(✰) message posté Mer 22 Avr 2015 - 22:23 par Invité
De là où il se trouvait, James ne percevait rien du tumulte environnant. L’espace d’un instant, il ferma les yeux et prit une profonde inspiration, ravi de s’être temporairement éloigné du lamentable chaos de son existence. Laissant une brise légère lui caresser le visage et déclencher sur sa peau un vague frisson, l’éditeur afficha un visage des plus sereins, presque inébranlable, comme rien n’eut pu réellement le tourmenter. James aimait cet endroit. Il l’avait aimé à l’instant même où il y avait passé ses premières vacances, en compagnie de l’adorable Kendra. Il n’avait que huit ans à l’époque et pourtant, il était encore capable de se souvenir de sa main serrant celle d’une adorable petite fille blonde à qui il faisait découvrir les joies des promenades en bord de mer. Elle avait deux ans à l’époque. Elle avait bien changé depuis. Pourtant, Kendra détenait toujours cette faculté étrange de l’apaiser par sa simple présence. Peut-être parce qu’il n’avait jamais senti de sa part le moindre regard inquisiteur, ou trop curieux. Ou peut-être encore parce que sa personnalité était fascinante à étudier. C’était elle la psychologue, et c’est pourtant lui qui se plaisait parfois à tenter d’élucider l’expression de son visage ou encore les émotions qui transperçaient le timbre de sa voix. Bien souvent, il aurait aimé que leurs conversations ne cessent jamais. Qu’ils continuent de parler de tout, de rien, de ce qu’elle voulait, juste parce qu’il trouvait qu’elle était plaisante à écouter. Souvent, elle le fascinait. Revenir en Ecosse était une véritable cure de jouvence pour l’éditeur. Bien que profondément ancré dans sa culture américaine, James se sentait chez lui chaque fois qu’il posait un pied sur le sol Ecossais. Les habitants y étaient particulièrement chaleureux et il connaissait la famille de Kendra qu’il considérait comme la sienne. Il se sentait bien ici et souvent, cela le déroutait, sans qu’il ne puisse véritablement se l’expliquer. Sans doute car il ne s’était jamais véritablement senti chez lui nulle part… Quelques secondes s’écoulèrent avant qu’il ne sente la présence de la jeune femme à ses côtés. Demeurant d’abord silencieux, il admira d’un regard neutre les vagues venir se briser contre les rochers alentours tandis que le soleil s’endormait peu à peu dans les bras des vagues tranquilles. Il imprégnait son imagination de ce spectacle magnifique, sans doute dans le but de pouvoir le retranscrire aussi justement que possible dans l’un de ses romans. Il l’avait déjà fait à plusieurs reprises mais n’avait jamais eu l’audace de demander à Kendra de jeter un œil à ses ouvrages. Tant par gêne que par crainte. La gêne de ne pas parvenir à retranscrire avec justesse la beauté du paysage, la crainte qu’elle ne soit capable de lire entre les lignes. Ne dit-on pas que certains psychologues sont capables de vous mettre à jour simplement en lisant vos textes ? C’est précisément ce qu’il voulait éviter. James ne souhaitait pas qu’elle sache à quel point il était tourmenté. A quel point il était fatigué de toujours vouloir conserver le contrôle sur son existence. De fait, il se contentait de brides de mots, de parcelles d’écritures orales comme il aimait les appeler. « Je pourrais passer des heures à contempler ce paysage. C’est comme … magique.» Regardant vaguement l’horizon qui s’étendait devant ses yeux, au fur et à mesure que ses mots, limpides comme une brise marine, s’envolaient vers d’autres lieues, son sourire s’évapora peu à peu, devenant plus calme, plus doux, moins en accord avec la réalité. Il se sentait bien, ici. Peut-être un peu trop, même. A croire que sa vie Londonienne commençait à devenir trop pesante. Oh, cela n’avait rien à voir avec ses nombreuses obligations d’homme d’affaires, non. C’était autre chose. Autant que possible, James souhaitait maintenir cette réalité là à distance afin de se concentrer exclusivement sur l’instant présent. « Je me souviens encore de notre premier voyage par ici. Ce qui m’a le plus marqué, c’est l’impression que j’ai eue du hublot. Je me suis tout de suite dit que l’Ecosse avait l’air d’une émeraude, si verte et étincelante au milieu de l’océan. Je pensais découvrir mille merveilles en venant ici mais au final, j’ai obtenu bien plus.» ajouta-t-il avec un sourire adressé à Kendra. Il faisait bien évidemment allusion à la jeune femme et sa famille dont il gardait un souvenir remarquable. James ne s’était jamais senti proche de ses parents. Tout au contraire, il avait même la sensation de ne pas appartenir au même monde qu’eux. Sans doute était-il trop rêveur et attaché à ses idéaux pour ça. Ici, c’était différent. Il avait trouvé comme une seconde famille. Il avait même trouvé bien plus avec Kendra. Elle était son amie. « Merci de m’avoir permis de t’accompagner. »
(✰) message posté Jeu 23 Avr 2015 - 9:50 par Invité
Kendra Isobel McGregor venait tout juste de franchir le palier de la porte de la demeure familiale. Ses parents étaient âgés et pourtant cela ne l’empêchait pas de leur rendre visite très régulièrement. C’était par ce biais qu’elle leur apportait des nouvelles de sa dernière grand-mère encore vivante, celle-ci atteinte de la maladie d’Alzheimer. Autant dire que le sujet était plus que sensible bien que non tabou. Cette dernière était certainement la personne qui la connaissait le mieux depuis son enfance, quoiqu’elle rivalisait avec son meilleur ami de toujours, James. La blonde était le genre de personne à préférer la qualité à la quantité en termes de relations proches. C’était ainsi perdu dans ses pensées que la psychologue s’avançait pas à pas vers la plage, observant au loin un homme de carrure imposante. James. Elle sourit à cette vision, soupirant un instant. S’il n’avait pas été là, il était presque évident qu’elle aurait pu rester ainsi à sillonner l’horizon de ses yeux noisette, observant çà et là les vagues se briser contre les rochers ou même venir caresser doucereusement le sable fin de cette mythique plage écossaise. C’est après quelques minutes de marche que la demoiselle avait rejoint l’éditeur. Elle était plus petite que lui, mais quelque part cela lui aurait fait bizarre que ce soit le contraire. Elle ne pouvait s’empêcher de sourire à cela. Il avait toujours été le plus âgé, le plus grand, le plus sage certainement. Sans aucun doute. Ce n’était pas parce qu’elle était psychologue qu’elle n’avait pas sa propre personnalité, celle-ci refaisant surface très souvent et parfois au détriment des autres. Lorsqu’elle était adolescente, elle avait longtemps pensé qu’appartenir à ce domaine de la science offrait la perspective selon laquelle nous pouvions contrôler nos émotions, nos actes, ou quoique ce soit du genre. Pourtant non. Mais à bien des égards ses qualifications lui donnaient plusieurs coups d’avance sur diverses situations. Mais pas toutes. Elle songeait ici à une mort bien particulière. ‘’ Mais la contemplation n’est-elle pas la porte de toutes les folies ? Parce qu’au fond, c’est un peu s’arrêter de vivre, s’enfermer dans ses souvenirs, ses rêves. ‘’ Voilà maintenant qu’elle se prenait pour Albus Dumbledore en parlant ainsi. Elle soupira d’amusement, repensant à cette scène explicative sur le Miroir du Riséd. En tout cas, tout ceci pour dire que la réalité, peu importe sa nature, était importante et indissociable du bien-être. Alors qu’elle le regardait et l’écoutait attentivement, elle ne put se retenir de sourire à sa réplique. ‘’ Et tu sais que c’est réciproque. Mes parents ont toujours apprécié ta compagnie, tout comme moi. ‘’ avouait-elle d’un ton sincère et posé. Il était vrai qu’il s’était très rapidement intégré à la famille, de manière naturelle en plus de cela. Il s’était imposé sans s’imposer, c’était étrange mais au final il avait toujours su être lui-même et ne montrer que cela. Être vrai, c’était une vertu très admirée dans la famille McGregor. Peut-être bien parce que ses parents étaient autrefois membres de la justice britannique ? Elle pensait très sérieusement que ce désir de sincérité chez ses parents provenait notamment de leurs anciennes professions. Mais peu importe. ‘’ Tu sais que ma mère m’avait avoué qu’elle espérait nous voir ensemble un jour ou l’autre ! A croire que tu serais le gendre idéal à ses yeux ! ‘’ plaisantait-elle cette fois, bien que sa mère lui ait réellement prononcé ces paroles il y a quelques années de là.‘’ C’était bien normal que tu puisses m’accompagner, non ? Après tout, nous sommes aussi chez toi, n'est-ce pas ? ‘’ Inutile de jouer sur la rhétorique, il savait ce qu’elle pensait sur le sujet. Il n’avait aucune place à se faire ici, puisque celle-ci était déjà bien ancrée, et légitime. La blonde prenait ensuite la décision de marcher un peu, les pans de son long gilet crème flottant agréablement dans le vent. ‘’ Et puis honnêtement, je ne me revoyais pas venir ici seule. Trop de souvenirs sont encore présents ici. En revenant ici seule, c’est la déprime assurée. ‘’ Elle était connue pour sa franchise et elle en faisait actuellement part. S’arrêtant un moment dans sa marche, la psy se tournait vers son ami. ‘’ Tu te rappelles de notre première venue ici ? ‘’ C’était une vision qui lui revenait souvent, il l’avait guidé, accompagné, et finalement ils connaissaient cet endroit mieux que quiconque désormais. Des souvenirs liés au passé, encore une fois. Finalement, promouvoir le fait d’avancer et de voir le moment présent en tant que psychologue était quelque chose auquel elle n’arrivait pas à s’attacher dans sa vie personnelle. Le passé, encore et toujours, aussi douloureux soit-il, resterait à jamais prisonnier dans son esprit. Elle perdit alors toute expression notable sur son visage, celui-ci se fermant instantanément, pour ensuite se tourner une nouvelle fois vers l'horizon.
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(✰) message posté Ven 15 Mai 2015 - 19:07 par Invité
Même le plus beau palace au monde ne peut remplacer la chaleur singulière d’un foyer. A peine avait-il de nouveau foulé le sol Ecossais que James se sentit envahi par une intense sensation de bien-être. Il avait beau loger dans des hôtels fantastiques et disposer de suites somptueuses, il n’y avait qu’un seul endroit sur cette planète où il se sentait véritablement chez lui. « Mes parents ont toujours apprécié ta compagnie, tout comme moi. » Ces quelques mots lui firent chaud au cœur et un léger sourire mutin se dessina sur ses lèvres. Il aurait aimé pouvoir lui faire comprendre à quel point il tenait à eux, à elle. Mais James faisait toujours montre d’une extrême pudeur lorsqu’il s’agissait de se dévoiler. Certes, Kendra était une femme qui comptait énormément à ses yeux, peut-être même plus qu’il ne l’aurait voulu, mais ne dit-on pas qu’il existe en chaque personne une petite part que les autres ne connaitront jamais ? Et James était suffisamment mystérieux en lui-même pour que la plupart des gens ne se décident à l’aborder, ni même à lui confier une chose aussi rare et précieuse que leur amitié. Et cela, Kendra n’avait pas hésité à le faire. Pourquoi ? Cela s’était passé ainsi, ils ne s’étaient jamais véritablement posé la question. Un peu comme dans les livres, lorsque deux personnes se rencontrent pour la première fois et que, sans savoir pourquoi, ni même quelle est cette force qui les attire l’un vers l’autre, savent qu’ils seront à jamais unis par une amitié, parfois un amour, si fort que rien, pas même le temps ne saurait l’estomper. C’était la même chose qui s’était produite entre Kendra et James. Ici, tout lui semblait simple. Chaque fois qu’il revenait, l’éditeur se laissait surprendre par la gentillesse et la douceur des parents de Kendra. Tout particulièrement sa mère qui systématiquement, le serrait dans ses bras avec cette attitude maternelle qu’il ne connaissait pas à sa propre mère. C’était tellement inhabituel pour lui, qu’il ne pouvait s’empêcher de se raidir très légèrement au départ, en sentant l’étreinte de cette femme incroyable se refermer contre son corps viril. C’était un réflexe protecteur complètement stupide, d’où le fait qu’il se mette à sourire avec franchise la seconde d’après, pour rassurer la mère de Kendra. James n’avait rien contre de tels élans d’affection, au contraire. Disons juste qu’il lui fallait toujours un tout petit temps d’adaptation. Une famille unie, les élans affectifs et ce genre de choses, l’éditeur n’était pas habitué. A vrai dire, il était la représentation de nombreuses années vécues dans la froideur d’une famille en lambeaux. « Tu sais que ma mère m’avait avoué qu’elle espérait nous voir ensemble un jour ou l’autre ! A croire que tu serais le gendre idéal à ses yeux ! » Pour un peu, James aurait presque pu croire que la jolie blonde était en train de malicieusement se moquer de lui. Il laissa échapper un petit rire à la fois amusé et cynique avant de reposer son regard en direction de Kendra. Autant dire que l’homme qui aurait l’immense honneur de partager sa vie serait un petit veinard. Mais James était loin d’avoir le profil du gendre idéal. « Vraiment ? Ta mère est incroyable … Mais cela ne m’étonne qu’à moitié. L’année de tes seize ans, elle voulait impérativement que je t’accompagne au bal du lycée. Il a fallu que je bataille durant des heures non seulement pour lui faire comprendre qu’un type de vingt deux ans ne serait pas forcément bien accueilli dans un lycée, mais surtout que tu souhaitais y aller avec Jared… tu sais, ce garçon dont tu n’avais de cesse de me parler encore et encore ! J’avais déjà des doutes à l’époque concernant les intentions de ta chère maman. Hum, j’espère qu’elle n’a pas été trop déçue que nous n’empruntions pas cette direction. » Contre les lèvres de l’éditeur, se dessina un délicat sourire tandis qu’il posait de nouveau son regard turquoise sur l’océan. Inutile de préciser qu’à cette époque, accompagner Kendra à ce fameux bal ne lui aurait pas déplu le moins du monde. Aussi fugace que l’éclair, cette pensée traversa l’esprit de l’éditeur avant qu’il ne se décide à la chasser. James s’était toujours montré extrêmement protecteur envers la jeune femme et peut-être même davantage lorsqu’elle était enfant. L’accompagner à ce bal aurait été une manière de s’assurer que personne n’oserait lui faire le moindre mal. Ceci dit, James préféra ne pas s’aventurer en direction d’un tel sujet de conversation. Il savait que s’il le faisait, il ne s’en tirerait pas aussi facilement. L’une des nombreuses qualités de Kendra, qu’il appréciait d’ailleurs au plus haut point, était sa persévérance. Mais il n’avait pas envie de parler de lui, de ses angoisses, de ses failles ou de ses faiblesses. Ce n’était pas de l’orgueil, plus … de la prudence. Puis quel était l’intérêt de se dévoiler jusqu’aux plus infimes détails ? A ses yeux, il n’y en avait aucun. Kendra le connaissait sans doute mieux que quiconque sur cette planète et pourtant, même elle ignorait bien des choses à son sujet. Chacun possède son propre jardin secret. C’est cette part de non-dits, de mystère en chaque personne, qui, plus ou moins prononcée selon les cas, est le fondement même de leur personnalité. Fort heureusement, la conversation dévia sur la présence de James en terre écossaise, et une fois encore, les propos de la jeune femme firent mouche à son cœur. « C’est vrai. J’ai toujours pensé que cet endroit était mon véritable foyer. Et pour être honnête, je me suis souvent demandé ce qu’aurait été ma vie si je m’étais installé dans le coin. Tu sais que j’y ai pensé pendant très longtemps… Ce sont les aléas de la vie qui m’ont empêché de concrétiser cette envie.» Glissant ses mains dans les poches de son pantalon en toile clair, James se mit à marcher au même rythme que la jeune femme, tout en l’écoutant parler. Il comprenait que cela soit difficile pour elle. Autant que possible, James s’était toujours montré présent pour l’épauler, la guider et la soutenir. « Je comprends. Tu sais, George Sand disait que le souvenir est le parfum de l’âme… La douleur en est l’empreinte. Je suis certain que ce voyage te rendra plus forte, Kenny’ » Kenny … un surnom qu’il lui avait donné alors qu’elle n’était qu’une toute petite fille. « Tu te rappelles de notre première venue ici ? » James observa les alentours avec une lueur malicieuse dans le regard, entrouvrit la bouche pour lui répondre mais en fut incapable car ses lèvres s’étirèrent en un délicieux sourire. S’il s’en souvenait ? Bien évidemment ! Tout comme Kendra, cette vision se rappelait souvent à lui. « Comment oublier ton adorable frimousse et la manière dont ta petite main serrait la mienne ? Toi et moi, nous avions construit un immense château de sable, juste là, face à ces rochers. Tu étais la princesse de notre royaume et moi, je pouvais passer des heures entières à te raconter des histoires fabuleuses pour le simple plaisir de voir ton regard s’illuminer. Ca me plait toujours, lorsque j’y parviens.» Lorsqu’il reposa son regard sur Kendra, il comprit qu’elle était de nouveau perdue dans ses pensées. S’approchant d’elle, il glissa une main dans son dos et reprit plus doucement. «Kenny … je ne tenterai jamais de percer ta carapace avec des questions insidieuses, simplement parce que je sais que tu ne le souhaites pas. Mais … si tu as besoin de parler, moi aussi je suis capable de t’écouter…»