"Fermeture" de London Calling
Après cinq années sur la toile, London Calling ferme ses portes. Toutes les infos par ici lights out (ulrik) 2979874845 lights out (ulrik) 1973890357
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lights out (ulrik)

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() message posté Jeu 19 Mar 2015 - 22:56 par Invité
Mon portable vibra. Plus de batterie. Je préférai l’éteindre et me voiler la face. La soirée était bien trop avancée pour que je puisse encore affronter de nouveaux messages. On ne m’envoyait pas les bons, de toute façon : ceux que j’attendais restaient piégés quelque part, hors de ma portée. Et je me sentais terriblement seule, parce que j’avais encore l’espoir qu’ils arrivent, mais que le seul signe que mon portable daignait m’adresser était celui de sa lente fatigue – je préférais abréger ses souffrances et le glissai dans mon sac qui gisait sur le sol. Je posai mes doigts sur le clavier de mon ordinateur : l’inspiration me fuyait cruellement. Elle aussi, elle m’avait délaissée sur ce fauteuil, au milieu de tant d’inconnus. Je levai les yeux vers la vitre en face de moi : s’y reflétait mon visage pâle, dont les traits creusés par la fatigue m’incitaient à quitter ce bar, et pourtant je me refusai à bouger. Je contemplai mon image avec une sorte de dégoût, mêlé à une certaine fascination pour cette solitude qui régnait en souveraine sur mon mince corps blanchâtre. Je me regardai dans les yeux, et me sentis presque coupable : on m’observait, quelque part. On pouvait me voir, ici, affalée dans ce fauteuil, perdue parce que je ne parvenais pas à écrire la moindre ligne, l’air hagard parce que je ne semblais pas être à ma place. Mais où étais-je à ma place ? J’avais vite oublié l’idée qu’une maison puisse m’abriter, tant celle dans laquelle j’avais grandi et laissé le plus de traces m’avait rejetée. J’aimais vivre avec Hazel. C’était une gorgée d’eau fraîche à ma traversée du désert. J’aimais le sourire de son fils et ses passions juvéniles. J’aimais les interrogations décalées de mon amie qui, depuis qu’elle était rentrée d’Afrique, cherchait à rattraper son retard sur la culture occidentale. J’aimais son air sérieux lorsqu’elle se penchait sur son roman et celui, bien plus détendu, lorsque Jacob lui posait une question d’enfant. Et pourtant, parfois, je me réveillais la nuit, et je trouvais les pièces trop grandes, la température trop élevée, leur présence trop effacée, comme si l’écume de ma rancœur avait poli leurs doux visages jusqu’à les rendre lisses et terrifiants. Mais le problème venait de moi. Une maison voulait m’accueillir en son sein, et voilà que je refusais d’y entrer entièrement, le doute s’emparant de moi : j’avais connu le bonheur de façade, et je crachai à présent dessus. J’avais bien trop souffert.

Je fermai mon ordinateur : aucun mot ne pourrait me venir à l’esprit ce soir. C’était peine perdue. J’en grattai lentement le bord avec dédain puis il se retrouva dans mon sac à son tour et je me laissai retomber sur le dos du fauteuil, exténuée. Un serveur ne tarda pas à s’approcher de moi pour me demander si je désirai quelque chose, et je lui lançai un regard presque désespéré. Oui, je désirai boire. Parce qu’autant aller jusqu’au bout du tunnel, puisque j’y traînais tant les pieds. Pas d’inspiration, pas de dignité, et simplement pas d’ami, pas d’épaule sur laquelle m’appuyer. Je lui adressai un sourire las en le remerciant et commandai un cocktail dont j’oubliai le nom à l’instant même où il se retourna pour aller me le chercher. Je jetai un coup d’œil à la vitre : j’avais toujours cet air absent et hors du temps. Finalement, c’était de là que venait mon impression d’être observée. Parce que je n’arrêtai pas de lever les yeux vers mon propre visage, de manière presque indiscrète. On n’osait plus se regarder dans la glace en public. Peut-être que ça faisait trop égocentrique. Et pourtant, à chaque miroir que l’on croisait, on tournait la tête, innocence incarnée et bien entretenue des citadins ; moi je me regardai dans le miroir pour vérifier que j’étais encore là. Pour me rappeler que je n’étais pas un être de fumée, qui pouvait certes filer entre les doigts, mais qui n’avait aucune consistance et qui disparaissait en quelques secondes. C’était ça. La sensation d’être invisible couplée à celle d’être étroitement fixée, comme une proie sous le joug d’un prédateur.

Je relevai la tête et mon sang se glaça. Ce n’était pas mon visage que je venais de voir. Ce n’était pas la pâleur de ma peau et les cernes qui ornaient mes yeux. Il m’avait fallu une seconde pour me figer : venais-je d’avoir une hallucination ? Le serveur choisit cet instant pour revenir avec la boisson, mais je ne répondis pas lorsqu’il s’adressa à moi. J’étais passée outre la politesse et les bonnes manières. Une flamme s’était allumée devant mes yeux, et avait à présent disparu dans l’obscurité, me laissant à nouveau seule avec mon propre reflet. Et cette flamme réveilla en moi un terrible sentiment : la colère, tout d’abord, et puis surtout la peur. D’un coup, une angoisse s’empara de mes muscles et je fus paralysée. Non, ce n’était pas possible. Cela faisait tant de mois. Et le monde s’était si bien porté sans lui. Mais il avait eu l’air si réel, et il m’avait toisé avec ce regard si significatif qu’il m’était impossible d’en douter. Et pourtant, je bataillais pour le faire. L’odeur de chair brûlée assaillit mes narines, écho lointain d’une soirée que j’avais tenté d’oublier maintes et maintes fois. Voilà qu’elle revenait d’elle-même : n’avais-je fait que tourner en rond jusqu’alors ? Je me levai subitement, laissant en plan mon sac et ma boisson non entamée. Le serveur voulut s’interposer entre moi et la porte de sortie, mais je lui lâchai un sec « j’reviens, j’ai laissé mes affaires », le bousculai et me dirigeai vers la rue. Dehors, il faisait nettement plus froid, mais même sans manteau, mon sang bouillonnait et me faisait ignorer la température et le vent. Je tournai la tête et mes doutes explosèrent en un million de morceaux de verre qui vinrent se planter dans mes poumons. Une silhouette reconnaissable entre mille : le visage droit et sombre, un long costume noir lui donnant un air sévère, ses yeux de serpent plissés vers moi avec ce dédain qui m’avait accompagnée durant toute ma jeunesse. Voilà qu’il était de nouveau devant moi. Je l’avais plongé dans les flammes, et il en ressortait glacé. J’ouvris la bouche, mais l’unique son qui en sortit fut un soupir tremblant. « C’est … » commençai-je, trop interloquée pour véritablement construire une phrase. Quoi, c’est pas possible ? Bien sûr que si, je l’avais vu à l’hôpital, dans les mains des médecins, et ils étaient optimistes. Injuste ? J’arrêtais de compter le nombre de fois où ma vie le fut. Terrifiant ? Probablement. Ulrik était quelqu’un de particulièrement terrifiant. « Qu’est-ce que tu fais ici ? » Mon ton était rauque et hésitant, mais également très spontané. Je voulais lui dire tout ce qui me passait par la tête, mais une fois que les mots jaillissaient de ma bouche, ils me torturaient presque. Et si la soudaine colère avait eu le don de me réchauffer, l’air meurtri et obscur d’Ulrik éteignit toutes les lumières que j’étais parvenue à garder allumées au fond de ma cage thoracique. Et je ne sentis plus que la fumée des flammes mortes, comme le reflet effacé de ce qui me constituait si bien. Envol de la fumée dans trois, deux, un …
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() message posté Ven 20 Mar 2015 - 21:26 par Invité
« Monsieur Dragansson ! »

J'envoyai valser d'un revers de main le bras secourable de l'infirmière. Elle déblatéra un flot inarrêtable de conseils et autres propositions qui m'énervèrent. Lâche-moi connasse, avais-je envie de lui cracher au visage. Mais mon envie maladive de supériorité reprit rapidement le dessus. La vieille bique en face de moi me regarda avec son air attristé tandis que je me relevais, la joue rougie par une chute débile face contre le béton. Je m'époussetai, tentant désespérément de garder un peu de dignité, puis esquissai une génuflexion vers l'infirmière :

« Je n'ai pas besoin de votre assistance, je ne suis pas handicapé non plus! »

Et je me retournai, d'un geste théâtral, et sans plus de cérémonie je partis droit devant moi, gardant précautionneusement l'hôpital londonien bien dans mon dos.
Non, je n'étais pas handicapé. Non. Non !
Mes jambes fléchirent. Après un déséquilibre d'une ou deux secondes, je repris une marche convenable. Cela m'arrivait tout le temps à présent. Mon corps ne m'obéissait plus.
Deux ans. Deux ans de coma. Comment imaginer retrouver une vie après un tel désastre ? Deux ans sans bouger, sans vivre, sans même savoir qui était le nouveau premier ministre. Je n'avais plus aucun repère, et c'était sans compter l'absence totale d'êtres humains autour de moi. Mes parents ? Ils avaient pris leur retraite loin d'ici, dans les campagnes scandinaves, estimant que leur fils de vingt-sept ans était assez mature pour ne pas garder de séquelles d'un accident supposé mortel. Il se débrouillera seul, c'est ça ! Avec un bras cramé, un corps sans plus aucun muscle actif, et la tête pouvant exploser à la prochaine crise de nerfs ? Bien sûr, je suis Ulrik Benjamin Dragansson. Je m'en sors toujours. Putain non ! Non je ne m'en sors pas toujours ! Je n'arrive plus à rien. Trois semaines que je suis à nouveau parmi les vivants et rien. Rien. Aucun travail, aucune sortie, aucune famille. Il ne me reste plus qu'à laisser une nouvelle fois mon corps se consumer dans un bûcher aux senteurs de vodka. Bande d'abrutis. Personne n'est là pour moi. Personne ne s'imagine que je peux requérir de l'aide, autre qu'un bras tendu stupidement par une infirmière payée au smic rien que pour ça. Personne.
Eh bah dommage, personne n'échappera à ma rage.




Vingt heures douze. La salle de bain de ma chambre d'hôtel succombait des volutes de parfum et de déodorant. Mes doigts tremblants tentaient vainement d fermer un à un les boutons d'une impeccable chemise en coton. Les manches retombaient parfaitement sur mes poignets, et une fois une veste cintrée enfilée et la main droite dans la poche, plus rien ne laissait trahir mes brûlures. Il fallait simplement … simplement, que je ne titube pas. Ou que je ne frappe pas un inconnu qui me demanderait l'heure, comme la semaine dernière.
Psychologiquement instable suite à des séquelles de l'incident. C'est comme ça que dit cette baratineuse de psychiatre. Salope. J'allais lui montrer que j'étais de nouveau prêt à balayer le monde de ma présence. Comme avant.
Alors je partis, les cheveux soigneusement coiffé. En croisant mon reflet dans le hall d'entrée de l'hôtel, je me surpris à rire. Comme avant c'est ça ? J'essayais de retrouver cette présence, et j'étais sûr qu'à première vue j'avais l'air tout aussi puissant, charismatique mais intimidant à la fois. Mais je voyais cette cassure dans mes yeux d'onyx. Je voyais ma main meurtrie trembler irrémédiablement ; sans oublier cette goutte de sueur qui perlait au coin de ma tempe à chaque effort pour ne pas m'écrouler au sol. Je voulais sortir. Oublier.



Vingt-deux heures trois. Rien y faisait, je n'arrivais pas à rester dans un bar, comme avant, et me laisser draguer par quelques demoiselles en manque de romantisme. Non, à chaque parole d'un inconnu je me crispai et me braquais, comme face à une agression. Leurs voix étaient cassantes, leurs yeux jaunes et meurtriers, et ils avaient des mains comme des serres. Il fallait que je prenne l'air. Mais dehors, les briquets laissaient apparaître d'atroces flammes, et les bouffées de fumées me faisaient disjoncter. Il fallait que je m'en aille. Courir. Partir. Oublier. Cependant, mon corps refusa de me porter et je dus me laisser choir contre un panneau stop. Mon corps fut parcouru de spasmes et mon postérieur rencontra le sol froid et humide du trottoir. Mon visage trempé de sueur était agressé par les couleurs verdâtres d'un bar irlandais, d'où les gens, confortablement installés dans des fauteuils aux coussins émeraudes, buvaient bières et mojitos en riant. Ils étaient heureux, eux.
Une, pourtant, attira mon attention. Une crinière de cheveux indisciplinés, un regard fatigué désespérément tourné vers un écran d'ordinateur. Elle ne disait rien, ne faisait rien pour être remarquée. Son regard absent croisa le mien. Elle était mon contraire.
Elle était ma sœur.

« Solveig ! »


La vois s'arrachant de ma gorge semblable à un coassement tant elle était rauque et cassée. Je me relevais, les muscles de mes bras tendus à l'extrême pour me tenir en équilibre avec le panneau. A peine relevé, je la vis sortir et traverser les passants inintéressants pour se planter devant moi.

« Qu’est-ce que tu fais ici ? » questionna-t-elle.

Je ne répondis pas. Toute ma faiblesse de l'instant semblait d'être éclipsée sous l'effet de la rage. Mes mains attrapèrent vivement ses poignets fragiles pour la forcer à rester proche de moi. Mon regard, plus tranchant que n'importe quel couteau, transperça ses iris pour aller se fourrer au plus profond de son esprit. Ô toi ma sœur, ma très chère cadette, celle qui …

« Oh ! »

Mes mains quittèrent ses bras, comme dans un réflexe de survie. Comme si, elles avaient été brûlées vives au contact de Solveig. Je tentais de retrouver un regard dur, mais mes traits étaient irrévocablement tirés en un visage terrifié. Mes jambes flageolèrent, et je dus faire quelques pas en arrière pour laisser mon dos cogner violemment contre un mur, dans l'unique but de rester debout sur mes deux jambes.

« Solveig. Dès que … Dès que je le peux physiquement, je te tue. De sang froid, sans ciller. Et j'y prendrais un plaisir aussi malsain qu'agréable à voir ton corps se lancer dans une danse mortelle, entouré de flammes léchant ta peau blanche et fragile. Et je t'en supplie Solveig, souffre. »
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() message posté Ven 27 Mar 2015 - 19:30 par Invité
J’hésitai à reculer. D’un coup, je me suis rappelée que mes affaires étaient restées à l’intérieur, sans surveillance, et que j’avais devant moi l’être que je détestais le plus au monde. Mauvais mélange. Mais je ne pus bouger, tant cette vision de lui, Ulrik, à nouveau vivant, me tétanisait et faisait ressortir toute ma rage. En une fraction de seconde, l’image de son cadavre – parce que cette chair brûlée et ce corps immobile avaient été l’enveloppe charnelle d’une mort juvénile – m’apparut devant les yeux et je ne pus m’en défaire. Il avait une allure si différente : il était devenu ce genre de type que l’on croise et dont on a peur, qui provoque ce sentiment d’être mal à l’aise sans vraiment savoir pourquoi. Ses vêtements couvraient ses blessures avec soin, mais je l’avais connu toute ma vie : aucun détail ne pouvait m’échapper. Je ne savais pas quoi dire. Je voulais lui demander depuis quand il était sorti du coma, mais une voix intérieure tentait de me persuader de tourner les talons, de m’en moquer, de m’enfuir. Encore une fois, impossible. Je ne voulais pas fuir devant Ulrik. Il fallait qu’il comprenne qu’il n’avait plus aucune autorité, plus aucune force quelle qu’elle soit sur moi et sur mon existence. Il n’était rien : je l’avais brûlé et la mort avait dispersé ses cendres. Mais alors qu’est-ce que je foutais plantée là, bordel ? Il resta silencieux, me toisant avec sévérité et rage. Je n’osai pas m’imaginer ce qui se tramait dans son esprit depuis qu’il m’avait vue dans ce bar. En vérité, j’avais toujours eu peur de fouiller dans sa tête. J’imaginais que des idées bien noires y nageaient, formant une vase terrifiante dans laquelle je m’étais noyée toute mon enfance. Sauf que cette fois, j’étais sur la rive, bien accrochée, et c’était lui qui était échoué sur la plage, à l’agonie. Voilà ce que je tentai de croire. Voilà l’espoir qu’il ne tarda pas à briser.

Il se saisit de mes poignets. Non, pensai-je, mais c’était trop tard. Une seconde d’hésitation et il s’emparait du gouvernail. Je rugis de colère. « Me touche pas ! » Je me débattis, mais ce ne fut pas nécessaire. Il poussa un cri et se détacha, dans un mouvement aussi rapide et soudain que le premier. L’expression qui ornait son visage était complètement ébranlée : on avait détruit la dureté de ses traits à coups de marteau et il ne restait à présent qu’une sorte de peur qui ne lui allait pas du tout. Je n’avais jamais vu ce sentiment éclairer son regard. Ulrik n’avait pas peur. Ulrik avait appris à s’élever au-dessus de la peur, et aujourd’hui, dans ce costume, cette nouvelle peau à peine cicatrisée, il la provoquait. Il fit un pas en arrière et rencontra le mur. Il faillit perdre l’équilibre, mais se rattrapa. Je restais muette, incapable ne serait-ce que de comprendre ce qui se déroulait sous mes yeux. Mon frère ne pouvait pas me toucher sans ressentir cette angoisse. Le souvenir était donc bien là, actif, brûlant. Je restai de marbre, ne sachant pas si cela m’indifférait, me plaisait ou au contraire, me révulsait. Probablement aucun des trois. C’était bien trop étrange. On aurait dit un loup à l’agonie sous les yeux de l’agneau qu’il avait tenté d’abattre. Il leva ses prunelles mornes vers moi et j’y lu du dédain : il avait retrouvé ses esprits. « Solveig. Dès que … Dès que je le peux physiquement, je te tue. De sang froid, sans ciller. Et j’y prendrai un plaisir aussi malsain qu’agréable à voir ton corps se lancer dans une danse mortelle, entouré de flammes léchant ta peau blanche et fragile. Et je t’en supplie Solveig, souffre. » Ses membres étaient peut-être calcinés, sa voix n’en restait pas moins glaciale. A nouveau, un vide. Je ne sus quoi dire. Je ne sus quoi ressentir. L’espace d’un instant, je crus à un mauvais rêve – pourtant Ulrik n’apparaissait pas dans mes rêves, il n’était qu’insinué. Je me pinçai discrètement la hanche : non, il était bien réel. Il était devant moi, et il venait de me menacer de mort. Je voulus le chasser de ma vue et cherchai un moyen de le faire, mais mon imagination se transforma en un large désert dans lequel j’avais beau courir le plus vite possible, Ulrik était toujours derrière moi, à quelques mètres, me poursuivant d’une démarche lente et décidée, certain de m’attraper, et la distance nous séparant rétrécissait minute après minute. A cet instant, moi aussi, j’eus peur.

Et la faiblesse de mon frère, celle qu’il tentait en vain de dissimuler en s’adossant pitoyablement sur ce mur froid, me rappela ma fierté et ma fermeté. Il ne m’aurait jamais. Je n’allais pas me laisser faire. Pas une fois de plus. Il était ressorti victorieux de mon enfance et de mon adolescence, je n’allais pas lui apporter le reste de ma vie sur un plateau d’argent. Je n’allais pas souffrir pour lui. Peut-être que mon père avait raison. Peut-être que l’indifférence était l’arme la plus redoutable. Elle était comme l’incendie réduisant les plus grandes forêts en cendres et les cris les plus puissants au silence. Peut-être que si je faisais en sorte qu’Ulrik disparaisse de ma vie, il finirait par se lasser et abandonner. Sauf qu’à bien le regarder, il ne semblait pas vouloir lâcher prise. Il y tenait, à son drame, et j’en étais la pièce maîtresse. « Tu tiens à peine debout. J’en doute. » Je lui répondis froidement. Ne pas perdre la face. Il ne pouvait rien me faire. Il ne pouvait même pas me toucher. « Ta vengeance n’a aucun sens. Si tu veux tuer quelqu’un, tue-toi toi-même Ulrik. » Je fermai les yeux, consciente de la délicatesse de mon propos, mais je ne pus m’empêcher de le dire tout de même. « Tu ne peux t’en vouloir qu’à toi-même. C’était un accident et tu l’as provoqué. » J’ouvris les yeux. Il ne réussirait pas à éteindre la flamme qui s’y était allumée.
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