toujours pas tombée lorsque je quittais le grand hall du Great Ormond Street Hospital. Hésitant un instant à aller jusqu’à la station de métro pour rentrer à l’appartement je fini par bifurquer sur la droite, me dirigeant vers le quartier de Chinatown. Je n’avais aucune envie de renter et de me mettre aux fourneaux. Je n’avais jamais été doué pour ça, du moins je l’imaginais, j’étais trop feignent pour ne serait-ce que tenter de me mettre à la cuisine et généralement après avoir passé la journée à l’hôpital j’aimais me retrouver avec un plat déjà prêt à être avalé sans avoir à faire le moindre effort et ce n’était pas aujourd’hui que j’allais changer mes habitudes. J’aimais cependant varier les plaisirs et ce soir mes papilles me réclamaient de la nourriture chinoise. Il faisait plutôt doux en cette mi-mai et n’étant pas pressé de rentrer je décidais de me rendre jusqu’au petit restaurant à pieds.

Une vingtaine de minutes plus tard j’arrivais enfin au restaurant et poussa les portes pour entrer à l’intérieur. Il y avait déjà quelques personnes qui patientaient dans la file pour prendre une commande à emporter et je m’avança pour rejoindre celle-ci. Je sortis mon portable de ma poche pour regarder l’heure, plus par habitude que pour une réelle envie de connaitre l’heure. Je n’étais pas pressé, j’avais toute la soirée devant moi et ayant ma matinée de repos demain, j’allais soit rester tranquillement à traînasser devant la télé ou proposer à Elliana et Julian de sortir boire un verre. C’était plus fort que moi, je ne pouvais pas rester enfermé entre quatre murs plus de deux heures d’affilées sans avoir l’impression de tourner en rond. Replaçant mon portable dans la poche de ma veste je levai les yeux et fis rapidement le tour de la salle du regard. Il y avait du monde, mais le restaurant n’était pas plein. Mon regard vint se poser sur la jeune femme en tête de file. Sa voix m’avait interpellée alors qu’elle remerciait le serveur et s’apprêtait à récupérer sa commande et partir. Lorsqu’elle se retourna mon cœur fit un bond dans ma poitrine. Lennie. Plusieurs années s’étaient écoulées depuis la dernière fois que l’on s’était vu et de l’eau avait coulé sous les ponts, mais je ne pus m’empêcher de ressentir une vague de nostalgie m’envahir en la voyant. Nous ne nous étions pas quitté en bons termes tous les deux et nous avions rompu tout contact après notre rupture. Lennie était probablement la première fille avec qui j’avais eu une relation sérieuse, la première et la seule, mis à part Annabelle. Il fallait croire que je n’étais pas doué pour ce genre de relations à voir comment ça s’était terminé avec les deux seules femmes que j’avais aimé. Le destin devait avoir un sens de l’humour assez particulier, il semblait jouer avec mes nerfs ces derniers temps. Ma vie n’était-elle pas assez compliquée en ce moment ? Il fallait en plus que le soit disant hasard me mette face à mon ex petite-amie. La première réaction qui me vint à l’esprit fut de détourner le regard et de la laisser passer à côté de moi sans qu’elle ne s’aperçoive de ma présence. Je n’avais pas envie de rouvrir de vielles blessures, pas en ce moment. Je n’avais pas besoin de ça. Mais mon regard ne l’avait pas quitté depuis que je l’avais aperçu et une part de moi avait envie d’aller vers elle, de savoir comment elle allait. Nos regards finirent par se croiser et alors que je m’avançais dans la file nous finîmes par nous retrouver l’un face à l’autre. « Lennie… whoua, ça fait un sacré bout de temps ! » dis-je doucement en affichant un sourire timide.  

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Lennie & Robin

La journée avait été longue, bien trop longue, et ennuyante à souhait. Il n’y avait pas eu beaucoup de passage à la galerie, ce qui m’avait donné l’opportunité de travailler pour préparer ma prochaine audition, mais ça avait été long de trouver à s’occuper. Maxym m’avait prévenue qu’elle ne serait pas à l’appart pour le diner, alors je m’étais dit que j’irai prendre du chinois à emporter pour ne pas avoir à cuisiner juste pour moi. Autant j’adorais cuisiner lorsque je recevais du monde ou même lorsque c’était juste pour Max ou Isaac, autant si j’étais seule, je laissais ma fainéantise prendre le dessus et commandais des plats à emporter. J’entrais chez un des restaurants chinois de Chinatown le sourire aux lèvres. J’arrivais rapidement au bout de la file d’attente et commandais exactement la même chose qu’à chaque fois. Je remerciais chaleureusement le serveur et récupérais ma commande puis prenais la direction de la sortie. Dans la file, j’aperçus un visage familier, Robin. Cela faisait bien longtemps que je ne l’avais pas vu, depuis notre séparation sans doute. Nous avions chacun pris des routes différentes non sans nous disputer plus d’une fois avant que tout s’arrête. Cependant il avait été ma première relation véritablement sérieuse, et aussi ma première relation à Londres. A l’époque je ne connaissais pas grand monde et il m’avait aidé à m’acclimater à la ville. Etre loin de la Nouvelle Orléans avait été un peu difficile au début, il faut dire que changer de continent avait été une épreuve et même si j’avais eu très envie de quitter ma ville, ce n’était pas aussi facile que je l’aurais pensé. Le pire avait été de laisser Maxym et maman seules à la maison alors que je savais que papa était dangereux pour elles deux. Mais Robin m’avait bien aidé à apprécier la capitale Anglaise, et son temps si changeant, moi qui était habituée à la chaleur de la Louisiane. Je remontais la file pour sortir quand nos regards se croisèrent. Il me sourit timidement et je lui rendis son sourire affectueusement. « Lennie… whoua, ça fait un sacré bout de temps ! » me dit-il. Je m’arrêtais à son niveau et mordillais ma lèvre avant de répondre. « Robin ! Ouais, ça fait un moment qu’on ne s’est pas vu ! » Je remettais une mèche de cheveux derrière mon oreille pour tenter de cacher mon appréhension de le rencontrer ici. « Ça va, toi ? Enfin devenu médecin ? » Demandais-je. Lorsque nous avions rompu il était en fac de médecine et rêvait de scalpels et sutures, je savais bien que c’était une filière difficile et qui demandais beaucoup de travail, c’était d’ailleurs une des choses qui avait poussé notre couple vers le ravin. Je me souvenais parfaitement de ses longues heures passées le nez dans ses manuels d’anatomies, je les passais à ses côtés dans mes propres manuels, mais les miens étaient écrits par Shakespeare et Wilde. La différence c’était que je m’arrêtais au bout d’un moment pour sortir ou juste faire une pause, alors que lui refusait toujours.  

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Lennie & Robin

La file s’était interrompue alors que je me retrouvais à hauteur de la jeune femme. C’était étrange de la croiser subitement ici, dans ce petit restaurant chinois. Il y avait déjà plusieurs années que l’on avait rompu et bien que nous vivions toujours la même ville et que nous avions probablement toujours des connaissances en commun, on ne s’était encore jamais recroisés. Il fallait dire que durant les premiers mois qui avaient suivis notre séparation, j’avais mis un point d’honneur à éviter de croiser son chemin et ça avait sans doute était la même chose pour elle. Malgré nos nombreuses disputes, la rupture n’avait pas été facile et il était inutile de remuer le couteau dans la plaie. « Robin ! Ouais, ça fait un moment qu’on ne s’est pas vu ! »  C’était le moins que l’on puisse dire. « Ça va, toi ? Enfin devenu médecin ? » Un sourire pris place sur mon visage alors que je hochai la tête. « Ça va. Oui ça y est, enfin. J’en suis à ma dernière année d’internat. » dis-je en lui adressant un sourire. Je ne pu m’empêcher de repenser à cette fameuse période où la chambre d’étudiante que je partageais avec Ewan était remplie de mes manuels de médecines. A cette époque j’avais l’impression de vivre que pour ça, je mangeais médecine, je rêvais médecine, je respirais médecine. Je consacrais beaucoup de temps à mes études, probablement beaucoup trop pour laisser place à une réelle relation. Et lorsque je ne pensais pas à la médecine, je pensais à m’amuser. J’étais toujours partant pour aller aux soirées étudiantes. J’aimais m’amuser et passer du temps avec Lennie, mais lorsqu’il s’agissait de passer des soirées simplement tous les deux, j’étais beaucoup moins enthousiaste. On passait des soirées en tête à tête, mais pas assez à son goût et je ne pouvais pas lui en vouloir pour ça, Lennie avait été ma première vraie relation et il fallait croire que je n’étais pas fait pour être le petit ami idéal. J’en avais conscience et j’essayais de m’améliorer, mais avec le recul je me rendais compte que pour moi avoir une vraie relation sérieuse était déjà un grand pas et qu’il ne fallait pas m’en demander trop. J’étais jeune et je me laissais vivre sans me soucier plus que ça de ma vie sentimentale. L’attachement et moi ça avait toujours fait deux et en y regardant de plus près je n’étais pas devenu beaucoup plus doué dans ce domaine au fil des ans. Malgré mon incapacité à réellement m’engageais dans une relation, j’avais aimé Lennie, j’étais très attachais à elle, j’avais juste un problème pour le montrer. Après tout nous avions eu nos bons comme nos mauvais moments et si pendant longtemps les mauvais étaient ceux qui revenaient sans cesse lorsque je pensais à notre relation passée, il était peut-être temps d’effacer ceux-ci et de se remémorer les bons souvenirs. « Et toi alors, qu’est-ce que tu deviens ? Toujours amoureuse de, c’était qui déjà… Shakespeare ? » Une personne derrière moi posa sa main sur mon épaule pour faire signe d’avancer. Je n’avais pas vu l’espace qui s’était crée entre la personne qui avait rejoint le comptoir et moi. Je pivota la tête vers la caisse avant de reporter mon attention sur Lennie. « On dirait que ça va être mon tour… » dis-je alors que j’observais les vendeurs s’afférer pour préparer les commandes déjà prises. « Si tu n’as rien de prévu on pourrait peut-être manger ensemble. » tentais-je en lui adressant un sourire. Si quelques minutes plus tôt j’aurais préféré ne pas retomber sur elle, l’appréhension que j’avais commençait peu à peu à s’envoler.  

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Lennie & Robin

Rencontrer Robin avait une saveur particulière. Nous nous étions évité pendant un long moment après notre rupture. De nouvelles habitudes s’étaient installée, mais voilà qu’aujourd’hui, on se retrouvait dans un des meilleurs restaurants chinois de la ville. Ça ne me dérangeait pas de faire un détour en rentrant de la galerie si cela voulait dire que j’allais manger mes riz cantonais préféré. Robin et moi étions bien trop différents, avec des ambitions bien trop éloignées, et cela avait mené à de nombreuses disputes jusqu’à ce qu’on se sépare. A l’époque, nous étions chacun plus occupé à profiter de notre jeunesse et de nos nouvelles libertés qu’à s’enchaîner dans une relation amoureuse. Nous étions si peu en phase qu’un jour l’un voulait sortir et l’autre non, et le lendemain c’était l’inverse. Jamais en même temps. Tout de même, Robin avait été une des meilleures choses qui me soit arrivée. En arrivant à Londres, j’étais perdue, mais il avait été ma lanterne pour un temps. Sans lui, je ne suis pas sûre que je me sois habituée à la vie ici. . « Et toi alors, qu’est-ce que tu deviens ? Toujours amoureuse de, c’était qui déjà… Shakespeare ? » me demanda-t-il. Je ris doucement. « Je travaille dans une galerie depuis la fin de mes études, et je fais un peu de mannequinat, et tout un tas d’auditions. J’essaie de me faire ma place sur les planches. » Il est vrai que mon amour pour Shakespeare était assez impressionnant. D’ailleurs, une des premières visites que j’avais faites à Londres avait été le théâtre qu’il avait fait construire et où il avait produit ses pièces. Le client derrière Robin lui fit signe d’avancer pour commander. « On dirait que ça va être mon tour… » me dit-il. « Si tu n’as rien de prévu on pourrait peut-être manger ensemble. » continua-t-il en souriant. Je lui rendis son sourire et hocha la tête. « D’accord, avec plaisir, je t’attends dehors ! » répondis-je. Je sortais de l’échoppe et allumais une cigarette. Je prenais une bouffée toxique et l’expirais lentement. Il fallait que j’arrête cette mauvaise habitude. Je savais très bien que ça me détruisait la santé mais tout nous tue, alors bon… J’attendais Robin à l’extérieur du restaurant, et étrangement, je n’étais pas stressée ou anxieuse à l’idée de passer la soirée avec lui. Nous ne nous étions pas vu depuis si longtemps qu’il me semblait possible de redevenir amie avec lui. La pression d’une relation amoureuse n’était plus présente. Il nous suffisait de parler un peu pour que nous retrouvions nos aises. Robin avait toujours été une bonne oreille, surtout lorsque je lui faisais part de mes doutes et de mes peurs lors de mon arrivée à Londres. Il avait été un ami fidèle et fiable, quelqu’un sur qui l’on peut compter en cas de coup dur. Je me souvenais parfaitement de toutes ces fois où j’avais le mal du pays et où il s’était empressé de me remonter le moral. Nous avions passé une bonne partie de la journée à écouter du Jazz, c’était presque comme si nous étions au milieu du quartier Français de la Nouvelle-Orléans. Ce coup de booste m’avait permis d’affronter l’hiver londonien avec moins d’appréhension et de dégout. Il fallait dire qu’à l’époque, je haïssais le froid de la ville presque autant que mon père. Robin sortais enfin du restaurant et je tirais une nouvelle fois sur ma cigarette. « Tu veux qu’on aille où ? On peut aller chez-moi si tu veux, ma sœur n’est pas là ce soir, elle a un devoir ou je ne sais quoi à faire pour la fac. » lui proposais-je. Je n’avais aucune arrière-pensée, mais il ne faisait pas si chaud que ça une fois la nuit tombée sur Londres et je n’avais aucune envie de manger mon repas dans le froid.  

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Lennie & Robin

Contrairement à ce que j’avais pensé en apercevant Lennie quelques instants plus tôt, engager la conversation avec elle était loin d’être gênant. Nous avions grandi et mûri depuis la dernière fois que nos chemins s’étaient croisés. Il n’y avait plus cette rancune et cette colère dû à la cause de notre séparation. Nous étions allés de l’avant chacun de notre côté et à présent il n’y avait plus aucune raison pour que l’on n’essaie pas au moins de devenir ami. Ça n’allait peut-être pas se faire en une soirée, mais j’étais persuadé qu’on pouvait y parvenir. « Je travaille dans une galerie depuis la fin de mes études, et je fais un peu de mannequinat, et tout un tas d’auditions. J’essaie de me faire ma place sur les planches. » m’annonça-t-elle. « Ton emploi du temps m’a l’air bien chargé… et tu es en train de dire que je suis en face d’une future star de Broadway ? » lançai-je amusé. « En tout cas j’espère que ça marchera pour toi. » J’étais content de voir qu’elle avait des projets plein la tête. Je savais qu’elle était déterminée et je ne doutais pas qu’elle arriverait à obtenir ce qu’elle voulait avec un peu de patience. La file continuait d’avancer devant moi et on me signala que je serais bientôt le prochain à passer commande. Je me tourna vers Lennie et lui proposa de se joindre à moi pour dîner. « D’accord, avec plaisir, je t’attends dehors ! »  J’acquiesçai d’un hochement de tête avant de me retourner vers le comptoir et d’attendre qu’on prenne ma commande. Mon tour arriva assez rapidement et je dû attendre encore quelques minutes avant que l’on me serve. Attrapant le sac que me tendait la serveuse, je me retournai et sortis de l’établissement. Dehors je retrouvais Lennie qui patientait en finissant sa cigarette. « Me revoilà ! » annonçai-je en m’approchant près d’elle. J’étais content qu’elle ait accepté ma proposition. Malgré nos différents, Lennie avait beaucoup compté pour moi et couper les ponts avec elle n’avait pas été chose facile. On avait pas mal d’années à rattraper tous les deux et c’était l’occasion de réellement tourner la page et réapprendre à devenir amis. « Tu veux qu’on aille où ? On peut aller chez-moi si tu veux, ma sœur n’est pas là ce soir, elle a un devoir ou je ne sais quoi à faire pour la fac. » me demanda-t-elle. Je souris et acquiesça d’un hochement de tête. « Ok, ça me va. Je te suis ! » Il y avait quelques tables devant le restaurant, mais même si les journées commençaient à être belles, les nuits elles, étaient encore trop fraîches pour rester manger dehors. On commença à avancer dans la rue. Je ne savais pas où elle vivait maintenant, mais j’imaginais que ça ne devait pas être très loin du restaurant. « Alors comme ça ta sœur vit avec toi maintenant ? Elle est venue te rejoindre à Londres ? » Lennie m’avait déjà parlée de sa petite-sœur et à l’époque où nous étions ensemble la jeune fille vivait encore à la Nouvelle-Orléans.

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Lennie & Robin

Je finissais ma cigarette sur le perron du restaurant lorsque Robin me rejoignit. Il accepta volontiers de venir manger à la maison. Il fallait dire que la fraicheur de la soirée ne nous aurait pas permis de diner dehors. Nous commencions à marcher, je le guidais dans la ville pour l’amener jusqu’à chez moi. « Alors comme ça ta sœur vit avec toi maintenant ? Elle est venue te rejoindre à Londres ? » Demanda-t-il. C’est alors que je réalisais qu’il y avait tant de choses qu’il ne savait pas. Cela expliquait aussi qu’il ne connaisse pas le chemin vers mon appartement, vu que j’avais déménagé dès que j’avais reçu mes premiers salaires de la galerie. « Oui ! ça fait cinq ans qu’elle vit avec moi. » J’hésitais un instant à lui raconter toute l’histoire, mais c’était Robin, il avait le droit de savoir ce qui avait motivé ce déménagement. « Mon frère a été porté disparu au combat il y a cinq ans. Tout le monde le pensait mort. Ça a été un coup dur pour Maxym et moi, elle partait un peu en vrille alors j’ai proposé de l’éloigner de la Nouvelle-Orléans. » Je me souvenais que les premiers mois de cohabitation n’avaient pas été simple. Nous avions chacune nos caractères, et le deuil d’Isaac n’avait pas aidé. Cependant, être à deux avait été un vrai soulagement, seule je n’aurais surement jamais pu m’en sortir. « Mon frère est en vie en fin de compte. Ils l’ont trouvé aux prises des talibans quelque part au milieu du désert. Il est rentré, il est à Londres maintenant. » Je pouvais raconter cela à Robin, il était quelqu’un de confiance. Une chose que notre relation m’avait appris, c’était que même s’il était entêté et parfois frustrant, il était une personne en qui l’on pouvait avoir confiance. Jamais il ne trahirait les secrets de qui que ce soit. J’avais beaucoup apprécié cela chez lui. Moi qui avait du mal à avoir confiance en quelqu’un, cela avait été un grand soulagement de tomber sur lui en arrivant à Londres. A la Nouvelle-Orléans, je n’avais jamais vraiment cru en beaucoup de monde. Il n’y avait qu’en Isaac que j’avais une foi sans faille. J’aurais mis ma vie entre ses mains sans hésiter. Le reste du monde, c’était une autre histoire. Alors grâce à Robin, je m’étais ouverte à cette ville qui m’avait longtemps fait rêver. Je m’étais laissée guider. Aujourd’hui, je connaissais la ville comme ma poche et n’avais plus d’appréhension quant à m’y balader, et ce grâce à lui. Je le guidais donc dans les ruelles londoniennes, jusqu’à mon immeuble. Je nous faisais entrer, nous montions les marches qui menaient à mon appartement puis j’ouvrais la porte. Nous pénétrions mon chez-moi et je déposais mon repas sur le comptoir. « Fais comme chez toi ! » l’invitais-je. « Tu veux une assiette ? » Je déballais mes plats et étalais le tout sur le comptoir. J’avais besoin de place, comme d’habitude. C’était mon côté bordélique.
 

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Lennie & Robin

Je rejoignais Lennie dehors et accepta d’aller dîner chez elle. Je commençai à la suivre, ne sachant pas où elle vivait à présent. Un sourire apparut sur mon visage, c’était marrant de la voir me guider à travers les rues de Londres, ça me renvoyait quelques années plus tôt où je lui servais moi-même de guide pour lui faire découvrir chaque recoin de la ville. Je lui avais fait découvrir mes endroits préférés, ceux où j’aimais me rendre et ceux où j’avais grandi. Je connaissais la ville comme ma poche et j’avais aimé partager ces moments avec elle et lui faire découvrir les merveilles que Londres avait à offrir. « Oui ! ça fait cinq ans qu’elle vit avec moi. » Répondit-elle au sujet de sa sœur. Cinq ans. Je me rendais compte que le temps était passé à une vitesse incroyable et que la dernière fois que nous nous étions croisés remontait à bien plus longtemps que je m’en souvenais. « Mon frère a été porté disparu au combat il y a cinq ans. Tout le monde le pensait mort. Ça a été un coup dur pour Maxym et moi, elle partait un peu en vrille alors j’ai proposé de l’éloigner de la Nouvelle-Orléans. » Mon regard vint croiser celui de la jeune femme. J’ignorais tout de cette histoire, mais je savais à quel point elle tenait à son frère et je pouvais imaginer que ça n’avait pas dû être facile pour elle. C'était une bonne chose qu'elle ait proposée à sa soeur de venir la rejoindre ici. C'était le genre d'épreuve qu'il valait mieux ne pas avoir à traverser seul. « Lennie… je suis vraiment désolé pour ton frère. » commençai-je doucement. « Mon frère est en vie en fin de compte. Ils l’ont trouvé aux prises des talibans quelque part au milieu du désert. Il est rentré, il est à Londres maintenant.»  Je pouvais sentir comme un soulagement dans les paroles de Lennie. Je ne pouvais pas imaginer ce que ça pouvait être de perdre un frère et je ne voulais pas avoir à le découvrir. Mes frères et moi étions très proches et je n’imaginais pas un seul instant pouvoir vivre sans eux à mes côtés. « Ça n’a pas dû être facile pour lui… enfin pour vous tous. J’espère qu’il va bien, en tout cas c’est bien qu’il soit à Londres avec vous. » Ça avait dû être choc pour Lennie et sa famille d’apprendre qu’il était encore en vie durant toutes ces années et même si je ne connaissais son frère qu’à travers ce qu’elle m’avait racontée de lui, je me doutais que cette épreuve avait dû le changer, on ne ressortait pas intact de ce genre d’événement. Mais à présent il avait ses sœurs à ses côtes et je savais que Lennie était le genre de personne qui vous faisait aimer la vie. Elle avait cette petite lueur dans le regard qui vous mettait directement à l’aise et étrangement joyeux en sa présence. Nous arrivâmes devant l’immeuble où vivait la jeune femme et après avoir monté les marches conduisant à son appartement elle me laissa entrer, m’indiquant que je pouvais faire comme chez moi. Mon regard vint scruter rapidement les pièces de son appartement, c’était plutôt sympa comme endroit. J’enlevai ma veste que je posai à l’entrer avant de rejoindre Lennie et de poser mon repas sur le comptoir. « Tu veux une assiette ? » Je relevai la tête vers elle. « Je veux bien oui. » Je souris amusé en la voyant déballer tous ses plats sur le comptoir. A l’époque où nous étions ensemble elle faisait déjà ça et pas seulement avec la nourriture, avec tout. Elle avait l’habitude de s’étaler et de laisser ses affaires traîner. C’était amusant de voir qu’elle n’avait pas changée. « Je me suis toujours demandé comme une personne aussi petite que toi pouvait avoir besoin d’autant de place ! » lançai-je sur un ton taquin en commençant à sortir mes plats du sac. Ce n’était pas un reproche, bien au contraire, je me souvenais qu’à l’époque je trouvais ça mignon la façon qu’elle avait d’éparpiller ses affaires. Peut-être aurais-je trouvais ça moins adorable si nous avions vécu ensemble. « Bon, ben bon appétit. » Je lui adressa un clin d’œil avant de commencer à manger.