cora-lynn +

« 'Veux pas. », « Tu n'as pas le choix Cora, c'est la rentrée et je te l'ai dit hier. », « J'aime pas l'école. », « T'as raison Coco, c'est nu... », « Tais-toi, veux-tu ? C'est toi qui lui donne de mauvaises idées à ta soeur ! Aller on ne discute plus on monte dans la voiture ! C'est pas à quatre et six ans que vous allez faire la loi non ? ». C'est ainsi que toi, ton frère et ta mère vous partiez à l'école. C'était la même chose chaque matin et encore pire à la rentrée. Tu ne savais même pas pourquoi tu disais ne pas aimer l'école parce que c'était pas vrai, tu adorais ça. Tu étais avec tes copines, tu adorais être entourée et tu adorais travailer. Tout le contraire de ton frère qui détestait ça et qui attendait que la journée passe vite pour rentrer à la maison. Finalement tu ne faisais que répéter ce qu'il disait, même si toi tu adorais l'école. Tu étais ce genre de petite fille calme, sage, qui riait parfois mais qui écoutait toujours. Une petite blondinette aux boucles, avec de beaux yeux bleus totalement passionné par la connaissance. Tu adorais ton professeur, tu l'as trouvé "trop belle et trop gentille" et tu voulais ne jamais être séparé d'elle. L'innocence est quelque chose qui part avec le temps, c'est vraiment dommage quand on voit comme ça peut changer les gens. Mais toi non, tu es toujours resté la même, pourquoi tu ne sais pas, mais tu es resté toi qu'importe la vie et les épreuves, tu n'as jamais fait semblant. Enfin, sauf pour dire que tu n'aimais pas l'école, mais on fera passer cela sous la solidarité fraternelle.


" - Non John, tu dois l'opérer, tu sais qu'elle ne survivra pas une journée de plus! Tu dois le faire, nous comptons sur toi. Ai confiance en toi, on a confiance en toi.. - Elsa, elle pourrait mourir pendant la chirurgie, tu le sais. - Il n'y a pas de risque zéro John, mais tu as déjà sauvé tellement de vie ! Tu sauvera celle-là aussi, je n'ai aucun doute là dessus." « Cora, changes. », te disais ton frère, avec qui tu n'avais absolument pas l'intention de négocier quoi que ce soit et encore moins ta série préférée. « Cora enlève, c'est nul j'ai envie de regarder la télévision moi aussi! Papa dis-lui de changer ! », « Je suis occupé, débrouille-toi avec elle fils. » Bien sûr que tu entendais, mais tu ne réagissais pas pour la simple et bonne raison qu'il était hors de question que tu rates ne serais-ce qu'une demie seconde de ta série. Ce n'était pas envisageable, de plus tu avais réussie à avoir la télévision pour toi toute seule, ton frère avait qu'à se bouger avant. « Fallait venir avant, tais-toi. » dis-tu à ton frère. « Ça fait une heure que tu es dessus, ta série elle est nulle, change ! Donne la télécommande! » s'en suivi donc une bataille sur le canapé pour une simple télécommande ce qui t'agaçais énormément car tu ratais toute la fin de ton épisode. « Mamaaaaaaan, dis-lui de me lâcher! » Cette dernière étant dans la cuisine, quitta ce qu'elle était en train de faire pour finalement venir se mettre entre toi et ton frère, prit la télécommande puis éteignit la télévision. « Voilà ! Trouvez vous un jeu de société et aimez-vous maintenant. » dit-elle en repartant à la cuisine. Tu jetais un regard noir à ton frère. « C'est ta faute, j'ai pas pu voir la fin! », « C'est bon Coco, on s'en fou. »Lui s'en foutait  et tu ne pouvais pas en vouloir à ton frère car il ne comprenait pas. Certes tu n'avais peut-être que huit ans à ce moment-là, mais ce que tu voyais dans cette série télévisée était juste un prémisse de ce que tu voulais que ta vie soit plus tard. La médecine, le monde médical, les médecins et principalement les chirurgiens te faisaient tellement rêver. Ouais, c'était totalement ça, ton rêve prenait de plus en plus d'ampleur chaque jour. Mais tu ne pouvais pas en vouloir à ta famille de ne pas comprendre, une fille de huit ans qui dit vouloir devenir chirurgien paraît totalement anodin, personne n'y croit. Pourtant toi seule savait que ce n'était pas anodin, bien loin de cette idée même, c'était devenu ton rêve premier, ton ambition.


Installée sur ton lit, téléphone à l'oreille, tu regardais ton plafond tout en jouant avec tes cheveux encore mouillés puisque tu venais de sortir de ta douche. « C'est long deux mois, déjà qu'on ne se voit pas beaucoup l'année. », « Je sais ma biche, mais tu sais aussi que je peux pas refuser un voyage pareil avec mes parents. J'aurais adoré que tu viennes... », « Tu connais mes parents Cora, c'est mort d'avance. C'est pas grave, je tâterai le terrain avec Sam pour savoir ce qu'il pense de toi. ». Tu te relevais sur ton lit en entendant la phrase de ta meilleure amie, les yeux grands ouverts. « NON! Mais t'es folle ! Il va jamais comprendre, il ressent pas la même chose, puis je vais être absente pendant deux mois à l'autre bout du monde, c'est mort... il a 17 ans, il va pas attendre une gamine de 15 ans. », « J'allais pas lui dire de te demander en mariage non plus, mais comme tu veux! ». Tu riais. Tu adorais ta meilleure amie, elle te faisait tout le temps rire et t'aidais à surmonter pas mal de choses, comme les histoires de garçons à 15 ans. D'ici quelques jours tu quitterais l'Angleterre pour la Guadeloupe avec tes parents et ton frère, pour deux mois de vacances. Combien de personnes rêveraient d'y aller ? Oh tu le savais et ça te ne gênais absolument pas d'aller visiter un aussi beau pays. Mais tu avais tes attaches à Londres, ta meilleure amie, tes amis, ton café préféré et puis ce fameux garçon. Il s'appelait Samuel et il avait deux ans de plus que toi. Vous étiez dans le même lycée, mais il était impossible pour toi de parler de lui à tes parents et encore moins à ton frère puisqu'ils avaient le même âge. « Et ton frère il part avec vous ... ? », tu fronçais les sourcils à la question de ta meilleure amie. « Bah, oui. Pourquoi ? », « Pour savoir. » Un petit blanc s'installait mais tu finis par comprendre. « T'es sérieuse ? MON FRERE ? », « Mais tais-toi !!!!! ». Tu étais presque outrée mais finalement ça ne te dérangeai pas plus que ça. Elle était ta meilleure amie, cela pouvait paraître bizarre mais toi même tu as toujours trouvé ton frère très beau, il était donc pas anormal que même ta meilleure amie le trouve beau, voire plus. « Tu sais qu'il a sa copine quand même ? », « Un garçon de 17 ans qui part deux mois en Guadeloupe loin de sa copine crois-moi, ça promets pas des fidélités ça. », et elle n'avait pas tort puisque tu connaissais très bien ton frère pour savoir qu'il allait se priver de rien. Puis, comme tu n'aimais pas particulièrement sa copine, tu n'allais évidemment rien lui dire. Finalement tu passais une bonne partie de la soirée et de la nuit au téléphone avec elle, ce qui ne gênait pas puisque c'était les grandes vacances et puis tu partais dans quelques jours sur un autre continent tu voulais profiter d'elle au maximum. Tu as toujours été une personne très attachée à tes proches, que ce soit amis ou famille. Tu avais eu le choix de partir avec eux ou restais, mais tu n'allais pas refuser deux mois rien qu'avec ta famille. Tu aurais tout le reste de la vie pour voir ta meilleure amie, même si vous saviez qu'après le lycée vous ne prendriez pas les mêmes chemins. Toi tu comptais partir à l'université pour étudier la médecine, alors qu'elle n'en était même pas encore à savoir si elle allait aller à l'université. Mais vous resteriez comme les doigts de la main, ça tu le savais.


Tes livres en mains, tu passais la porte de la bibliothèque de la faculté de médecine de Londres. Tu préparais déjà tes examens de fin d'années pour être sûr d'être au top, malgré que tu sois déjà en deuxième année et dans les premiers de ta promo, tu te donnais toujours les moyens d'y arriver, tu aimais tellement ce que tu faisais. Tu saluais la bibliothécaire qui n'était autre qu'une étudiante puis tu allais à une table pour t'installais correctement et commençais tes révisions. « Est-ce qu'il t'arrive des fois de t'arrêter deux minutes ? » Tu relevais les yeux en entendant une voix masculine, puis un sourire venait fendre ton visage. « Et toi, tu comptes t'y mettre un jour ? » dis-tu en riant alors que Tom s'installait en face de toi. Il étudiait avec toi, il était dans tes cours et vous vous êtes toujours très bien entendu tous les deux. En faite, c'était peut-être même un peu plus que ça mais tu n'as jamais voulu comprendre. Il était beau, intelligent, un peu je m'en foutiste pour un étudiant en médecine mais ça te déplaisait pas finalement. «  Je fais une soirée ce week-end à la maison, ce serait bien que tu viennes, au moins on s'ennuiera pas. », «  Tu me demandes de venir uniquement pour que j'assure l'ambiance à ta soirée ? » riais-tu. «  Non ! », «  Mhmh. » Tu replongeais dans tes livres pour l'embêter, tu faisais comme si tu étais vexée même si c'était vraiment lin d'être le cas évidemment. «  Cora, viens à la soirée s'il-te-plais, parce que tu es la femme la plus extraordinaire que j'ai pu connaître, la plus belle et ta présence m'honore... », «  C'est bon, tais-toi ! Je viendrais, mais pour toi! » assurais-tu en souriant. « J'espère que c'est uniquement pour moi. » Dit-il alors qu'il quittait la table pour s'en aller à ses autres occupations. C'était un petit jeu, mais un petit jeu que tu aimais beaucoup.

[...] trois ans plus tard.

« Tu m'empêches de me concentrer, Tom ! Je veux dire, toi tu réussis en claquant des doigts, tant mieux sincèrement. Mais moi je suis obligé de réviser, tous les jours je dois bosser sur mes fiches ! Mais tu ne le comprends pas. », « Alors c'est ça ?! Tu es jalouse parce que j'en suis au même point que toi mais que je travaille pas autant que toi pour y arriver ? », « Arrête, c'est pas une question de jalousie et tu le sais. J'ai vingt-trois ans Thomas, je n'ai quasiment aucune vie sociale à part toi et mes cours, j'entame ma première année d'internat à l'hôpital mais je suis moins concentrée qu'au début parce que tu me reproches de trop bosser et de te mettre de côté! Mais je n'ai pas le choix, tu ne révises pas et tu t'en sors, moi si je ne révise pas je peux dire adieu à mon rêve de devenir chirurgien ! » criais-tu, à bout de souffle. Cela faisait plus d'une heure que Thomas, ton petit ami depuis trois ans et toi même vous disputiez sur le même sujet depuis des mois. « Si toi tu n'y arrives pas c'est pas grave, tes parents te trouveront une place dans l'entreprise familiale, mais moi Tom, c'est mon rêve! Si j'en suis là j'y suis arrivée en bossant chaque jour de ma vie. C'est ma seule envie, mon rêve et je n'abandonnerais jamais, pas là ou j'en suis. », « Cela passe avant toi et moi ? », « Oui, je deviendrais Chirurgien car il est hors de question que j'abandonne. Je ne peux pas me permettre d'autres distractions de ce genre, je suis désolée. » . C'est après cela que votre histoire s'est terminée et c'est à la suite de ça que tu t'es interdit toute distraction, quel qu'elle soit. Pas d'histoires d'amour, tu n'en as pas le temps.


« Dr. Wheeler, allez me chercher le dossier de la patiente de la chambre 8 s'il-vous-plaît. » Tu hochais la tête sans dire un mot pour te rendre au bureau de ton titulaire en neurochirurgie. Tu n'avais pas encore choisi ta spécialisation, il y avait tellement de choses que tu souhaitais faire que tu préférais tout voir pour être certaine de faire le bon choix. Tu entrais dans le bureau et te mettais à chercher ce fameux dossier lorsqu'un particulièrement t'attirait l'oeil. Tu fronçais les sourcils en attrapant le dossier " Claudia Wheeler, il s'agissait de celui de ta mère et tu ne savais pas pourquoi ton titulaire en neuro pouvait ainsi l'avoir dans ses dossiers. Tu n'avais pas tellement le droit de fouiller, mais après tout cela te concernait un minimum puisqu'il s'agissait de ta mère, tu l'ouvrais alors et ce que tu y trouvais te donnait l'impression que le ciel te tombait sur la tête. « Dr. Wheeler, vous prenez trop de tem.... oh. » Oui, oh, parce qu'elle venait effectivement de me voir avec le dossier de ma mère entre les mains. « Vous le saviez ? », « Je le savais Cora-Lynn, mais votre mère n'a jamais voulu en parler vous savez. », « Il s'agit d'une maladie grave, comment comptait-elle me le cacher ? Et pour combien de temps ? Combien de temps cela fait qu'elle est malade ?! », « Bientôt un an, Docteur. Je suis désolé que vous l'appreniez ainsi, sachez-le. Votre mère a seulement voulu vous protéger, vous devez le comprendre. ».Oh cela n'a pas été impossible à comprendre, mais tu en as énormément voulu à ta mère de t'avoir caché un cancer du cerveau, qu'elle ne t'ait rien dit en un an alors qu'elle te voyait quasiment tous les week-ends et au moins une fois par jour au téléphone. Ce fut une étape compliqué pour toi, tu en as donc parlé avec elle et vous vous êtes mis d'accord sur le fait qu'à partir de ce moment-là, tu allais l'accompagnais à chaque fois à ses rendez-vous avec son médecin car tu voulais suivre du plus près possible l'évolution de sa maladie. Perdre ta mère serait le coup fatal pour toi, tu n'es pas certaine d'en sortir entière si cela devait arriver, car même en travaillant dans le domaine tu crois beaucoup aux miracles.