"Fermeture" de London Calling
Après cinq années sur la toile, London Calling ferme ses portes. Toutes les infos par ici Lies are like scars to the soul. They destroy you. (Thomas) 2979874845 Lies are like scars to the soul. They destroy you. (Thomas) 1973890357
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Lies are like scars to the soul. They destroy you. (Thomas)

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Anonymous
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() message posté Mer 25 Fév 2015 - 19:22 par Invité
Ça ne faisait que deux semaines que je n’avais plus d’appartement et pourtant, ça me semblait une éternité. Dire que j’étais capable de payer mon loyer, à une époque. En ce moment, m’acheter un sandwich me semblait mission impossible. J’avais toujours jugé ces gens qui se promenaient sur le bord des routes en quêtant de l’argent aux passants. Je m’étais toujours demandé pourquoi ils n’allaient pas travailler plutôt que d’être paresseux et de faire culpabiliser ceux qui ne voulaient pas donner d’argent. Aujourd’hui, je comprenais mieux leur situation. On a beau se dire que ça n’arrive qu’aux autres, tout peut s’écrouler en un rien de temps. Et aujourd’hui, c’était moi qui me promenais aux feux de circulation avec mon gobelet de café en espérant que quelques âmes généreuses me donneraient assez de sous pour m’acheter à manger pour la journée. Mais avec la température de cul qu’il faisait, il y avait moins de circulation et les gens ne voulaient pas ouvrir leur fenêtre pour ne pas que la pluie entre dans leur voiture. J’avais à peine réussit à me ramasser assez pour m’acheter un café. Et je déteste le café. C’est sans doute pour ça que les SDF finissent par se droguer. Pour oublier les cris affamés de leur estomac. Et je n’étais pas encore rendu assez bas pour me mettre à fouiller dans les poubelles des commerces. Mais je n’aurais sans doute bientôt plus le choix si je voulais me mettre quelque chose sous la dent. À moins que je me mette à vendre mon corps pour quelques billets mais je ne pense pas que ce serait un grand succès avec mon allure actuelle. Deux semaines sans se laver avec autre chose que la pluie qui tombe, sans pouvoir se raser ou même changer de vêtements. J’en viens vraiment à me demander comment les gens faisaient pour vivre dans leur propre crasse aussi longtemps, lorsque les bains et les douches n’étaient pas aussi accessibles. « Vous n’auriez pas un peu d’argent pour que je puisse m’acheter à manger, s’il-vous-plait ? » dis-je en brandissant légèrement mon verre de café vide en ravalant mon orgueil. La jeune femme baissa les yeux en accélérant légèrement le pas en faisant comme si elle ne m’avait pas vu. Au même moment, une voiture passa tout en m’aspergeant les jambes d’eau froide. « REGARDES OÙ TU VAS, ESPÈCE D’IMBÉCILE ! FUCK ! » Épuisé et frustré d’avoir froid, je lançai mon verre de café à bout de bras avant de m’accroupir au sol pour ramasser les pièces que je venais de balancer. Je n’avais certainement pas fait tout ce travail pour rien.

Le soleil commençait à se coucher et je savais trop bien que la température n’irait pas en augmentant, dans les prochaines heures. J’étais déjà assez gelé comme ça, je n’avais pas envie de tomber malade en restant dehors toute la nuit. Mes mâchoires claquaient déjà et je commençais cruellement à manquer d’imagination pour me réchauffer. Je n’avais pas été dans les scouts, moi, alors je n’avais aucune idée de comment partir un feu avec rien. Et encore moins sous la pluie. Je décidai donc de prendre mon courage à deux mains et d’aller rendre visiter à Thomas. Je savais bien qu’il n’aurait aucune objection à ce que je passe la nuit chez lui. Et j’aurais tout le temps d’inventer une histoire plausible en chemin jusqu’à chez lui. Après tout, j’avais quand même un bon moment à marcher alors bon. C’est après une heure de marche que j’arrivai enfin dans la rue où Thomas habitait. Avant d’arriver en face de son appartement, j’en profitai pour me frotter le visage sous la pluie pour essayer d’avoir l’air propre le plus que possible. J’allais devoir faire preuve d’imagination pour expliquer mon état mais j’avais déjà quelques idées en tête. Restait plus qu’à espérer qu’il me croit. Mentir était rendu comme une deuxième nature pour moi, de toute façon. Ça ne devrait pas être trop difficile. Après trois coups contre sa porte, j’ouvrai lentement celle-ci pour m’annoncer : « Hey, Tom. » Frigorifié, j’entrai sans qu’il me donne la permission, refermant la porte derrière moi. « Ma voiture est au garage et j’en avais marre de marcher sous cette température de merde. » dis-je en caressant ma barbe d’une main. « Je ne te dérange pas j’espère. » Rien à foutre si je le dérangeais, je m’invitais quand même. Ça faisait deux semaines que je rêvais de la chaleur. Ça faisait tellement du bien que j’arrivais presque à oublier le feeling de mes vêtements trempés qui me collaient à la peau. Presque. Pas du tout en fait. « Qu’est-ce que tu faisais? » Je tentai de détourner la conversation de moi le plus rapidement que possible pour ne rien avoir à expliquer. Du bout des orteils, je retirai mes chaussures pour laisser place à des chaussettes trempées. J’avais presque envie de dire que j’avais besoin d’aller au toilette et de me coucher en haut de la bouche de chauffage. En fait, y’a beaucoup de choses que je ferais dans son appartement, rien qu’à y penser. Trop de choses que je n’avais pas pu faire depuis deux semaines.
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Anonymous
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() message posté Sam 28 Fév 2015 - 19:26 par Invité
Je me frottai les yeux du bout des doigts et soupirai. Il écrivait vraiment mal, celui-là. Ou étais-ce moi qui devenais aveugle ? Les deux hypothèses me paraissaient plausibles. Je m’étais affaissé dans mon matelas et je tenais la copie au-dessus de moi, les bras tendus, la cigarette droitement plantée entre les lèvres, toute la cendre brûlée encore accrochée au filtre. Je me redressai délicatement, attrapai ma cigarette et l’écrasai au fond d’un verre en recrachant la fumée. Je pris un stylo et commençai à annoter la copie, prenant presque un malin plaisir à écrire aussi mal que lui – oh, plus, même, c’était beaucoup plus facile d’être un peu méchant. Je la déposai ouverte devant moi sur la couverture, et je courbai le dos, massant lentement ma nuque de ma main gauche et fronçant les sourcils. J’ignorai l’heure qu’il était, mais je savais que j’allais devoir faire une nuit blanche pour finir la correction de toutes ces copies, et celle-ci faisait seize pages. Seize putain de pages mal écrites. Je rallumai une cigarette et repris ma lecture. Pas de somnifère aujourd’hui. Le médecin m’avait prescrit des médicaments et de la bonne humeur. Vitamines ultra excitantes le matin et somnifères coup de marteau dans la tempe le soir. Parce qu’il fallait que je retrouve un rythme de sommeil normal. Vous savez, j’étais un garçon dérangé. Le genre que vous ne vouliez pas présenter à vos parents. Le genre que vous oubliiez jusqu’à ce qu’un soir, mon souvenir vous revienne de lui-même. Je posai ma tête contre le mur derrière moi. Seize pages. Il fallait que j’instaure un quota de pages à ne pas dépasser. J’étais loin d’avoir la force de corriger le reste. Mes mains tremblaient déjà. J’avais une sensation désagréable au bout des doigts, comme s’ils suaient et que je ne pouvais empêcher mon stylo de glisser. Et ça m’agaçait. Je ne pouvais penser qu’à ça. Le détail minable qui mettait tout entre parenthèses. Je saisis la copie entre mes mains moites et hésitai à la chiffonner ou la brûler et disperser les cendres autour de moi, somnoler dans cette ambiance étrange et me réveiller dans quelques heures, des traces blanchâtres sur le visage et la chemise. Toujours envie de me présenter à vos parents ? Dites-moi oui, et regardez-moi ne pas vous croire.

Je m’étirai : mes os craquèrent. Je plissai des yeux et tentai de rester concentré et imperturbable. Pas moyen de le faire. Je tendis le bras vers la boîte de vitamines, la décapsulai et en gobai une, l’avalant avec ma fumée de cigarette. Quel intérêt de m’avoir prescrit des cachets si je ne pouvais pas faire des conneries avec ? J’attendis quelques minutes que cela fasse effet et repris mon travail, une sorte de détermination passagère dans le regard. Je lisais, mais je ne comprenais pas les mots qui défilaient sous mes yeux. Je me levai, hagard et tremblant, me dirigeai vers la salle de bain pour me passer de l’eau sur le visage et tombai sur la notice des médicaments. N’en abusez pas, m’avait dit le médecin, en joignant le bout de ses doigts d’un air professionnel et me regardant par-dessus le verre de ses lunettes. Et je ne lui avais pas répondu. Quel homme impoli j’étais. Mais il ne fallait pas qu’il s’attende à mieux. Comment faisaient les médecins pour faire semblant de croire à tout ce que les patients leur disaient ? J’aurais fini par en engueuler deux ou trois au passage un jour ou l’autre, personnellement. Mais eux, non. Eux, ils avaient les prunelles emplies de sérénité et de santé, ils avaient cette confiance méprisable qui existait entre les hommes et ils gardaient le sourire. Ils vous disaient des conneries du genre N’en abusez pas, mais avec le sourire, donc je n’avais jamais assez de force pour leur répondre quelque chose de cinglant et de vulgaire. Je retournai vers mon matelas et saisis la copie du bout de mes doigts, restai immobile quelques secondes, puis la lâchai, la regardant planer quelques secondes jusqu’à ce qu’elle rejoigne le sol. Je tombai à genoux au bord du matelas, retirai d’un geste sec le paquet de copies non corrigées et laissai mon corps s’écraser sur la couverture. Je fermai les yeux. Impossible de penser distinctement. Impossible de réfléchir. Impossible de rester immobile – mes muscles étaient secoués de spasmes une ou deux fois par minute, comme pour me tenir éveillé. Foutues vitamines. J’avais mal au ventre mais je voulais fumer. J’avais la peau humide et la gorge sèche. J’avais envie de dormir, et en même temps, je voulais courir jusqu’à l’extrémité ouest de la ville pour sentir un peu de vent dans mes cheveux. Je me retournai sur le dos et tentai de calmer ma respiration secouée. N’en abusez pas, mais si, si putain, il fallait que je ruine tout ce que j’entreprenais. C’était comme ma signature de cynique. Mes amitiés, et allez vous faire foutre.

Trois coups contre ma porte d’entrée me firent sursauter. Je ne bronchai pas et laissai l’individu rentrer. « Hey, Tom. » Je répondis d’un vague grognement grave puis levai la tête pour voir qui se trouvait dans mon appartement. Un homme. Il ferma la porte et se tourna vers moi. Ah, oui. Phillip. J’esquissai l’ébauche d’un sourire. « Ma voiture est au garage et j’en avais marre de marcher sous cette température de merde. » Je jetai un coup d’œil à la fenêtre. Il pleuvait – le genre de pluie froide qui s’infiltrait sous les vêtements, mesquine et sinueuse. « Je ne te dérange pas j’espère. » La voix de Phillip rappela mes yeux vers lui. Je me redressai finalement pour lui faire face un peu plus dignement. « Bof, non. » Je l’observai s’activer autour de moi, une lueur amusée dans le regard. Je fronçai les sourcils. Quelque chose clochait. « Qu’est-ce que tu faisais ? » Oh. Un truc passionnant, tu n’imagines même pas. J’étendis mon bras vers mon paquet de cigarettes et en allumai une avec désinvolture puis, avec mon pied, je lui désignai les copies de mes élèves éparpillées partout sur le sol autour de moi. « Je faisais semblant de bosser, ça marchait bien jusqu’à ce que je décide de vraiment le faire. » Je penchai la tête sur le côté, pensif. « Et j’ai pris une vitamine au lieu d’un somnifère donc je vais pas pouvoir fermer l’œil durant les quarante-huit prochaines heures. » J’avais prononcé ces mots sur un ton absent, résigné, comme trop habitué à mes propres conneries. Mon regard semblait perdu dans le vide, mais ma torpeur ne dura que quelques secondes : je frissonnai et mes pupilles rencontrèrent à nouveau celles de Phillip. Je lui souris et me rendis compte qu’il avait les vêtements humides. Qu’il avait l’air d’avoir affronté une sacrée tempête à l’extérieur. Ses chaussures et le bas de son pantalon étaient trempés. « Ca va toi ? T’as l’air perdu. S’tu veux changer de fringues y’a une salle de bain. » Il savait. Tout le monde savait. Tout le monde pouvait tout faire ici. J’en étais arrivé à un point où je m’en foutais complètement. Il savait qu’il pouvait se laver, prendre des vêtements à moi et s’étaler sur mon matelas pour dormir. Après tout, un matelas, c’était fait pour ça, mais je ne dormais pas. Il l’utiliserait sûrement bien mieux que moi. Et il savait que je m’en foutais. Ou du moins il l’avait deviné depuis longtemps. A force, il commençait à me connaître. Je n’étais même plus surprenant.
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