(✰) message posté Jeu 23 Avr 2015 - 18:12 par Invité
❝this is a man's world but it wouldn't be nothing without a woman or a girl ❞ Stefan & Kendra
« Bonjour, je voudrais prendre rendez-vous avec le docteur McGregor » C’est ainsi que les choses avaient commencées. Si Stefan ne l’avait pas fait, son travail aurait été mis en jeu et préférait subir quelques heures de séances chez le psychologue plutôt que de passer le reste de sa vie à trimer en regrettant d’avoir été aussi têtu. D’habitude, il n’écoutait que lui-même, mais il fallait croire que cette femme avait su le dresser ! Cette femme ? Sa chef. Une vieille peau, comme il s’amusait à l’appeler, d’une cinquantaine d’année mais qui avait un tempérament de militaire. Si la coopération n’avait pas été au début très facile, Stefan a fini par céder et elle est parvenue à gagner son respect. Il avait du mal à l’admettre, mais il l’admirait d’une certaine manière. Sa façon de travailler était aussi organisée que la sienne et elle savait ce qu’elle faisait. Le premier rendez-vous avec le psychologue a été un peu rude. Stefan avait eu la mauvaise surprise de constater qu’on lui avait collé une femme pour le prendre en charge. Au début, il avait hésité à repartir en prétextant un imprévu, mais il s’était dit que sa boss allait lui coller un savon d’une manière plutôt violente s’il n’avait pas obéi. Alors il s’était allongé sur le divan et il a essayé d’oublier que c’était à une femme qu’il s’adressait. Ca n’avait pas été simple, parce que la voix du docteur était féminine et plutôt douce. Du coup, il n’avait dit que le strict minimum. Il s’était plus ou moins présenté, y avait mis la plus mauvaise volonté possible et avait tout fait pour faire en sorte de raccourcir au possible ce fameux rendez-vous. Le hasard avait fait rejoindre Stefan et son psychologue lors d’une enquête au tribunal concernant un meurtre où il, ainsi qu’elle, avait porté son témoignage. Ils n’avaient pas plus discuté que cela, d’autant plus qu’une fois la tâche terminée, il était parti sans s’attarder. Il aurait aimé ne plus avoir à se rendre chez le psy, mais il avait dû se soumettre à un second rendez-vous. Sa boss lui avait parlé, là aussi. Elle s’était montré un peu plus à l’écoute, mais toujours aussi carrée, puisqu’il ne fallait pas trop se la jouer maternelle quand on s’adressait à Stefan, à moins de bien s’y prendre ou d’avoir une aura qui lui inspire confiance, chose qui n’était arrivée qu’une fois, parce qu’il avait accepté de s’ouvrir. A cet époque, il n’était encore qu’un enfant et il venait d’être séparé de son horrible mère. Il avait eu besoin de quelqu’un et c’était la première famille qui l’avait accueilli qui avait été là. Quand il s’en fut séparé quelques mois après, il n'avait plus jamais vu les choses de la même manière. Assis sur le divan pour la seconde fois, Stefan regardait le plafond. Il se concentrait sur le plafond pour essayer de se montrer le plus « aimable » possible avec son docteur. Ses doigts pianotaient frénétiquement sur les bras du divan. Il fallait qu'il se lance. - Docteur, je crois que je suis fou, dit-il finalement. « Mais s'il vous plaît, ne m'envoyez pas à l'asile. » A ces mots, il ferma les yeux et serra ses poings. L'asile, il en cauchemardait. La seule fois où il y était allé, c'était pour rendre visite à sa mère. La seconde fois où il a voulu y aller, c'était pour la tuer, mais il s'était résigné un peu avant. Non, il ne voulait pas être aussi taré qu'elle. Il était conscient que la génétique pouvait aussi jouer en circonstances, mais il s'opérait à ne pas lui ressembler. Pourtant, il ne prenait pas conscience qu'en voulant s'en éloigner, il s'en rapprochait tout autant.
(✰) message posté Dim 26 Avr 2015 - 0:17 par Invité
Voilà une seconde séance pour ce nouveau patient du nom de Keddle. Le jeune homme se prénommait Stefan et elle retenait de lui qu’il n’avait daigné lui adresser que quelques détails superficiels de sa vie, durant leur première heure de thérapie. ‘Thérapie’ était d’ailleurs un bien grand mot pour du temps passé à bavarder.. Les pensées de Kendra McGregor se voulaient plutôt négatives à l’égard du temps qu’elle passait à écouter ce que lui disait le jeune homme. Elle ne voyait pas cela comme une perte de temps, loin de là, mais elle songeait de plus en plus au fait qu’il ne fasse pas la démarche de manière ‘personnelle’. Comme pour chacun de ses patients, elle disposait d’un dossier préalable lui donnant des informations de base. Elle savait par exemple qu’il avait été dirigé vers elle par sa chef. Cela avait déjà donné le ton des entretiens qu’ils auraient ensemble n’est-ce pas ? Peut-être pourrait-elle être surprise un de ces quatre ? Elle l’espérait.
[…]
Le médecin légiste était assis sur le divan qui se trouvait au fond du bureau qu’elle occupait à l’hôpital. Autant avouer qu’elle ne voyait au divan qu’un simple avantage, celui de donner une ambiance plus zen et plus souple aux entretiens. Pour elle, pas question de laisser ses patients débattre le pour et le contre pendant des heures.. Non, elle préférait garder une certaine fluidité dans les séances, proposer un suivi efficace et solide dans lequel le ‘client’ se sentait écouté et surtout accompagné. Assise derrière le divan, sur sa chaise de bureau, la blonde posa un instant le stylo qu’elle tenait entre ses doigts fins, relevant la tête vers le châtain. Elle observait attentivement ses mimiques comportementales, écoutant sa réplique avec intérêt. ‘’ Fou ? Qu’est-ce que vous entendez par fou exactement ? ‘’ demandait-elle dans une neutralité parfaitement mesurée. Sa question était dirigée, bien entendu dans le but de le faire parler. Elle n’avait pas cette ambition secrète de le percer à jour, mais bien de l’aider. Vive le code de déontologie, songea-t-elle un instant. ‘’ Personne ne vous enverra à l’asile, Stefan, personne. ‘’ ajoutait-elle histoire de l’encourager à exprimer ce qu’il pouvait ressentir au plus profond de lui-même. Elle fermait un instant les yeux, observant le ciel gris par la fenêtre de son bureau. Cela ne dura pas longtemps, jusqu’à ce qu’elle fixe de nouveau son attention sur le jeune homme, visiblement tendu au possible. ‘’ La folie n’existe pas. La souffrance en revanche, est bien réelle. Les gens souffrent, mais ils ne sont pas fous. Et puis tenez, qu’est-ce que la folie ? ‘’ En plusieurs années de métier, elle n’avait encore jamais rencontré d’individus fous. Des psychopathes, certes puisqu’elle travaillait souvent avec les tribunaux pour donner un éclairage psychologie aux affaires, mais jamais de fous. La folie, cela ne se définie pas. Mais elle était néanmoins curieuse de connaître la définition qu’il pourrait lui en donner. ‘’ Qu’est-ce que représente l’asile pour vous ? ‘’ Une peur ? Une angoisse profonde ? De toute évidence. Mais elle voulait en avoir le cœur net. Des hypothèses étaient souvent émises dans sa pratique professionnelle, mais elle se devait de les exploiter le plus possible. Plissant les yeux l’espace d’un moment, elle se disait qu’elle n’aurait peut-être pas dû poser cette question, cela ne ferait qu’engendrer un peu plus de stress qu’il n’en avait déjà. Ou peut-être pas ? Tout dépendrait en réalité de lui.
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(✰) message posté Lun 4 Mai 2015 - 22:23 par Invité
Les entretiens chez la psychologue étaient très étranges. En fait, il avait l'impression d'être dans un avant-goût de l'asile psychiatrique. Il n'aimait pas se livrer – et encore moins à la gente féminine – et il aimait encore moins d'avoir la sensation qu'on essayait de le manipuler en lui disant des mots doux. C'était comme une séance d'hypnose ou quelque chose dans ce goût là. Il était si renfermé et si nerveux qu'il pianotait frénétiquement les doigts contre le divan sur lequel il était allongé. « Qu'est ce que j'fou là ? » se demandait-il sans cesse. Sauf que s'il ne se prêtait pas au jeu, il allait le regretter. Il fallait parfois se montrer raisonnable, faire des choix et prendre ce qui était pour le mieux, même si cela ne plaisait pas à chaque fois. C'était très difficile pour lui d'être dans cette situation, mais il refusait de se mettre en position de victime.
« Fou ? Qu'est ce que vous entendez par fou exactement ? » entendit-il la voix de son docteur prononcer d'une voix trop douce pour lui. Il avait envie de se renfrogner. Il n'était pas bien, pas dans son élément. L'agacement l'envahit, mais il fallait qu'il résiste. C'était si dur qu'il en ressentait des picotements dans tout le corps. « Je suis fou. » répéta-t-il. « F.O.U. J'imagine que vous savez ce que ça veut dire ! Ça signifie que je suis pas normal. Autrement, je ne serais pas allongé sur ce fichu canapé pour vous parler. » Stefan n'aimait pas perdre son temps et c'était ce qui était en train de se passer. Il avait seulement envie qu'on le soigne, si ça pouvait être soigné d'une certaine manière, pas qu'on l'abrutisse de question stupide.
« Personne ne vous enverra à l'asile Stefan, personne » répondit-elle quand il lui avoua ses craintes d'être enfermé dans un établissement de la sorte. Il ne savait pas si elle disait la vérité, parce qu'il jugeait qu'il avait le profil parfait pour y aller. Si c'était uniquement pour le rassurer ou quelque chose comme ça. Il n'oubliait pas ces mots, mais sa méfiance était au moins ultime. Il n'aimait pas la manière dont elle parlait. Elle avait tout ce qu'il avait horreur chez une femme. Il aurait du changer de docteur, prendre un homme. Si ça se trouve, il aurait su mieux se débrouiller. « C'est ce qu'on verra. » répliqua-t-il avec toute la peine du monde pour ne pas perdre son calme. « Et j'espère bien que ça sera le cas. » Sinon je vous tue , avait-il manqué d'ajouter, mais il prenait conscience que ça serait aller trop loin de l'exprimer à haute voix. Les menaces de mort pouvaient être prises très au sérieux et le dire à haute voix lui ferait offrir un allé direct et sans retour à l'endroit où il ne voulait justement pas aller. « La folie n’existe pas. La souffrance en revanche, est bien réelle. Les gens souffrent, mais ils ne sont pas fous. Et puis tenez, qu’est-ce que la folie ? » Il se redressa pour la regarder. Son regard était dur et bouillant. « La folie existe. » affirma-t-il d'une voix très sérieuse, trop sérieuse. « Ne m'embrouillez pas avec vos mots voulez vous ? Épargnez moi l'épisode de la souffrance et compagnie. Les gens sont peut être souffrants, mais ils sont FOUS. Et vous savez aussi bien que moi que la folie est une maladie. » En plusieurs formes, certes, mais il était le mieux placé pour le dire. « Et surtout, cessez de me parler comme si j'étais con. Je sais de quoi je parle. » Cela dit, il n'avait donné une réelle définition de la folie. Déjà, parce qu'il n'avait pas envie de réfléchir à ça, mais aussi parce qu'il refusait de s'étendre sur des sujets qui n'avaient aucun rapport avec ses problèmes à lui.
« Qu'est ce que représente l'asile pour vous ? » poursuivit alors la psychologue. La réponse fusa : « L'enfer. » En toute ses formes. En fait, il ne pouvait pas être plus explicite que ça. « Ou plutôt, le dernier endroit où je voudrais être » rectifia-t-il. « Je préfère me retrouver sur une chaise électrique plutôt que dans une de leur chambre blanche. » Une pause silencieuse. Avant d'ajouter : « Vous voulez savoir pourquoi j'imagine ? » Au moins, il prenait de l'avance.